Un théâtre populaire : le théâtre du Montparnasse d après le journal inédit de P.H. Azaïs - article ; n°38 ; vol.12, pg 25-32
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Un théâtre populaire : le théâtre du Montparnasse d'après le journal inédit de P.H. Azaïs - article ; n°38 ; vol.12, pg 25-32

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Description

Romantisme - Année 1982 - Volume 12 - Numéro 38 - Pages 25-32
8 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1982
Nombre de lectures 30
Langue Français

Extrait

Michel Baude
Un théâtre populaire : le théâtre du Montparnasse d'après le
journal inédit de P.H. Azaïs
In: Romantisme, 1982, n°38. pp. 25-32.
Citer ce document / Cite this document :
Baude Michel. Un théâtre populaire : le théâtre du Montparnasse d'après le journal inédit de P.H. Azaïs. In: Romantisme, 1982,
n°38. pp. 25-32.
doi : 10.3406/roman.1982.4572
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/roman_0048-8593_1982_num_12_38_4572Michel B AUDE
Un théâtre populaire : le théâtre du Montparnasse d'après le journal
inédit de P.H. Azais
P.H. Azaïs, auteur notamment du traité des Compensations, est
un représentant caractéristique de l'esprit du système, esprit fort
répandu au début du XIXème siècle. "Tout expliquer, c'est tout unir",
avait-il coutume de dire. Persuadé qu'une seule force, l'expansion,
gouverne le monde, il proposait une explication unique de tous les
phénomènes. Ses idées esthétiques sont donc fortement imprégnées
de son système : l'oeuvre d'art doit se soumettre "aux lois de l'unité
et de l'équilibre" qui régissent l'univers et imiter "l'ordre universel" (1).
Mais dans le journal intime (2) du philosophe, si le théoricien
illuminé ne s'efface jamais totalement, une place importante est laissée
au petit bourgeois qui note ce qu'il a pu observer de la vie politique,
sociale et culturelle de son temps. Son témoignage est certes subjectif
et partial, il n'en est pas moins intéressant : Azais n'est pas un grand
écrivain ni un notable, ce n'est pas non plus un homme du peuple, son
regard est celui d'un intellectuel marginal. D'où sa valeur. Nous nous
attacherons à l'image qu'il nous donne, d'un petit théâtre, le théâtre
du Montparnasse, qu'il fréquente de 1821 à 1838 (3).
Le théâtre du Montparnasse (4) a été fondé en 1819 par Pierre-
Jacques Seveste (5), danseur et acteur, qui obtint (6), le 18 juin 1817,
(1) Explication universelle, tome H, Paris, chez l'auteur, 1826, p. 242.
(2) Ce journal, qu 'Azais a tenu du 31 décembre 1810 au 7 novembre 1844, est
conservé à la mairie de Sorèze (Tarn), ville où le philosophe vit le jour en 1766.
Nous indiquons, entre parenthèses, la date des notes prises par Azais. Nous respec
tons la graphie de l'original.
(3) Ce théâtre, "ancêtre" du théâtre Montparnasse actuel, a peu intéressé les spécial
istes, tant du XIXème siècle que du XXème siècle.
(4) Un premier théâtre de ce nom était situé, à la fin du XVIIIème siècle, boulevard
d'Enfer (futur boulevard Montparnasse). On n'en sait pas grand'chose.
(5) Pierre-Jacques Seveste (1773-1825), dit le Père pour le distinguer de ses fils qui
lui succéderont à sa mort. Fils d'un maître à danser, il fut, avant de fonder le
théâtre du Montparnasse, danseur dans les théâtres du boulevard et acteur au Vaud
eville.
(6) II était bien vu de la monarchie, notamment parce que, petit-fils d'un fossoyeur,
il put faciliter la découverte des restes de Louis XVI et de Marie-Antoinette, qui
furent ensevelis dans une chapelle expiatoire (voir A. Warnod, "L'Ancien théâtre
Montparnasse", dans Masques, Cahiers d'art dramatique, 20è Cahier, 1930, p. 13). Michel Baude 26
une sorte de privilège lui permettant de faire représenter autour de
Paris les pièces à succès peu de temps après leur retrait de l'affiche
des théâtres parisiens. Il fit donc construire un petit théâtre rue de la
Gaîté. Cette rue, située hors des barrières, d'allure champêtre, en 1819,
et bordée d'acacias, comportait des guinguettes où le ouvriers allaient
boire et danser le dimanche et le lundi (d'où son nom). Le quartier se
peuple peu à peu, mais la rue demeure fort boueuse. Azaïs, qui, faute
de moyens, se déplace à pied, raconte, comme si c'était une expédition,
les "bourbier" trajets qu'il (25 octobre effectue 1835). dans cette rue, qu'il qualifie de "cloaque" et de
Le théâtre était de petites dimensions et ne pouvait recevoir que
348 spectateurs (7). Les places n'y sont pas chères : 8 sous au parterre,
15 sous au pourtour (8). En effet, les acteurs, qui sont des débutants,
"ne coûtent pas cher [ . . . ] à l'entrepreneur", dit Azaïs (5 avril 1 834).
De plus, comme le souligne A. Warnod dans la monographie qu'il a
consacré au théâtre Montparnasse, ils sont "soumis à une dure disc
ipline" et "leur sort n' [est] guère enviable dans la galère à Seveste" (9).
Le public est populaire, il est composé en grande partie des habi
tués de la rue de la Gaîté. Le témoignage d'un contemporain nous
montre le caractère bon enfant des spectateurs et de leurs relations avec
les acteurs :
"Au milieu de la salle, éclairée par des quinquets, s'élevait un poêle sur lequel
les spectateurs faisaient réchauffer leur dîner et se réconfortaient entre deux
actes. Un des premiers abonnés se rappelle y avoir vu des familles apportant
leur soupière et y savourant patriarcalement la classique soupe aux choux.
De cet état de choses était résulté entre acteurs et spectateurs, un laisser
aller caractérisé par un abandon rempli de familiarité. On s'interpellait de la
rampe au parterre et réciproquement . . . (10)".
Cette atmosphère pittoresque subsista-t-elle ? Azaïs, qui ne fr
équente régulièrement le théâtre qu'à partir de 1827, n'y fait guère allu
sion. Le public, d'autre part, n'était pas exclusivement populaire : Azaïs
en est la preuve. Que nous apprend-il sur ce théâtre des barrières ?
Les spectacles sont longs. Parti de chez lui à 1 7 h. le 2 1 décembre
1833 (il habite passage Laurette, actuellement rue Joseph Bara, donc
non loin du boulevard Montparnasse), Azaïs n'est de retour qu'à minuit.
(7) De forme hexagonale extérieurement, il comportait une salle circulaire, avec
deux rangs de galeries (qui constituent le pourtour) et des loges. Voir Donnet,
Architectonographie des théâtres de Paris, 1827; cité par A. Warnod, ouvr. cit.,
p. 13.
(8) A.L. Saint-Romain {Coup d'oeil sur les théâtres du royaume, Paris, 1831) i
ndique les prix des Funambules : 8 sous au parterre, 15 sous pour les baignoires,
1 franc 50 pour les balcons et les loges grillées "pour la bonne société, car elle se
faufile partout" (p. 63).
(9) A. Warnod {ouvr. cit., p. 13) évoque les mémoires de Laferrère qui fit ses débuts
au théâtre du Montparnasse et en parle "sans indulgence".
(10) Témoignage d'un médecin, cité par A. Warnod, ouvr. cit., p. 15. théâtre populaire 2 7 Un
En effet, et c'était la coutume de l'époque, l'on jouait plusieurs pièces :
parfois quatre, trois la plupart du temps. Par exemple, Antony, drame
d'A. Dumas, est "encadré" par deux petites pièces comiques, Un pont
neuf et Le roi de Prusse et un comédien (2 novembre 1833) (11).
Certaines pièces d'ailleurs pouvaient ne pas être représentées intégral
ement : on se contente, le 14 mars 1835, de deux actes deLatude, mélo
drame en trois actes de Pixérécourt.
Conformément au privilège de 1817, on reprend des pièces jouées
auparavant Variétés" Le à Paris Duel : et ainsi le Déjeuner Azaîs avait (11 "déjà décembre vu il y a 1829) quelques (12). années Mais aux les
clauses du privilège sont loin d'être toujours respectées. Le répertoire
semble comporter des créations (13). De plus on joue souvent des
"pièces nouvelles" : "on choisit, dit Azaïs, celles qui sur les petits
théâtres de Paris ont du succès (9 janvier 1834) (14) .Le soldat labou
reur "en ce moment fait courir tout Paris au théâtres des Variétés"
Saint-Martin" (4 octobre 1821), (27 La septembre Chambre 1833) ardente (15). "fait Il courir est difficile tout Paris de à la préciser Porte
combien de jours, en moyenne, tient une pièce. La comédie-vaudeville
Pourquoi ? (16) est vue par Azaïs en août, puis en octobre 1833. Mais
si une pièce reste à l'affiche plusieurs jours, les deux autres pièces du
programme peuvent être diffé

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