Tabac et santé publique - article ; n°1 ; vol.13, pg 55-68
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Population - Année 1958 - Volume 13 - Numéro 1 - Pages 55-68
L'inquiétante augmentation de fréquence du cancer du poumon, dans de très nombreux pays, a suscité plusieurs enquêtes scientifiques destinées à préciser le rôle pathogène du tabac. Ces enquêtes, dépassant le cadre du cancer du poumon, ont conduit à incriminer le tabac pour d'autres maladies importantes et promu le tabac au rang des facteurs dont on doit tenir compte dans les analyses de mortalité. Nous avons demandé à M. Daniel Schwartz défaire le point des connaissances actuelles dans ce domaine pour les lecteurs de Population. M. Daniel Schwartz, Ingénieur en Chef des Manufactures de l'État, a conduit, avec le Docteur Denoix, Chef de la Section Cancer à l'Institut National d'Hygiène, l'importante enquête française dont certains résultats seront mentionnés ici. Cette enquête a été effectuée à la demande du Groupe d'Études sur la Fumée du Tabac,créé en 1954, sous les auspices de l'Institut National d'Hygiène, sur l'initiative de la Régie des Tabacs. On ne peut que rendre hommage à la Régie des Tabacs qui n'a pas hésité à promouvoir et à subventionner d'importantes études sur le rôle éventuellement nocif du tabac, faisant passer l'intérêt général avant toute autre considération.
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1958
Nombre de lectures 6
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Daniel Schwartz
Tabac et santé publique
In: Population, 13e année, n°1, 1958 pp. 55-68.
Résumé
L'inquiétante augmentation de fréquence du cancer du poumon, dans de très nombreux pays, a suscité plusieurs enquêtes
scientifiques destinées à préciser le rôle pathogène du tabac. Ces enquêtes, dépassant le cadre du cancer du poumon, ont
conduit à incriminer le tabac pour d'autres maladies importantes et promu le tabac au rang des facteurs dont on doit tenir compte
dans les analyses de mortalité. Nous avons demandé à M. Daniel Schwartz défaire le point des connaissances actuelles dans ce
domaine pour les lecteurs de Population. M. Daniel Schwartz, Ingénieur en Chef des Manufactures de l'État, a conduit, avec le
Docteur Denoix, Chef de la Section Cancer à l'Institut National d'Hygiène, l'importante enquête française dont certains résultats
seront mentionnés ici. Cette enquête a été effectuée à la demande du Groupe d'Études sur la Fumée du Tabac,créé en 1954,
sous les auspices de l'Institut National d'Hygiène, sur l'initiative de la Régie des Tabacs. On ne peut que rendre hommage à la
Régie des Tabacs qui n'a pas hésité à promouvoir et à subventionner d'importantes études sur le rôle éventuellement nocif du
tabac, faisant passer l'intérêt général avant toute autre considération.
Citer ce document / Cite this document :
Schwartz Daniel. Tabac et santé publique. In: Population, 13e année, n°1, 1958 pp. 55-68.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pop_0032-4663_1958_num_13_1_5822TABAC ET SANTÉ PUBLIQUE
L'inquiétante augmentation de fréquence du cancer du
poumon, dans de très nombreux pays, a suscité plusieurs enquêtes
scientifiques destinées à préciser le rôle pathogène du tabac. Ces
enquêtes, dépassant le cadre du cancer du poumon, ont conduit à
incriminer le tabac pour d'autres maladies importantes et promu
le tabac au rang des facteurs dont on doit tenir compte dans les
analyses de mortalité.
Nous avons demandé à M. Daniel Schwartz défaire le point
des connaissances actuelles dans ce domaine pour les lecteurs de
Population.
M. Daniel Schwartz, Ingénieur en Chef des Manufactures
de l'État, a conduit, avec le Docteur Denoix, Chef de la
Section Cancer à l'Institut National d'Hygiène, l'importante
enquête française dont certains résultats seront mentionnés ici.
Cette enquête a été effectuée à la demande du Groupe d'Études
sur la Fumée du Tabac,créé en 1954, sous les auspices de l'Institut
National d'Hygiène, sur l'initiative de la Régie des Tabacs.
On ne peut que rendre hommage à la Régie des Tabacs qui
n'a pas hésité à promouvoir et à subventionner d'importantes
études sur le rôle éventuellement nocif du tabac, faisant passer
l'intérêt général avant toute autre considération.
Depuis des siècles, sans doute depuis que l'on fume, le tabac s'est vu
accuser de méfaits multiples, et son influence sur la santé a été l'objet d'in
finies discussions. Ces controverses n'avaient cependant jamais atteint une
acuité suffisante pour amener le problème sur le terrain de la santé publique;
le fumeur préférait, sans arrière pensée, un plaisir certain à des maux supposés,
tandis que l'industrie du tabac voyait son chiffre des ventes en incessante
augmentation.
Parmi les méfaits attribués au tabac, le plus grave sans doute était son
action sur le cœur, tant par l'accumulation des présomptions, sinon des
preuves de son rôle néfaste sur cet organe, que par l'importance des maladies
de cœur dans la classification des causes de décès. C'est cependant par une
autre maladie, le cancer du poumon, nouvellement apparue et d'importance
encore mineure parmi les causes de décès, que la controverse devait être
portée au grand jour. 56 TABAC ET SANTÉ PUBLIQUE
Le cancer du poumon. Le cancer du poumon, il est vrai, apparut au
Son importance. tableau des causes de décès d'une manière explo
sive et spectaculaire. Maladie rare, à peine connue,
il y a quelques décades, il tue actuellement chaque année plusieurs milliers
de personnes en France, en Grande-Bretagne, aux États-Unis, constituant
un aspect singulièrement frappant de cette pathologie du xxe siècle, où tant
de maladies, au contraire, s'éteignent.
En Grande-Bretagne, où la statistique des causes de décès permet de
remonter suffisamment loin, on peut illustrer cette évolution par les chiffres
suivants :
— pour les hommes : 14.820 décès en 1955 contre 5.331 en 1944;
— pour les femmes : 2.451 décès en 1955 contre 1.237 en 1944.
En France, la statistique des causes de décès ne permet de séparer la loca
lisation broncho-pulmonaire des autres cancers de l'appareil respiratoire
que depuis 1950. Depuis cette date, la fréquence du cancer broncho-pul
monaire n'a cessé d'augmenter régulièrement. On note :
— pour les hommes : 4.294 décès en 1955 contre 2.624 en 1950;
— pour les femmes : 1.222 décès en 1955 1.014 en 1950.
On voit que l'augmentation porte principalement sur le sexe masculin.
Le cancer du poumon occupe ainsi, parmi les cancers de l'homme, en
France, la deuxième place (après le cancer de l'estomac), en Grande-Bretagne
la première.
Cette augmentation spectaculaire a naturellement fait l'objet de nomb
reuses critiques : on a prétendu d'abord qu'elle pouvait résulter du seuï
vieillissement de la population. П est certain que l'augmentation régulière
de la durée de vie accroît le nombre des victimes du cancer. Mais cet argument
est valable pour tous les cancers, dont pas un n'a montré une augmentation
de fréquence comparable, même de loin, au cancer du poumon. П est facile
en outre d'éliminer cette source d'erreur en examinant la fréquence du cancer
broncho-pulmonaire âge par âge : pour un âge donné (par exemple la tranche
50-54 ans) la fréquence de ce cancer a encore augmenté de façon explosive.
On peut également tenir compte du vieillissement de la population en cal
culant chaque année la mortalité par cancer du poumon pour une population
de référence, de structure démographique donnée. Aux États-Unis par exemple,
si on calcule le taux en prenant pour référence la population de 1955, on
trouve que la mortalité par cancer du poumon pour le sexe masculin est près
de trente fois plus élevée qu'en 1914.
On a ensuite invoqué le perfectionnement du diagnostic. Cette objection
n'est guère plus valable que la précédente; le perfectionnement du diagnostic
explique certainement une part de l'augmentation de fréquence constatée,
mais une part très faible. Pour expliquer par exemple l'augmentation qui ET SANTÉ PUBLIQUE 57 TABAC
a eu lieu de 1914 à 1950 aux États-Unis par le seul perfectionnement du
diagnostic, il faudrait admettre que sur 100 cancers du poumon actuellement
reconnaissables, 96 échappaient au diagnostic en 1914, ce qui est impensable.
De toute manière, dans les pays où les conditions de diagnostic sont prat
iquement constantes depuis quelques années, mettons depuis 1950, la fréquence
du cancer du poumon n'a cessé de croître.
Il est à l'heure actuelle certain que l'augmentation constatée est réelle et
non apparente.
La fréquence dont nous avons parlé porte sur la mortalité; il n'est pas
utile de la compléter par une statistique de morbidité, car, pour le cancer
du poumon, morbidité et mortalité sont pratiquement confondues. Le
du poumon est un des cancers les plus meurtriers : si, dans une récente
statistique faite aux U.S.A., on a pu signaler que les cas de pronostic part
iculièrement favorable permettaient après opération 30 % de survie à 5 ans,
il faut ajouter que ces cas favorables ne se rencontrent guère que 8 fois sur 100.
Dans l'ensemble des cas de cette statistique, la mortalité est considérable
dès l'année qui suit l'établissement du diagnostic, et on ne note plus que
5 °/0 de survivants après 5 ans.
Si le cancer du poumon tue plus que les autres cancers, il tue aussi plus tôt :
en France, pour l'année 1955, l'âge moyen au décès pour le cancer du poumon
a ét

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