Sociosémiotique des images - article ; n°2 ; vol.28, pg 111-140
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Description

Langage et société - Année 1984 - Volume 28 - Numéro 2 - Pages 111-140
Toute étude des images, dès l'instant où elle considère celles-ci comme des faits de signification, rencontre inévitablement la question de la spécificité de l'image. Aussi, avant même de présenter une revue des diverses approches des images pouvant être qualifiées de sociosémiotiques, ou encore de contribuer à la construction d'un modèle sociosémiotique d'analyse des images, paraît-il opportun de réfléchir sur la notion même d'image, et singulièrement sur ce problème de la spécificité des images. L'idée développée ici est que ce problème ne saurait être traité aujourd'hui du seul point de vue de la sémiotique : la spécificité des images est non seulement un fait de langage, mais encore, de manière plus fondamentale, un phénomène social. Il est donc proposé d'inscrire l'analyse des images dans une démarche de type sociosémiotique ; l'essentiel de la réflexion portant sur les conditions de possibilité d'une telle inscription afin d'en envisager les modalités.
Une double référence est convoquée : une à la sociologie des productions culturelles, l'autre à la sémiologie (pour des raisons de simplicité d'exposé, elle a été volontairement limitée à deux exemples : P. Bourdieu et R. Barthes). La première permet de montrer comment l'image doit être redéfinie sous l'angle d'une dialectique entre un produit (formellement structuré) et des pratiques de réception et de production. Ainsi, la sociologie circonscrit un champ d'étude (autour d'un objet de connaissance) dont les outils (et en partie l'approche) relèvent de la sémiotique. Un rapide renvoi à la sémiologie illustre comment la sémiotique se trouve alors conduite à reformuler d'un tout autre point de vue la question de la spécificité des images, en prenant en compte la répartition de la fonction symbolique, à l'intérieur d'une société, en différents systèmes de signification (une économie des pratiques signifiantes).
Dans ces conditions, il devient alors possible d'articuler des domaines différents au sein de l'approche sociosémiotique (tels que ceux de la production, de la réception ou du fonctionnement des images), et surtout de distinguer des niveaux de généralité entre diverses approches ; le niveau le plus général (celui touchant à la place des images dans l'économie des pratiques signifiantes dans notre société) ouvrant l'approche sociosémiotique vers une sorte d'anthropologie culturelle de notre société.
30 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1984
Nombre de lectures 67
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Jean Davallon
Sociosémiotique des images
In: Langage et société, n°28 fascicule 2, 1984. Sociosémiotique (Facicule II). pp. 111-140.
Résumé
Toute étude des images, dès l'instant où elle considère celles-ci comme des faits de signification, rencontre inévitablement la
question de la spécificité de l'image. Aussi, avant même de présenter une revue des diverses approches des images pouvant
être qualifiées de sociosémiotiques, ou encore de contribuer à la construction d'un modèle sociosémiotique d'analyse des
images, paraît-il opportun de réfléchir sur la notion même d'image, et singulièrement sur ce problème de la "spécificité des
images". L'idée développée ici est que ce problème ne saurait être traité aujourd'hui du seul point de vue de la sémiotique : la
spécificité des images est non seulement un fait de langage, mais encore, de manière plus fondamentale, un phénomène social.
Il est donc proposé d'inscrire l'analyse des images dans une démarche de type sociosémiotique ; l'essentiel de la réflexion
portant sur les conditions de possibilité d'une telle inscription afin d'en envisager les modalités.
Une double référence est convoquée : une à la sociologie des productions culturelles, l'autre à la sémiologie (pour des raisons de
simplicité d'exposé, elle a été volontairement limitée à deux exemples : P. Bourdieu et R. Barthes). La première permet de
montrer comment l'image doit être redéfinie sous l'angle d'une dialectique entre un produit (formellement structuré) et des
pratiques de réception et de production. Ainsi, la sociologie circonscrit un champ d'étude (autour d'un objet de connaissance)
dont les outils (et en partie l'approche) relèvent de la sémiotique. Un rapide renvoi à la sémiologie illustre comment la sémiotique
se trouve alors conduite à reformuler d'un tout autre point de vue la question de la spécificité des images, en prenant en compte
la répartition de la fonction symbolique, à l'intérieur d'une société, en différents systèmes de signification (une économie des
pratiques signifiantes).
Dans ces conditions, il devient alors possible d'articuler des domaines différents au sein de l'approche sociosémiotique (tels que
ceux de la production, de la réception ou du fonctionnement des images), et surtout de distinguer des niveaux de généralité entre
diverses approches ; le niveau le plus général (celui touchant à la place des images dans l'économie des pratiques signifiantes
dans notre société) ouvrant l'approche sociosémiotique vers une sorte d'anthropologie culturelle de notre société.
Citer ce document / Cite this document :
Davallon Jean. Sociosémiotique des images. In: Langage et société, n°28 fascicule 2, 1984. Sociosémiotique (Facicule II). pp.
111-140.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lsoc_0181-4095_1984_num_28_2_1993SOCIOSEMIOTIQUE DES IMAGES
Jean DAVALLON
Images photographiques, électroniques, peintes ou imprimées; images
enregistrées ou synthétiques, mathématiques, graphiques ou réalistes; abs
traites ou figuratives, fixes ou animées, grandes ou petites, colorées ou
monochromes; mentales, réelles ou imaginaires; exposées, conservées ou bien
éphémères; images sacrées, esthétiques ou maudites; images informatives,
religieuses, conceptuelles ou erotiques... Les images sont dans notre société
innombrables; leurs emplois, hétéroclites; divers, leur statut. Et leur
variété s'annonce pour bientôt infinie. Tel Protée, l'image, dès que l'on
essaie de la saisir, se transforme en toute sorte d'objets merveilleux;
aussi, les tentatives de classification des "images", qu'elles s'appuient
sur des critères techniques de production et sur les caractéristiques des
supports (image peinte, photographique, électronique, etc.) ou bien qu'elles
suivent les découpages des grands genres socialement reconnus (image publi
citaire, religieuse, politique, artistique, etc.), semblent vouées à n'embras
ser que diversité et métamorphoses; et malgré des débuts souvent tout à
fait prometteurs, elles s'achèvent la plupart du temps sur le mode de l'in
ventaire des animaux de cette fabuleuse encyclopédie chinoise chère à
J.-L. Borges. Mais curieusement, en revanche, quels que soient les déboires
des classifications savantes, chacun continue à parler des "images"; et
l'on pourrait dire, si nous n'avions la crainte de paraître abuser de la - - 112
que le sens commun continue malgré tout à désigner les images tautologie,
pour ce qu'elles sont, à savoir : des images. On peut se demander quelle
importance il convient d'accorder à cette divergence entre classifications
savantes et pratiques du sens commun; vaut-elle même la peine d'un examen?
En réalité, le commun dénominateur qui sous-tend cette divergence
est le postulat de la spécificité de l'image; car c'est la façon d'envisager
et surtout d'approcher cette spécificité qui s'oppose dans l'un et l'autre
cas. Remarquons que les tentatives de classification admettent la plupart
du temps ce postulat sans chercher à l'examiner plus en détail, ni a fortiori
à le fonder sémiotiquement ; elles reprennent au contraire les découpages
usuels entre les différents types d'images ainsi que les caractéristiques
attribuées à celles-ci par le sens commun; elles cherchent surtout à ordonner
ces "types" et ces "caractéristiques", à les rationaliser, à faire apparaître
des cohérences là où l'on se contente pour le courant d'intuitions ou mieux,
d'évidences. Le résultat en est que la spécificité de l'image est invoquée
- ou à 1' inverse, révoquée - avant d'avoir été scientifiquement examinée
et établie. En d'autres termes, la notion de spécificité de l'image reste
de l'ordre d'une pré-notion importée depuis la pratique courante; elle n'est
pas un fait construit par l'analyse. Et pourtant, entre recherche savante
et pratique courante, il existe, on le sait, une différence radicale de
finalité, et donc, d'attitude. Le sens commun donné au terme "image" s'appuie
en effet sur la convention selon laquelle une définition est toujours possible
mais en fait (sauf cas particulier) jamais énoncée explicitement et, au
contraire, laissée dans le domaine de l'implicite ; ce qui n'est nullement
le cas lorsque qu'il s'agit de classifications savantes. Celles-ci se voient
inévitablement et principiellement contraintes d'expliciter les caractéris
tiques qu'elles retiennent comme pertinentes pour différencier aussi bien
les images prises dans leur ensemble des autres productions culturelles
que les divers types d'images entre eux; il lui faut dcnc formuler des critères
et des définitions. On voit donc comment les tentatives de classification,
en reprenant sans autre examen le postulat de la spécificité de l'image,
se trouvent mises dans la position de fonder explicitement et scientifi-
1. Sur cette question de l'implicite, je renvoie à la Présentation faite par Pierre
Achard lors du Débat "Rôle de la mémoire", Table Ronde HISTOIRE ET LINGUISTIQUE organisée par
Langage et Société, 28-30 avr. 1983, Actes à paraître. - - 113
quement les implicites du sens commun; elles sont de ce fait prises
dans des contradictions et des paradoxes qui expliquent - en partie tout
au moins - leurs déboires. En effet, tout se passe comme si ces tentatives
de classification avaient à faire preuve de l'existence d'une nature spéci
fique de l'image - ou pour parler comme le philosophe : d'une essence de
l'Image dont les images concrètes ne seraient en somme que la manifestation
partielle et imparfaite.
D'où la nécessité de revenir sur cette question de la spécif ité
de l'image avant même de préciser ce qu'il peut en être d'une approche socio-
sémiotique des images; - revenir sur cette question afin d'éviter qu'elle
ne vienne faire le jeu en sous-main.
La question de la spécificité des images
Pour engager l'examen de la spécificité de l'image, deux voies sont
possibles; deux voies non exclusives, car il est même

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