Sur l intégration des concepts économiques dans le temps - article ; n°4 ; vol.16, pg 615-626
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Sur l'intégration des concepts économiques dans le temps - article ; n°4 ; vol.16, pg 615-626

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Description

Revue économique - Année 1965 - Volume 16 - Numéro 4 - Pages 615-626
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1965
Nombre de lectures 19
Langue Français

Extrait

Monsieur Jean Lhomme
Sur l'intégration des concepts économiques dans le temps
In: Revue économique. Volume 16, n°4, 1965. pp. 615-626.
Citer ce document / Cite this document :
Lhomme Jean. Sur l'intégration des concepts économiques dans le temps. In: Revue économique. Volume 16, n°4, 1965. pp.
615-626.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reco_0035-2764_1965_num_16_4_407672SUR L'INTEGRATION
DES CONCEPTS ECONOMIQUES DANS LE TEMPS
Les pages qui suivent n'ont certes pas l'ambition de résoudre les
immenses problèmes qu'elles vont poser. Leur auteur forme, sans plus,
l'espoir qu'elles susciteront quelques réflexions, mieux encore qu'elles
feront naître des critiques. Pour bien marquer leur caractère tout
provisoire, il n'a pas cru nécessaire de les entourer d'un appareil de
notes et références aussi étendu que l'exige d'ordinaire le travail
scientifique.
Ramenée à ses traits essentiels, la question sur laquelle on va
se pencher peut être exprimée sous la forme suivante : dans quelle
mesure la théorie économique 1 s'intègre-t-elle dans le temps ?
Si cette intégration constitue quelque chose de nécessaire, la
théorie économique ne peut être séparée de son support, le temps,
que par une opération de l'esprit. Et l'on doit alors s'inquiéter sur
une pareille ; se demander si elle est licite, tout au moins
jusqu'où il est possible de la poursuivre ; s'interroger aussi sur le
résidu qui demeure.
Si au contraire la théorie économique ne s'intègre pas nécessaire
ment dans le temps, il est parfois loisible de se débarrasser de cette
catégorie et de raisonner sans tenir compte de la succession des évé
nements. On remarquera, dans cette dernière éventualité, qu'une ques
tion subsidiaire s'offre dès lors, celle de savoir quelles parties de la
théorie économique demeurent soumises à la catégorie du temps et
quelles autres parties sont soustraites à son empire. Question qui,
bien entendu, ne se concevrait même pas dans la première évent
ualité.
1. Par «théorie» — et sans vouloir instituer de controverse à propos de
d' « analyse », etc. — nous entendrons, sans plus, un ensemble lié « doctrine »,
de concepts (évidemment de nature économique, puisqu'il s'agit ici d'économie).
Quant aux « notions » dont il sera parfois question ci-après, elles nous parais
sent représenter l'expression des concepts.
Conformément à ce qui est en général admis, la théorie économique se signaà' lera par son double caractère abstraction et de généralité. 616 REVUE ECONOMIQUE
Pour essayer de mettre un peu d'ordre dans le débat, on se propose
ici d'utiliser le procédé des approximations successives. Mis en face
d'une difficulté de quelque étendue, le chercheur s'efforce de la
résoudre en tronçonnant en plusieurs étapes la distance qu'il ne pourr
ait franchir d'un seul trait.
*
II semble d'abord que toute une partie de la théorie économique
soit absolument impossible à étudier sans une référence expresse au
temps. Les exemples viennent en foule à l'esprit.
— Le crédit, échange de deux prestations dont une seule est
actuelle, l'autre étant reportée à plus tard; avec toutes les idées qui
s'y rattachent comme : l'assurance, les stocks, etc.
— Les notions telles que la conjoncture et toutes celles qui sont
groupées sous le vocable de fluctuations économiques (cycles, mou
vements de longue durée, avec leurs points d'inflexion, les crises).
Toutes, par définition, sont inscrites dans un cadre temporel, elles ne
pourraient en être séparées2.
— A leur suite, tous les concepts tels que progrès, développement,
croissance, pour des raisons semblables.
— U investissement, qui suppose lui aussi un trait de temps entre
son exécution et le résultat que l'on en attend. De même et bien
entendu, l'épargne.
— Enfin, et pour clore provisoirement une liste qu'il serait aisé
d'allonger, l'entreprise, avec tout ce qui s'y rattache, par exemple la
production (qui implique nécessairement des délais ; l'idée d'une pro
duction rigoureusement instantanée ne résiste pas à l'examen) et le
rendement. Ne parlons que de l'entreprise : qu'elle se rattache au type
socialiste ou au type capitaliste, elle suppose toujours un minimum
de permanence et de continuité. On l'a maintes fois signalé : l'exécu
tion d'un acte économique unique ne suffit pas à faire naître l'entre
prise, ni à donner la qualité d'entrepreneur à celui qui l'effectue.
Nous verrons plus loin si la liste doit ou non être étendue à tous
les concepts dont l'ensemble forme la matière même de la théorie
économique. Contentons-nous, pour l'instant, de retenir ces exemples.
2. Nous avons parfois entendu soutenir que « il peut y avoir théorie sans
fait. En particulier, on peut construire un cycle qui n'ait, au départ, aucune
relation avec une réalité historique ». Nous avouons très sincèrement notre totale
incapacité à discuter une pareille opinion. Aussi convient-il de nous excuser,
sans plus, de la brièveté avec laquelle nous énonçons, au texte, diverses propos
itions qui ne nous paraissent, pour notre part, mériter aucun long développement. LES CONCEPTS ECONOMIQUES DANS LE TEMPS 617
Toutes les notions qui viennent d'être envisagées semblent absolument
inséparables du temps. Elles ne sauraient être étudiées en dehors de
lui et ne peuvent même être pensées sans référence à lui. Au point
qu'on est presque tenté d'ajouter que, s'il en est ainsi, c'est parce
qu'il doit exister entre la théorie économique (tout au moins les él
éments que nous avons puisés en elle, pour en faire des exemples) et
l'histoire (entendue au sens large comme toute référence à un passé
susceptible de former l'objet d'une étude) une sorte de liaison orga
nique.
... Mais à peine cette expression est-elle venue sous notre plume,
que nous en sentons le danger. Ne sommes-nous pas en train de nous
orienter vers une explication purement métaphysique ou verbale ?
L'idée sera peut-être à retenir, mais elle ne pourra l'être que moyen
nant une série de vérifications : quelle est la nature exacte de cette
liaison ? Avons-nous en particulier le droit de la qualifier d'organique ?
C'est une deuxième phase de la démarche intellectuelle qui se présente
alors.
Jusqu'à maintenant nous avons fait état d'un « temps », sans
préciser davantage. Il y a lieu de rechercher si quelques distinctions
supplémentaires ne pourraient pas nous être utiles. En particulier celle
qu'a proposée R. Barre entre les périodes-cadres et les périodes-
délais3. Avec les périodes-cadres, le temps demeure quelque chose
d'homogène et d'indifférencié, qui s'impose de l'extérieur aux phéno
mènes étudiés. La période-délai se caractérise par des traits inverses :
le temps ne s'impose plus aux faits étudié6, il leur devient consubstan-
tiel. Les coefficients de temps perdent l'homogénéité qui était la leur
avec la période-cadre, ils deviennent adéquats à chaque espèce. Le
temps cesse de pouvoir être distingué de la réalité économique ; il se
confond avec elle ; il est la réalité économique elle-même.
On pressent, dès lors, l'importance de la distinction. Si l'investi
ssement, le cycle, sont étudiés non pas dans le temps des horloges,
mais dans la période-délai, ils ne peuvent plus être détachés du temps,
même par une opération de l'esprit. Que serait un investissement que
l'on prétendrait détacher de sa propre « période-délai » ? Comment
3. Voir, de cet auteur, La période dans l'analyse économique (1950), en parti
culier p. 68. Nous avons déjà fait usage de cette distinction dans notre article :
« Matériaux pour une théorie de la structure économique et sociale », in Revue
économique, novembre 1954, en particulier pp. 850-851. Mais c'est seulement là
une raison supplémentaire de redire tout le bien que no

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