Un tapis brodé de Paracas, Pérou. - article ; n°1 ; vol.37, pg 241-258
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Description

Journal de la Société des Américanistes - Année 1948 - Volume 37 - Numéro 1 - Pages 241-258
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1948
Nombre de lectures 10
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Extrait

Raoul d'Harcourt
Un tapis brodé de Paracas, Pérou.
In: Journal de la Société des Américanistes. Tome 37, 1948. pp. 241-258.
Citer ce document / Cite this document :
d'Harcourt Raoul. Un tapis brodé de Paracas, Pérou. In: Journal de la Société des Américanistes. Tome 37, 1948. pp. 241-258.
doi : 10.3406/jsa.1948.2369
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jsa_0037-9174_1948_num_37_1_2369UN TAPIS BRODÉ DE PARAGAS, PÉROU,
Par Raoul D'HARCOURT.
(Planches VIII et IX.)
La pièce archéologique que je présente dans cette étude est un tapis ajouré
et brodé, provenant de la célèbre presqu'île de Paracas, sur la côte sud du
Pérou. Elle appartient aux collections de l'Etnografîska Museet de Goteborg.
Le directeur de ce musée, M. Karl Izikowitz, a bien voulu m'autoriser à l'étu
dier et à en publier la reproduction ; je le prie de trouver ici l'expression de ma
très amicale gratitude.
La pièce au Musée de Goteborg porte le n° 35.32. 179. Elle a été acquise
dans des conditions qui, malheureusement, ne permettent pas d'identifier
le lieu exact de la sépulture d'où elle a été extraite. S'agit-il de la « Nécropole я
ou de « Las Gavernas v ? De la «Nécropole», sans doute, en raison des nom
breux et beaux tissus qui en on été extraits. On a appris que la pièce, pliée,
était serrée contre la poitrine de la momie. La tête de celle-ci faisait défaut et il
lui avait été substitué un vase céphalomorphe. Des faits analogues ont déjà
été signalés ; on a constaté qu'à Nazca ou à Paracas, des momies ne possédaient
pas leur tète et que celle-ci était remplacée par une céramique peinte qui en
tenait lieu. Je conserve, dans ma collection personnelle, un vase en forme de
tête momifiée qui provientde l'hacienda Fracchia à Nazca et qui a été trouvée
sur un corps privé de son chef. On peut se demander si, dans une région où
la décapitation et la réduction du volume des têtes pour en faire des trophées,
étaient si répandues, on n'inhumait pas de cette manière les morts qui
n'avaient plus leur tête, à la suite, par exemple, d'un combat malheureux.
C'est la seconde fois qu'il m'est donné d'étudier un tapis de Paracas brodé
et ajouré aussi bien conservé et d'une telle beauté. La première pièce était
celle que M. Rafael Larco y Herrera avait déposée au Musée de l'Homme à
Paris et qui se trouve maintenant exposée dans une des salles du Brooklyn
Museum, près de New- York. Je l'ai analysée en détail dans mon livre sur les
techniques textiles au Pérou (2, p. 1 âà-i 5 1, pi. LXXX-XGVI). Jusqu'ici, il n'a
pas été décrit ou publié, à ma connaissance, d'autres pièces semblables et
de cette importance.
Les deux tapis, bien que d'aspect général assez différent dans leur par
tie centrale, ont été réalisés, quant à la broderie, avec des techniques iden
tiques. Les dimensions de leur surface rectangulaire sont assez proches :
102 X 5 1,5 centimètres pour la pièce de Goteborg et 12^x^9 centimètres
pour celle de Brooklyn qui est donc un peu plus longue et légèrement plus
étroite que l'autre. Toutes deux possèdent un pourtour brodé, une sorte de i
k S! SOCIETE DES AMERICANISTES.
frise composée d'un galon plat servant de base à des sujets multiples, découpés
en forme et recouverts, comme le galon, d'un réseau brodé à l'aiguille. Mais
tandis que la pièce de Brooklyn comporte une surface centrale faite d'un tissu
de coton à armure de toile dont les fils de chaîne sont partiellement recouverts
(guimpes) de laine aux couleurs variées, qui forment un même motif anthr
opomorphe répété trente-deux fois (4x8), la pièce de Goteborg est faite de
petits panneaux carrés, indépendants, ajourés et brodés en forme, comme la
frise du pourtour, et reliés les uns aux autres par l'intermédiaire de galons,
également brodés et ornés de dents carrées aux coins arrondis qui leur tiennent
lieu de cadre. Les panneaux sont au nombre de 3 2 (á x 8), comme les motifs
anthropomorphes du tapis de Brooklyn.
Ces généralités exposées, j'examinerai d'abord la technique employée par
les brodeuses, puis les sujets traités, tant sur la frise que dans les petits pan
neaux.
Technique. — Celle-ci n'a rien de «mystérieux», n'en déplaise à certaine
notice qui accompagnait encore le tapis de Brooklyn quand il fut exposé pour
la dernière fois à Paris par son propriétaire, lors de l'Exposition de 19З7.
Elle exige seulement, de la part des brodeuses, une grande dextérité manuelle
pour obtenir de la régularité dans le réseau qui doit habiller et détailler, en
couleurs variées, les sujets choisis. Je ne puis mieux faire que de résumer les
explications que j'ai déjà données sur la technique des broderies de Paracas
(2, p. 10Д-108).
Le réseau à l'aiguille recouvre complètement le tissu ou les galons sous-
jacents des pièces brodées. Ce tissu et ces galons pourraient théoriquement
ne pas exister, car le réseau s'exécute aussi sans le concours du soutien, mais
il serait ici trop inconsistant. Le point du réseau se compose de boucles prises
les unes dans les autres, en même temps que dans le soutien, un peu comme
dans le point de chaînette, mais, à l'encontre de ce dernier, il s'exécute, non
pas en colonnes verticales, mais presque toujours en rangées horizontales.
La figure 2 2 A fera comprendre, mieux que toutes descriptions, la manière dont
le fil est passé pour former les boucles. La marche oblique n'est qu'une variante
de la marche horizontale (fig. 22В). Quant à la marche verticale, elle est générale
ment réservée à couvrir certaines surfaces des bordures (fig. 2 2 С). Les colonnes
formées par les boucles sont juxtaposées, de manière à ne pas laisser voir entre
elles le tissu auquel elles sont liées. L'apparence finale du réseau est celle d'un
revêtement en fin tricot. La technique du point que j'ai appelé « bouclé » en
raison de sa forme, autorise le changement de couleur aussi souvent que le
désire la brodeuse. Celle-ci ne coupe pas son fil à chaque changement, elle
se contente de le faire courir en bride sous les boucles de la nouvelle couleur,
ce qui lui permet de le reprendre à l'endroit voulu, à moins qu'elle ne le fasse
traverser le tissu, afin de le retrouver sur le côté opposé, car pour obtenir
identiques les deux faces du tapis, le travail est mené successivement, rangée
après rangée, sur chacune des faces. UN TAPIS BRODE DE PARACAS , PEROU. 3*3
Avec le point bouclé on peut, pour ainsi dire, peindre avec son aiguille d'une
manière aussi libre que dans la tapisserie avec la navette. La boucle possède
une largeur à peu près égale à sa hauteur ; cette qualité permet de raccorder
sans irrégularité apparente, maille par maille, deux réseaux effectués perpendi
culairement, ce qui se produit souvent dans les compliqués et notam
ment à l'endroit où les personnages apparaissent découpés au-dessus du galon
sur lequel leurs pieds et leurs jambes sont brodés.
lili I I I I I I
FlG. 2 2.
Les tapis exécutés au point bouclé ont à Paracas, nous insistons sur ce point,
leurs deux faces identiques. Voici comment ce résultat est obtenu pratique
ment : l'ouvrière exécute, sur toute la largeur de la partie qu'elle habille, une
rangée de boucles, en y introduisant, s'il y a lieu, les changements de couleurs
nécessités par le décor ; elle continue symétriquement cette rangée sur l'autre
face, en tournant autour de l'épaisseur du soutien, et revient ainsi à son point
de départ, mais sur la face opposée du soutien. Elle fait traverser son fil en ce
point, puis elle procède à une rangée de boucles sous la première et ainsi de SOCIÉTÉ DES AMBIUCANISTES.
suite. Le réseau n'est donc pas exécuté en spirale, mais en rangées horizontales
et parallèles. Il reste ainsi sur la tranche du soutien (du côté où le fil l'a tra
versé) une faible surface à nu qui forme comme une ligne perpendiculaire à la
marche d

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