Une partie intégrante de la sociolinguistique : l Analyse de Discours - article ; n°1 ; vol.6, pg 3-26
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Une partie intégrante de la sociolinguistique : l'Analyse de Discours - article ; n°1 ; vol.6, pg 3-26

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Description

Langage et société - Année 1978 - Volume 6 - Numéro 1 - Pages 3-26
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1978
Nombre de lectures 25
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Pierre Achard
Une partie intégrante de la sociolinguistique : l'Analyse de
Discours
In: Langage et société, n°6, 1978. Décembre 1978. pp. 3-26.
Citer ce document / Cite this document :
Achard Pierre. Une partie intégrante de la sociolinguistique : l'Analyse de Discours. In: Langage et société, n°6, 1978.
Décembre 1978. pp. 3-26.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lsoc_0181-4095_1978_num_6_1_1088partie intégrante de la sociolinguistique: Une
L 'ANALYSE DE DISCOURS
Pierre ACHARD
Maison d es
Sciences de l'Homme
PA RIS
Texte présenté lors de la session publique du groupe "Champ,
buts et méthodes de la sociolinguistique11 Research Committee on Sociolin-
guistics - Neuvième congrès mondial de sociologie - Uppsala - Suède -
14-19 août 1978.
A mon avis la notion de langue n 'est pas une question linguis
tique .
... Qu'est-ce qu'une langue ? On dit par plaisanterie qu'une
langue, c'est ce qui a une armée et une marine. Ce n'est pas un
concept linguistique. Quant aux autres questions de sociolin
guistique, je crois qu'il est juste de se demander si elles ont
été posées d'une manière permettant des réponses de profondeur
quelconque, pour les raisons dont nous avons déjà parlé.
Noam CHOMSKY (dialogues avec
Mitsou RONAT p. 195-196) - - 4
Dans un texte présente lors du précédent congrès à Toronto en
1974, Lluis V. ARACIL déplorait à juste titre que les pratiques de recherche
sociolinguistiques se satisfassent de leur diversité, et il proposait comme
objet commun l'étude de l'usage (ou utilisation) du langage. Il nous deman
dait de nous montrer à la hauteur de notre tâche et de montrer que nous
étions capables de prendre au sérieux projet scientifique et social.
C'est parce que je pense que cet appel doit être entendu qu'il me paraît
indispensable de proposer un cadre conceptuel commun a la théorie de l'usage
(utilisation), cadre dont il serait vain de se demander s'il appartient au
domaine linguistique ou au domaine sociologique. La théorie du discours me
paraît pouvoir offrir ce cadre unificateur.
Je ne m'étendrai pas sur l'attitude des différents auteurs concer
nant ce qu'est ou ce que devrait être la sociolinguistique , ou 1 'ethnolinguis-
tique, ou la sociologie du langage. Non pas que ces références soient inexis
tantes ou inintéressantes; au cours du texte, j'y ferai appel et il n'est
pas question de croire que nos propos viennent d'une quelconque étoile loin
taine d'où tomberait une vérité intemporelle. Mais l'urgence n'est pas de
sacrifier à une exigence universitäre, mais de donner la priorité à une
réflexion sur les faits (avec toutes les réserves qu'on peut soulever quant
à la notion de fait) plutôt qu'à l'exégèse des bons auteurs.
Enoncé et éconciation
La théorie du discours s'occupe de l'usage du langage en tant qu'il
est toujours une utilisation spécifiée par ses conditions. En matière de dis
cours, il faut toujours d'emblée distinguer entre l'énoncé et 1 'énonciation.
Cette distinction est bien une distinction concernant l'utilisation du langage,
puisque rien, extérieurement, ne distingue un énoncé et une énonciation. Il
n'existe en effet ni énoncé sans énonciation, ni énonciation sans énoncé.
C'est l'analyste qui, par rapport à un "énoncé énoncé", va mettre en oeuvre
une procédure de séparation qui renvoie l'un à l'autre, une matérialité gra
phique ou phonique autonome et (imaginairement) déplaçable d'une part et de
l'autre les conditions contextuelles, temporelles, linguistiques, sociales
qui font de cette matérialité autonome un fait de langage, une occurrence
signifiante. Il n'y a pas lieu de confondre, ceci étant, l'activité signi
fiante du sujet parlant, lisant ou entendant (compréhension) e*". l'activité
d'analyse que le (socio)linguiste exerce : la compréhension est une mise en
suspens de l'analyse qui laisse jouer spontanément des mécanismes que l'ana
lyse peut dégager. Alors qu'au contraire l'analyse, qui suppose la compréhen
sion, nécessite en outre une attitude négative par rapport à celle-ci et une
remise en question du "pourquoi ?" de cette compréhension. Autrement dit,
si l'analyse du discours peut avoir l'ambition légitime de rendre compte de
l'effet d'une énonciation (son sens), cet effet prend place, lui, immédiate
ment et l'explication analytique de cet ne doit pas être confondu avec
l'effet lui-même.
Par la mise en place d'un point de vue sur 1' ënonciation, l'ana
lyse de discours met en question les problématiques aussi bien que de la lin
guistique que de la sociologie. En effet, l'analyse de discours entre dans
son objet par le biais de ces points-charnière que les linguistiques appel- - - 5
lent embrayeurs et qui ont pour fonction d'assurer l'articulation entre les
mécanismes linguistiques et la situation d' énonciation. Si le projet d'ana
lyse de discours a un sens, on ne peut se contenter d'emprunter la sociologie
spontanée des linguistes ni la linguistique spontanée des sociologues.
Les embrayeurs
R. Jakobson a introduit en linguistique le concept d'embrayeur,
mais a tenté de réduire le problème à une simple réflexivité du schéma de
la communication. Ce faisant, il limitait considérablement la portée de
l'objet qu'il venait de désigner. Garder le mot ne veut pas dire pour moi
souscrire à cette analyse.
Le point de vue le plus pertinent reste, comme c'est presque tou
jours le cas en matière d'analyse de discours, celui d'Emile BENVENISTE. Il
est actuellement repris et formalisé dans les travaux d'Antoine CULIOLI et
de son école. Ma présentation du problème se situe à l'intérieur de ce cou
rant de pensée.
Dans cette optique, tout discours (et ceci comme fait de langage,
indépendamment du filtrage qu'exerce chaque langue et chaque situation dis
cursive particulière) comporte deux places ënonciatives : la place d'énoncia-
teur et la place d'énonciataire, auxquelles la grammaire scolaire se réfère
comme première et seconde personne. Ces deux places existent dans le langa
ge, comme points d'ancrage de 1 'énonciation. Il ne faut pas confondre ces
places et leur représentant dans 1 ' énonciation, qui sont "je" et "tu" en
français, du moins en fonction sujet. En effet "je" ou "tu" ne renvoient
pas directement et inconditionnellement aux places du discours dans lesquels
ils apparaissent : en français il apparaît un calcul qui serait différent
dans d'autres langues et qui dépend de l'apparition de déïctiques. Ainsi l'énoncé :
"tu me dis <£ tu viens» " le second "tu" renvoie à "je" parce
qu'il est subordonné à un "tu", sujet d'un verbe déïctique, par une juxta
position appelée (en grammaire scolaire) "style direct".
La "troisième" personne, représentée par "il" est, en fait, une
non-personne (E. Benveniste) en ce sens qu'elle renvoie hors de la situation
énonciative au sens strict. Les deux "premières personnes" appartiennent
de plein droit à 1' énonciation, la "troisième" n'entre pas dans son champ,
en est exclue.
Il est important, à ce stade, d'introduire une distinction radi
cale entre ces places (ênonciateur , énonciataire) définies de plein droit
par l'existence même du discours et les places correspondantes au niveau
de l'extérieur du discours : locuteur et allocutaire. Cette observation
conduit à introduire la notion de prise en charge. Ainsi, lorsque racon
tant à un collègue mon trajet difficile dans un métro parisien, je lui dis :
"Quand t'es coincé contre la barre, tu peux même pas lire ton journal",
je ne veux pas dire par là que lui est coincé contre la barre, ni qu'il a
envie de lire un journal. Il y a, en fait, opération de distanciation,
oeuvre du locuteur, qui se rejette lui-même (locuteur) à la place de
1 'énonciataire . Cette opération n'est pas une opérateur de bascule. L'effet
de généralisation obtenu (que la grammaire scolaire explique

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