Systèmes bancaires et entreprises industrielles dans la croissance européenne au XIXe siècle - article ; n°1 ; vol.27, pg 46-70
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Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1972 - Volume 27 - Numéro 1 - Pages 46-70
25 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1972
Nombre de lectures 32
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Jean Bouvier
Systèmes bancaires et entreprises industrielles dans la
croissance européenne au XIXe siècle
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 27e année, N. 1, 1972. pp. 46-70.
Citer ce document / Cite this document :
Bouvier Jean. Systèmes bancaires et entreprises industrielles dans la croissance européenne au XIXe siècle. In: Annales.
Économies, Sociétés, Civilisations. 27e année, N. 1, 1972. pp. 46-70.
doi : 10.3406/ahess.1972.422480
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1972_num_27_1_422480bancaires et entreprises Systèmes
industrielles dans la croissance
européenne au XIXe siècle
La question des liaisons entre banque et industrie, dans le développement du
capitalisme contemporain, est pour ainsi dire sans frontières, c'est-à-dire sans
limites. Dans son extension la plus large elle conflue à celle des rapports entre format
ion du capital et croissance économique1. A un degré moins ample d'extension, elle
coïncide avec l'étude du rôle du système bancaire dans le processus d'industrialisation,
aux diverses étapes de ce processus 2. Enfin, sur un terrain encore plus resserré, elle
se réduit (ce qui ne signifie pas que la question devienne alors mince et de peu de
poids) à la problématique des liens de structure entre entreprises industrielles et
entreprises bancaires, problématique qui, à travers le concept de « capital financier »,
avait retenu tout particulièrement l'attention des économistes marxistes au début
du xxe siècle 3.
La faiblesse de cette communication résidera peut-être en ce qu'elle ne saura
éliminer tout à fait l'une ou l'autre de ces trois acceptions du thème. Elle risque de
passer à travers les trois, en courant les périls de la confusion des genres par excès
d'ambition, et du schématisme par excès de rapidité.
Il aurait été souhaitable, en reprenant l'un des fils directeurs du rapport de
Pierre Vilar à la Conférence internationale d'histoire économique de Stockholm *,
d'envisager successivement les systèmes bancaires comme signes, puis comme
résultats, enfin comme facteurs du développement. Mais un tel plan nous aurait,
dans une certaine mesure, maintenu dans un cadre trop rigide. Tout en retrouvant
1. Voir Abramovitz-Moses, éd., Capital formation and economic growth, Princeton, 1955.
2. Excellent exemple, Rondo Cameron, О. Crisp, H. T. Patrick, R. Tilly, Banking in the early
stages of industrialization, New York, 1967.
3. Signalons la traduction (Éditions de Minuit, 1970) du Capital financier de R. Hilferding (1910)
par Marcel Ollivier. Préface de Yvon Bourdet.
4. P. Vilar, « Croissance économique et analyse historique », Mouton et Cie, Paris-La Haye,
1960, pp. 35-82.
46 ET ENTREPRISES AU XIXe SIÈCLE J. BOUVIER BANQUES
spontanément à diverses reprises cette triple approche des phénomènes, nous avons
essayé de suivre une démarche concentrique, qui nous rapprocherait progressive
ment de notre but : esquisser une hypothèse explicative des divers types de relations
entre la « banque » et « l'industrie » en Europe depuis le milieu du xixe siècle.
Évidence et ambiguïtés de la macro-économie
Corrélation globale entre le développement des institutions bancaires et la croissance
industrielle.
A l'échelle d'un marché national, le doute ne semble guère permis. La multi
plication du nombre des institutions bancaires, l'extension des réseaux bancaires,
la création de banques de types nouveaux ont accompagné la croissance industrielle.
Il est inutile de citer des exemples nationaux allant dans le sens de cette affirmation,
parce qu'ils viennent trop aisément à l'esprit.
La corrélation s'étend de la croissance industrielle au développement économique.
Elle a été méthodologiquement analysée et statistiquement démontrée par certains
travaux de l'économiste américain Raymond W. Goldsmith 6. Considérant l'ensemble
des « avoirs financiers » (masse monétaire, dépôts d'épargne, réserves des compagnies
d'assurances, titres mobiliers des firmes et de l'État) et le comparant à la totalité
des « avoirs réels », des patrimoines, dans un pays considéré, il obtient un « taux
d 'interrelations financières » (F.I.R. : Financial interrelations ratio) qui est « en
liaison positive avec le niveau de développement économique » e. Pour 1960-1961,
par exemple, le taux est de 1,25 pour les U.S.A., de 0,40 pour le Mexique. Natur
ellement R. W. Goldsmith aboutit en conclusion à une sorte de dilemme que nous
avons rencontré nous-mêmes dès le départ de ce rapport. Les « structures finan
cières » ont-elles eu une « influence notable » sur le développement économique,
ou bien ne furent-elles et ne sont-elles que « le reflet passif » de « la véritable infra
structure »? 7.
En ne considérant, parmi les « structures financières » que les systèmes banc
aires on peut d'ores et déjà faire deux observations :
1. Aux premières étapes de l'industrialisation, et à l'échelle des régions, la corré
lation entre présence bancaire et développement industriel est loin d'être une donnée
toujours visible : cas du premier âge de la révolution industrielle britannique 8. La
question du stade de développement revêt ainsi une importance certaine quand on
raisonne des relations banque-industrie. A tel stade, tel type de relations? For
mulons la question à titre d'hypothèse. Nous la retrouverons.
5. R. W. Goldsmith, Facteurs déterminants de la structure financière (Centre de développement
4e l'O.C.D.E., 1966, 65 p.). Se reporter aussi, du même auteur, à Financial structure and economic
growth in advenced countries, in Abramovitz-Moses, ouvrage cité, 1955 et à Financial structure and
development, Yale, U.P., 1969.
6. Id., p. 8.
7. Id., p. 65.
8. Voir l'étude de F. Crouzet, La formation du capital en Grande-Bretagne pendant la révolution
industrielle (Conférence d'histoire économique d'Aix-en Provence, 1965) et se reporter à celle de
Rondo E. Cameron sur le cas anglais dans « Banking System », ouvrage cité.
47 ET CHOIX ÉCONOMIQUES CROISSANCE
2. « Corrélations », « accompagnement » : ces expressions commodes demeurent
fort vagues. Deux droites parallèles ne sont pas destinées à se rejoindre, même si
elles sont issues d'une même zone de départ. On pourrait citer des exemples de
développements industriels sectoriels qui ont dû peu de choses à l'aide bancaire.
Et des exemples de chroniques bancaires où l'industrie n'apparaît que très secon
dairement.
Surtout, si le parallélisme est parfois repérable, que faut-il entendre par corréla
tion ? Dès qu'il est question en économie — et dans d'autres domaines — de liens,
de liaisons, de rapports, la question est posée du sens — c'est-à-dire des sens — de
cette corrélation. D'où deux interrogations : qui a eu (de la banque, ou de l'industrie)
dans tel pays, pour telle branche ou région, à telle période, l'initiative de la liaison?
Et en faveur de qui s'est établie — le cas échéant — la domination? On sait d'ores et
déjà les difficultés exceptionnelles que présente, en particulier, la réponse à la seconde
interrogation.
Mais l'ambiguïté des liaisons banque-industrie, ou industrie-banque s'éclaire,
si l'on peut dire, en considérant qu'elle ne fait que refléter une ambiguïté plus fonda
mentale, celle des rapports entre système bancaire et développement économique.
Ambiguïté des relations entre système bancaire et développement économique.
Banque et crédit sont des éléments fonctionnels de la croissance économique.
Mais leur jeu est toujours demeuré ambigu. D'une part, ils sont sous la fondamentale
dépendance du degré de développement économique; d'autre part, ils conservent,
dans ces limites mêmes, une certaine dose ď autonomie par rapport au développement;
ils disposent, pour ainsi dire, d'une certaine marge de liberté, qui leur laisse la possi
bilité de jouer le rôle de moteur — ou le rôle de frein — dans le développement
économique.
Il faut insister sur la dépendance de la banque par rapport au degré

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