Un exemple de pluridisciplinarité : le service de génétique de l'I.N.E.D - article ; n°1 ; vol.30, pg 49-59

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Description

Population - Année 1975 - Volume 30 - Numéro 1 - Pages 49-59
Nul chercheur ne pouvant plus disposer, personnellement, de toutes les connaissances nécessaires pour faire progresser une discipline, ni dominer les diverses techniques lui permettant de résoudre tel problème, même d'ampleur limitée, la solution souvent préconisée est la constitution d'équipes au sein desquelles chacun fait profiter les autres de ses connaissances et de ses expériences. M. Albert Jacquard, chef du département de génétique à l'INED, décrit la façon dont sont organisées à cet effet les études de génétique à l'INED.
RESUMÉN El articulo describe la metodologia de trabajo del Servicio de Gené- tica del I.N.E.D. : en él colaboran investigadores de diferentes especia- lidades provenientes de diversas instituciones cientificas. Esta forma de operar permite ampliar los conocimientos de los miembros del equipo, evitando los inconvenientes que pudiera tener el réunir en un mismo establecimiento un grupo numeroso de investigadores. Se incluye una nómina de investigaciones teóricas y prácticas además de una bibliografía.
SUMMARY This paper describes the methods used in the Department of Population Genetics of IN ED; research workers from different scientific disciplines and working in different fields collaborate and exchange views. This leads to mutual enrichment of work and allows workers in different fields to complement one another's efforts, whilst avoiding the disadvantage of a too closely-knit organization. The paper contains a list of research undertaken in the department, both theoretical and applied, and is followed by a bibliography.
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: POPULATION0
• Publié le: 01 janvier 1975
• Nombre de lectures: 14
• Langue: Français

Extrait

Un exemple de pluridisciplinarité : le service de génétique de
l'I.N.E.D
In: Population, 30e année, n°1, 1975 pp. 49-59.
Résumé
Nul chercheur ne pouvant plus disposer, personnellement, de toutes les connaissances nécessaires pour faire progresser une
discipline, ni dominer les diverses techniques lui permettant de résoudre tel problème, même d'ampleur limitée, la solution
souvent préconisée est la constitution d'équipes au sein desquelles chacun fait profiter les autres de ses connaissances et de
ses expériences. M. Albert Jacquard, chef du département de génétique à l'INED, décrit la façon dont sont organisées à cet effet
les études de génétique à l'INED.
Resumen
RESUMÉN El articulo describe la metodologia de trabajo del Servicio de Gené- tica del I.N.E.D. : en él colaboran investigadores
de diferentes especia- lidades provenientes de diversas instituciones cientificas. Esta forma de operar permite ampliar los
conocimientos de los miembros del equipo, evitando los inconvenientes que pudiera tener el réunir en un mismo establecimiento
un grupo numeroso de investigadores. Se incluye una nómina de investigaciones teóricas y prácticas además de una
bibliografía.
Abstract
SUMMARY This paper describes the methods used in the Department of Population Genetics of IN ED; research workers from
different scientific disciplines and working in different fields collaborate and exchange views. This leads to mutual enrichment of
work and allows workers in different fields to complement one another's efforts, whilst avoiding the disadvantage of a too closely-
knit organization. The paper contains a list of research undertaken in the department, both theoretical and applied, and is
followed by a bibliography.
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Un exemple de pluridisciplinarité : le service de génétique de l'I.N.E.D. In: Population, 30e année, n°1, 1975 pp. 49-59.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pop_0032-4663_1975_num_30_1_15717EXEMPLE UN
DE PLURIDISCIPLINARITÉ :
LE SERVICE
DE GÉNÉTIQUE DE L'I.N.E.D.
souvent de une résoudre toutes discipline, Nul préconisée chercheur les tel connaissances ni problème, dominer ne est pouvant la les même constitution nécessaires diverses plus d'ampleur disposer, techniques d'équipes pour limitée, personnellement, faire lui au permettant la progresser sein solution des
quelles chacun fait profiter les autres de ses connaissances et
de ses expériences.
M. Albert Jacquard, chef du département de génétique
à l'INED, décrit la façon dont sont organisées à cet effet les
études de génétique à l'INED.
Discours ministériels et préfaces de grands patrons vantent les
mérites du travail de groupe; l'unanimité est à peu près totale à ce sujet,
mais, dans la vie quotidienne, les chercheurs savent combien il leur est
difficile de faire œuvre collective. La plupart des grands événements de
la vie d'un chercheur restent, anachroniquement, des actes individuels :
thèse de doctorat, soutenue par un candidat sensé présenter un travail
personnel, récompense scientifique attribuée à un chercheur qui s'est
signalé par une découverte originale, promotion à un grade supérieur (qui
conditionne aussi bien le niveau de vie de la famille que l'accès à des
possibilités de recherches plus larges) accordée en fonction des mérites
scientifiques ou administratifs individuels.
Sans prétendre traiter exhaustivement de l'intérêt, des limites, des
difficultés, des conditions d'une œuvre scientifique collective, nous voulons
apporter un témoignage, un sujet de réflexion.
Les problèmes posés par la gestion de la recherche ont fait l'objet
d'une abondante littérature. Ils sont très divers et les solutions optimales,
si elles existent, ne sauraient être les mêmes, par exemple, pour la UN EXEMPLE DE PLURIDISCIPLINARITÉ : 50
recherche atomique qui nécessite des outillages complexes et coûteux, la
sociologie qui fait appel à de longues enquêtes, et la génétique des
populations où, parfois, une bibliothèque et quelques feuilles de papier
constituent tout l'investissement nécessaire. En décrivant le fonctionne
ment du service de génétique de l'I.N.E.D., nous ne prétendons pas
qu'une généralisation soit possible.
Constitution du service. Dès la création de l'I.N.E.D., en 1945, par
Alfred Sauvy, les problèmes de génétique ont
été intégrés aux recherches démographiques. Face au démographe, qui
traite des diverses caractéristiques quantitatives d'une population (effectifs,
pyramides, taux de mortalité ou de fécondité, etc.) le généticien représente
un aspect « qualitatif » ; à long terme, c'est le patrimoine génétique dont
elle est dépositaire qui caractérise une population. Le docteur Jean Sutter,
durant plus de 20 ans, jusqu'à sa mort, a su, avec des moyens extrême
ment réduits, faire admettre la nécessité des recherches qualitatives, poser
les premiers jalons, réaliser de premières mesures (telles celles concernant
l'évolution de la consanguinité), étudier en profondeur certaines maladies
(luxation de la hanche, dysgénésie des incisives latérales supérieures) et
surtout faire partager son enthousiasme.
Pour poursuivre son œuvre, la seule formule était de réunir ceux
qui avaient fait à ses côtés une part de leur itinéraire scientifique, en
espérant que d'autres les rejoindraient. Ce processus spontané, indépen
dant de toute structure administrative, s'est, en effet, développé et
l'« équipe génétique » de l'I.N.E.D. est actuellement une réalité vivante.
Essayons de la décrire.
Trois chercheurs travaillaient, en fait, avec Jean Sutter, lors de sa
mort : André Langaney, agrégé de Sciences naturelles, maître-assistant
au Muséum national d'histoire naturelle, Albert Jacquard, polytechnicien,
venu depuis peu à la génétique, ingénieur d'un Corps de l'Etat, et
Jean-Marc Lalouel, médecin préparant une thèse sur les maladies
héréditaires. Tous trois étaient convaincus de l'intérêt de poursuivre
l'effort dans les directions tracées par Jean Sutter ; cet effort ne pouvait
se développer dans les structures universitaires, aucune université fran
çaise ne reconnaissant la génétique des populations humaines comme
discipline spécifique ; l'I.N.E.D. constituait la structure d'accueil per
mettant de réaliser ces recherches avec la liberté de pensée indispensable,
et une ébauche de moyens matériels.
Les premiers travaux surtout théoriques (mesures de l'apparentement,
évolution de la consanguinité des petites populations, effet des systèmes
de mariages, etc.) ont rapidement débouché sur des problèmes de calcul,
qui ont nécessité l'intervention de Robert Nadot et Guy Vaysseix, re
sponsables du Service informatique de l'I.N.E.D.. La nécessité de con- SERVICE DE GÉNÉTIQUE DE L'i.N.E.D. 51 LE
fronter résultats théoriques et réalité a vite montré l'intérêt d'une collabo
ration avec ethnologues et anthropologues, notamment ceux du Centre de
Recherches anthropologiques du Musée de l'Homme, animé par Robert
Gessain. L'analyse des données généalogiques et hématologiques recueillies
par Jean-Claude Quilici et Jacques Constant chez les Jicaques du
Honduras, par Monique Gessain chez les Bassarri du Sénégal, par Robert
Gessain et Joëlle Robert chez les Esquimaux du Groenland Oriental,
par Jacques Gomila chez les Bedik du Sénégal, a permis de préciser
comment ces données pouvaient se féconder mutuellement, quelles
lumières elles pouvaient apporter au problème central de toute l'anthro
pologie : comment évolue le patrimoine génétique d'un groupe humain ?
Les premières publications ont révélé à certains chercheurs, jusque
là étrangers à la génétique, que leurs propres travaux pouvaient acquérir
une dimension nouvelle, en bénéficiant des concepts et des techniques
de la génétique des populations. André Chaventré, ethnologue, avait
consacré près de dix années à étudier le système matrimonial d'un groupe
touareg exceptionnel, les Kel Kummer du