Sémantique et société médiévale. Le verbe adouber et son évolution au XIIe siècle - article ; n°5 ; vol.31, pg 915-940
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Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1976 - Volume 31 - Numéro 5 - Pages 915-940
The quantitative analysis of the verb adouber and of its derivations in the twelfth-century French chansons de geste reveals a noticeable evolution in the meaning of these words. This is not simply a literary or linguistic evolution ; it is evidence of a change in social thought pattern.
Since the appearance of these words in the French language, they have applied to mounted fighters. But at the beginning of the 12th century, their meaning was purely utilitarian or professional. In the course of the century, they took on more ceremonial coloring. There was a tendency to use other words - armer, ferarmer, fervestir - to designate the utilitarian sense, while adouber was progressively restricted to describing the first conferring of arms on a young man entering the body of knights. Towards the end of the century, the word adouber took on an even stronger social, hierarchical, almost initiatory value. It became a word indicating class even caste.
This evolution corresponds to, illustrates and confirms the transformation of knighthood itself ; originally a professional group, knights tended to form a body and then a closed caste, forging an ideology, specific rites and a special language which set them apart from the rest of society.
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1976
Nombre de lectures 36
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Jean Flori
Sémantique et société médiévale. Le verbe adouber et son
évolution au XIIe siècle
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 31e année, N. 5, 1976. pp. 915-940.
Abstract
The quantitative analysis of the verb adouber and of its derivations in the twelfth-century French chansons de geste reveals a
noticeable evolution in the meaning of these words. This is not simply a literary or linguistic evolution ; it is evidence of a change
in social thought pattern.
Since the appearance of these words in the French language, they have applied to mounted fighters. But at the beginning of the
12th century, their meaning was purely utilitarian or professional. In the course of the century, they took on more ceremonial
coloring. There was a tendency to use other words - armer, ferarmer, fervestir - to designate the utilitarian sense, while adouber
was progressively restricted to describing the first conferring of arms on a young man entering the body of knights. Towards the
end of the century, the word adouber took on an even stronger social, hierarchical, almost initiatory value. It became a word
indicating "class" even "caste".
This evolution corresponds to, illustrates and confirms the transformation of knighthood itself ; originally a professional group,
knights tended to form a body and then a closed caste, forging an ideology, specific rites and a special language which set them
apart from the rest of society.
Citer ce document / Cite this document :
Flori Jean. Sémantique et société médiévale. Le verbe adouber et son évolution au XIIe siècle. In: Annales. Économies,
Sociétés, Civilisations. 31e année, N. 5, 1976. pp. 915-940.
doi : 10.3406/ahess.1976.293759
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1976_num_31_5_293759UE ET SOCI DI VALE MANTI
LE VERBE ADOUBER ET SON VOLUTION AU XIIs SI CLE
étude des notions passe par celle des mots utilisés pour les exprimer Cet
aphorisme tellement évident il fait figure de truisme fut parfois négligé par
les historiens des idées élan nouveau imprimé depuis plusieurs années
histoire des mentalités mis accent sur intérêt des recherches historiques de
vocabulaire examen des vocables désignant des groupes sociaux des
notions concepts ou systèmes de valeurs revêt pour historien une importance
autant plus grande il risque toujours il en dispense de transporter dans
le passé il scrute des conceptions plus modernes commettant ainsi le redou
table anachronisme
est ce qui est arrivé nous semble-t-il pour la notion de chevalerie On
trop longtemps la suite de travaux pourtant fort décriés attribué aux mots
chevalerie et chevalier des acceptions sociales juridiques voire honorifiques ou
culturelles qui vraies pour le xive siècle ou peut-être pour le xme siècle ne
peuvent être attribuées sans nuances et réserves la chevalerie des xie et xne siè
cles
est pourquoi étude de la notion de chevalerie que nous avons entreprise
nous paraît devoir commencer par examen minutieux des vocables qui
rapportent4 Notre propos dans les pages qui suivent sera de tenter une
approche de cette notion par le moyen de étude du mot adouber et de ses
dérivés dans les chansons de geste du xne siècle
Le mot choisi présente un intérêt il serait vain de souligner longuement
employé de préférence tout autre pour désigner acte par lequel on fait
chevalier un jeune noble il est tout naturellement chargé semble-t-il de
valeurs ceremonielles sociales juridiques éthiques et même religieuses on
pense aussitôt la cérémonie de adoubement par laquelle selon certains on
entrait en chevalerie comme on entre en religion
étude systématique de toutes les occurrences de ce mot dans nos sources
permettra nous espérons en préciser les significations et les valeurs ainsi que
leur variation reflétant ainsi selon nous évolution de la notion même il
exprime Nous avons choisi étudier ce vocable dans les chansons de geste du
xne siècle pour plusieurs raisons sa fréquence est relativement abondante et
915 LES DOMAINES DE HISTOIRE
permet ainsi une étude statistique autant que qualitative évolution des
valeurs qui expriment si elle est attestée par des chiffres élevés peut donc
être significative autre part les chansons de geste apparaissent aux yeux de
beaucoup de romanistes comme plus représentatives du fait chevaleresque
plus proches de sa réalité que autres sources littéraires Enfin ces sources pré
sentent avantage de constituer un ensemble assez bien délimité et cohérent
ampleur appréciable plus de 80 000 vers Elles répondent donc aux critères
énoncés par Duby il propose analyse statistique de tels ensembles
pour déceler évolution des idéologies Elles présentent aussi un inconvénient
dont il faut être conscient uvres le plus souvent anonymes et fréquemment
remaniées elles sont par là même difficilement datables Il ne peut donc être
question pour nous de dresser un tableau précis retra ant évolution des sens du
mot travers des jalons sûrs et datés Dans les tableaux que nous présentons les
uvres sont classées dans un ordre chronologique généralement admis bien
incertain dans le détail 10 Nous ne pouvons malheureusement attribuer
aucune date précise ces uvres Tels ils sont ces tableaux peuvent
cependant être utiles surtout si les résultats mettent en évidence des groupes
présentant des caractères communs nettement différenciés Nous verrons que tel
est en effet le cas car là même les résultats obtenus paraissent confirmer cette
répartition établie indépendamment eux
origine du mot adouber
étymologie du mot paraît bien obscure Du Cange le faisait dériver dans
son sens technique faire chevalier du mot latin adoptare liant ainsi adoube
ment habitude établie chez les seigneurs de nourrir est-à-dire élever et
instruire âge homme un jeune noble de son lignage ou le fils de
un de ses vassaux était déjà donner au vocable une coloration sociale et
institutionnelle qui devait amplifier par la suite Cette etymologie discutable ne
fut pas retenue et on admit plutôt adouber dériverait un mot germanique
dubban signifiant frapper 12 La coloration ceremonielle se renfor ait encore
on privilégiait ainsi le geste de la colee par laquelle on le sait pour le
xme siècle on introduisait un candidat dans la chevalerie Ce sens prévalut
malgré les réticences de Gautier soulignant déjà que la colee était un geste qui
semblait tardif et qui somme toute était pas essentiel 13 Bloch acceptant
cette etymologie voyait le rappel un vieux rite initiation par contact confé
rant une sorte influx14 Les réticences de Gautier furent vite oubliées ou men
tionnées pour la forme Ganshof rappela bien la nécessité étudier évolu
tion du rite afin éviter anachronisme 15 mais accent mis sur aspect céré
monie était désormais trop fort On attacha souligner la signification rituelle
religieuse symbolique de la cérémonie de adoubement16 dans lequel on voulut
voir très tôt le moyen normal entrée dans la chevalerie dès les siècles
est ainsi que Cohen acceptant la généralité de adoubement complet la
fin du xie siècle hésitait pas écrire auparavant la cérémonie était plus
simple au xie siècle est la colee qui fait le chevalier 17 Bref on constam
ment privilégié le sens cérémonie de adoubement malgré quelques réserves
émises dès 1903 par Guilhiermoz Cet excès nous incite faire nôtre la
remarque selon laquelle on beaucoup trop insisté sur importance et le rôle de
916 FLORI MANTIQUE DE LA CHEVALERIE
cette cérémonie 19 Il nous paraît utile de nous débarrasser de toutes les colora
tions ceremonielles et symboliques tardives attachées au mot adouber aban
donnons tout recours étymologie qui on vu ne fait orienter ici dans
une fausse direction Mieux vaut étudier directement le mot dans les sources
partir des plus anciennes et tenter ainsi en apercevoir les significations
TABLEAU
Les occurrences du mot adouber dans les chansons de geste étudiées
nbre occurrences
occur de moyennes
éditions absolues vers pr 1000 vers
Chanson de Roland Moignet 1969 13 4002 33
Couronnement de Louis Langlois 2e éd. 1969 2696 115
Chanson de Guillaume McMillan 1949 16 3453 46
Charroi de Nîmes 1972 1486
Pèlerinage de Charlemagne Cooper 1925 870 115
Moniage Guillaume 2e red. Cloetta 1906-1911 14 6629 21
Raoul de Cambrai Meyer Longnon 1882 28 8726 32
Siège de Barbastre Per

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