Transmettre une maison : le système successoral des Pyrénées centrales et du nord-est du Japon - article ; n°1 ; vol.36, pg 139-163
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Description

Ebisu - Année 2006 - Volume 36 - Numéro 1 - Pages 139-163
Le système de la famille-souche a beaucoup à nous apprendre, qu'il s'agisse des mécanismes auxquels obéit la reproduction familiale en milieu rural ou du rôle, important, qui y était dévolu aux femmes, qu'elles fussent mères, filles héritières ou cadettes. Deux sociétés rurales régies par ce système « à maison » - toutes deux situées en zone de montagne - sont comparées ici, l'une en France méridionale (dans les Pyrénées centrales), l'autre dans le nord-est du Japon (domaines Aizu et Nihonmatsu)
L'auteur étudie les modalités de la transmission du pouvoir familial à la tête de la maison selon que le chef précédent (homme ou femme) meurt ou se retire. Il évoque également le rôle joué par les veuves, par les fils, par les gendres et, le cas échéant, par les fils adoptés.
Stem-family system tells us much about the mechanisms controlling reproduction in rural areas and the important role women used to play as mothers, heiresses or in other roles. In this article, two stem-family rural societies are compared, one located in the central Pyrenees in Europe (Esparros), the other in northeastern Japan (Aizu domain and Nihonmatsu domain). Both are in mountainous areas.
Particular attention is paid to transmission of power over the household and whether this change occurred when the previous head was alive and retired or after his/her death. The role plaid by widows, sons, adopted sons and son-in-laws in family transmission processes is traced.
25 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2006
Nombre de lectures 27
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Antoinette Fauve-Chamoux
Transmettre une maison : le système successoral des Pyrénées
centrales et du nord-est du Japon
In: Ebisu, N. 36, 2006. pp. 139-163.
Résumé
Le système de la famille-souche a beaucoup à nous apprendre, qu'il s'agisse des mécanismes auxquels obéit la reproduction
familiale en milieu rural ou du rôle, important, qui y était dévolu aux femmes, qu'elles fussent mères, filles héritières ou cadettes.
Deux sociétés rurales régies par ce système « à maison » - toutes deux situées en zone de montagne - sont comparées ici, l'une
en France méridionale (dans les Pyrénées centrales), l'autre dans le nord-est du Japon (domaines Aizu et Nihonmatsu)
L'auteur étudie les modalités de la transmission du pouvoir familial à la tête de la maison selon que le chef précédent (homme ou
femme) meurt ou se retire. Il évoque également le rôle joué par les veuves, par les fils, par les gendres et, le cas échéant, par les
fils adoptés.
Abstract
Stem-family system tells us much about the mechanisms controlling reproduction in rural areas and the important role women
used to play as mothers, heiresses or in other roles. In this article, two stem-family rural societies are compared, one located in
the central Pyrenees in Europe (Esparros), the other in northeastern Japan (Aizu domain and Nihonmatsu domain). Both are in
mountainous areas.
Particular attention is paid to transmission of power over the household and whether this change occurred when the previous
head was alive and retired or after his/her death. The role plaid by widows, sons, adopted sons and son-in-laws in family
transmission processes is traced.
Citer ce document / Cite this document :
Fauve-Chamoux Antoinette. Transmettre une maison : le système successoral des Pyrénées centrales et du nord-est du Japon.
In: Ebisu, N. 36, 2006. pp. 139-163.
doi : 10.3406/ebisu.2006.1453
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ebisu_1340-3656_2006_num_36_1_1453n° 36, Automne-Hiver 2006 Ebisu
T, RANSMETTRE UNE MAISON :
LE SYSTÈME SUCCESSORAL DES PYRÉNÉES
CENTRALES ET DU NORD-EST DU JAPON
Antoinette FAUVE-CHAMOUX
École des Hautes Études en Sciences Sociales
On s'accorde généralement à entendre par « famille-souche » une
certaine forme de famille trans-générationnelle où la « maison », unité
socio-économique, est stable mais susceptible de prendre des formes variées
selon les temps et les différentes cultures (Le Play F., 1875 et 1878, et
Fauve-Chamoux A., 1984 a). Ce système a beaucoup à nous dire, qu'il
s'agisse des mécanismes auxquels obéit la reproduction familiale en milieu
rural (mais non uniquement) ou du rôle, important, qui y était dévolu
aux femmes, qu'elles fussent mères, filles héritières ou cadettes (Fauve-
Chamoux A., 2001 b et 2004 a). Deux sociétés rurales régies par ce système
« à maison » sont comparées ici, l'une en France méridionale, dans les
Pyrénées centrales, l'autre dans le nord-est du Japon (domaines Aizu £W
et Nihonmatsu I^^fô), toutes deux en zone de montagne. On étudie les
modalités de la transmission du pouvoir familial à la tête de la maison selon
que le chef précédent (homme ou femme) meurt ou se retire. Est évoqué
le rôle que jouent les veuves, les fils et les gendres (le cas échéant, les fils
adoptés) dans ces sociétés qui ont l'ambition de se reproduire à l'identique,
par conséquent selon des modes considérés comme inégalitaires, puisque
les enfants se trouvent traités différemment lors de la succession familiale,
par exemple en fonction de leur sexe et/ou de leur rang de naissance.
Les systèmes de famille-souche dans une perspective eurasienne
Comparer des systèmes de famille-souche relevant de cultures différentes
pose un réel problème. Il ressort de toutes les études comparatives récentes
(Hajnal J., 1982 ; Cornell L, 1987 ; Saito O., 1983 et 1998 ; Fauve-
Chamoux A. et Ochiai E., 1998 b ; Hayami A., 2001 a), que la famille-
souche ne peut plus être considérée comme un simple maillon situé quelque Antoinette FAUVE-CHAMOUX 140
part entre la famille nucléaire et la famille de forme « complexe » ou
« multiple ». La famille-souche est en effet un système spécifique, flexible,
où la « maison » apparaît comme une entité permanente qui se transmet de
génération en génération (Fauve-Chamoux A., 1996 a). Dans le monde
oriental comme dans le monde occidental, cette transmission peut se faire
aussi bien par voie féminine que par voie masculine. Pour les historiens
des systèmes familiaux, l'avancée décisive se produisit en 1969 lorsqu'à
l'initiative du Cambridge Group for the History of Population and Social
Structure, dirigé par Peter Laslett (Laslett P. et Wall R., 1972 a et
b ; Todd E., 1990)1, la recherche dans ce domaine commença à prendre
sérieusement en compte les facteurs démographiques dont le jeu altère
plus ou moins la visibilité du système de reproduction de type « souche »
ou « troncal », qui traverse les générations.
Les historiens comme Laurel Cornell ou Hayami Akira qui ont étudié les
familles-souche d'Asie (Cornell L., 1987 ; A., 1983) y ont dégagé,
tout comme leurs successeurs (Kurosu S., 1996 ; Kurosu S. et Okada A.,
1998 b ; Okada A, 2001), des traits similaires à ceux des familles-souche
européennes, traits qui, dans les deux cas, semblent être la conséquence d'un
modèle inégalitaire de transmission du patrimoine : comment ces sociétés,
qui, en Orient comme en Occident, ont pour caractéristique principale
le souci d'une transmission du patrimoine à l'identique, peuvent-elles
composer avec de forts changements démographiques au point d'admettre
des distorsions importantes de leur modèle de reproduction traditionnel
(Fauve-Chamoux A., 1998 a) ? Les nouvelles activités professionnelles ;
l'évolution du marché du travail ; les innovations en matière agricole ; les
changements qu'induisent les épidémies ; l'autorégulation démogra
phique ; l'évolution des mœurs et celle des relations entre hommes et
femmes ; enfin, le nouvel environnement juridique que créent les droits
civil et administratif ; tous ces thèmes sont autant de sujets d'étude
susceptibles d'éclairer l'évolution de la reproduction familiale.
En Europe méridionale, à l'exception de l'aire méditerranéenne — si
nous considérons des régions comme l'Espagne du Nord, la France du
Sud-Ouest, le Pays Basque et les Pyrénées centrales - nous constatons
que la famille-souche comportait des formes spécifiques de bilatéralité
qui agissaient en faveur des femmes. La femme héritière n'y avait rien
d'inhabituel : elle assurait la succession en l'absence d'héritier mâle, et
ce pouvait même parfois être la primogeniture intégrale qui gouvernait
la transmission traditionnelle des propriétés rurales2. Cette présence de
1 Sur les modèles familiaux européens, voir aussi Augustins G., 1989.
2 Sur la primogeniture intégrale au Pays Basque, voir Arrizabalaga M. -P., 2002 et
2005. Le système successoral des Pyrénées centrales et du nord-est du Japon 1 41
l'héritage par voie féminine, nous la trouvons aussi dans le nord-est du
Japon avec la pratique de V ane-katoku (l'héritier est l'enfant aîné du chef de
famille, quel que soit son sexe)3. Les historiens japonais estiment que cette
région hébergeait, dans le Japon pré-industriel de l'époque Tokugawa,
le prototype d'une société vivant selon le système de la famille-souche
(Hayami A. et Kurosu S., 2001 c ; Hayami A. et Ochiai E., 2001). Deux
conférences organisées à Kyoto en 1998 et 2002 par Emiko, dans le
cadre du projet Eurasien, ont permis de premières approches comparatives
avec les systèmes européens4. Nous poursuivons ici cette approche
comparative en examinant les similitudes, mais aussi les différences, entre
la « maison » d'Esparros, un village des Baronnies pyrénéennes5, et la « ie »
du nord-est du Japon, telles que les révèlent les travaux les plus récents.
En Europe occidentale, on peut considérer les sociétés à familles-
souche comme autant de dépositaires des freins préventifs chers à Mal thus
et comme des actrices du contrô

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