Vieillissement de la population, besoins et niveau de vie des personnes âgées - article ; n°1 ; vol.7, pg 27-48
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Population - Année 1952 - Volume 7 - Numéro 1 - Pages 27-48
Le vieillissement de la population et le processus d'urbanisation sont intervenus conjointement pour poser, avec une particulière acuité, le problème de la satisfaction des besoins et des aspirations des personnes âgées. Le niveau de vie des vieillards est, en fait, dans tous les pays, nettement inférieur à celui des adultes, en raison de l'insuffisance des retraites, en raison aussi de la difficulté de plus en plus grande de trouver, dans une activité professionnelle adaptée, des ressources suffisantes. Tous les problèmes économiques, sociaux et culturels doivent être repensés en fonction du vieillissement de la population et de l'urbanisation, de manière que chaque homme puisse, quel que soit son âge, accomplir sa destinée et vivre pleinement jusqu'à la fin de son existence.
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1952
Nombre de lectures 16
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean Daric
Vieillissement de la population, besoins et niveau de vie des
personnes âgées
In: Population, 7e année, n°1, 1952 pp. 27-48.
Résumé
Le vieillissement de la population et le processus d'urbanisation sont intervenus conjointement pour poser, avec une particulière
acuité, le problème de la satisfaction des besoins et des aspirations des personnes âgées. Le niveau de vie des vieillards est, en
fait, dans tous les pays, nettement inférieur à celui des adultes, en raison de l'insuffisance des retraites, en raison aussi de la
difficulté de plus en plus grande de trouver, dans une activité professionnelle adaptée, des ressources suffisantes. Tous les
problèmes économiques, sociaux et culturels doivent être repensés en fonction du vieillissement de la population et de
l'urbanisation, de manière que chaque homme puisse, quel que soit son âge, accomplir sa destinée et vivre pleinement jusqu'à la
fin de son existence.
Citer ce document / Cite this document :
Daric Jean. Vieillissement de la population, besoins et niveau de vie des personnes âgées. In: Population, 7e année, n°1, 1952
pp. 27-48.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pop_0032-4663_1952_num_7_1_18553VIEILLISSEMENT
DE LA POPULATION,
BESOINS ET NIVEAU DE VIE
DES PERSONNES ÂGÉES
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et culturels doivent être repensés en fonction du vieilliss
ement de la population et de l'urbanisation, de manière que
chaque homme puisse, quel que soit son âge, accomplir sa
destinée et vivre pleinement jusqu'à la fin de son existence.
I. Actualité des problèmes posés
PAR LE VIEILLISSEMENT DE LA POPULATION
Longtemps méconnu, sinon même discerné* le phénomène
démographique fondamental qu'est le vieillissement de la
population — c'est-à-dire l'accroissement . constant de la
proportion des vieillards — a suscité, au cours des dernières
années, dans les pays de civilisation occidentale, des études de
plus en plus nombreuses et diverses.
La « révolution démographique », c'est-à-dire la baisse de la
fécondité (moins de jeunes) et la baisse de la mortalité parmi les
adultes et les vieillards (plus de vieux) a provoqué, avec une par
ticulière intensité, cette accumulation de la population aux âges
élevés. La France est, démographiquement, le pays le plus « vieilli »
du monde. D'autres pays, considérés longtemps comme «jeunes», 28 VIEILLISSEMENT DE LA POPULATION,
et singulièrement les Etats-Unis, ont vu s'ajouter à la baisse de la
fécondité et de la mortalité, l'arrêt de l'immigration qui constitua
longtemps, non seulement un facteur d'accroissement, mais aussi
de rajeunissement de la population.
Faut-il rappeler quelques chiffres? La proportion des personnes
âgées de 65 ans et plus était la suivante, au début du siècle et
vers 1950 :
Vers li)OO vers 1030
o/ /o France 8,4 11,4 o,
Grande-Bretagne 0,3 9,2
Allemagne 4,9 9,2
Klats-Lnis 4,0 7,9
Ajoutons que tous les calculs prévisionnels vont dans le sens
d'une accentuation du vieillissement de la population. On estime
en France que, compte tenu des tendances actuelles de la natalité
et de la mortalité, la proportion des personnes âgées de 65 ans et
plus, atteindra, dans les vingt années à \enir, un taux compris
entre 13 et 14 %.
On pourrait s'étonner de cette prise de conscience tardive, d'un
phénomène déjà ancien et, au surplus, facilement mesurable.
Comme il arrive souvent, la perception des retentissements du a précédé la connaissance précise du phénomène lui-
même. Il aura fallu la pression des faits : l'augmentation cons
tante de la proportion des vieillards et l'accroissement de la charge
qui en résulte pour la population adulte; il aura fallu qu'inter
viennent simultanément de profondes modifications dans les cou
rants économiques, sociaux, politiques, pour que les problèmes de
la satisfaction des besoins des vieillards — et pas seulement des
besoins strictement matériels — s'imposent à l'attention.
Le passage constant, dans les pays de civilisation occidentale,
d'une société à dominante agricole vers une société de type urbain
et industriel et les bouleversements qu'apportaient de telles trans
formations dans la structure économique et sociale de ces popul
ations, devaient poser les problèmes du vieillissement en termes
plus pressants encore. C'est qu'en effet le vieillard trouve beaucoup
mieux sa place au sein de la famille rurale traditionnelle, à la fois
unité de production et de consommation des biens de subsistance
et cellule sociale organique, que dans la famille urbaine. Pour le
vieillard à la campagne, les besoins vitaux (nourriture, logement)
peuvent être satisfaits sans trop de difficulté. Il peut trouver, éga
lement, des tâches en rapport avec ses possibilités. De même, le
caractère communautaire de la vie familiale, en milieu rural, répond
à ses besoins psychologiques et sociologiques. Là, l'âge confère, le
plus souvent, un prestige et une autorité qu'on ne retrouve pas
dans la civilisation industrielle. En bref, il n'y a pas, en général, А
BESOINS ET NIVEAU DE VIE DES PERSONNES ÂGÉES 29
à la campagne, de solution de continuité dans la vie des hommes.
Les transformations y sont lentes, les besoins nés du progrès tech
nique réduits. Le vieillard peut s'y intégrer, avec le minimum de
heurts, jusqu'à la fin de son existence.
Tout cela s'oppose au caractère individuel de la vie urbaine où
la famille du type « conjugal » — c'est-à-dire réduite au couple et
aux enfants non mariés de ce couple — offre peu de recours pour
les personnes âgées. La satisfaction de leurs besoins élémentaires
(nourriture, logement, habillement) est très coûteuse. Le processus
d'industrialisation, avec tout ce qu'il comporte de tyrannique, rend
particulièrement malaisé la prolongation de l'activité professionn
elle. Les possibilités d'emploi dépendent non seulement de l'âge,
mais aussi des vicissitudes économiques. Le vieillard des villes, sensible à cette véritable crise de cessation bru
tale d'activité, la ressent d'autant plus sévèrement, sur le plan
matériel, que la vie urbaine et le progrès technique ont fait naître
des besoins nouveaux. Il la ressent durement aussi sur le plan
psychologique en raison de la compétition entre jeunes et vieux à
laquelle conduit la civilisation industrielle, en raison aussi des
modifications rapides dans les modes de vivre et de penser. Modif
ications dans la structure familiale, organisation économique et
méthodes de production, urbanisation, accroissement constant du
rythme de vie, individualisme, conflits de générations, etc., tout
cela va dans le sens du rejet du vieillard hors de la société (1).
En résumé, l'acuité des problèmes de la vieillesse tient non
seulement à l'augmentation constante de la proportion des vieil
lards, mais aussi au processus continu d'urbanisation (2).
De ce fait, le vieillissement de la population, ses causes et ses
conséquences, attirent l'attention d'un nombre accru de chercheurs,
appartenant aux disciplines les plus diverses : démographes, médec
ins, économistes, psychologues, sociologues, spécialistes de la
sécurité sociale, etc. Il est très significatif aussi de constater que
les travaux consacrés aux problèmes de la vieillesse, bien que très
hétérogènes quant à leur nature, tendent à se grouper sous un
même vocable, encore peu répandu en France : la gérontologie (du
grec gérôn : vieillard). Ce n'est qu'à une date récente qu'il fut
étendu du domaine biologique à tous les travaux centrés sur les
problèmes de la vieillesse sous l'aspect démographique, 

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