Sur les phases sociales - article ; n°1 ; vol.2, pg 378-388
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Description

Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris - Année 1867 - Volume 2 - Numéro 1 - Pages 378-388
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1867
Nombre de lectures 10
Langue Français

Extrait

Ch. Letourneau
Sur les phases sociales
In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, II° Série, tome 2, 1867. pp. 378-388.
Citer ce document / Cite this document :
Letourneau Ch. Sur les phases sociales. In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, II° Série, tome 2, 1867. pp. 378-
388.
doi : 10.3406/bmsap.1867.4318
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0301-8644_1867_num_2_1_4318378 séance du 6 juin 1867*
signalée sommairement s Même front fuyant, même pro
gnathisme et epaississement des lèvres* même enflure à la
région des muscles crotaphytes; Suis-je par là passible
d'une amende à offrir à Gall? je ne le pense pas ; car
loin de vouloir faire du système, j'ai expressément ajouté
à mon appréciation de ressemblance que je la donne
comme mon opinion personnelle. Comme telle, j'accepte
également la communication intéressante de M* Broca.
Mais de là à un verdict médical, il y a une grande distance. »
M. Broca. Je ne puis accepter comme un fait sérieux la
méningite apparente des suppliciés, que M. Pruner-Bey
invoque d'après l'autorité de M. Lélut. Chez Lemaire, les
vaisseaux des méninges, au lieu d'être vides, étaient sur
pleins. Enfin, si le cerveau n'a point été soumis au lavage
absolument comme le veut M. Lélut, il a été plongé dans
un liquide, y a séjourné, et néanmoins les caractères ana-
tomo-pathologiques de la méningite n'ont pas disparu.
M. Dally. Plusieurs de nos collègues ont demandé la
parole sur le débat soulevé au sujet de Lemaire. Je de
mande que la Société soit consultée pour savoir si elle en
tend que cette discussion continue. Je suis d'avis qu'elle est
tout à fait en dehors non-seulement du cadre de nos études,
mais encore du cadre de la science en général. Il s'agit ici
d'un point particulier de la loi et de son application à un
cas individuel. Je demande que l'on passe à l'ordre du
jour.
— La Société, consultée, passe à l'ordre du jour.
LECTURE.
Sur les phases sociales ;
PAR M. LETOURNEAU.
« Messieurs, dans notre avant-dernière séance, notre vé
néré collègue, M. Lartet, mû par un sentiment fort respec- — DES PHASES SOCIALES. 370 LETOURNEAlh
lable, a jeté la pierre à l'état social actuel. Selon lui, nous
sommes moins moraux, plus féroces que le Français méri
dional de l'âge du renne, que ses études si ingénieuses et
si patientes ont fait revivre ; plus arriérés au point de vue
moral que certaines tribus d'Esquimaux ; par conséquent,
beaucoup moins civilisés.
Je ne discuterai pas ici l'étymologie du mot civilisation^
me bornant à le prendre, ainsi que l'a fait, je crois,
M. Lartet, comme synonyme de progrès, d'évolution so
ciale progressive ; mais il me semble qu'avant de décider
si une époque est ou n'est pas en voie de progrès, il est
indispensable de se faire une , idée générale de l'évolution
naturelle de l'homme et des sociétés. Cela fait, on peut lan
cer son verdict, non plus en se basant sur un critérium
isolé, mais sur l'ensemble des facultés et des aptitudes.
Pour ébaucher d'une manière à peu près satisfaisante
l'intéressant tableau des phases du développement hu
main* il me paraît nécessaire de les étudier d'abord chez
l'individu, chez l'unité, puis chez la collectivité, la société.
De cette étude résulte ce fait général, incontestable, savoir,
que l'homme n'a pas, aux différentes époques de sa vie
individuelle ou de sa vie collective* les mêmes aptitudes et
les mêmes besoins, qu'il lui est impossible de se développer
dans un certain sens sans rétrograder quelque peu dans
un autre ; mais qu'importe, si le gain surpasse la perte, si
les aptitudes inférieures et les besoins grossiers, qui en
sont la formule, cèdent la place à des aptitudes plus rele
vées, plus utiles socialement, plus nobles ?
Tâchons donc de déterminer suivant qu.elle loi naturelle
les besoins de l'homme se succèdent, eu se dominant suc
cessivement les uns les autres, mais en se liant en série à
gravers le progrès de l'âge ou celui des siècles.
1* Succession des besoins naturels chez l'individu. — On
pourrait comparer l'homme à une plante qui grandit et se SÉANCE. DU 6 JUIN 1867. . 380
développe feuille à feuille, bourgeon à bourgeon. C'est suc
cessivement qu'il acquiert ses besoins et ses facultés. C'est
par une graduelle évolution qu'il passe de la vie végétat
ive et inconsciente à la vie consciente d'elle-même, aux
besoin's sentis et formulés par des désirs délibérés ou non.
Pour être complet, il faudrait décrire phase par phase le
développement de l'individu, depuis la période fœtale où
l'homme n'est qu'un agrégat végétatif jusqu'au plein épa
nouissement de l'âge adulte. Une pareille description, mi
nutieusement faite, m'entraînerait trop loin. Je me bornerai
à en indiquer les traits principaux ; mais il serait trop facile
d'établir que l'homme, à partir de la naissance, parcourt
d'abord une période pendant laquelle il est simplement un
être nutritif, une machine à digérer, nullement sublime ;
qu'ensuite, la sensibilité spéciale s'éveillant et se perfec
tionnant proportionnellement au rapide développement des
centres nerveux dans le premier âge de la vie, l'enfant
a surtout besoin d'exercer ses sens, d'éprouver et d'emmag
asiner des sensations qui provoquent l'apparition et le
développement des aptitudes morales et -intellectuelles.
C'est alors un être surtout sensitif.
Puis l'évolution cérébrale se continuant de la première
enfance jusqu'à la puberté, l'enfant devient susceptible de
sentiments spécialement moraux, affectifs. Lentement et sans
secousse, les facultés, mais surtout l'impressionnabilité,
surtout dans le mode moral, grandissent et s'accentuent.
L'être devient moins mobile, moins irritable, moins égoïste,
plus capable d'affection durable. Mais la véritable éclosion
de la période surtout morale, affective, s'opère à la puberté.
L'instinct sexuel apparaît et domine en tyran. L'homme
devient vraiment homme, la femme vraiment femme. Chez
l'un comme chez l'autre, l'impressionnabilité morale acquiert»
une sensibilité exquise. Alors, du moins chez l'être nor
malement doué,1 les besoins nutritifs et sensitifs, relégués — DES PHASES SOCIALES. 381 LETOURNEAU.
sur le second plan, sont complètement primés par les
besoins moraux. C'est l'âge de l'amour, sexuel passionné,
du mysticisme, l'âge des dévouements aussi désintéressés
que peuvent l'être les actes humains. Il me serait facile de
faire à ce sujet un très-beau dithyrambe. J'aime mieux me
hâter de remarquer que toutes ces jeunes passions cèdent
bientôt la place à des désirs moins intéressants, moins
romanesques : à l'ambition, à l'amour de l'argent, etc., chez
la plupart des hommes ; chez quelques-uns, que je consi
dère comme les échantillons les plus complets de l'espèce,
à l'amour du travail intellectuel^ quel qu'en soit le but :
sciences proprement dites, études sociologiques ou philo
sophiques. C'est le couronnement de l'être, la phase intel
lectuelle, aussi incontestable que les autres, aussi néces
saire chez les hommes bien doués.
2° Phases sociales classées d'après la succession naturelle des
besoins. — Cette série de besoins naturels que nous venons
de voir se dérouler chez l'enfant, il me semble qu'on la
peut facilement retrouver en étudiant les phases sociales.
De. même que l'individu, la collectivité humaine passe
successivement par divers âges rigoureusement enchaînés
et s'engendrant l'un l'autre.
Contemplons l'homme à l'aurore de sa vie vraiment hu
maine, alors que, commençant à se détacher de l'animalité,
il sait déjà bégayer quelques onomatopées, quelques cen
taines de mots et se tailler grossiè

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