Un modèle de politique monétaire avec aléas stratégiques - article ; n°5 ; vol.35, pg 831-870
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Un modèle de politique monétaire avec aléas stratégiques - article ; n°5 ; vol.35, pg 831-870

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Description

Revue économique - Année 1984 - Volume 35 - Numéro 5 - Pages 831-870
A model of monetary policy with strategical uncertainty
Pierre-André Chiappori., Philippe Mongin
In the carrent Rational Expectations literature, monetary growth is part of the uncertainly facing the agent, which is thought of as probabilistic in character ; therefore, monetary growth is described by an exogenous random variable. The first aim of this paper is to criticize this apparently inoccuous assumption. It is shown that it does not satisfactorily account for the way in which monetary policy decisions are actually made. The second aim of the paper is to build up a simple model in which the government is given the role of a true rational agent on a par with the private sector individuals. Thus, monetary growth is an endogeneous variable in a game the players of which are the monetary authorities on the one hand, a Lucas-type producer on the other hand. Applying various equilibrium concepts to the simple and the repeated games, the paper eventually supports the Monetarist daim that money is neutral, but disprove the standard Monetarist concept of a « cure against inflation », on the grounds that fighting inflation by monetary means only will generally fail. In short, inflation is a monetary problem, but monetary policies will not always surfice to reduce it.
Les modèles d'Anticipations Rationnelles appliqués à la politique monétaire suppo­sent habituellement que l'émission de monnaie est perçue par les agents comme un aléa probabilisable, donc exogène. Nous critiquons cette formalisation, en montrant qu'elle recouvre en fait des hypothèses très discutables sur le contexte stratégique dans lequel sont prises les décisions de politique économique. Nous proposons enfin un modèle simple, qui rend à l'Etat la capacité d'action stratégique que lui dénient les modèles d'Anticipations Rationnelles : pour cela, nous représentons la création monétaire comme le résultat d'un jeu opposant la Banque Centrale et un produc­teur représentatif du secteur privé. Le modèle, qui fait intervenir la technique des jeux répétés, confirme la thèse monétariste d'inefficacité de la politique monétaire, mais montre que celle-ci n'est plus suffisante pour assurer le succès d'une o curé désinflationniste » fondée sur des moyens purement monétaires.
40 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1984
Nombre de lectures 13
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Monsieur Philippe Mongin
Monsieur Pierre-André
Chiappori
Un modèle de politique monétaire avec aléas stratégiques
In: Revue économique. Volume 35, n°5, 1984. pp. 831-870.
Citer ce document / Cite this document :
Mongin Philippe, Chiappori Pierre-André. Un modèle de politique monétaire avec aléas stratégiques. In: Revue économique.
Volume 35, n°5, 1984. pp. 831-870.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reco_0035-2764_1984_num_35_5_408809Abstract
A model of monetary policy with strategical uncertainty
Pierre-André Chiappori., Philippe Mongin
In the carrent Rational Expectations literature, monetary growth is part of the uncertainly facing the
agent, which is thought of as probabilistic in character ; therefore, monetary growth is described by an
exogenous random variable. The first aim of this paper is to criticize this apparently inoccuous
assumption. It is shown that it does not satisfactorily account for the way in which monetary policy
decisions are actually made. The second aim of the paper is to build up a simple model in which the
government is given the role of a true rational agent on a par with the private sector individuals. Thus,
monetary growth is an endogeneous variable in a game the players of which are the monetary
authorities on the one hand, a Lucas-type producer on the other hand. Applying various equilibrium
concepts to the simple and the repeated games, the paper eventually supports the Monetarist daim that
money is neutral, but disprove the standard Monetarist concept of a « cure against inflation », on the
grounds that fighting inflation by monetary means only will generally fail. In short, inflation is a monetary
problem, but monetary policies will not always surfice to reduce it.
Résumé
Les modèles d'Anticipations Rationnelles appliqués à la politique monétaire suppo-sent habituellement
que l'émission de monnaie est perçue par les agents comme un aléa probabilisable, donc exogène.
Nous critiquons cette formalisation, en montrant qu'elle recouvre en fait des hypothèses très discutables
sur le contexte stratégique dans lequel sont prises les décisions de politique économique. Nous
proposons enfin un modèle simple, qui rend à l'Etat la capacité d'action stratégique que lui dénient les
modèles d'Anticipations Rationnelles : pour cela, nous représentons la création monétaire comme le
résultat d'un jeu opposant la Banque Centrale et un produc-teur représentatif du secteur privé. Le
modèle, qui fait intervenir la technique des jeux répétés, confirme la thèse monétariste d'inefficacité de
la politique monétaire, mais montre que celle-ci n'est plus suffisante pour assurer le succès d'une o curé
désinflationniste » fondée sur des moyens purement monétaires.UN MODÈLE
DE POLITIQUE MONÉTAIRE
AVEC ALÉAS STRATÉGIQUES
La thèse de l'inefficacité (à long terme) de la politique monétaire,
qui est l'une des conclusions principales du monétarisme contemp
orain, repose, de l'aveu de ses défenseurs, sur trois hypothèses
articulées entre elles :
a) la compensation de tous les marchés considérés (biens, monnaie
et, éventuellement, travail) ;
b) la rationalité, au sens de Muth, des anticipations que forme le
secteur privé ;
c) l'hypothèse du taux naturel de sous-emploi ou, pour mieux dire,
de la « fonction d'offre de Lucas » 1.
Ces trois éléments de la construction monétariste ont fait l'objet
de nombreuses critiques, tout particulièrement le premier et le troi
sième.
Il est remarquable que ni les partisans, ni les adversaires de la
doctrine, n'aient songé à en expliciter cette quatrième composante :
d) la méthode retenue pour modéliser l'incertitude des agents (et
plus particulièrement celle que créent les décisions de politique éco
nomique).
S'il en va ainsi, c'est que les démonstrations courantes de l'ineff
icacité de la politique monétaire ne font pas clairement le départ entre
Nous remercions, pour les nombreuses remarques utiles qu'ils ont bien voulu nous
faire, à différentes étapes de ce travail, C. de Boissieu, P. -Y. Hénin, B. Munier,
B. Walliser et un rapporteur anonyme.
1. Cette caractérisation en trois composantes principales du monétarisme contem
porain apparaît souvent dans la littérature : par exemple Barro [1976].
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Revue économique — N° 5, septembre 1984 Revue économique
deux ordres de considérations : d'un côté, le postulat des anticipations
rationnelles entendu strictement ; de l'autre côté, le traitement de
l'aléa subi par l'agent en matière de politique monétaire. Le modèle
monétaire standard affirme seulement que la décision de politique du tirage au sort, par les autorités, d'une valeur prise
dans une distribution de probabilité exogène et parfaitement connue
des agents.
Il aurait dû apparaître que cette affirmation ne s'identifiait pas à
l'hypothèse (b) ; elle implique quelque chose de plus — une proposition
sur la nature probabilisable de l'aléa de politique économique, et donc,
implicitement, sur le comportement de l'Etat, sur ce qu'il peut faire ou
ne pas faire en réponse aux actions des agents. En d'autres termes, la
formulation du modèle standard comporte une hypothèse du type (d),
dissimulée derrière (b), et confondue avec elle.
Le propos de cet article est tout d'abord de faire ressortir clairement
ce point. Plus précisément, il montrera que la caractéristique « distr
ibution de probabilité exogène » est logiquement distincte de celle de
« connaissance parfaite » : la première ressortit à (d), la seconde à (b).
En second lieu, il s'efforcera de construire un modèle qui mette l'hypo
thèse des anticipations rationnelles au service d'une représentation non
prohabïliste de l'incertitude politique — qui préserve (b) tout en aban
donnant l'interprétation monétariste reçue de (d). L'intérêt de modèles
semblables ne tient pas au réalisme de leurs hypothèses macro-économiq
ues, mais à la possibilité qu'ils offrent d'organiser une confrontation
réglée avec l'approche ordinaire du « nouveau classicisme » : pour
mettre plus facilement en évidence le rôle de la prémisse incriminée —
ici la forme de l'hypothèse (d) — , il convient qu'ils restent fidèles, dans
une certaine mesure, aux autres hypothèses de cette approche 2. Le
modèle que nous proposons reprend en effet (a) et (b), les deux postul
ats fondamentaux que, selon Lucas et Sargent ([1978], p. 304), le
« nouveau classicisme » économique emprunte à la théorie traditionnelle.
En revanche, il modifie sensiblement (c), au profit d'une hypothèse de
rigidité partielle des prix. Ce remaniement se justifie par les défauts
graves que présente, selon nous, la fonction d'offre de Lucas 3. Il permet
2. Il s'agit donc de faire pour (d) ce que d'autres ont fait à propos de (a), (b)
ou (c) — d'examiner dans quelle mesure on altère, en le modifiant localement, les
conclusions du modèle standard. Sur les conséquences de l'abandon de (a) et (c),
on lira Buiter [1980], Hénin et Zybelberg [1983].
3. La critique de l'hypothèse (c) ne constitue pas l'enjeu de cet. article et nous la
supposerons acquise. Pour une discussion plus détaillée de la fonction d'offre de
Lucas, on se reportera par exemple à Buiter [1980] ou à Chiappori et Mongin
[1984 a].
832 Pierre-André Chiappori, Philippe Mongin
aussi de démarquer notre tentative de celle, plus strictement monétar
iste, qu'ont menée tout récemment Barro et Gordon [1983 - a et - b] 4.
Une objection immédiate à la méthode des « distributions de pro
babilité exogènes » est qu'elle représente l'aléa de politique économi
que subi par le secteur privé comme un aléa naturel. La politique
monétaire paraît jouer, chez Lucas et Sargent, le même rôle que les
catastrophes météorologiques dans le modèle original de Muth [1981].
Une analyse plus fine du modèle standard révèle, néanmoins, qu'il ne
repose pas sur une confusion aussi grossière, mais plutôt sur des hypo
thèses stratégiques implicites. La première partie de ce travail s'efforce
de le montrer : elle reconstruit une justification des lois de probabilité
exogènes en

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