Sociologie du développement ou développement de la sociologie : la question des femmes et de leur travail - article ; n°90 ; vol.23, pg 375-387
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Sociologie du développement ou développement de la sociologie : la question des femmes et de leur travail - article ; n°90 ; vol.23, pg 375-387

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Tiers-Monde - Année 1982 - Volume 23 - Numéro 90 - Pages 375-387
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1982
Nombre de lectures 30
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Anne-Marie Daune-Richard
Sociologie du développement ou développement de la
sociologie : la question des femmes et de leur travail
In: Tiers-Monde. 1982, tome 23 n°90. pp. 375-387.
Citer ce document / Cite this document :
Daune-Richard Anne-Marie. Sociologie du développement ou développement de la sociologie : la question des femmes et de
leur travail. In: Tiers-Monde. 1982, tome 23 n°90. pp. 375-387.
doi : 10.3406/tiers.1982.4126
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1982_num_23_90_4126SOCIOLOGIE DU DÉVELOPPEMENT
OU DÉVELOPPEMENT DE LA SOCIOLOGIE :
LA QUESTION DES FEMMES
ET DE LEUR TRAVAIL
par Anne-Marie Daune-Richard*
Ayant précédemment développé une réflexion sur le travail des
femmes dans les pays en voie de développement, j'ai été amenée à pour
suivre une recherche sur le même thème dans un contexte sociologique
résolument éloigné : celui d'une grande ville française. Or mon expé
rience antérieure, loin de me laisser démunie devant des questions radi
calement nouvelles, a constitué au contraire un appui théorique et
méthodologique de première importance. Bien plus, c'est d'une approche
de ces questions à partir d'une réflexion sur les pvd que sont nées mes
préoccupations concernant les pays du Centre. Un tel itinéraire s'inscrit
fondamentalement dans un mouvement de compréhension des processus
de développement des sociétés, en particulier sous l'effet de l'industria
lisation progressive des économies et ce, tant au centre qu'à la périphérie.
Pour suivre cet itinéraire, l'article ci-dessous comprendra deux parties :
l'une sera consacrée à la question du travail des femmes dans les processus
de développement, l'autre essaiera de montrer la proximité des pro
blèmes théoriques et méthodologiques lorsque l'on essaie d'examiner
cette question dans un pays comme la France.
I. — La question du travail des femmes
DANS LES PROCESSUS DE DÉVELOPPEMENT
Au cours des dernières décennies, les travaux de nombreux cher
cheurs, économistes et sociologues, du monde entier ont permis une meil
leure compréhension des grandes mutations sociales, économiques et
* Attachée de recherche au cnrs.
Revue Tiers Monde, t. XXIII, n° 90, Avril-Juin 1982 ANNE-MARIE DAUNE-RICHARD 376
politiques qu'ont subies les pays en voie de développement dans leur
intégration progressive au marché international, à travers les différentes
étapes de la colonisation et de l'expansion du capitalisme. En même temps
l'analyse des formes qu'ont pu revêtir, pour les femmes, ces grands bou
leversements sociaux restait très embryonnaire. Cependant, dans un passé
très récent, des tentatives ont été menées (en particulier aux Etats-Unis
mais aussi en France) pour coordonner et exploiter des connaissances qui,
sur ce sujet, étaient le plus souvent fragmentaires et surtout très dispersées.
Ainsi se dessinent les grandes lignes d'une réflexion sur les changements
qui affectent tant les modes de vie que les rôles économiques et
sociaux des femmes dans les sociétés dites « en voie de développement ».
Les transformations sociales qui ont affecté ces sociétés sont fonda
mentalement liées à l'introduction forcée — plus ou moins brutale selon
les époques et les lieux — d'une économie marchande, dont le caractère
dépendant a constitué la base même du développement et de l'expansion
capitaliste. Ainsi s'est opérée une mutation dans les finalités des systèmes
économiques qui a eu une influence directe sur les formes d'organisation
sociale de la production et, en particulier, sur l'affectation de la force de
travail. C'est à ce niveau que, de notre point de vue, se situent les
éléments moteurs qui ont guidé l'évolution de la place et du rôle social
des femmes dans ces pays.
Dans les sociétés précapitalistes, en effet, l'essentiel de la production
n'est pas destiné à la vente mais à la subsistance. Cela ne veut pas dire
qu'il n'existe pas de circuits d'échanges, mais ceux-ci ne concernent que
les surplus ; en tout état de cause, il n'existe pas de structures de pro
duction spécialisées pour la vente.
La division du travail y est extrêmement normalisée et directement
liée aux structures de la parenté. Pour ce qui concerne les catégories de
sexe, la division sexuelle du travail est très présente et revêt une signif
ication toute autre — quant à la place sociale des femmes — que celle
que nous connaissons actuellement. En effet, si les sont exclues
de certains processus de production précis — comme, par exemple, le
plus souvent, la chasse, le travail du fer et celui du bois1 — il n'en reste
pas moins que toutes les femmes participent largement à la production
agricole, dominante dans des sociétés majoritairement agraires, et à cer
taines activités artisanales. De plus, dans de nombreux domaines de
l'activité — en particulier l'agriculture et l'habitat — la division sexuelle
du travail définit une répartition des tâches selon les différentes étapes
1. Paola Tabet, Les mains, les outils, les armes, in L'Homme, t. XIX, n° 3-4, juillet-
décembre 1979. LA QUESTION DES FEMMES ET DE LEUR TRAVAIL 377
d'un même processus de production. Par exemple, ce sont les hommes
qui vont défricher et labourer, les femmes semer et désherber, les
et les femmes ensemble qui vont assurer la récolte puis les femmes qui
seront chargées du transport, etc. La répartition du travail entre les
sexes laisse donc aux femmes un rôle important dans la poursuite des
activités qui assurent l'essentiel de la subsistance de ces sociétés. Bien plus,
dans de nombreuses ethnies d'Amérique du Sud et d'Afrique, les femmes
avaient — et ont encore parfois — accès à des champs personnels qu'elles
travaillaient elles-mêmes et dont le produit leur revenait. Il en allait de
même pour les activités artisanales dans lesquelles elles pouvaient être
spécialisées.
Parallèlement, l'activité domestique des femmes, si elle s'inscrit bien
dans la division des tâches entre sexes, ne constitue pas un secteur margin
alisé de la production sociale. En effet, le travail domestique (au sens
propre de : lié à la maison) comprend généralement une part importante
de la production agricole (qui se trouve encore aujourd'hui en Afrique
de l'Ouest dans les « champs de cases ») et/ou artisanale : poterie, tissage.
Un autre volet du travail domestique féminin est la transformation des
produits alimentaires pour leur consommation et leur conservation :
tâches astreignantes mais faisant appel à un réel savoir technique, indis
pensables à la survie du groupe en l'absence de produits de remplace
ment. Dans ce cadre s'inscrit aussi la dure collecte quotidienne du
combustible et de l'eau.
Pour les tâches plus directement liées à la famille, et en particulier à
l'éducation des enfants, il faut noter que, loin d'être toujours concentrées
sur la mère, elles sont largement socialisées et sont le fait — comme
l'indiquent les termes mêmes de la parenté classificatoire — de l'ensemble
des membres de la communauté. Paradoxalement, ces sociétés dans
lesquelles la fonction maternelle, en tant que fonction de reproduction,
est si fondamentale que l'essentiel des relations interethniques corre
spond à des circuits d'échanges matrimoniaux, développent donc des
modèles de comportements féminins beaucoup moins spécialisés dans
un rôle exclusivement maternel qu'ils ne le sont dans les sociétés actuelles.
Contrairement à ce que nous connaissons dans les indust
rielles, la plupart des sociétés précapitalistes (les exceptions sont toutes
le fait de sociétés étatisées et bureaucratisées) n'établissaient donc pas,
pour les femmes, de frontière entre leurs rôles de mère et de travailleuse-
productrice. D'une part, toutes étaient à la fois mères et productrices ;
d'autre part, l'autonomisation relative qui s'est établie, avec le dévelop
pement du capitalisme, entre la production et la reproduction ne pouvait
s'opérer dans ces sociétés du fait de l'inexistence d'un secteur[marchand. 378 ANNE-MARIE DAUNE-RICHARD
II existait toutefois de

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