Rôle protecteur de certaines peintures rupestres du Soudan français - article ; n°1 ; vol.10, pg 87-98
13 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Rôle protecteur de certaines peintures rupestres du Soudan français - article ; n°1 ; vol.10, pg 87-98

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
13 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Journal de la Société des Africanistes - Année 1940 - Volume 10 - Numéro 1 - Pages 87-98
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1940
Nombre de lectures 24
Langue Français

Extrait

Solange de Ganay
Rôle protecteur de certaines peintures rupestres du Soudan
français
In: Journal de la Société des Africanistes. 1940, tome 10. pp. 87-98.
Citer ce document / Cite this document :
de Ganay Solange. Rôle protecteur de certaines peintures rupestres du Soudan français. In: Journal de la Société des
Africanistes. 1940, tome 10. pp. 87-98.
doi : 10.3406/jafr.1940.2487
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jafr_0037-9166_1940_num_10_1_2487PROTECTEUR ROLE
DE CERTAINES PEINTURES RUPESTRES
. DU SOUDAN FRANÇAIS,
PAR
Solange de GANAY.
Les renseignements concernant les bammi [peintures) de guerre ont été
recueillis par Solange de Ganay au cours d'une expédition effectuée au
Soudan Français en 1937. L'auteur, qui avait déjà séjourné chez les
Dogons en 1935 [Mission Sahara-Soudan) avait su pénétrer diverses
institutions de ce peuple. Au séjour suivant, elle étudia tout particulièr
ement la notion de nyamaqui est à t origine de tous les cultes des Dogons.
C'est au cours dece travail qu'elle fut amenée à découvrir les pratiques
concernant les bammi de guerre dont traite le présent article. (Note de
Marcel Griaule.)
A la suite de la première mort humaine, événement dont les circons
tances sont relatées dans leurs mythes en langue sacrée, les Dogons
eurent la révélation d'une force, le nyama, dont l'action est essentielle
dans la nature et vis-à-vis de laquelle ils ne pouvaient pas rester
indifférents.
Cette force, qu'il est commode de nommer principe vital ', est conçue
comme une énergie répandue dans des supports que sont les hommes,
les animaux, les végétaux, dans certaines choses, dans les êtres surnatur
els. Tant qu'elle reste unie au support qui Га reçue, elle tend non seu-
1. Il ne saurait être envisagé de traiter dans cet article toute la question du
nyurna. Il n'en est donné que l'aperçu nécessaire à la compréhension de la pratique
concernant les peintures de guerre. Il est ou sera étudié dans ses différentes mani
festations : par Marcel Griaule, dans : Masques' Dogons, Travaux et Mémoires de
l'Institut d'Ethnologie, t. XXXIII, 1938, et dans un ouvrage sur Le Sacrifice, dogon
(en préparation); par Germaine Dieterlen : Les Ames des Dogons, Travaux et
Mémoires de l'Institut d'Ethnologie, tome XL ; par Fauteur dans : Les Devises des
Dogons, Travaux et Mémoires de l'Institut d'Ethnologie, tome XLI, Le Cycle de la
Culture du Mil (en préparation) et Les Dogons. Le Totem Yébéné,- Miscellanea
Africa na Lebaudy, cahier 2, Paris, Geuthner (à paraître). • SOCIÉTÉ DES AFRICANISTES 88
lement à le faire persévérer dans son individu, mais encore à l'aider à se
perpétuer dans d'autres êtres.
Ainsi, en ce qui concerne le monde humain, elle est « ce qui. rend
vivant » et peut être définie comme la personnalité de l'individu, comme
une essence transmise de père en fils, de génération en génération ; tout
enfant outre son nyama personnel, reçoit dès l'origine une parcelle de
celui de son père et de celui d'un ancêtre К
Mais ce dynamisme du nyama ne s'exerce pas seulement du vivant
de son support. On peut même dire qu'il atteint son paroxysme dès le
moment que la force est libérée, c'est-à-dire à la mort physique de l'être
auquel elle est affectée. Dès lors, selon les circonstances du décès,
selon la perfection du déroulement des rites, selon la condition des
personnes2 vivant dans l'atmosphère du mort, cette force libre se fera
bénéfique ou maléfique 3. Les efforts des hommes tendent donc, pour, un
mort donné, à effectuer des rites. appropriés et à réaliser les conditions,
qui les mettront à même de résister aux attaques du nyama en action
ou de bénéficier au contraire de cette force.
Le cas de la mort violente, qu'elle se produise à la chasse et concerne
des animaux, qu'elle survienne à la guerre et frappe des êtres humains,
devait retenir particulièrement l'attention des Dogons. En effet une telle
mort, par le fait qu'elle n'est pas donnée pour des raisons rituelles,
libère une force dangereuse qui n'est pas, comme dans le cas du sacrifice
sanglant, dirigée dans le sens voulu par l'officiant ; le nyama bénéfique
{nyama edu) contenu dans le sang se transforme, durant que celui-ci
coule, en une force néfaste {nyama monu), impure [puru) dont le premier
effet est de contaminer tout ce qui entre en contact avec elle 4 et qui,
dans la suite, s'attaque violemment au meurtrier ou à ses répondants5.
1. Il participe en outre au nyâma de son binu (sur le sens de ce mot cf. note 3,
. p. 90) au moment où il reçoit le nom imposé par le prêtre.
2. Il s'agit de la qualité du nyama de ces personnes. Ainsi un nyama fort n'a rien
à craindre d'un nyama faible. D'autre part le nyama est susceptible d'impureté (puru)
et perd dans ce cas de sa force habituelle.
3. Les Dogons expriment ainsi cette ambivalence : nyama ото boâude, пуата inné
dade, le nyama rend vivant, le пуата tue les gens.
4. Dans certains cas, le sang qui s'écoule d'une blessure est aussi impur que
celui de la parturition ou des menstrues. 11 communique sa qualité en particulier à
tout autel, à toute amulette, atout individu avec lesquels il entre en contact. Celte
règle est valable même lorsque la blessure a été donnée dans un but louable : c'est
ainsi que le circonciseur est obligé, après. l'opération, de procéder à diverses pra
tiques purificatrices. Par contre une perte de sang provoquée par une blessure que
s'est faite un individu constitue pour lui une perte de пуата sans être une cause
d'impureté.
5. Il s'agit soit des enfants, soit des nani. Le nani répondant est le nouyeau-hé
ayant hérité du nyama d'un ancêtre et chargé d'offrir à celui-ci des sacrifices destinés RÔLE PROTECTEUR DE CERTAINES PEINTURES RUPESTRES 89
II importe donc.de protéger les vivants contre les dangers qu'ils
courent en exécutant des rites appropriés. Ces pratiques comportent pour
la plupart un tracé de peintures rupestres institué en imitation de celui
auquel on procéda, dans les temps mythiques, quand survint la première
mort dans le monde des hommes.
A la suite de la rupture d'un interdit ' la mort apparut parmi les
hommes en frappant tout d'abord le. coupable, l'un des ancêtres des
Dogons qui, selon la règle, s'était métamorphosé en serpent vers la fin
de sa. vie terrestre 2. Son nyama, se trouvant libéré, s'attaqua à un nou-
veau-né que l'on dut, sur les conseils des devins, débarrasser de cette
force dangereuse en taillant dans un arbre un grand serpent (imina na,
grand masque), imitation du cadavre ; le bois fut consacré par un sacri
fice sanglant puis, avec de l'ocre rouge qui avait été placée près du
simulacre et arrosée du sang des victimes, on peignit sur In paroi de la
caverne où avait été inhumé le mort une représentation du serpent de
bois taillé. Avec ce dernier on toucha la tête de l'enfant puis la peinture.
La partie du nyama qui s'était fixée sur l'intéressé passa ainsi dans le
bois et de là dans la peinture où elle demeura3.
Plus tard la même technique fut utilisée pour organiser la défense
contre le nyama des animaux tués à la chasse. Des masques furent
taillés et des peintures tracées sur les rochers des abris.
Ce rituel, observé jusqu'à nos jours.4, a produit les peintures représen
tant des serpents ou des grands masques que l'on trouve en nombre res
treint dans les auvents ou cavernes réservés à ces bois. Il a produit aussi
une véritable floraison de peintures observables dans les abris de masques
de danse et qui sont tracées lors de la préparation des grands dama0.
à assurer la continuité de l'âme du disparu. Cette force agit vis-à-vis de l'enfant
comme un témoin pouvant sanctionner les manquements à ses devoirs.
Les mots nani dye (nani vieux) s'appliquent au défunt et nani dagi (nani petit)
désigne l'enfant répondant.
L'origine du premier nani est liée à la manifestation initiale du nyama lors de
l'apparition de la mort dans le monde humain. Cf. M. Griaule, Manques Dogons,
p. 62. L'institution du nani est

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents