Un aperçu de psychologie comparée - article ; n°1 ; vol.2, pg 18-44
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Description

L'année psychologique - Année 1895 - Volume 2 - Numéro 1 - Pages 18-44
27 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1895
Nombre de lectures 22
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Forel
Un aperçu de psychologie comparée
In: L'année psychologique. 1895 vol. 2. pp. 18-44.
Citer ce document / Cite this document :
Forel . Un aperçu de psychologie comparée. In: L'année psychologique. 1895 vol. 2. pp. 18-44.
doi : 10.3406/psy.1895.1526
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1895_num_2_1_1526II
UN APERÇU DE PSYCHOLOGIE COMPARÉE
De tout temps la psychologie des animaux a intéressé l'homme.
Et de tout la des sociaux a excité
la curiosité des penseurs et des naturalistes, par les singulières
analogies ou convergences qu'elle présente avec la société
humaine. En 1874 j'ai publié dans mes Fourmis de la Suisse
(Genève, chez Georg) un grand nombre d'observations et d'ex
périences sur les mœurs des fourmis qu'à l'instar de Pierre
Huber j'ai déclaré posséder les instincts sociaux les plus com
plexes et les plus complets de tout le règne animal. Dès lors les
faits se sont accumulés pour corroborer cette opinion. Les
remarques qui vont suivre ne sont qu'un résumé de mes vues
actuelles sur l'ensemble et les rapports fondamentaux du sujet.
Le temps et les limites d'un article de revue ne me permettent
pas d'entamer de discussions avec d'autres auteurs ni d'entrer
dans des détails descriptifs. Je suppose les diverses opinions et
sources connues pour aller droit au but.
Le fait fondamental que j'ai déjà relevé dans le livre cité est
le suivant :
L'instinct social des fourmis (et des autres insectes sociaux)
présente une série d'actes, dits automatiques, dont le résultat
arrive à un parallélisme surprenant avec certains produits
complexes d'une civilisation humaine plus ou moins avancée.
Je ne cite que l'esclavage pratiqué par diverses espèces d'une
façon qui paraît raffinée, l'élevage du bétail (des pucerons) que
les fourmis savent même parfois transporter, claquemurer dans
des c écuries », et dont elles élèvent même les œufs, la récolte
et la conservation des graines, enfin le jardinage pratiqué par
les Attini avec un raffinement inouï. Les Atta d'Amérique vont
couper les feuilles des arbres, les portent dans leur nid, les FOREL. — UN APERCU DE PSYCHOLOGIE COMPARÉE 19 A.
mâchent et en font un labyrinthe soigneusement aménagé
servant de gélatine nutritive à un champignon spécial, un
agaric, le Rhozites gongylophora Möller, que les fourmis cul
tivent avec un soin incroyable, coupant tous les fils du mycelium
à mesure qu'ils poussent, et ne laissant croître que les conidies
à massues farineuses (las choux-raves de Möller) dont elles font
leur nourriture. Les admirables observations du botaniste
docteur Möller faites au Brésil méridional sur les Atta sont un
vrai bijou biologique.
La contre-partie non moins fondamentale du fait que je viens
d'énoncer est que, prise individuellement et sortie de l'ornière
de son instinct, une fourmi est un simple insecte, incapable de
réflexion tant soit peu complexe, supérieur encore, il est vrai,
à la plupart des autres insectes, mais infiniment inférieur,
comme capacité d'adaptation, au plus inférieur des mammifè
res, inférieur même à la plupart des vertébrés à sang froid.
De ces deux faits fondamentaux dont nous retrouvons le
contraste bien connu chez tous les animaux, et — j'insiste sur
le fait — dans le cerveau même de chaque individu animal, y
compris l'homme, résulte l'antagonisme apparent et trop connu
aussi de deux sortes d'activités nerveuses qu'on a appelées
instinct et raison ou intelligence, et du contraste desquelles on
a pendant des siècles déduit des théories métaplrysiques plus
ou moins fausses, dont les religions sont entre autres encore
imprégnées.
Avant d'entrer plus avant dans notre sujet, il s'agit de s'en
tendre sur la notion de psychologie humaine et comparée. La
terreur de la métaphysique et l'horreur de la religion affectées
par nos savants modernes, tombent souvent dans le fétichisme
de l'atome matériel. On pourrait les appeler philo sophophobie
et misothéisme . Elles constituent un curieux symptôme qui
s'explique et s'excuse en partie par les excès de spéculations
stériles des anciennes métaphysiques et par les entorses épou
vantables que les dogmes religieux ont données et donnent
toujours au bon sens et a la logique. Mais les hommes de science
tombent de leur côté presque régulièrement dans l'absurde en
s'imaginant voir des faits dans les produits de leur cerveau et
en négligeant d'étudier les principes philosophiques fonda
mentaux de la connaissance humaine qui nous apprennent à
comprendre les faits et à ne pas leur faire dire ce qi/ils ne
disent pas. Ils perdent la boussole de la logique, font de la
métaphysique atomique à dormir debout sans s'en apercevoir, 20 MÉMOIRES DES COLLABORATEURS
discréditent ainsi leurs plus belles recherches, ouvrent les
portes à l'obscurantisme et finissent souvent par retomber eux-
mêmes lourdement dans le mysticisme dualiste dont par suite
d'un quiproquo ils s'imaginaient seulement être sortis. Pour
nous entendre sur les termes, partons simplement de l'obser
vation naïve et gardons-nous constamment de confondre nos
déductions ou abstractions avec les données symboliques que
nos sens nous donnent du monde extérieur.
L'être humain distingue avant tout deux choses : son moi
subjectif et les phénomènes qui apparaissent à ce moi et qu'il
attribue à un monde hors de son moi. Appelons conscience le
subjectivisme du moi. Il est admis que l'objet de la psycholog
ie à strictement parler se réduit à l'étude interne de ce qui se
passe dans notre conscience. Mais cette définition est meilleure
en théorie qu'en pratique. Les anciens états de conscience,
oubliés par le moi, sont-ils encore du domaine de la conscience ?
Le moi des autres a-t-il le droit d'être assimilé sans autre à la
psychologie d'un chacun ? Le moi des enfants, des vieillards,
des aliénés, des animaux est-il oui ou non du domaine de la ? Si oui, où se place la limite dans la série animale ?
Et si nous accordons au moi les souvenirs oubliés (qu'on excuse
cette contradiction apparente), à quel âge commence le moi ?
Il suffit de poser ces questions pour les résoudre : le domaine
de la psychologie est relatif et sans limite, comme le moi.
Aucun sophisme ne réussira à marquer une limite qui n'existe
pas.
Mais d'autres faits d'observation doivent être notés. La notion
de conscience du moi et des choses est une notion bâtarde,
comme je l'ai dit ailleurs, et prête à confusion. Elle se com
pose de deux notions : 1° le phénomène indécomposable du
subjectivisme, le fait interne par excellence ; 2° son contenu
mobile et dynamique, ce qu'on a appelé les états de cons
cience, les sensations, perceptions, idées, volitions, etc.
Enlevons un instant théoriquement le subjectivisme, la cons
cience même, et séparons-le de son contenu ; alors ce dernier
nous apparaît soumis à des lois de dynamique cérébrale iden
tiques à celles que nous observons dans les actions dites incons
cientes, qu'elles soient automatiques ou raisonnables, peu
importe. Mais si nous voulons chercher à saisir cette conscience
privée de contenu, que nous venons d'éliminer si prestement,
nous nous trouvons en présence du néant le plus absolu. Il
ri existe pas de conscience sans contenu. Non seulement pareille FOREL. — UN APERÇU DE PSYCHOLOGIE COMPARÉE 21 A.
conscience n'a jamais été consciente ou connue à personne,
mais nous pouvons hardiment prétendre que cette conscience,
dépouillée du mouvement matériel de son contenu n'est que le
leurre d'une abstraction humaine, d'un phénomène interne ou
plutôt du miroitement interne dans lequel les phénomènes
nous apparaissent pris à tort pour une chose. La conscience
n'est que le reflet de son contenu. Je ne veux pas revenir en
détail sur ce que j'ai dit dans le numéro de novembre 1895 de
la Revue philosophique ; j'y renvoie le lecteur et je me résume
seulement.
D'un autre côté nous ne connaissons le monde extérieur que
symbolisé par nos sens et apparaissant ainsi dans le champ de
notre conscience. Pour se sorti

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