Rythme maximum d accroissement d une population stable - article ; n°4 ; vol.2, pg 663-680
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Population - Année 1947 - Volume 2 - Numéro 4 - Pages 663-680
II est certaines contrées du monde où la procréation n'est pratiquement soumise à aucune restriction, mais où l'accroissement de la population se trouve freiné par une mortalité élevée. Si l'on parvenait à y abaisser la mortalité au niveau le plus faible enregistré jusqu'à ce jour, et ceci de façon suffisamment rapide pour que la fécondité n'ait pas le temps d'en être altérée, quel pourrait être le rythme d'accroissement de leur population?
Les auteurs pensent pouvoir répondre que le nombre des habitants doublerait alors tous les 16 ou 17 ans, de sorte qu'il risquerait de se trouver multiplié par 64 en un siècle, si la fécondité tardait à décroître.
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1947
Nombre de lectures 7
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Louis Henry
Paul Vincent
Rythme maximum d'accroissement d'une population stable
In: Population, 2e année, n°4, 1947 pp. 663-680.
Résumé
II est certaines contrées du monde où la procréation n'est pratiquement soumise à aucune restriction, mais où l'accroissement de
la population se trouve freiné par une mortalité élevée. Si l'on parvenait à y abaisser la mortalité au niveau le plus faible
enregistré jusqu'à ce jour, et ceci de façon suffisamment rapide pour que la fécondité n'ait pas le temps d'en être altérée, quel
pourrait être le rythme d'accroissement de leur population?
Les auteurs pensent pouvoir répondre que le nombre des habitants doublerait alors tous les 16 ou 17 ans, de sorte qu'il
risquerait de se trouver multiplié par 64 en un siècle, si la fécondité tardait à décroître.
Citer ce document / Cite this document :
Henry Louis, Vincent Paul. Rythme maximum d'accroissement d'une population stable. In: Population, 2e année, n°4, 1947 pp.
663-680.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pop_0032-4663_1947_num_2_4_1869RYTHME MAXIMUM
D'ACCROISSEMENT
D'UNE POPULATION STABLE
pratiquement II est certaines soumise contrées à aucune du monde restriction, où la mais procréation où l'accroin'est
ssement de la population se trouve freiné par une mortalité
élevée. Si l'on parvenait à y abaisser la mortalité au niveau
le plus faible enregistré jusqu'à ce jour, et ceci de façon
suffisamment rapide pour que la fécondité n'ait pas le temps
d'en être altérée, quel pourrait être le rythme d'accroi
ssement de leur population?
Les auteurs pensent pouvoir répondre que le nombre des
habitants doublerait alors tous les 16 ou 17 ans, de sorte
qu'il risquerait de se trouver multiplié par 64 en un siècle,
si la fécondité tardait à décroître.
ON sait que Malthus, dans son parallèle célèbre entre la pro
gression géométrique du chiffre de la population et la
progression arithmétique des moyens de subsistance, avait
adopté une durée de 25 ans comme période maximum de double
ment d'une population croissant sans entraves. Il n'est pas dans
notre intention de revenir sur les nombreuses controverses qui se
sont élevées à ce sujet, mais il nous a paru intéressant d'essayer
de résoudre le problème tel qu'il se pose effectivement de nos
jours en certaines régions : « Si l'on donnait rapidement, à une
population dont la fécondité n'est limitée actuellement que par les
facteurs physiologiques, des moyens économiques suffisants pour
qu'elle puisse bénéficier pleinement des progrès réalisés dans le
domaine de la baisse de la mortalité, à quel rythme s'accroîtrait
cette population ? ■» En d'autres termes, quelle pourrait être la 664 RYTHME MAXIMUM D'ACCROISSEMENT
période minimum de doublement d'une population qui ne limiterait
le nombre de ses naissances, ni par une diminution de sa nuptial
ité, ni par des restrictions artificielles de la fécondité des unions,
et qui, en même temps, ne serait affectée que par une mortalité
très faible. Nous nous demanderons, subsidiairement, si la durée
adoptée par Malthus correspondait aux conditions sanitaires de
son époque.
Pour déterminer la période minimum de doublement d'une
population, il faut effectuer le double choix de la faible mortalité
et de la forte fécondité que l'on combinera. En ce qui concerne la
première, nous adopterons la mortalité féminine la plus basse
connue à ce jour, malgré l'objection de principe que soulève ce
choix. En effet, il est théoriquement incorrect d'attribuer à une
population très féconde une mortalité observée dans une population
à faible fécondité, où les risques de mort qu'entraînent des matern
ités répétées et les fatigues qui en découlent se trouvent réduits.
Mais, en pratique, l'influence de ces facteurs sur la valeur de la
période de doublement est négligeable.
Pour la fécondité, le problème est plus complexe. La question
se pose, en effet, de la manière suivante : « Quelle serait la fécon
dité d'une population moderne dans laquelle, la nuptialité atte
ignant le maximum compatible avec les mœurs et les goûts des
individus, les couples n'apporteraient aucune restriction à leur
fécondité physiologique ? »
II est impossible de répondre à une telle question, puisque
aucune population n'a été observée avec précision dans les condi
tions optima qu'elle suppose (1). On peut toutefois remarquer qu'il
est à l'heure actuelle de nombreux pays, parmi lesquels figure la
France, où la nuptialité n'est guère réduite par la crainte d'une
nombreuse famille. On pourrait donc choisir celui de ces pays ayant
la nuptialité la plus forte, c'est-à-dire la France, et l'on serait assuré
d'avoir ainsi une base qui ne s'écarte pas beaucoup des conditions
théoriques imposées.
Il resterait cependant à déterminer la fécondité physiologique
moyenne des unions contractées. Cette moyenne fait intervenir les
proportions mal connues des couples absolument ou relativement
(1) A l'exception des populations esquimaux dont nous excluons la con
sidération, à cause des conditions très particulières de climat dans lesquelles
elles se trouvent — cf. note (1) de la page suivante. population stable 665 d'une
stériles, et les fréquences de conception chez ceux dont l'aptitude
à procréer n'est pas nulle. Ces fréquences dépendent de facteurs
nombreux, parmi lesquels la durée de l'allaitement maternel et la
mortalité infantile qui, interrompant cet allaitement, risque de
réduire l'intervalle intergénésique moyen (1). Or, si l'on met à
part les renseignements fournis par une enquête effectuée aux Etats-
Unis en 1941 (2), on n'a aucune donnée précise sur la fécondité
physiologique de groupes humains importants.
Aussi, plutôt que de nous lancer dans des spéculations hasar
deuses, avons-nous préféré choisir des populations réelles. Comme
il n'existe, pour celles qui sont réputées très prolifiques, aucune
table de fécondité, nous avons cherché celles qui ont eu, dans leur
ensemble et pendant une assez longue période (3), les plus forts
taux de natalité observés, et sur lesquelles existent des données
assez précises pour que l'on puisse, au moins approximativement,
déterminer leur fécondité par âge.
La considération des taux de natalité supérieurs à 50 %o enre
gistrés chez les Musulmans de Palestine au cours de ces dernières
années, et dans la population catholique (4) de la province de
Québec il y a environ un siècle, pouvait faire balancer notre choix
entre ces deux populations. Nous nous sommes arrêtés à la popul
ation de la province de Québec pour les raisons suivantes.
a) La période pendant laquelle on y a enregistré des taux de
natalité oscillant entre 45 et 60 %o s'étend sur plus de 40 an
nées (1830-1875). Le taux moyen peut être considéré comme
(1) Chez les Esquimaux le sevrage fait passer directement les enfants du
lait maternel à une alimentation exclusivement carnée et crue ; d'où la nécess
ité de prolonger l'allaitement jusqu'à l'âge de trois ans. Les femmes esqu
imaux n'ayant pas de retour de couches tant qu'elles allaitent, l'intervalle entre
les naissances successives se trouve voisin de 4 ans. Ainsi s'explique que les
familles esquimaux aient rarement plus de 5 ou 6 enfants, quoique la fécon
dité des populations esquimaux atteigne la limite physiologique (renseigne
ments communiqués par le Dr Robert Gessain). Dans les populations urbaines
actuelles, le Tetour de couches est au contraire fréquent chez les femmes qui
allaitent ; l'intervalle entre naissances successives peut donc, même chez ces
dernières, descendre à 10 mois. On voit combien est différente la fécondité
physiologique qui correspond à ces cas extrêmes.
(2) Cf. annexe I : iVoie sur la fécondité physiologique.
(3) La restriction « dans son ensemble et pendant une assez longue
période » est fondamentale. Un g

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