Sorcellerie, culture populaire et christianisme au XVIe siècle, principalement en Flandre et en Artois - article ; n°1 ; vol.28, pg 264-284
22 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Sorcellerie, culture populaire et christianisme au XVIe siècle, principalement en Flandre et en Artois - article ; n°1 ; vol.28, pg 264-284

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
22 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1973 - Volume 28 - Numéro 1 - Pages 264-284
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1973
Nombre de lectures 28
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Robert Muchembled
Sorcellerie, culture populaire et christianisme au XVIe siècle,
principalement en Flandre et en Artois
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 28e année, N. 1, 1973. pp. 264-284.
Citer ce document / Cite this document :
Muchembled Robert. Sorcellerie, culture populaire et christianisme au XVIe siècle, principalement en Flandre et en Artois. In:
Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 28e année, N. 1, 1973. pp. 264-284.
doi : 10.3406/ahess.1973.293342
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1973_num_28_1_293342culture populaire Sorcellerie,
et christianisme au XVIe siècle
principalement en Flandre et en Artois*
La sorcellerie : crime social
ou élément d'une culture réprouvée ?
La principale difficulté, pour qui cherche à étudier la sorcellerie du xvie et
du xvne siècle dans son état brut, réside dans l'inadéquation des sources à cet
objectif : les sorciers n'ont laissé de relations que traduites par leurs juges,
maîtrisées et réparties par ceux-ci dans des formulaires soigneusement préparés
par leurs prédécesseurs depuis la fin du Moyen Age *. Nous connaissons surtout
la sorcellerie réprimée, et nous l'analysons volontiers comme un « crime » contre
la société 2. A la suite de Jules Michelet, certains auteurs nomment encore la
* Cet article doit beaucoup à Bernard Delmaire, assistant d'Histoire du Moyen Age
à l'Université de Lille III, et à Pierre Deyon, président de cette Université. Tous deux ont
accepté de lire le manuscrit et m'ont fait part de nombreuses critiques et suggestions
qui m'amenèrent à modifier le texte sur bien des points. Je les remercie vivement pour
ces incitations.
J'adresse également mes remerciements à Jean-Pierre Chrétien, assistant d'Histoire
Contemporaine à l'Université de Lille III, qui m'a fait profiter de ses connaissances sur
la sorcellerie africaine. Enfin, je n'aurai garde d'oublier Jean Delumeau, professeur
à l'Université de Paris I et directeur d'études à la VIe Section de ГЕ.Р.Н.Е. Son ense
ignement, depuis trois ans, m'a éveillé aux problèmes que je traite dans cet article. La
première partie, en particulier, est une application régionale de quelques thèmes d'enquête
suggérés par lui.
Il va de soi, néanmoins, que j'assumerai l'entière responsabilité des opinions émises
ci-dessous.
1. Le Nouveau Commerce, n° 17 (automne 1970), pp. 107-133, présente un « Manuel
des inquisiteurs », traduction française réalisée en 1762 du Manuel de Nicolas Eymeric
(xive siècle).
2. Principaux travaux récents sur la question : Robert Mandrou, Magistrats et
sorciers en France au XVIIe siècle. Une analyse de psychologie historique, Paris, Pion,
1968, in-8°, 583 p. (Coll. Civilisations et mentalités) ; Carlo Ginzburg, / beneandanti .
Ricerche sulla stregoneria e sui culti agrari tra Cinquecento e Seicento, Turin, Einaudi, 1966
(Biblioteca di cultura storica) ; Hugh Trevor-Roper dont l'article, paru dans Encounte
r, XXVIII, mai 1967 et juin 1967, a été réédité dans un recueil d'articles, Religion, the
Reformation and Social Change, Londres, Macmillan, 1967, 488 p. (pp. 90-192), puis a été
publié sous le titre The European Witch-Craze of the XVIth and XVI Ith Centuries, Har-
264 MUCHEMBLED SORCELLERIE EN FLANDRE ET EN ARTOIS R.
sorcière « fille de la misère », et en font une révoltée sociale 3. D'autres nuancent
ce point de vue en qualifiant les sorciers de refoulés sociaux 4. Pourtant, la
sorcellerie ne me paraît pas, avant le dernier tiers du xvie siècle, une étrangère
ou une intruse. Au contraire, elle me semble être profondément enracinée dans
les mentalités et traduire, avec les récurrences du paganisme, avec ce que les
élites ou simplement les ecclésiastiques nomment « superstitions », un niveau
de culture, un type d'adéquation au monde plus proche de la « pensée sauvage »
des ethnologues que de notre mentalité. Aussi, afin de rendre au phénomène
une certaine autonomie, ai- je tenté de l'analyser avant la répression, en l'étu
diant dans la première moitié du xvie siècle, à l'aide de renseignements fournis
par les spécialistes du folklore 5 et puisés dans deux recueils de sermons du Nord
de la France 6.
mondsworth, 1969, 144 p. avec index (Penguin Books) ; les références que je donne
s'appliquent à cette édition ; E. William Monter, European Witchcraft, New York, John
Wiley and Sons, 1969, xiv-177 p. (anthologie commentée comprenant des extraits de
livres récents sur la sorcellerie) ; Michel de Certeau, La possession de Loudun, Paris,
Julliard (Coll. « Archives »), 1970, 348 p. (sans index ; édition du dossier de l'affaire avec
bibliographie, introduction et notes) ; Maurice Caveing, « La fin des bûchers de sorcellerie :
une révolution mentale », Raison Présente, n° 10 (avril-mai-juin 1969), pp. 83-99, suit
d'assez près le raisonnement de Robert Mandrou, parle d'un « changement de la concept
ion du monde » au xvne siècle (p. 97) mais doit admettre que « ces épidémies (de sorcell
erie) demeurent inexpliquées » (p. 98) ; Pierre Chaunu, « Sur la fin des sorciers au
xvne siècle », Annales E.S.C., n° 4, 1969 (juil.-août), pp. 895-911, cherche à poser les
jalons d'une enquête sur la sorcellerie rurale ; E. William Monter, « Trois historiens
actuels de la sorcellerie », Bibl. d'Humanisme et Renaissance, t. XXXI, n° 1, 1969, pp. 205-
213, regrette que le livre de R. Mandrou esquive le problème de la réalité de la sorcellerie
(p. 211). Il souhaite une étude du phénomène « du dedans, du point de vue des paysans »
(p. 207).
3. J. Palou, La sorcellerie, Paris, P.U.F., 1957, I2^ P- (Coll. «Que sais-je ? »), reprend
l'opinion de J. Michelet, La sorcière (j'utilise l'édition procurée par R. Mandrou, Paris,
Julliard, 1964, 356 p.).
4. Pierre Chaunu, art. cit., p. 905.
5. Arnold Van Gennep, Manuel de folklore français contemporain, Paris, Picard.
Œuvre monumentale dont le t. IV, 1938, in-8°, est consacré à la sorcellerie et aux supersti
tions (bibliographie en tête du volume, nos 3060 à 3719). Paul Sébillot, Le folk-lore de
France, Paris, Guilmoto, 4 vol. in-8°, 1904-1907. Les travaux de ce type recueillent des
gerbes de notations précieuses — mais rarement datées — encore peu utilisées par les
historiens de l'époque moderne. Jean Delumeau a eu l'idée d'y puiser abondamment.
6. Deux manuscrits de la bibliothèque municipale de Lille (abréviation B.M. Lille)
seront utilisés, a) Prônes d'un curé de Cysoing (Nord, arrondissement de Lille, canton de
Cysoing), coté Ms. 148 (n° 105 du Catalogue général des bibliothèques publiques de France.
Départements. Série in-8°, t. 26, 1897, pp. 78-79), in-40, paginé 215-414, tables paginées B,
C, E, F, G. Au folio B, on lit « Hune librum scripsit frater Matheus du Crocquet ». Le
personnage est signalé dans l'obituaire de Cysoing (manuscrit n° 70 du Catal. général des
bibl., t. 26, pp. 51-52 : « Obiit frater Matheus du Crocquet supprior, sacerdos et canonicus
noster 1533 ») ; b) Sermons français. Anonyme, coté Ms. 131 (n° 106 du Catalogue général
des bibliothèques, t. 26, pp. 78-79, qui précise que l'auteur a sans doute habité Béthune,
Pas-de-Calais, chef-lieu d'arrondissement) ; in-40, I(H fos non paginés, belle écriture
gothique, ire moitié du xvie siècle. Diverses mentions, fos 37 v°, 43, 61 v°, 121... indiquent
que l'auteur connaît bien la région de Béthune, et qu'il y a prêché. Ces sermons s'adressent-
iîs aux habitants de cette ? De La Fons-Mélicocq, « Les médecins et chirurgiens
de la ville de Lille aux XVe et xvie siècles », Archives historiques et littéraires du Nord de la
France et du Midi de la Belgique, 3e série, tome 6, 1857, pp. 197-221, le pense et identifie
l'auteur comme le franciscain Estienne d'Arras. Il ne donne aucune référence (pp. 211-214)
et je n'ai pu le vérifier. — Dans un but pratique, j'ai doté les extraits des manuscrits cités
dans cet article de la ponctuation et des accents nécessaires à leur compréhension. — Ce
type de sources pose des problèmes méthodologiques. Bien qu'il s'agisse, dans ce cas

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents