Un cas d amnésie continue avec asymbolie tactile, compliqué d autres troubles - article ; n°1 ; vol.10, pg 84-115
33 pages
Français

Un cas d'amnésie continue avec asymbolie tactile, compliqué d'autres troubles - article ; n°1 ; vol.10, pg 84-115

-

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
33 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

L'année psychologique - Année 1903 - Volume 10 - Numéro 1 - Pages 84-115
32 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1903
Nombre de lectures 23
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

B. Bourdon
M. Dide
Un cas d'amnésie continue avec asymbolie tactile, compliqué
d'autres troubles
In: L'année psychologique. 1903 vol. 10. pp. 84-115.
Citer ce document / Cite this document :
Bourdon B., Dide M. Un cas d'amnésie continue avec asymbolie tactile, compliqué d'autres troubles. In: L'année psychologique.
1903 vol. 10. pp. 84-115.
doi : 10.3406/psy.1903.3541
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1903_num_10_1_3541Ill
UN CAS D'AMNESIE CONTINUE AVEC ASYMBOLIE
TACTILE, COMPLIQUÉ D'AUTRES TROUBLES
Antécédents du malade. — Distinctions' préliminaires. — Le goût. —
L'odorat. — Le toucher : chatouillement, pression, température, acuité
tactile, douleur, poids, perception des membres, perception stéréognos-
tique. — La vue : examen ophtalmoscopique, champ visuel, diplopie,
sensibilité chromatique , sensibilité lumineuse , grandeurs , formes ,
reconnaissance d'objets. — Audition. — Force et mouvements : force,
réflexes, réactions, temps de réaction, exécution de quelques mouvem
ents. — Langage, chant, dessin : parler, lire, écrire, parler mentale
ment, chanter, dessiner. — Orientation dans le temps et dans l'espace.
— Mémoire : mémoire pour les faits anciens, mémoire pour les faits
récents, mémoire immédiate. — Résumé.
ANTÉCÉDENTS ET ÉTAT GÉNÉRAL DU MALADE
L. est né en 1854. On possède peu de renseignements sur
ses antécédents héréditaires. Il n'aurait point existé d'aliéné
dans sa famille.
11 est marié et père de trois jeunes filles bien portantes. Il
n'a jamais fait de graves maladies, mais il se serait livré à
quelques excès de boisson. Il a toujours eu un léger bégaie
ment.
Il a reçu une instruction primaire et a appris à lire et à
écrire.
Il est entré à l'hôpital de Fougères en janvier 1902, semblant
plutôt affaibli intellectuellement que délirant. Cependant, en
avril 1902, il est pris d'un violent accès d'agitation, devenant
brutal, cherchant à frapper et présentant un délire tout à fait
incohérent.
Il entre à l'asile d'aliénés de Rennes, où nous avons pu l'étu
dier, le 19 avril de la même année. Il présente alors de l'in-
tertrigo très prononcé. D'ailleurs, depuis le mois d'août 1902,
il est atteint de névrodermite localisée aux deux bras et aux
oreilles; de petites vésicules sont écorchées par le malade; BOURDON ET M. DIDE- — UN CAS D'AMNÉSIE CONTINUE 85 B.
entre les lésions de grattage il y a desquamation intense; les
mains sont respectées, mais, le 16 septembre 1902, on note à
ce niveau des taches de purpura.
L'agitation qu'il présentait à son entrée à l'asile de Rennes
dure peu. Le 3 mai, on constate chez lui la cécité verbale comp
lète sans cécité psychique : il reconnaît et nomme assez cor^
rectement les objets qui lui sont montrés; il ne présente pas
de surdité verbale ni d'agraphie; il écrit sans faute son nom
« Laigre Louis » spontanément; il écrit sous la dictée « Journal
de Rennes », en mettant toutefois deux l à Journal. L'écriture
copiée est impossible. Il est manifeste qu'il s'exprime diffic
ilement, mais il peut s'agir là d'une exagération de son bégaie
ment congénital.
A ce moment, le malade présente une asymbolie tactile
presque complète et un degré atténué de stéréo-agnosie J. Dès
cette époque, il commet de grossières erreurs de localisation
sur sa personne, confondant sa droite et sa gauche.
Ce malade a eu évidemment, le 9 septembre 1902, un ictus
qui a passé inaperçu, car, à la visite, il est absolument confus
et atteint de surdité verbale complète. Ce symptôme diminue
un peu les jours suivants, mais, à partir du 16 octobre, il est
pris d'agitation incohérente, prononçant des mots qui n'ont
entre eux aucun rapport; il prend les objets qu'il trouve autour
de lui et les jette au milieu de la salle. Son agitation se pro
longe les jours suivants; le 20 octobre, on note des conceptions
mystiques qui se traduisent par des génuflexions et des prières,
entrecoupées de phrases dépourvues de sens, comme par
exemple : « C'est bois chevalier ».
Le 18 novembre, le Dr Chardon, médecin en chef de l'asile,
le trouve un peu amélioré et note la réponse suivante : « Je
ne suis pas idiot, on veut me faire passer pour idiot, ne cher
chez pas à me brouiller ».
Le 10 mars 1903, L. a un ictus, la bouche est légèrement
tournée à gauche, les yeux à droite. Les joues sont flasques
au moment de l'expiration, gonflées à l'inspiration. Il est dans
le stertor, complètement insensible; il est contracture et ses
réflexes sont exagérés. Les jours suivants, son état s'améliore
1. La stéréo-agnosie est la perte de la faculté de reconnaître par le
toucher la forme des objets, et 1: 'asymbolie tactile la perte de la faculté de
reconnaître par le même sens l'objet lui-même. (Voir pour ces distinc
tions, Claparéde, Perception stéréognostique et stéréo-agnosie, Année psy-
chol., 5e année, 1899, pp. 65 et suiv., et le même, Revue générale sur
l'agnosie, même Revue, 6e année, pp. 74 et suiv.) 86 MÉMOIRES ORIGINAUX
légèrement, mais il a des accès brusques de sommeil; après
ces accès, il lui arrive de s'exprimer plus aisément.
Le 16 mars, ses filles et sa belle-sœur viennent le voir, et,
fait très important, il les nomme correctement à leur arrivée
et semble très heureux de les voir. Un peu après, il n'a pu
arriver à répéter leurs noms.
Progressivement son état s'améliore, et, en août 1903, il est
à peu près dans l'état où il se trouvait l'année précédente.
Les troubles névro-dermiques signalés ont reparu après une
disparition momentanée.
Sous le rapport mental, L. n'est point un dément; il a con
servé le souci de ne point paraître ridicule, la conscience
affligée de son état défectueux, et, par instants, il manifeste
une certaine bonne humeur qui ne manque pas de finesse. Il
se prête volontiers, presque avec plaisir, aux expériences
auxquelles on le soumet.
Ces expériences ont été faites pour la plupart en 1902.
DISTINCTIONS PRÉLIMINAIRES
Les troubles que présente notre malade sont très variés.
Avant de les décrire en détail, il nous paraît important de rap
peler brièvement un certain nombre de faits ou d'hypothèses.
Il y a lieu de distinguer les troubles de la perception des
propriétés isolées d'un objet de ceux de la de l'objet
considéré dans sa totalité. Ainsi, un malade pourra reconnaître
par le toucher la forme d'un objet, alors qu'il ne pourra ident
ifier l'objet lui-même et se rappeler à quoi il sert. La stéréo-
agnosie (perte de la notion de forme) pourrait résulter, d'après
Claparède, de troubles moteurs (parésie, ataxie, chorée) des
doigts et de la main, de troubles de la sensibilité par affection
des nerfs, de la moelle, enfin de troubles, par lésion corticale,
de ce que Wernicke a appelé l'identification primaire 1. Quant
1. « La perception purement stéréognostique d'un corps sera donc le pro
cessus par lequel l'esprit complétera l'impression sensible reçue par une
escorte d'images musculo-tactiles provenant des expériences antérieures.
Si la perception nouvelle, comparée aux images déjà déposées dans la
mémoire, est trouvée identique, il y a reconnaissance de la forme, c'est-à-
dire que l'esprit identifie la sensation nouvelle aux images semblables
qu'il a déjà emmagasinées; mais il ne s'agit là que d'une reconnaissance
sensorielle, si l'on peut dire, d'une au premier degré.
M. Wernicke a parfaitement caractérisé ce premier acte de l'esprit en le
nommant identification ■primaire. » (Glaparêde, Année psychol., 1899, art.
cité, p. 72.) ■
BOURDON ET M. DIDE. — UN CAS D'AMNÉSIE CONTINUE 87 B.
à l'asymbolie tactile, Claparède considère comme probable
qu'elle résulte le plus souv

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents