Travailleurs indiens à Oman - article ; n°103 ; vol.26, pg 567-582
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Description

Tiers-Monde - Année 1985 - Volume 26 - Numéro 103 - Pages 567-582
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1985
Nombre de lectures 23
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Elisabeth Longuenesse
Travailleurs indiens à Oman
In: Tiers-Monde. 1985, tome 26 n°103. Les migrations internationales au Moyen-Orient (sous la direction de Gilbert
Beaugé). pp. 567-582.
Citer ce document / Cite this document :
Longuenesse Elisabeth. Travailleurs indiens à Oman. In: Tiers-Monde. 1985, tome 26 n°103. Les migrations internationales au
Moyen-Orient (sous la direction de Gilbert Beaugé). pp. 567-582.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1985_num_26_103_3445TRAVAILLEURS INDIENS A OMAN
par Elisabeth Longuenesse*
Jusqu'à une période récente, Oman était un pays d'émigration.
Les estimations sur l'ampleur du phénomène sont très variables, d'autant
qu'à l'émigration fort ancienne vers la côte orientale de l'Afrique, qui
s'est poursuivie jusqu'au xxe siècle, est venue s'ajouter plus récemment
celle des travailleurs vers l'Arabie Saoudite et les pays du Golfe.
En 1965, il y aurait eu près de 20 000 Omanais rien qu'à Koweit,
mais, en 1975, ils n'étaient déjà plus que 7 3131. En 1971, avec un
effectif de 10 785 personnes, dont 8 644 travailleurs, ils constituaient
28,6 % de la population étrangère de Bahrein, et 38,7 % de la main-
d'œuvre immigrée2. En 1975, ils auraient été 17 500 en Arabie Séoudite,
soit 2,3 % de la population non saoudienne du royaume3. Un auteur
parle de 100 000 Omanais vivant à l'étranger en 19704, tandis que Birks
et Sinclair estiment en 1975 à 38 000 le nombre de travailleurs encore
hors d'Oman, soit un quart de la force de travail omanaise5.
Б est toutefois vraisemblable qu'en 1980 ils étaient beaucoup moins
nombreux, alors qu'à l'inverse le nombre des travailleurs étrangers à
Oman atteignait près de 200 ooo6. C'est qu'entre-temps les revenus
de l'exploitation du pétrole, malgré les prévisions pessimistes de beau
coup d'observateurs vers le milieu de la décennie, n'ont cessé de croître.
* Sociologue, CNRS.
1. Koweit Statistical Abstract, 1976, tableau 17.
2. Birks et Sinclair, Country Case Study, The State of Bahrein, International Migration
Project, 1978, tableau 22.
3. Saudi Arabia Population Census, 1974, cité par Birks et Sinclair,
and Development in the Arab Region, Genève, ilo, 1980, IIe partie, annexe 3, tableau 24.
4. Liesl Graz, Les Omanis, nouveaux gardiens du Golfe, Paris, Albin Michel, i98i,p. 152.
5 . Birks et Sinclair, The Sultanate of Oman : Economic Development, The Domestic Labour
Market and International Migration, ilo, 1978.
6. Les chiffres officiels donnent un effectif de 132 618 cartes de travail délivrées à des
étrangers dans le secteur privé, et 15 3 84 non-Omanais employés dans le secteur public, ce
qui fait moins de 1 50 000 ; mais il faut tenir compte d'une marge importante d'erreur due aux
travailleurs immigrés en situation irrégulière, et au grand nombre d'étrangers employés
dans les forces armées. Le chiffre de 200 000 est celui sur lequel s'accordent la plupart des
observateurs étrangers à Oman, compte tenu de ce que l'on vient de préciser.
Revue Tiers Monde, t. XXVI, n° 103, Juillet-Septembre 1985 ELISABETH LONGUENESSE 568
Tableau i. — Part du pétrole dans le PIB
(en millions de ryals, prix courants)
0/ /0 Années Pétrole PIB
1970 71,6 i°4,7 68,4
1971 125,1 59,° 75,9
1972 140,8 54.О 76,4
Illustration non autorisée à la diffusion 55,8 197З 94,5 169,4
398,0 1974 568,5 68,4
486,8 724,2 67,2 1975
827,0 64,1 1976 53о,4
534,8 880,1 60,8 1977
1978 892,8 55,8 498,4
721,0 1 172,5 !979 61,5
Source : L'économie omanaise en dix ans : ipjo-1980, Oman, Ministère du
Commerce et de l'Industrie, p. 21 et 26 (en arabe).
A en croire les chiffres officiels, les effectifs des travailleurs migrants
auraient été multipliés par un peu moins de 10 en huit ans, tandis que
ceux des Indiens, à supposer que leur proportion ait été un peu plus
faible en 1972 qu'aujourd'hui, l'auraient été par près de 12.
Alors que partout ailleurs dans le Golfe les Pakistanais tendent à
devancer les Indiens, ils sont deux fois moins nombreux à Oman.
En 1979, il y aurait eu 200 000 Pakistanais et 300 000 Indiens dans les
pays du Golfe7, entre un cinquième et un sixième des premiers, mais
près du tiers des seconds se trouvent à Oman8.
Sans doute faut-il voir là l'influence de très anciennes relations de
Mascate avec l'Inde, relations renforcées par la domination anglaise qui
s'est longtemps exercée par l'intermédiaire de Bombay.
De nombreuses familles de commerçants indiens étaient installées
depuis fort longtemps à Mascate, dont les habitants étaient, du temps du
sultan Saïd, en majorité indiens, khojas ou baloutches9. Aujourd'hui,
tandis que de nombreux Omanais parlent plus volontiers l'urdu que
l'arabe, la population de la capitale et des petites agglomérations qui la
prolongent, Matrah et Ruwi, est à forte dominante indienne.
7. Gérard Viratelle, « L'Asie méridionale, exportatrice de main-d'œuvre, un demi-million
de travailleurs dans les pays du Golfe », in Le Monde diplomatique, août 1979.
8. Respectivement 30 800 et 67 400 cartes de travail délivrées par le ministère du Travail
pour le secteur privé ; il faut compter au moins 10 à 20 % de plus, compte tenu du secteur
public et des clandestins.
9. Calvin H. Allen, « The Indian merchant community of Masqat », in Bulletin of the School
of Oriental and African Studies, London, vol. XLIV, n° 1. TRAVAILLEURS INDIENS A OMAN 569
Mais la présence de ces Indiens n'a évidemment plus du tout le
même sens aujourd'hui qu'il y a vingt ou trente ans. Car, depuis une
dou2aine d'années, Oman s'est complètement transformé. En quelques
années, ont été tracées des centaines de kilomètres de routes, ont été
construits un aéroport ultra-moderne, une demi-douzaine d'hôtels de
classe internationale, et les ensemble résidentiels, les villes, ont poussé
comme des champignons ; sans parler de l'extension du réseau d'élect
ricité, des canalisations d'eau et, bien sûr, des kilomètres de pipelines
et de gazoducs.
Tableau 2. Effectifs de main-ď 'œuvre étrangère à Oman
de 1970 à 1980
Secteur public Secteui r privé
0/ /0 %
Total Total Omanais gers gers Omanais gers gers
1970 1 630 120 1 750 9,6
1971 8,2 3 112 2857 255
1972 20 500 40 5 318 14 000 35 000 4865 553 10,4
Illustration non autorisée à la diffusion 1 670 24 000 23 000 47 000 1973 7403 9073 18,4 49
40 000 3 000 65 000 1974 12035 25 000 9°35 24,9 61,5
27,6 28 000 10 967 4 180 65 000 93 000 70 1975 15 147
1976 22 311 29,8 15 668 6643
9 496 96 745 1977 17269 26765 35,5
1978 18466 11 958 1 37 000 35 000 102 163 30424 40,3 75
21 372 36 091 40,8 113 062 1979 14 719
174440* 1980 40,1 130 240 14354 38 359 44 200 22965
Evaluation minimale en admettant que la proportion d'étrangers n'a pas bougé (*)
depuis 1978, ce qui est peu vraisemblable.
Source : D'après U économie omanaise en dix ans, Oman, Ministère du Comm
erce et de l'Industrie (en arabe).
Or, tous ces grands travaux, qui ont été confiés à des entreprises
étrangères, exigeaient une masse de main-d'œuvre immédiatement
disponible et surtout très mobile, compte tenu de la nature de ces projets.
D'une part, la population omanaise, massivement agricole, n'était pas
mobilisable rapidement, d'autre part, la logique des sociétés d'entreprises
qui réalisent ces travaux, qu'elles soient de taille internationale ou
locale, américaines, européennes ou arabes, les pousse à rechercher une 57° ELISABETH LONGUENESSE
main-d'œuvre corvéable à merci, sans exigence et sans protection sociale.
Dans l'ensemble des pays du Golfe, cette main-d'œuvre, après avoir été
de façon dominante égyptienne, yéménite, palestinienne, est de plus en
plus massivement asiatique : coréenne, pakistanaise, indienne. A Oman,
elle est, depuis le début, du fait à la fois de la position géographique du
pays et de ses relations traditionnelles avec l'Inde, essentiellement
indienne10.
i. Nombre. Qualification
Le nombre de permis de travail délivrés à des travailleurs indiens
employés dans le secteur privé s'élevait à 47 928 en 1976 ; il atteint
80 787 en 1980. D'autre part, fin 1980, ils sont 4 136, dont 763 femmes, dans les différent

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