Rites de mort aux Comores et chez les Swahili. Entre islam savant et culture locale - article ; n°2 ; vol.72, pg 187-201
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Journal des africanistes - Année 2002 - Volume 72 - Numéro 2 - Pages 187-201
Death rituals by Comorian and Swahili Muslims generally, represent a social institution through which it is possible to observe many aspects of their culture. Nowadays, these death rituals are vehemently rejected by the wahhābīya of the region who consider them to be pagan practices having nothing to do with « true Islam ». Among other things, this article tries to show that this wahhābīyaclaim in favour of any pure, orthodox islamic practises is an illusion, insofar as the fiqh (the classical Islamic jurisprudence) has, since its creation, incorporated a significant amount of what it calls the 'urf (lit. what is known to all), that is, pre-islamic Arabic customs.
Les rites de mort chez les Comoriens et les Swahili en général constituent une « institution » à travers laquelle se manifeste toute une série d'aspects de leur culture. Or, ils sont contestés par les wahhābīya de la région sous le prétexte qu'ils sont contraires à des origines. Nous voulons, entre autres, montrer que la prétention des wahhābīya à une des pratiques islamiques est une illusion car le fiqh (droit islamique classique) a dès son apparition, une grande partie de ce qu'il a nommé 'urf (litt. ce qui est connu de tous)c'est à dire un ensemble de règles coutumières propres aux arabes avant l'islam. islam.
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2002
Nombre de lectures 43
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Ahmed Chanfi
Madame Françoise Le
Guennec-Coppens
Sophie Mery
Rites de mort aux Comores et chez les Swahili. Entre islam
savant et culture locale
In: Journal des africanistes. 2002, tome 72 fascicule 2. pp. 187-201.
Abstract
Death rituals by Comorian and Swahili Muslims generally, represent a "social institution" through which it is possible to observe
many aspects of their culture. Nowadays, these death rituals are vehemently rejected by the wahhābīya of the region who
consider them to be pagan practices having nothing to do with « true Islam ». Among other things, this article tries to show that
this wahhābīyaclaim in favour of any pure, orthodox islamic practises is an illusion, insofar as the fiqh (the classical Islamic
jurisprudence) has, since its creation, incorporated a significant amount of what it calls the 'urf (lit. "what is known to all"), that is,
pre-islamic Arabic customs.
Résumé
Les rites de mort chez les Comoriens et les Swahili en général constituent une « institution » à travers laquelle se manifeste toute
une série d'aspects de leur culture. Or, ils sont contestés par les wahhābīya de la région sous le prétexte qu'ils sont contraires à
des origines. Nous voulons, entre autres, montrer que la prétention des wahhābīya à une des pratiques islamiques est une
illusion car le fiqh (droit islamique classique) a dès son apparition, une grande partie de ce qu'il a nommé 'urf (litt. "ce qui est
connu de tous")c'est à dire un ensemble de règles coutumières propres aux arabes avant l'islam. islam.
Citer ce document / Cite this document :
Chanfi Ahmed, Le Guennec-Coppens Françoise, Mery Sophie. Rites de mort aux Comores et chez les Swahili. Entre islam
savant et culture locale. In: Journal des africanistes. 2002, tome 72 fascicule 2. pp. 187-201.
doi : 10.3406/jafr.2002.1314
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jafr_0399-0346_2002_num_72_2_1314Chanfi AHMED* A.
Rites de mort aux Comores et chez les Swahili :
entre islam savant et culture locale
Résumé
Les rites de mort chez les Comoriens et les Swahili en général constituent une « institution
sociale » à travers laquelle se manifeste toute une série d'aspects de leur culture. Or, ils sont
aujourd'hui contestés par les wahhàbïya de la région sous le prétexte qu'ils sont contraires à
l'islam des origines. Nous voulons, entre autres, montrer que la prétention des wahhàbïya à une
orthodoxie des pratiques islamiques est une illusion car le fiqh (droit islamique classique) a
intégré dès son apparition, une grande partie de ce qu'il a nommé 'urfilitt. "ce qui est connu de
tous"), c'est à dire un ensemble de règles coutumières propres aux arabes avant l'islam.
Mots-clés
Comores, islam (savant et local), rites de mort, Swahili, wahhàbïya,.
Abstract
Death rituals by Comorian and Swahili Muslims generally, represent a "social institution"
through which it is possible to observe many aspects of their culture. Nowadays, these death
rituals are vehemently rejected by the wahhàbïya of the region who consider them to be pagan
practices having nothing to do with « true Islam ». Among other things, this article tries to show
that this wahhàbïya claim in favour of any pure, orthodox islamic practises is an illusion, insofar
as the fiqh (the classical Islamic jurisprudence) has, since its creation, incorporated a significant
amount of what it calls the 'urf(lit. "what is known to all"), that is, pre-islamic Arabic customs.
Keywords
Comoro Islands, death rituals, Islam (learned and local), Swahili, wahhàbïya.
Chercheur au Zentrum Modernen Orient (Berlin, Allemagne).
Journal des Africanistes 72 (2) 2002 : 187-201 188 A. Chanfî Ahmed
Même dans les rites de mort, domaine que l'islam savant a, plus que d'aut
res, fortement marqué de son empreinte, force est de constater aux Comores la
présence de certaines croyances et pratiques antérieures à l'islamisation.
Celles-ci font d'ailleurs l'objet de vives critiques de la part des ulémas wah
hâblya qui les rejettent comme non islamiques. Elles étaient déjà contestées au
début du 20ème siècle par certains ulémas, tels Shaykh al-Amïn b. cAlï Mazruwï
(1875-1947) et cAbdallah b. Sâlih al-Fârisï (1912-1982) de Mombasa1, influen
cés par les idées réformistes du mouvement initié par Djamàl ad-Dïn al-Afgânï
(1838-1897) et Muhammad cAbduh (1849-1905). Aujourd'hui encore, nombre
d'élites de la région formées dans le système d'enseignement occidental consi
dèrent ces pratiques comme « obscurantistes » et non conformes au monde
moderne. Seulement, toutes ces tendances2 n'ont pas la force et l'audience des
wahhâblya qui, plus dynamiques et plus nombreux, militent dans des associa
tions bien organisées et enseignent dans des madrasa construites et financées
par des institutions et des personnalités des pays du golfe arabo-persique.
Les rites funéraires dont il sera question ici sont accomplis selon les
préceptes de l'école juridique (madhhab) shafîite dont le livre de référence est
le Minhâdj at-tàlibin de Nawawï (mort en 1277). Mais si les règles établies par
Nawawî sont suivies par la majorité des musulmans shafiites, dans la pratique
les rites sont accomplis différemment selon la culture locale.
Le souci de montrer les différents points de convergence et de divergence
dans les pratiques oblige à fournir ici des détails qui pourraient être jugés
superflus. En effet, notre méthode est celle d'une description explicative dans
laquelle on s'efforcera de dégager le sens réel et symbolique des mots et des
gestes qui accompagnent les rites en question. Cependant, il ne faut pas croire
que nous cherchons à séparer les prescriptions du fiqh (droit islamique) « pures »
des pratiques locales « pures » antérieures à l'islamisation, car nous ne croyons
pas à une pureté originelle. D'une façon générale, il est difficile de faire une
distinction entre, d'un côté, une culture extérieure apportée par l'islam et, de
1 Pouwels 1981.
Comme ailleurs dans le monde musulman, on trouve en Afrique orientale plusieurs orientations
islamiques. On peut distinguer trois principales tendances doctrinaires chez les ulémas : 1. Les
ulémas, responsables de tarïqa (Qàdirlya, Shàdhillya, etc.), installés le plus souvent dans les
régions continentales (bard). Bien qu'ils soient, pour la plupart, originaires de villes côtières, leur
volonté de convertir les populations de l'intérieur, puis de diffuser leur tarïqa les a poussés à
s'établir loin de la côte, exil d'autant plus favorisé par les conflits qui les opposaient aux ulémas-
fuqahâ* et au pouvoir politique. 2. Les ulémas experts en droit islamique (jïqh) appelés
fuqahà1 qui se disent pour la plupart ma-sharifu, c'est-à-dire descendants du prophète Muhamm
ad. Ils enseignent dans les écoles coraniques, dans les madrasa et dans les mosquées de la
région côtière. C'est parmi eux que le pouvoir politique recrute les cadis et autres fonctionnaires
religieux. 3. Les wahhâblya (ma-wahhàblya ou masuni) sont de jeunes ulémas qui s'opposent
aux pratiques des tarïqa et à celles de l'islam populaire. Si la plupart d'entre eux ont fait leurs
études en Arabie Séoudite, d'où leur nom de wahhâblya, d'autres ont été aussi formés ailleurs.
Journal des Africanistes 72 (2) 2002 : 187-201 de mort aux Comores et chez les Swahili 1 89 Rites
l'autre, une culture locale. Néanmoins on peut dire qu'il y a une culture locale
fortement influencée par l'islam et réciproquement, un islam local qui doit
beaucoup à la culture locale dans sa formation. Nous voulons donc ici tout
simplement montrer que la prétention des wahhâbïya à une orthodoxie des
pratiques islamiques est une illusion, même quand il s'agit des rites de mort.
D'autant que \zfiqh lui-même a intégré, dès son apparition, une grande partie
de ce qu'il a nommé 'urf (litt. "Ce qui est connu de tous"), c'est-à-dire un
ensemble de règles coutumières propres aux Arabes avant l'islamisation.
Tout comme la naissance, la mort n'est pas aux Comores un événement
privé, elle concerne tout le groupe : la famille, le quartier, le village. De même,
les premières personnes à s'en occuper sont les femmes avant que n'inter

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