Valeurs symboliques de l alimentation chez les Dogon - article ; n°1 ; vol.66, pg 81-104
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Valeurs symboliques de l'alimentation chez les Dogon - article ; n°1 ; vol.66, pg 81-104

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Description

Journal des africanistes - Année 1996 - Volume 66 - Numéro 1 - Pages 81-104
Cet article rappelle les principales données d'une enquête déjà ancienne sur l'alimentation dogon (ressources alimentaires, cuisine, classification des aliments) en les comparant avec quelques observations récentes qui prouvent que les choses ont peu changé depuis les années cinquante. Ces données, complétées d'une étude lexicale sur les notions de manger et boire et sur les saveurs, sont mises en parallèle avec les grandes préoccupations culturelles des Dogon (la personne, la parole, la fécondité) afin de mettre en lumière la vision symbolique des éléments du monde naturel qui interviennent dans l'alimentation. Quelques exemples tirés de l'étude des contes mentionnant des nourritures montrent que cette vision symbolique s'y reflète très fidèlement.
This article draws on data from a study undertaken many years ago on Dogon food sources, cooking practices and classification of foods. Comparison with recent observations confirms that little has changed since the fifties. These data, complemented by a study of the words used to refer to eating, drinking and distinguishing between tastes, are correlated with the great cultural preoccupations of the Dogon (the person, speech, fecundity) in order to shed light on the symbolic role played by natural substances in food traditions. This symbolic role is faithfully reflected in Dogon folktales referring to food, from which examples are selected.
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1996
Nombre de lectures 52
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Geneviève Calame-Griaule
Valeurs symboliques de l'alimentation chez les Dogon
In: Journal des africanistes. 1996, tome 66 fascicule 1-2. pp. 81-104.
Résumé
Cet article rappelle les principales données d'une enquête déjà ancienne sur l'alimentation dogon (ressources alimentaires,
cuisine, classification des aliments) en les comparant avec quelques observations récentes qui prouvent que les choses ont peu
changé depuis les années cinquante. Ces données, complétées d'une étude lexicale sur les notions de "manger" et "boire" et sur
les saveurs, sont mises en parallèle avec les grandes préoccupations culturelles des Dogon (la personne, la parole, la fécondité)
afin de mettre en lumière la vision symbolique des éléments du monde naturel qui interviennent dans l'alimentation. Quelques
exemples tirés de l'étude des contes mentionnant des nourritures montrent que cette vision symbolique s'y reflète très
fidèlement.
Abstract
This article draws on data from a study undertaken many years ago on Dogon food sources, cooking practices and classification
of foods. Comparison with recent observations confirms that little has changed since the fifties. These data, complemented by a
study of the words used to refer to eating, drinking and distinguishing between tastes, are correlated with the great cultural
preoccupations of the Dogon (the person, speech, fecundity) in order to shed light on the symbolic role played by natural
substances in food traditions. This symbolic role is faithfully reflected in Dogon folktales referring to food, from which examples
are selected.
Citer ce document / Cite this document :
Calame-Griaule Geneviève. Valeurs symboliques de l'alimentation chez les Dogon. In: Journal des africanistes. 1996, tome 66
fascicule 1-2. pp. 81-104.
doi : 10.3406/jafr.1996.1096
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jafr_0399-0346_1996_num_66_1_1096CALAME-GRIAULE*
Geneviève
Valeurs symboliques de
l'alimentation chez les Dogon
Résumé
Cet article rappelle les principales données d'une enquête déjà ancienne sur
l'alimentation dogon (ressources alimentaires, cuisine, classification des aliments) en
les comparant avec quelques observations récentes qui prouvent que les choses ont peu
changé depuis les années cinquante. Ces données, complétées d'une étude lexicale sur
les notions de "manger" et "boire" et sur les saveurs, sont mises en parallèle avec les
grandes préoccupations culturelles des Dogon (la personne, la parole, la fécondité)
afin de mettre en lumière la vision symbolique des éléments du monde naturel qui
interviennent dans l'alimentation. Quelques exemples tirés de l'étude des contes
mentionnant des nourritures montrent que cette vision symbolique s'y reflète très
fidèlement.
Mots-clefs
Alimentation, Dogon, Mali, classifications, symbolisme, fécondité, contes.
Abstract
This article draws on data from a study undertaken many years ago on Dogon
food sources, cooking practices and classification of foods. Comparison with recent
observations confirms that little has changed since the fifties. These data,
complemented by a study of the words used to refer to eating, drinking and
distinguishing between tastes, are correlated with the great cultural preoccupations of
the Dogon (the person, speech, fecundity) in order to shed light on the symbolic role
played by natural substances in food traditions. This symbolic role is faithfully
reflected in Dogon folktales referring to food, from which examples are selected.
Keywords
Food traditions, Dogon, Mali, classification, symbolism, fecundity, folktales.
* Llacan, umr 158 du CNRS, 4ter route des Gardes, 92180 Meudon
Journal des africanistes 66 (1-2) : 81-104 82 Geneviève Calame-Griaule
Les premières informations sur l'alimentation dogon concernent la région
de Sanga et figurent dans l'ouvrage de Denise Paulme (1940 : 333-337) :
inventaire rapide des éléments de base de la nourriture et indications sur la
consommation familiale (données reprises dans Palau-Marti, 1957). La seule
étude systématique sur cette question a été publiée vingt ans après et concerne la
même région (Dieterlen et Calame-Griaule, 1960). Il s'agit donc d'une recherche
déjà ancienne. Dans quelle mesure est-il intéressant de reprendre ces données
aujourd'hui alors qu'aucune nouvelle enquête systématique n'a été faite ?
Il nous a semblé qu'à l'occasion du dossier "Alimentation" publié dans ce
numéro du Journal des africanistes, on pouvait faire le point sur l'alimentation
dogon en rappelant l'essentiel de ces données anciennes et en les comparant avec
quelques observations faites par des chercheurs d'une nouvelle génération ayant
travaillé récemment chez les Dogon, afin de voir s'il y a eu évolution ou non.
Parmi les ouvrages récents, celui de Jacky Bouju (1984) présente une
analyse documentée de la production économique des Dogon Karambe de la
région de Bandiagara, mais ne donne aucune indication sur la manière dont sont
préparés et consommés les produits alimentaires. La thèse d'Eric Jolly (1995),
consacrée à la bière de mil, donne une description très complète de la fabrication
des différentes sortes de bière et des circonstances de leur consommation. Le
contexte économique est bien décrit et on trouve des indications très précises sur
la production agricole et maraîchère de la région de Konsogu dojiu. Il y est fait
mention des produits de consommation fabriqués et commercialisés par les
femmes (p. 149). Quant à la thèse, soutenue également en 1995 par un chercheur
dogon, Denis Douyon, sur Le discours marju chez les Dogon (Iréli), elle aborde
le problème de la cuisine du point de vue de l'institution de l'"alliance
cathartique" et s'attache surtout, dans un chapitre intitulé "Renforcement des
liens de parenté par le marju" (pp.3 18-332) à montrer la permanence du rôle de
la femme comme cuisinière, question qui sera abordée plus loin.
Ces différentes observations semblent prouver que la composition des repas
et leur préparation (compte tenu d'éventuelles variantes régionales) ont peu
changé depuis l'époque des premières recherches, ce qui semble d'ailleurs
logique puisque les produits de base sont toujours les mêmes. "Au niveau
familial, écrit Eric Jolly (p.205), le repas de base est le 'gâteau' de mil bouilli,
concurrencé en plaine et pendant la saison des pluies par la bouillie de mil". A ce
gâteau de mil, il faut évidemment ajouter le complément indispensable qui en
relève la fadeur : la sauce, généralement très épicée. En ce qui concerne les
condiments, qui sont (comme autrefois) achetés par la femme, il en donne une
liste (p.276) ; dans les "nouveautés", on trouve le fameux cube Maggi. Des
indications sont données p.295 sur les plats et la consommation familiale. Il cite
les plats consistants (pa, terme équivalent à notre já et qu'il traduit par
"gâteau") : "gâteau de mil avec potasse", "gâteau de mil sans potasse" (nous
Journal des africanistes 66 (1-2) : 81-104 Alimentation chez les dogon 83
avions déjà rencontré cette distinction à Sanga en 1960), "plat de fonio et
haricot", "plat de riz". Il cite aussi les bouillies liquides (puni, cf. notre ршш),
moins nourrissantes, aliment "préparé à la hâte ou en grande quantité lorsque la
cuisinière est pressée par le temps ou lorsqu'elle doit sustenter de nombreuses
personnes". A la nourriture consommée dans l'intimité des maisons, il oppose la
bière, qui n'est pas une "nourriture de subsistance" et est bue publiquement et
collectivement.
La permanence de la cuisine dogon nous a été également confirmée par
Nadine Wanono, qui travaille depuis des années sur le monde féminin. Selon
elle, le changement irait plutôt dans le sens de la diminution de la quantité de
certaines céréales comme le fonio et le riz, en fonction d'abord des conditions
climatiques, mais aussi pour des raisons économiques : le fauchage et le battage
du fonio, en particulier, requièrent de grandes quantités de mil pour les repas
obligatoirement offerts aux travailleurs, et il devient difficile d'en disposer en
quantités suffisantes.
Un fait remarquable qu'on peut inscrire au chapitre des changements est le
grand développement

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