Un petit port du Sud-Est : Antibes - article ; n°3 ; vol.3, pg 69-87

Jean Sabatier

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Méditerranée - Année 1962 - Volume 3 - Numéro 3 - Pages 69-87
19 pages

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• Publié le: 01 janvier 1962
• Nombre de lectures: 17
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Jean Sabatier
Un petit port du Sud-Est : Antibes
In: Méditerranée, 3e année, N°3, 1962. pp. 69-87.
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Sabatier Jean. Un petit port du Sud-Est : Antibes. In: Méditerranée, 3e année, N°3, 1962. pp. 69-87.
doi : 10.3406/medit.1962.1048
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/medit_0025-8296_1962_num_3_3_1048UN PETIT PORT DU SUD-EST :
ANTEBES
la France Méditerranée. En possède raison peu de Si la à de l'Ouest puissance ports de du commerce Rhône, du groupe Sète — même portuaire et Port-Vendres secondaires marseillais, réussis— sur la
sent à conserver un trafic de quelque importance, de nombreuses
revues ne mentionnent pas l'existence de ports marchands sur les
Côtes de Provence et sur celles de la Côte d'Azur. Dans ce secteur
l'activité portuaire n'est pourtant pas totalement nulle. Sur les rivages
de Provence les ports de Toulon et de St-Raphaël conservent, à côté
d'autres fonctions, un petit trafic commercial. Sur la Côte d'Azur x,
quoiqu'en raison de la vocation essentiellement touristique de cette
portion du littoral méditerranéen, la fonction de plaisance soit pré
pondérante, un trafic de marchandises subsiste dans deux petits ports:
Nice et Antibes. Une spécialisation s'est d'ailleurs opérée entre eux :
alors que Nice demeure traditionnellement un port de matières pre
mières (houille, bois, ciments) et de produits alimentaires (vin) et voit
son trafic stagner autour de 300 000 tonnes par an depuis une dizaine
d'années, Antibes est devenu un port spécialisé dans la réception, le
stockage et la redistribution des hydrocarbures et son activité s'est
considérablement développée depuis une dizaine d'années. S'il ne
prétend certes pas occuper, à l'échelle du pays, une place importante,
il n'en demeure pas moins vrai qu'il joue dans le cadre régional un
rôle non négligeable. Quelle est la physionomie actuelle de ce petit
port ?
(1) Du Golfe de la Napoule à la Baie de Menton, sur une distance d'environ 80
km, la Côte d'Azur possède une quinzaine de ports ou petits bassins parmi lesquels
on peut citer ceux de Cannes, Golfe-Juan, Antibes, Nice, Villefranche, Monaco,
Menton, etc.. qui connaissent une certaine activité et se partagent diverses fonctions :
fonction commerciale, trafic voyageur, fonction militaire, fonction de pêche, fonction
de plaisance, etc. Sur ce sujet voir : Jean Sabatier, « Le Groupe Portuaire de la
Côte d'Azur». D.E.S. de Géographie, Aix 1961. 70 J. SABATIER
LES INSTALLATIONS PORTUAIRES
Situé au contact de la côte basse de la Baie des Anges et de la
presqu'île rocheuse du Cap d'Antibes, ce port est né — comme celui
de Nice — d'un site privilégié 1. En effet, le littoral orienté Nord-Sud
dessine ici un rentrant l'Anse Saint-Roch fermé vers la Baie des
Anges par une ancienne île rattachée à la terre (la Pointe du Fort
Carré) et vers le Cap d'Antibes par une avancée rocheuse en partie
submergée (La Gravelle, le Bastion et la Sèche des Cinq Cents francs) .
L'origine du port se perd dans la nuit des temps, car les Phéniciens
les premiers, puis les Romains, apprécièrent cet abri naturel, protégé
des vents dominants (les vents d'Est) par la Butte du Fort Carré.
L'Anse St-Roch connut donc très tôt une activité commerciale dont
tira profit la vieille cité Antipolis. En le fortifiant, Vauban donna à ce
site une fonction militaire qui survécut jusqu'à la seconde guerre
mondiale puisque l'aéronavale utilisa le plan d'eau comme base
d'hydravions. Ceux-ci ont aujourd'hui délaissé ces lieux et avec eux la
fonction militaire du port a disparu. Si Antibes reste accessoirement
un port de plaisanciers et de pêcheurs, son bassin, aménagé sur la face
Sud de l'Anse St Roch, est à nouveau avant tout, voué au trafic comm
ercial.
D'une superficie de 45 000 m2 environ, le port d'Antibes comprend
un unique bassin de 300 mètres de long sur 150 mètres de largeur
moyenne avec des fonds qui de 6 mètres à l'entrée montent en pente
douce vers le fond du port. Là, au Sur, le Quai de la Porte Marine
long de 150 mètres reçoit avant tout, les barques de pêche et les petits
bateaux de plaisance en raison de son faible tirant d'eau. A l'Ouest
séparant le port lui-même de l'Anse St Roch, le Quai du Môle Inté
rieur (200 mètres de long : 3 à 5 m de fond) accueille aussi bien des
petits caboteurs que des navires de plaisance. Face à l'Est enfin,
protégés de la haute mer par la grande jetée de Vauban et de part et
d'autre du Bastion des Cinq Cents francs où se dressent les installa
tions du Chantier Naval, se succèdent deux derniers quais : le Quai
du Carénage de 130 mètres de long qui fait suite à celui de la Porte
Marine et le Quai du Môle extérieur. Ce dernier, orienté NW-SE est
long de 170 mètres et possède un tirant d'eau de 5 mètres environ. Son
extrémité Nord a sur 110 mètres de longueur une affectation spéciale:
elle est réservée aux tankers amenant à Antibes les hydrocarbures et
connaît une activité assez intense. Quel trafic autorise donc ce cadre
exigu ?
(1) Voir plan n° 1. Plan I
PORT D'ANTIBES — ANSE ST ROCH 72 J. SABATIER
L'ACCROISSEMENT ET LE DESEQUILIBRE DU TRAFIC
Quels ont été les mouvements de navires et de marchandises au
cours des huit dernières années ?
LE MOUVEMENT DES NAVIRES l
Tableau I
Mouvement des navires de commerce au port d} Antïbes 2
Total Années Cargos Tankers
222 1953 90 312
54 60 250 310
55 64 238 302
56 60 266 326
57 42 206 248
58 46 316 362
59 24 300 324
60 6 358 364
Graphique 1
NOMBRE NAVIRE 5 DE Mouvement des navires
TOTAL MO
^•'TANKERS 520
Zoo
I6O
IZO
80
"-- CARGOS
(1) Voir Graphique n° I et II. Le Service Maritime des Ponts et Chaussées ne
tient des statistiques précises et complètes que depuis 1953.
(2) Entrées + sorties. UN PETIT PORT DU SUD-EST : ANTIBES 73
De 1953 à 1960 le nombre total de navires a peu augmenté
(-f- 16 %). Le mouvement a cependant varié dans sa structure interne.
En effet :
— le nombre de cargos est en régression absolue : de 29 % en
1953, ils sont tombés à 1,6 % du mouvement total en 1960.
— le nombre de tankers est en très nette progression (augmentat
ion de 61 % de 1953 à 1960). Les pétroliers qui représentaient déjà
71 % des navires de commerce comptent aujourd'hui pour plus de
98 % dans le mouvement et expliquent son allure ascendante.
Comment ont évolué les tonnages de jauge au cours de la même
période ?
Tableau II
Tonnage de Jauge des navires de commerce 1
Cargos Tankers Total Années
1953 31226 tx 77 076 tx 108 302 tx
19 646 — 82 446 — 102 092 — 54
17 810 — 92 136 — 109 946 — 55
10 602 — 56 110 370 — 120 972 —
57 11 786 — 99 264 — 111 050 —
14 324 — 130 500 — 58 144 824 —
8 648 — 138 662 — 59 147 310 —
5 226 — 143 760 — 60 148 986 —
Graphique 2
Evolution des tonnages de jauge TDNKJAGE5 01 JAUGE
JAUGE TOTALE
TANK ERS
__ CARGD5
■ 953 I3S4 I9S?
<1) Entrées -f- sorties. 74 J. SABATIER
De 1953 à 1960 le tonnage de jauge total a augmenté d'une façon
beaucoup plus sensible que le nombre de navires (+ 37,5 %). Ce
phénomène général est une conséquence de l'augmentation progressi
ve de la taille des navires. Dans le cas d'Antibes et comme nous le
verrons plus loin, cette progression est toutefois limitée par le fait que
le port ne peut pas recevoir de bateaux de plus de 1 800-2 000 ton
neaux. Mais cette fois encore, il faut établir une distinction entre
cargos et tankers.
— le tonnage de jauge des cargos a considérablement diminué
( — 80 %) et il ne représente plus aujourd'hui que 3,5 % du tonnage
total contre 28,8 % en 1953.
— le tonnage de jauge des tankers s'est accru de 86,5 % de 1953
à 1960 alors que leur nombre n'augmentait que de 61 %. Leur tonna
ge constitue en 1960, 96,5 % du tonnage total contre 71,2 % en 1953.
Ce sont encore les tankers qui ont donc provoqué l'accroissement
des tonnages de jauge. Chaque année depuis 1953 ces tonnages sont
en augmentation sur l'année précédente avec une seule exception :
1957 où la jauge des pétroliers diminue de plus de 11 000 tonneaux.
L'étude du trafic commercial doit nous