Un homme de science peut-il, raisonnablement, admettre l existence des industries primitives, dites éolithiques - article ; n°1 ; vol.10, pg 447-473
28 pages
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Un homme de science peut-il, raisonnablement, admettre l'existence des industries primitives, dites éolithiques - article ; n°1 ; vol.10, pg 447-473

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Description

Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris - Année 1909 - Volume 10 - Numéro 1 - Pages 447-473
27 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1909
Nombre de lectures 23
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

A. Rutot
Un homme de science peut-il, raisonnablement, admettre
l'existence des industries primitives, dites éolithiques
In: Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris, V° Série, tome 10, 1909. pp. 447-473.
Citer ce document / Cite this document :
Rutot A. Un homme de science peut-il, raisonnablement, admettre l'existence des industries primitives, dites éolithiques. In:
Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris, V° Série, tome 10, 1909. pp. 447-473.
doi : 10.3406/bmsap.1909.8105
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0037-8984_1909_num_10_1_8105^ A. RUTOT. DES INDUSTRIES PRIMITIVES DITES ÉOL1THIQUES 447 151
l'esclavage domestique importé a eu probablement dans la France méri
dionale une diffusion très analogue à celle qu'il a eae en Italie et en
Espagne.
Pour en venir enfin à une conclusion plus générale, je serai extrême
ment flatté si l'exposé que j'ai osé vous faire avait rappelé votre attention
sur un phénomène anthropologique et démographique, qui ne manque
pas d'importance.
L'étude anthropologique des populations civilisées actuelles ne peu*
être séparée de celle des mouvements lents ou rapides, belliqueux ou pa
cifiques, qui se sont produits chez leurs générations passées. La démo
graphie et l'histoire des peuples doivent être les alliées naturelles de
l'anthropologie ; et de la même manière que l'anthropologie préhistorique
a dans nos études une place si justement considérable, il faut aussi
qu'une digne place soit réservée à l'anthropologie historique.
UN HOMME DE SCIENCE PEUT-IL, RAISONNABLEMENT, ADMETTRE L'EXISTENCE
DES INDUSTRIES PRIMITIVES, DITES ÉOLITHIQUES?
Par M. A. Rutot
Lorsqu'un homme de science, tel qu'on l'entend de nos jours, met
à l'étude une question rentrant dans le cadre, très étendu, de l'histoire
naturelle, c'est-à-dire si le sujet comporte l'examen d'êtres ou, en génér
al, d'objets matériels, il ne manque pas s'il veut travailler sérieusement,
d'employer la seule méthode qui ait fourni jusqu'ici des résultats complets
et certains et qui représente, pour ainsi dire, condensée, la somme des
efforts des générations de naturalistes qui nous ont précédés.
Ce mode spécial d'étude, reconnu si efficace, a reçu le nom de « mé
thode scientifique » .
La méthode scientifique, appliquée à l'étude d'un sujet, comporte
généralement trois modes d'investigation conduisant à la connaissance
complète du sujet; ce sont: l'observation, la comparaison et l'expériment
ation.
L'observation a- pour but la connaissance intime de l'objet étudié; elle
fournit tout ce qu'il est nécessaire de savoir sur sa forme, sur sa couleur,
sur sa provenance, sa nature physique et chimique, sur sa position dans
son milieu, sur son développement, ses relations avec les objets sem-
blabies, etc.
L'observation fournit ainsi les caractères propres à l'objet étudié, ainsi
que ses caractères secondaires, le tout permettant de fixer la définition de
l'objet, c'est-à-dire son véritable signalement.
La comparaison, procédé des plus utiles, tire le sujet de son isolement et
le rapproche de ses semblables, soit afin de l'identifier avec un atutre, exis
tant et déjà connu, ou d'établir des différences.
La comparaison permet ainsi de classer le sujet soit dans un groupe . JUBILÉ DU CINQUANTENAIRE ■ 152 448
connu, soit dans un groupe nouveau, ce qui précise sa position dans la
nature, aide parfois à découvrir des caractères peu visibles et renforce
considérablement la somme des connaissances acquises, au point que,
dans nombre de cas, surtout lorsqu'il est question d'êtres vivants, Tap
plication de l'observation et de la comparaison peut suffire à « déter
miner » le sujet étudié, c'est-à-dire à lui attribuer un nom propre, sous
lequel il pourra toujours être identifié.
Mais en maintes circonstances, peut encore intervenir le troisième mode
d'investigation, dont la puissance est toujours très grande et qui est l'exp
érimentation.
Ce procédé d'enquête permet soit de reproduire à coup sûr un objet
identique à l'objet étudié en employant un mode opératoire invariable, ou
bien il permet de transformer le sujet en d'autres faciès, toujours les
mêmes, lorsque l'on procède de la même façon.
Dans bon nombre de cas, étant donné que l'on ignore comment un
objet s'est formé, l'expérimentation arrive, après plus ou moins d'essais
ou de tâtonnements, à donner la formule du procédé conduisant infaillibl
ement à la production d'objets semblables.
On conçoit donc que l'on puisse dire,- lorsqu'un. sujet a été sérieusement
traité par la méthode scientifique complète, qu'il est aussi bien défini
qu'il est possible de l'être, dans l'état actuel de nos connaissances.
Ces données préliminaires ayant été exposées et admises, il est permis
de déclarer, actuellement, que la question de l'existence des industries
primitives, dites éolithiques, a été l'objet d'une longue enquête, conduite
selon les procédés les plus sûrs de la méthode scientifique, ainsi que nous
nous proposons de le démontrer.
I. — L'Observation.
Avant 1870, alors que tombaient enfin les dernières résistances élevées
contre les conclusions de Boucher de Perthes relatives à la reconnaissance,
comme instruments taillés par un être humain, des pièces si admirable
ment travaillées, rencontrées dans les alluvions quaternaires de la Vallée, pratique"
de la Somme, un homme à l'esprit à la fois et subtil, l'abbé
Bourgeois, ' de Pontlevoy (Loif-et-Cher), avait déjà saisi la portée de
découvertes qu'il avait faites à Thenay et à Saint-Prest.
Lors des premiers Congrès internationaux d'Anthropologie préhisto
rique, l'abbé Bourgeois présenta ses matériaux aux sommités scientifiques
de l'époque et, chose singulière, la majorité se montra plutôt favorable
à ses vues, qui consistaient à considérer, comme travaillés de main hu
maine, certains silex qu'il avait recueillis en position stratigraphique bien
définie.
Mais,- fait non moins bizarre, la conviction des fondateurs de la science ■
préhistorique ne pénétra pas parmi leurs successeurs et peu à peu la
notion de l'existence d'industries humaines à l'époque tertiaire périclita • A. RUTOT. — DES INDUSTRIES PRIMITIVES DITES ÉOLITHIQUES * 449 153
et s'éteignit dans le silence, bien que plusieurs savants français, et non
des moindres, aient gardé, jusqu'au bout, leurs convictions premières.
Toutefois, pratiquement, l'extinction eût été complète si quelques-unes
des faibles étincelles, éparses, prêtes à disparaître, n'avaient repris quel
que vigueur dans notre pays.
En effet, quelques chercheurs à l'œil exercé recueillirent à leur tour, en
Belgique, des pierres semblables à celles de l'abbé Bourgeois, y recon
nurent les traces d'un travail spécial qui ne pouvait être attribué aux
actions naturelles et ils se repassèrent ainsi, en le ravivant toujours plus,
le frêle flambeau destiné à éclairer, plus tard, si efficacement les pas de
la science, dans la voie que l'on pouvait, à un moment donné, considérer
comme plongée dans d'impénétrables mystères.
On peut se demander comment il se fait qu'une découverte, qui avait
réuni les suffrages de bon nombre des « maîtres » d'alors, ne s'était pas
maintenue, voire même développée dans la suite.
Pendant trente ans, environ, cette question eût paru difficile à résoudre,
mais aujourd'hui, la somme des connaissances sur le sujet spécial s'étant
notablement agrandie, la réponse est devenue plus aisée.
En effet, si l'on consulte les ouvrages des principaux auteurs français,
depuis les fondateurs des sciences anthropologiques jusqu'à nos jours —
y compris les travaux et traités les plus récents — on reconnaît sans peine
que, lorsqu'il

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