Vers une nouvelle théorie de la personnalité - article ; n°1 ; vol.54, pg 123-137
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Description

L'année psychologique - Année 1954 - Volume 54 - Numéro 1 - Pages 123-137
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1954
Nombre de lectures 26
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

G. de Montmollin
Vers une nouvelle théorie de la personnalité
In: L'année psychologique. 1954 vol. 54, n°1. pp. 123-137.
Citer ce document / Cite this document :
de Montmollin G. Vers une nouvelle théorie de la personnalité. In: L'année psychologique. 1954 vol. 54, n°1. pp. 123-137.
doi : 10.3406/psy.1954.30164
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1954_num_54_1_30164VERS UNE NOUVELLE THÉORIE DE LA PERSONNALITÉ ?
par Germaine de Montmollin
Un certain nombre d'auteurs, venus des divers horizons de la psychol
ogie, et qui ont depuis quelques années redonné intérêt et mouvement
aux recherches concernant la personnalité, se sont proposé de définir les
exigences et les grandes lignes d'une théorie de la personnalité. Le temps
de la synthèse est venu pour tout un ensemble de recherches empiriques
qui doivent maintenant déboucher sur une théorie de la personnalité ;
cependant, en aucune façon cette théorie ne doit se conformer au modèle
des explications existant actuellement en psychologie, à qui on peut
justement reprocher leur atomisme fonctionnel : la personnalité est, en
effet, un schéma unitaire de comportements, qui ne peuvent pas être
séparés opérationnellement comme la perception ou l'apprentissage.
Pour des raisons méthodologiques, on a conçu jusqu'alors des théories
en « petits paquets », comme si la personne était constituée de sous-
systèmes variés : penser, percevoir, apprendre... avec leurs lois parti
culières et leurs théoriciens particuliers : behavioristes, gestaltistes,
associationnistes, fonctionnalistes. Les « spécialistes » de la personnalité
n'ont pas résolu le problème essentiel : ils ont bien mis l'accent sur le
« style » particulier de chaque individu, mais en reprenant les rubriques
courantes, ils n'ont fait qu'ajouter un sous-système particulier, qui
présente la contradiction interne d'être le « de l'homme
total ». L'exigence de synthèse et d'unification des concepts qui se manif
este actuellement, apparaissait déjà dans la conception plus fonction-
naliste des « traits » de personnalité ; ceux-ci, considérés comme des ten
dances, des dispositions qui influenceraient les comportements cognitifs,
perceptifs, conatifs, demeurent néanmoins descriptifs, loin d'apparaître
comme l'explication de ces spécificités fonctionnelles qui sont en relation
systématique avec l'ensemble du comportement ; improductive du point
de vue de l'explication, la conception des traits introduit, en outre, des
pseudoproblèmes comme celui de l'influence de la personnalité sur les
fonctions de motivation ou de connaissance, dont le caractère séparatiste
et atomiste est évident. Un changement d'orientation est nécessaire :
la personnalité doit être conçue non comme une zone indépendante avec
sa structure propre et rigoureusement autonome, mais comme réellement
impliquée dans les données de tous les domaines de comportement de la
personne : cette orientation théorique devra se refléter dans de nouvelles 124 REVUES CRITIQUES
perspectives expérimentales. Une théorie adéquate de la personnalité
doit être une théorie du comportement total et toutes les théories du
comportement doivent être des théories de la personnalité : il s'agit de
rechercher les principes plus généraux de régulation qui déterminent les
réponses d'une personne et rendent compte des différences individuelles
parmi les hommes.
Or, quelles conceptions théoriques ont, jusqu'ici, figuré au chapitre
de la personnalité ? L'étude inductive de la personnalité qui consiste à
établir des corrélations entre différents traits, ce qui fait apparaître
certaines organisations stables dans une personne, a été illustrée par le
schéma de Witkin : les différences individuelles stables qui apparaissent
dans des comportements simples et qui se retrouvent dans des réponses
adaptatives à des problèmes ou à des situations différentes, peuvent
être considérées comme engendrées par des traits centraux, et comme
des manifestations génotypiques de lois plus générales de personnalité ;
mais les corrélations qui établissent l'existence de certaines constantes
internes, tout en démontrant l'urgente nécessité d'une théorie, ne la font
pas avancer, parce qu'elles-mêmes ont besoin d'être expliquées et qu'elles
reposent le plus souvent sur des concepts cliniques périmés. L'approche
inter actionniste, tout en maintenant la séparation entre les processus de
l'apprentissage, de la perception, du sentiment, a postulé cependant leur
étroite interaction, comme origine du dynamisme de la personne : mais
elle n'est pas parvenue à en définir la nature, les conditions ni les compos
antes, et elle n'apporte aucune lumière sur les différences individuelles.
Reprenant les termes d'une définition behavioriste de la personnalité,
mais en s'opposant au schéma sursimplifié du behaviorisme classique,
d'autres psychologues ont distingué entre des facteurs autochtones qui
seraient en coordination avec le stimulus objectif et des facteurs de
comportement qui seraient en coordination avec la personnalité. Outre
les défauts déjà reconnus aux autres méthodes, cette approche repose sur
une séparation confuse entre stimuli internes et stimuli externes ; un
stimulus ne deviendrait agissant qu'en s'intégrant à la condition stimu
lante interne : un stimulus peut parfois jouer et quelquefois ne pas jouer,
selon qu'agissent les processus de contrôle interne du sujet. Ce serait là
l'importante contribution critique de la psychologie psychanalytique ou
projective ; après celle-ci, il devient impossible d'établir des lois générales
de la personnalité individuelle en termes de stimuli objectifs : le sujet est
poussé à répondre, non pas par la force contraignante propre au stimulus,
mais par celle du système répondant total ; et ce changement de pers
pective amène à focaliser les lois du comportement sur les conditions
du contrôle interne ; la signification d'un stimulus est dans la réponse à ce
stimulus. Mais peut-on définir psychologiquement un stimulus, comme
l'exigerait cette conception, c'est-à-dire donner la signification qu'il a
pour le sujet ? Il n'y a, semble-t-il, qu'une seule façon d'aborder le pro
blème de la définition du stimulus : en restreindre soigneusement la
signification à son sens original de stimulus objectif, défini physiquement. DE MONTMOLL1N. THEORIE DE LA PERSONNALITÉ 125 G.
La distinction entre facteurs autochtones et facteurs personnels n'est pas,
elle non plus, exempte de confusion ; elle rappelle la séparation artifi
cielle en « fonctionnel » et en « organique », comme s'il existait d'une part
des déterminants somatiques et d'autre part des déterminants purement
psychiques sans base neurologique ou organique.
Ces trois méthodes d'étude de la personnalité démontrent ainsi l'in
adéquation des théories antérieures qui posent la personne comme un objet
séparé, mais elles échouent également à concevoir une théorie unitaire,
parce qu'elles appliquent aux problèmes soulevés des formes anciennes,
et n'aboutissent qu'à des solutions partielles, non contraignantes.
A quelles exigences psychologiques et logiques doit donc obéir une
théorie de la personnalité ? Elle doit être une théorie unitaire, pour
rendre compte du comportement réel et explicative pour être science du
comportement.
Le comportement concret d'une personne est en effet, à la fois unique
et total ; les différentes réponses aux situations doivent être considérées
dans une perspective axiomatique : tout le comportement doit toujours
être situé dans le contexte du système total ; tout processus est adaptatif,
chaque comportement sert un dessein d'ensemble. Le « pourquoi »,
question fondamentale de la science psychologique moderne, doit être
résolu conjointement au « quoi » et au « comment » ; si l'un des termes
manque, on perd la réalité d'ensemble ou la qualité explicative ; on peut
éclairer cette double exigence par les faits : les processus psychanalyt
iques classi

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