Vingt annés de contraception en France: 1968-1988 - article ; n°4 ; vol.46, pg 777-811
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Vingt annés de contraception en France: 1968-1988 - article ; n°4 ; vol.46, pg 777-811

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Population - Année 1991 - Volume 46 - Numéro 4 - Pages 777-811
Toulemon (Laurent) et Leridon (Henri). - Vingt années de contraception en France : 1968-1988 Vingt ans après la légalisation de la contraception, les méthodes médicales sont largement diffusées en France : la moitié des femmes qui pratiquent la contraception utilisent la pilule, et un quart le stérilet ; peu de femmes se font stériliser. Une enquête réalisée par l'INED en 1988 auprès de femmes nées entre 1938 et 1969 permet de prendre la mesure des bouleversements qui ont eu Heu dans les deux dernières décennies. Aujourd'hui, près de la moitié des femmes emploient la pilule lors de leur premier rapport sexuel, et plus de 90 % des femmes de trente ans l'ont déjà utilisée. L'accès à la contraception médicale est de plus en plus précoce. En 1987, 45 % des femmes qui ont leur premier rapport sexuel prennent la pilule. En l'absence d'un bouleversement du « marché contraceptif» en France, les femmes utiliseront de plus en plus souvent et de plus en plus longtemps le stérilet (60 % des femmes nées vers 1965 pourraient y avoir recours, durant 14 ans en moyenne), tandis que la durée totale d'utilisation de la pilule ne devrait pas dépasser 1 1 ans. Les méthodes non médicales seront toujours utilisées, mais pour des durées de plus en plus courtes.
Toulemon (Laurent) and Leridon (Henri). - Twenty Years of Birth Control in France : 1968-1988 Twenty years after birth control became legal in France, medical methods are quite commonly used. Half the women who use these methods use oral contraception, and one- quarter use the IUD; very few women have been sterilized. A survey carried out by INED in 1988 among women born between 1938 and 1969 has shed light on the radical changes that have occurred during the last 20 years. To-day, almost half the women use the pill at the time when they have their first sexual relationship, and more than 90 per cent of women aged 30 and over have used it at some time. Women have access to contraception at younger and younger ages. In 1987, 45 per cent of women were already using oral contraceptives at the time of their first sexual relationship. Unless there are radical changes in the « birth control market » in France, women will increasingly use the IUD, and for longer periods. 60 per cent of women born around 1965 may use it for an average of 14 years, whereas the average length of use of oral contraceptives is 1 1 years. Non-medical methods of contraception continue to be used, but for shorter and shorter periods.
Toulemon (Laurent) and Leridon (Henri). - Veinte anos de contracepción en Francia : 1968-1988 Veinte aňos después de la legalización de la contracepción, los métodos médicales estan ampliamente difundidos en Francia : la m i tad de las mujeres que practican la contracepción utilizan la píldora y una cuarta parte el esterilete ; pocas mujeres se hacen esterili- zar. Una encuesta realizada por el INED. En 1988, dirigida a las mujeres nacidas entre 1938 y 1969, permite medir los cambios que se produjeron en los dos últimos decenios. Actual- mente, cerca de la mitad de las mujeres utilizan la pfldora en el momento de su primera re- lación sexuale y más del 90% de mujeres de 30 aňos yá la utilizaron. El acceso a la contracepción médica es cada vez más precoz. En 1987, 45 % de mujeres que tienen su primera relación sexual toman la píldora. En ausencia de un cambio en el « mercado de la contracepción » en Francia, las mujeres utilizarán cada vez más frecuen- temente y por mucho más tiempo el sterilete (60% de mujeres nacidas hacia 1965 podrian recurrir a ésto, durante un termino medio de 14 aňos), mientras que el tiempo total de utili- zación de la píldora no de be ri a sobre pasar 1 1 aňos. Los métodos no médicales seguirán siendo utilizados, pero por periodos cada vez más cortos.
35 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1991
Nombre de lectures 38
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Laurent Toulemon
Henri Leridon
Vingt annés de contraception en France: 1968-1988
In: Population, 46e année, n°4, 1991 pp. 777-811.
Citer ce document / Cite this document :
Toulemon Laurent, Leridon Henri. Vingt annés de contraception en France: 1968-1988. In: Population, 46e année, n°4, 1991
pp. 777-811.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pop_0032-4663_1991_num_46_4_3701Résumé
Toulemon (Laurent) et Leridon (Henri). - Vingt années de contraception en France : 1968-1988 Vingt
ans après la légalisation de la contraception, les méthodes médicales sont largement diffusées en
France : la moitié des femmes qui pratiquent la contraception utilisent la pilule, et un quart le stérilet ;
peu de femmes se font stériliser. Une enquête réalisée par l'INED en 1988 auprès de femmes nées
entre 1938 et 1969 permet de prendre la mesure des bouleversements qui ont eu Heu dans les deux
dernières décennies. Aujourd'hui, près de la moitié des femmes emploient la pilule lors de leur premier
rapport sexuel, et plus de 90 % des femmes de trente ans l'ont déjà utilisée. L'accès à la contraception
médicale est de plus en plus précoce. En 1987, 45 % des femmes qui ont leur premier rapport sexuel
prennent la pilule. En l'absence d'un bouleversement du « marché contraceptif» en France, les femmes
utiliseront de plus en plus souvent et de plus en plus longtemps le stérilet (60 % des femmes nées vers
1965 pourraient y avoir recours, durant 14 ans en moyenne), tandis que la durée totale d'utilisation de la
pilule ne devrait pas dépasser 1 1 ans. Les méthodes non médicales seront toujours utilisées, mais
pour des durées de plus en plus courtes.
Abstract
Toulemon (Laurent) and Leridon (Henri). - Twenty Years of Birth Control in France : 1968-1988 Twenty
years after birth control became legal in France, medical methods are quite commonly used. Half the
women who use these methods use oral contraception, and one- quarter use the IUD; very few women
have been sterilized. A survey carried out by INED in 1988 among women born between 1938 and 1969
has shed light on the radical changes that have occurred during the last 20 years. To-day, almost half
the women use the pill at the time when they have their first sexual relationship, and more than 90 per
cent of women aged 30 and over have used it at some time. Women have access to contraception at
younger and younger ages. In 1987, 45 per cent of women were already using oral contraceptives at
the time of their first sexual relationship. Unless there are radical changes in the « birth control market »
in France, women will increasingly use the IUD, and for longer periods. 60 per cent of women born
around 1965 may use it for an average of 14 years, whereas the average length of use of oral
contraceptives is 1 1 years. Non-medical methods of contraception continue to be used, but for shorter
and shorter periods.
Resumen
Toulemon (Laurent) and Leridon (Henri). - Veinte anos de contracepción en Francia : 1968-1988 Veinte
aňos después de la legalización de la contracepción, los métodos médicales estan ampliamente
difundidos en Francia : la m i tad de las mujeres que practican la contracepción utilizan la píldora y una
cuarta parte el esterilete ; pocas mujeres se hacen esterili- zar. Una encuesta realizada por el INED. En
1988, dirigida a las mujeres nacidas entre 1938 y 1969, permite medir los cambios que se produjeron
en los dos últimos decenios. Actual- mente, cerca de la mitad de las mujeres utilizan la pfldora en el
momento de su primera re- lación sexuale y más del 90% de mujeres de 30 aňos yá la utilizaron. El
acceso a la contracepción médica es cada vez más precoz. En 1987, 45 % de mujeres que tienen su
primera relación sexual toman la píldora. En ausencia de un cambio en el « mercado de la
contracepción » en Francia, las mujeres utilizarán cada vez más frecuen- temente y por mucho más
tiempo el sterilete (60% de mujeres nacidas hacia 1965 podrian recurrir a ésto, durante un termino
medio de 14 aňos), mientras que el tiempo total de utili- zación de la píldora no de be ri a sobre pasar 1
1 aňos. Los métodos no médicales seguirán siendo utilizados, pero por periodos cada vez más cortos.VINGT ANNEES DE
CONTRACEPTION EN FRANCE
1968-1988
pratiques osaient moyens une ville En interroger mis du 1938, contraceptives. en Middle œuvre des pour West sociologues pour la (Indianapolis), Ils première obtenir dressaient et une fois démographes fécondité des ainsi à l'issue couples un faible, tableau de américains sur la leurs révodans des
lution démographique qui avait bouleversé les comportements
de la population blanche depuis un siècle. La troisième en
quête de l'INED sur la régulation de la fécondité marque
donc, en 1988, le cinquantième anniversaire de cette nais
sance. Elle montre comment le retour à une basse,
après la parenthèse du baby -boom, s'est accompagné d'une
deuxième révolution contraceptive avec la diffusion des mé
thodes médicales, la pilule et le stérilet. Parce qu'une tradi
tion éthique, juridique et médicale y a limité le recours à la
stérilisation, la France offre sans doute Г exemple le plus ache
vé d'extension de ces méthodes, alors que l'Angleterre, les
Pays-Bas, les Etats-Unis et surtout le Canada* ont déjà abor
dé une troisième révolution, avant même d'amener la deuxième
à son terme. Les analyses de Laurent Toulemon** et Henri
Leridon** suggèrent de nombreuses réflexions sur le rôle des
techniques contraceptives dans l'évolution de la fécondité ;
elles seront encore enrichies par un prochain article sur l'ef
ficacité de ces méthodes et leur diffusion dans les divers
groupes sociaux.
L'adoption de la loi Neuwirth sur la contraception, à la fin de 1967,
puis son élargissement en décembre 1974 quelques jours avant que ne soit
votée la loi Veil sur l'interruption volontaire de grossesse, ont marqué l'
aboutissement d'une vingtaine d'années de débats passionnés et concrétisé
un large consensus de l'opinion française pour le libre accès à des moyens
efficaces de régulation des naissances : par la contraception, d'abord, puis
par le recours éventuel à l'avortement en cas de nécessité [11]. Cette double
évolution législative s'est accompagnée d'une évolution simultanée des
* cf. Catherine de Guibert-Lantoine, « Révolutions contraceptives au Canada », Popul
ation, " 2, INED 1990.
Population, 4, 1991, 777-812 778 VINGT ANNÉES DE CONTRACEPTION EN FRANCE : 1968-1988
techniques : avec la pilule et le stérilet, on disposait de méthodes efficaces,
permanentes (non liées à l'acte sexuel lui-même), et réversibles ; avec la
« méthode Karman », l'avortement devenait un acte beaucoup moins dan
gereux et traumatisant. Toutes les conditions étaient donc réunies pour que
la régulation des naissances sorte de sa demi-clandestinité, perde son ca
ractère un peu artisanal et aléatoire, et devienne un instrument ordinaire
de la maîtrise de leur avenir par les couples et les individus, conduisant
ainsi à ce que nous avons appelé la « seconde révolution contraceptive »
[16].
Dans les années 50 et 60, une dimension essentielle des débats sur
la régulation des naissances était la plus grande liberté qu'il devait en
résulter pour les femmes. Or, si les nouvelles méthodes sont effectivement
sous le contrôle des femmes (et non des hommes), elles ne vont pas sans
contraintes. Et surtout, elles nécessitent l'intervention d'un médecin, pour
la prescription (pilule ou stérilet), ou la mise en œuvre (stérilet ou inter
ruption de grossesse). Cette intrusion du médical a été, dès l'origine, source
de tensions : la plus grande crise du mouvement français pour le planning
familial (MFPF), en juin 1973, résultait de la concurrence au sein du mou
vement entre féministes et médecins, qui avaient pourtant, les unes comme
les autres, contribué au succès du Mouvement dans les années antérieures.
Quoi qu'il en soit, le fait est là : la contraception est aujourd'hui,
comme on va le voir, essentiellement médicale. Les méthodes tradition
nelles (retrait, abstinence périodique) sont en recul rapide, et les méthodes
plus radicales (stérilisation féminine ou masculine) n'occupent qu'une
place modeste (voire presque nulle pour la seconde). Nous examinerons
donc successivement dans cet article :
— la s

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