Sociologie de l éthique professionnelle. contribution à la réflexion théorique - article ; n°1 ; vol.7, pg 7-33
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Sociétés contemporaines - Année 1991 - Volume 7 - Numéro 1 - Pages 7-33
Résumé : Reprenant quelques une des questions théoriques soulevées par Durkheim, Weber et Parsons, et partant des connaissances tirées d'études empiriques et d'observations récentes, une réflexion d'ordre générale est conduite qui cherche à définir la relation qui s'établit, dans rla vie professionnelle, entre éthique et organisation, éthique et autres registres normatifs, éthique et rationalité, éthique et rapports sociaux.
JEAN-PAUL TERRENOIRE Some basic questions raised by Durkheim, Weber, and Parsons are revisited and confronted with knowledge acquired through recent empirical studies or direct observations, in order to build up a tentative theoretical framework specifying the relationship, within professional life, between ethics and professional organization, ethics and other kinds of normative orders, ethics and rationality, ethics and social relations.
27 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1991
Nombre de lectures 25
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Jean-Paul Terrenoire
Sociologie de l'éthique professionnelle. contribution à la
réflexion théorique
In: Sociétés contemporaines N°7, Septembre 1991. pp. 7-33.
Résumé : Reprenant quelques une des questions théoriques soulevées par Durkheim, Weber et Parsons, et partant des
connaissances tirées d'études empiriques et d'observations récentes, une réflexion d'ordre générale est conduite qui cherche à
définir la relation qui s'établit, dans rla vie professionnelle, entre éthique et organisation, éthique et autres registres normatifs,
éthique et rationalité, éthique et rapports sociaux.
Abstract
JEAN-PAUL TERRENOIRE Some basic questions raised by Durkheim, Weber, and Parsons are revisited and confronted with
knowledge acquired through recent empirical studies or direct observations, in order to build up a tentative theoretical framework
specifying the relationship, within professional life, between ethics and professional organization, ethics and other kinds of
normative orders, ethics and rationality, ethics and social relations.
Citer ce document / Cite this document :
Terrenoire Jean-Paul. Sociologie de l'éthique professionnelle. contribution à la réflexion théorique. In: Sociétés contemporaines
N°7, Septembre 1991. pp. 7-33.
doi : 10.3406/socco.1991.1007
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/socco_1150-1944_1991_num_7_1_1007♦ ♦♦♦♦♦♦ JEAN-PAUL TERRENOIRE ♦ ♦♦♦♦♦♦
SOCIOLOGIE DE L'ÉTHIQUE PROFESSIONNELLE 1
CONTRIBUTION À LA RÉFŒXION THÉORIQUE
la éthique vie professionnelle, et rationalité, éthique entre éthique et rapports et organisation, sociaux. éthique et autres registres normatifs,
Les pères fondateurs de la sociologie modeme ont consacré une part importante
de leur oeuvre à la sociologie de l'éthique et, plus particulièrement, à celle de la
morale professionnelle soit, comme Durkheim, en abordant cette dernière de manière
générale, tant dans ses rapport avec les autres formes de l'éthique que dans ses
relations avec la division du travail ; soit, comme Weber, à propos des secteurs de
la vie sociale engageant des valeurs, et mobilisant des normes, des évaluations et des
jugements : activités religieuses, politiques, économiques, esthétiques, ou
scientifiques.
Depuis lors, les formations sociales ont connu des transformations considérables
et la pensée sociologique a sensiblement évolué. Toutefois les investissements
théoriques ont été inégalement répartis comme le démontre la situation de la
sociologie de l'éthique. Si l'on observe, entre la fin des années cinquante et celle des
années soixante-dix, un silence de la théorie dans le domaine de l'éthique en général,
dans celui de l'éthique professionnelle celui-ci débute beaucoup plus tôt et dure
jusqu'à nos jours. Certes, les sociologues ont pu trouver dans l'intervalle quelque
inspiration dans les travaux de la philosophie morale, de la philosophie sociale et de
la philosophie politique publiés en France, en Europe du Nord, et aux Etats-Unis,
mais le passage à la théorie sociologique ne s'est pas véritablement effectué - du
moins de manière systématique et dans les formes ordinaires. D'autre part, si de
nombreuses études empiriques consacrées aux professions ont abordé, peu ou prou,
la question de l'éthique professionnelle, leurs apports théoriques restent, le plus
1 . Je remercie F.-A. Isambert, P. Ladrière, S. Novaes, P. Pharo et les membres du Comité de rédaction
qui ont bien voulu faire une lecture attentive de ce texte dans sa première version. JEAN-PAUL TERRENOIRE ♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦
souvent, sans portée générale du fait du caractère partiel, lacunaire, localisé, et
particulier des données sur lesquelles ils se fondent.
Il semble donc utile de reprendre quelques-unes des questions de fond soulevées
par nos prédécesseurs - questions qui restent d'actualité, comme nous le verrons - et
de les relancer dans des termes adaptés aux réalités contemporaines, en tenant compte
des avancées de la connaissance sociologique. Dans chaque cas, il s'agira d'esquisser
quelques perspectives théoriques à partir des réflexions d'hier et d'aujourd'hui, des
travaux empiriques disponibles, et des enseignements que l'on peut tirer de
l'observation de quelques moments particulièrement significatifs de l'actualité dans
le domaine des activités professionnelles.
Première question : quels rapports l'éthique professionnelle entretient-elle avec
l'organisation de la profession ? Pour Durkheim, la question était d'autant plus
centrale qu'elle découlait directement des liens étroits qu'il établissait entre morale
et solidarité sociale 2, liens qui valaient pour toutes les morales, les morales
universelles comme celles de l'individu ou de l'humanité, mais également les
morales particulières, qu'il s'agisse de la morale domestique, de la morale civique,
ou de la morale professionnelle. La question demeure actuelle dès lors que l'on
s'interroge sur le rôle que peut jouer l'éthique dans l'acquisition, par les groupes ou
les corps professionnels, d'une autonomie relative et d'une capacité à
s'autodéterminer et à s'autoréguler.
La deuxième question, posée chez Weber comme chez Durkheim, concerne les
relations harmonieuses ou dissonantes qui s'établissent dans la pratique entre les
différents registres axiologiques et normatifs, avec le cortège des contraintes, des
réglementations et des obligations qui en découlent. Disons très schématiquement,
que les contraintes professionnelles relèvent de l'économie, de la science et de la
technique, et les réglementations du droit et de l'administration. Quant aux
obligations, elles relèvent de l'éthique proprement dite. Dans chacun des cas, la
responsabilité des professionnels n'est pas engagée de la même façon et n'est pas
jugée selon les mêmes critères.
En fait, dans la pratique quotidienne des professionnels, il est rare de ne pas
trouver mobilisés simultanément des éléments normatifs relevant de ces différents
registres axiologiques. Isoler ce qui appartient aux exigences de chacun d'eux est
nécessaire, mais c'est une tâche difficile qui peut conduire à l'arbitraire. De plus, la
synthèse harmonieuse des différents registres ne s'observe pas souvent : la plupart
du temps, les professionnels se trouvent partagés entre des exigences et des
prescriptions contradictoires.
Weber voyait se développer au sein de nos sociétés contemporaines un processus
de professionnalisation, passage d'un ordre traditionnel à un ordre social où le statut
de chacun dépend des tâches qu'il accomplit et qui lui sont allouées selon des critères
rationnels de compétence et de spécialisation 3. Cette thèse a été amplement reprise
par la sociologie des professions, notamment par l'approche fonctionnaliste telle
qu'on la trouve chez Parsons, Merton, et bien d'autres, et qui n'a jamais été
totalement abandonnée même chez ceux qui l'ont contestée.
2. Durkheim, 1893, p. 66. En fait, explicitement ou non, cette idée est présente dans tous ses écrits (cf.
Gurvitch, 1963, Lacroix, 1976).
3 . Voir le court chapitre consacré aux professions dans Economie et société (1970, tome 1 ,
p. 144-148) et ici ou là dans les autres chapitres. ♦ ♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦ ÉTHIQUE PROFESSIONNELLE
La troisième question concerne donc les rapports que pourrait entretenir l'éthique
professionnelle avec la rationalité. Elle nous amènera à nous interroger sur la
pertinence des analyses qui mettent systématiquement en avant leurs "affinités
électives", mais qui laissent de côté le rapport qui pourrait s'établir entre l'éthique et la passion.
Que ce soit d'une manière générale, ou en fonction de situations particulières, les
pères fondateurs, et presque tous ceux qui ont suivi, se sont attachés, par ailleurs, à
rendre compte des relations sociales dans le cadre professionnel 4, relations qui,
selon le cas, ou selon l'approche, dépendaient, peu ou prou, des individus qui s'y
trouvaient engagés. Dans cette perspective, l'éthique, comme principe d'orientation
et de régulation, pouvait trouver sa place. Mais, le plus souvent, l'approche en termes
de relations se faisait sans ré

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