Un architecte français en Russie à l aube du XIXe siècle : J. P. Thomas, dit de Thomon - article ; n°4 ; vol.57, pg 591-604
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Un architecte français en Russie à l'aube du XIXe siècle : J. P. Thomas, dit de Thomon - article ; n°4 ; vol.57, pg 591-604

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Description

Revue des études slaves - Année 1985 - Volume 57 - Numéro 4 - Pages 591-604
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1985
Nombre de lectures 35
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Boris Lossky
Un architecte français en Russie à l'aube du XIXe siècle : J. P.
Thomas, dit de Thomon
In: Revue des études slaves, Tome 57, fascicule 4, 1985. Aspects des relations intellectuelles entre la France, la
Russie et l'U.R.S.S., sous la direction de Robert-Henri Bautier. pp. 591-604.
Citer ce document / Cite this document :
Lossky Boris. Un architecte français en Russie à l'aube du XIXe siècle : J. P. Thomas, dit de Thomon. In: Revue des études
slaves, Tome 57, fascicule 4, 1985. Aspects des relations intellectuelles entre la France, la Russie et l'U.R.S.S., sous la
direction de Robert-Henri Bautier. pp. 591-604.
doi : 10.3406/slave.1985.5523
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/slave_0080-2557_1985_num_57_4_5523ARCHITECTE FRANÇAIS EN RUSSIE UN
À L'AUBE DU XIXe SIÈCLE :
J.P.THOMAS, DIT DE THOMON
PAR
BORIS LOSSKY
L'artiste qui fait l'objet de notre étude se présente comme la troisième grande
figure française de l'ère pétersbourgeoise de l'architecture russe, après Alexandre
Le Blond qui avait importé dans la Russie de Pierre le Grand l'art du jardin à la
française et Vallin de La Mothe qui introduisit les éléments du style de Jean-
François Blondel et de Jacques-Ange Gabriel dans l'architecture russe à son tour
nant du rococo élisabéthain au classicisme cathérinien. Quant à Thomas de Tho-
mon, il forma avec Voronixin et Zaxarov la triade des coryphées du classicisme
alexandrin.
Nous nous proposons ici de procéder à une mise au point critique des connais
sances actuelles, fort vagues et embrouillées, sur la formation de son talent et les
étapes de ses activités artistiques qui précédèrent son arrivée en Russie en mars
1799. Cela pour y apporter quelques documents qui échappaient jusqu'ici à l'atten
tion des chercheurs, documents dont l'examen permettra de voir plus clair dans
le passé de notre architecte.
Mais auparavant il sera utile de faire une incursion dans l'ouvrage de Pierre du
Colombier sur l'architecture française en Allemagne au XVIIIe siècle, où l'auteur
se penche sur le phénomène de la profusion des particules de noblesse chez les
architectes français qui ont travaillé pour des princes étrangers. Il en cite une
dizaine et se demande avec un brin de malice : « l'aristocratie française se serait-
elle donné rendez-vous en Allemagne tandis que les roturiers restaient en France ? »
Le cas de Michel Ixnard, architecte de la cour électorale de Trêves, en donne un
exemple typique : « obligé de vivre dans un pays où les titres nobiliaires étaient
fort estimés, il crut prudent de cacher avec soin son origine plus que modeste,
de se donner pour gentilhomme et de se faire appeler Michel d'Ixnard » . Et Colomb
ier en conclut : « A beau mentir qui vient de loin. Ľ faut toujours se méfier de
Rev. Etud. slaves, Paris, LVII/4, 1985, p. 591-604. 592 В. LOSSKY
ces gens lorsqu'ils parlent soit de leurs travaux antérieurs, soit de l'élévation de
leur famille : tout cela risque fort de n'être pas d'une exactitude scrupuleuse1 ».
Assumons la tâche ingrate d'appliquer cette maxime au cas de Thomas de
Thomon, en soumettant à une révision rigoureuse ce que ses biographes ont pu
dire de son passé, se fiant à ses déclarations. Pour point de départ prenons les
chapitres qui ont été consacrés à Thomon dans les deux éditions de YHistoire de
l'art russe d'Igor Grabar, dont l'un parut vers 1912 et l'autre en 1963, trois ans
après la mort du grand historien d'art2 . Le dernier offre une remise à jour, princ
ipalement suite à la publication en 1950 par G. D. Oščepkov d'une monographie
de l'artiste, abondamment documentée grâce à une vingtaine d'années de recherches
dans les archives, bibliothèques et musées, ainsi qu'à l'examen direct, allant
jusqu'aux mesurages des architectures de Thomon3 . Une autre monographie, moins
volumineuse, de l'artiste parut en 1981 par les soins de Valerij Šujskij4, enrichie
d'appréciables trouvailles de l'auteur, ainsi que de celles d'autres chercheurs russes
ou étrangers, tels la Polonaise Boźenna Majewska-Maszkowska5 et le Hongrois A.
Valkó6 .
L'ouvrage d'Oščepkov apporte un correctif déjà pour la date et le lieu de nais
sance de l'artiste. Ce n'est plus le 21 décembre 1754 et Nancy, comme on le répète
jusqu'à nos jours en Occident depuis les dictionnaires de Nagler et de Thieme-
Becker7, mais le 1er avril 1760 et Berne. Pour la date, l'auteur l'a relevée sur le
tombeau de l'architecte dans l'actuelle « Nécropole du XVIIIe siècle » de la laure
Alexandre-Nevski à Leningrad, en la supposant avoir été indiquée par la veuve
Thomon et cela, croyons nous, d'après le « nouveau style » du calendrier grégo
rien8 . Ce que nous y mettrions en doute est le millésime, puisqu'une pièce officielle
russe en date du 20 octobre 1811, citée à un autre propos par Oščepkov, donne
à l'artiste cinquante-deux ans, ce qui fait repousser sa naissance à 1759. C'est
d'ailleurs la même année que le secrétaire-rapporteur (konferenc-sekretar') de
l'Académie des arts de Saint-Pétersbourg Labzin mentionnait en 1813 dans son
éloge funèbre de Thomon et nous croyons juste de nous y tenir9 . Et c'est à la
même source que remonte le renseignement sur la naissance de l'artiste à Berne,
1. P. du Colombier, l'Architecture française en Allemagne au XVIIIe siècle, Paris, 1956,
p. 91.
2. Igor' Grabar', История русского искусства, M., s.d. [1909-1916], t. III, p. 467,
491-502 (auteur du chapitre : I. Fomin) ; 2e éd., M., 1953-1969, t. VIII, (1963, p. 106-128
(auteur du chapitre : I. Grabar').
3. G. D. Oščepkov, Архитектор Томон, M., 1950.
4. V. K. Šujskij, Тома де Томон, L., 1981. Voir aussi l'étude récemment parue de A. V.
Xamano, « Альбомы Souvenir d'Italie Тома де Томона », in Панорама искусства, 7, M.,
1984, p. 295-306. L'auteur y fait ressortir l'usage déroutant de Thomon de dater à titre « ré
trospectif » des années de son séjour à Rome des dessins exécutés en Russie à partir de 1801.
5. Boźenna Majewska-Maszkowska, Mecenat artystyczny Izabelli z Czartoryskich Lubo-
mirskiej (1736-1816), Wrocław - Warszawa - Kraków - Gdańsk, 1976, p. 241-245, 324-329
(vol. spec. de Studia z historii sztuki, XXII).
6. A. Valkó, « Данные к деятельности архитектора Томона в Венгрии », Acta his-
toriae artium, Budapest, t. IV (1957), p. 363-367.
7. G. К. Nagler, Neues allgemeines Kùnstlerlexikon, Miinchen, t. XVIII, 1848, p. 377-
378 ; U. Thieme und F. Becker, Allgemeines Lexikon der bildenden Kùnstler, Leipzig, t.
XXXIII, 1939, p. 72.
8. Oščepkov, op. cit., p. 8. Date retenue par Большая советская энциклопедия, t. 26,
M., 1977, p. 166, par Šujskij, op. cit., p. 5, et Xamano, op. cit., p. 295.
9. Le millésime 1759 (avec Nancy pour lieu de naissance) est également donné dans
Энциклопедический словарь de Brokgauz-Êfron, lre éd., SPb., t. 66, 1901, p. 480. J. P. THOMAS, DIT DE THOMON 593
d'où son père, qui allait s'engager au régiment Royal-Suisse, l'amena tout jeune à
Paris1 . Voilà déjà ce qui s'oppose à la qualification ď« ancien gentilhomme fran
çais » que les actes officiels russes accordaient à Thomas de Thomon.
Les mêmes actes et d'autres pièces d'archives, ainsi que les textes des publica
tions de l'artiste, ont fait croire à ses biographes en ses qualités de prix de Rome
ayant travaillé dans l'administration royale et auprès du comte d'Artois en tant
qu'« ingénieur, architecte et peintre », aussi bien que « médailliste de l'Académie
royale [et] inspecteur des Bâtiments du Roy à Fontainebleau »2 . L'enquête que
les historiens russes et russisants n'avaient pas manqué d'entreprendre avant la
guerre de 1914-1918 sur les études de l'artiste à Paris et à Rome s'étant avérée
infructueuse, le nom de Thomon ne figurant pas sur les documents relatifs aux
Académies, la question demeura sans réponse. Or, nous avons la satisfaction de
pouvoir la donner après avoir pris pour « point de mire » de nos recherches Thomas
en tant que nom et non prénom, en reléguant le de Thomon dans le domaine des
inventions de son porteur. D'ailleurs, c'est bien du nom Thomas que sont signés
ses dessins connus antérieu

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