Yucatan inconnu - article ; n°1 ; vol.5, pg 66-84
24 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Yucatan inconnu - article ; n°1 ; vol.5, pg 66-84

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
24 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Journal de la Société des Américanistes - Année 1908 - Volume 5 - Numéro 1 - Pages 66-84
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1908
Nombre de lectures 8
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Maurice de Périgny
Yucatan inconnu
In: Journal de la Société des Américanistes. Tome 5, 1908. pp. 66-84.
Citer ce document / Cite this document :
de Périgny Maurice. Yucatan inconnu. In: Journal de la Société des Américanistes. Tome 5, 1908. pp. 66-84.
doi : 10.3406/jsa.1908.3476
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jsa_0037-9174_1908_num_5_1_3476< 90e 92
PÉNINSULE DU YUCATAN
GOLFE DU M
Л Ruines _ ii Ruines découvertes
Pro par te Comte Maurice de Périgny.
_ 122.t-.fi Itinéraire du Comte
M. de Périgny.
0 20 V0 60 80 100 K.l
20°
G U A T E M
Pedro 83e
C.Catoche
lujerei
Cozumel
20(
18' YUCATAN INCONNU
Par M. le Comte MAURICE DE PÉRIGNY
SECRÉTAIRE DES SEANCES DE LA SOCIÉTÉ DES AMERICANISTES
Entre les riches forêts du Peten et la plaine rocailleuse plantée
d'henequen du nord du Yucatan se trouve une vaste étendue de
terrain inexploré où l'on ne connaissait jusqu'à présent aucun
monument important. C'est pourquoi l'on ne pouvait pas affirmer
un rapport entre ces deux foyers de civilisation dont les ruines de
Tical et de Nacun et celles d'Uxmal et de Chichen Itza sont les
plus remarquables manifestations. Aussi durant ma première explo
ration dans le Peten (1905) qui m'amena à découvrir les ruines de
Nacun, j'avais formé le projet de couper droit à travers la forêt et
de me rendre à Santa Clara de Ycaiché, puis de là vers le nord-
est de la péninsule. Des circonstances spéciales m 'ayant empêché
de mettre ce projet à exécution, je repris cette idée en 1906-1907
et me rendis directement sur le Rio Hondo dans le but d'explorer
toute cette région inconnue.
L'intérêt de ces recherches m'avait fait prendre à ma charge
lous les frais adhérents à ces expéditions et mes découvertes des
années précédentes ayant paru intéressantes pour la science, la
Société de Géographie a bien voulu me charger de continuer ces
recherches. Le Ministre de l'Instruction publique m'a donné une
mission gratuite et le Gouvernement mexicain s'est intéressé à mes
travaux d'une façon toute particulière. Aussi suis-je très heureux
de pouvoir présenter un rapport assez complet, le succès de mon
expédition ayant dépassé tout ce que je pouvais espérer.
Arrivé à Payo Obispo, petite ville fondée il y a sept ans, à l'em
bouchure du Rio Hondo, j'y reste deux jours et m'embarque sur
le Pacte, bateau plat de rivière, mis aimablement à ma disposition
par le chef de la flottille. Le Rio Hondo qui sert de limite entre le
Mexique et la colonie anglaise de Belize (Honduras Britannique) SOCIÉTÉ DES AMÉRICA.MSTES DE PARIS 68
est large, profond, d'un cours paisible. Ses bords sont joliment
garnis de mangles laissant nonchalamment leurs branches traîner
dans l'eau et se mêler aux multiples racines qui s'y forment. De
temps à autre au-dessus de cette haie de verdure surgit la tige fine et
droite d'un palmier royal avec son panache de feuilles finement,
découpées. Les Indiens l'appellent vulgairement palmier-chou,
parce qu'ils en coupent la tête pour la faire bouillir et la manger
en guise de légumes. De distance en distance, une ferme, un village,
pittoresquement installés au bord du fleuve, enclavés dans la forêt,
habités par de paisibles Indiens occupés à leurs milpas (champs de
maïs) .
Tout le long du fleuve se trouvent des compagnies adonnées à
l'exploitation du chiclé (pâte à chiquer) ou à celle des bois de
construction. A 37 milles de l'embouchure est établi le camp
d'une forte compagnie américaine, Mengell Brothers. Elle a obtenu
une très importante concession de terrains et sort chaque année
des profondeurs de ces forêts une quantité considérable de caobas
et de cèdres magnifiques. Ces bois sont très recherchés, spécial
ement aux Etats-Unis, et atteignent des prix fort élevés. Plus loin,
à Xcopen, la Compania Colonizador vient de s'établir pour l'exploi
tation du chiclé, et à Agua Blanca, la Compagnie américaine
Stanford.
Vers le milieu de son cours le fleuve change d'aspect, aux
mangles succèdent des arbres plus hauts, chargés de fleurs et de
fruits, les Santa Maria ; sur des troncs sortant à moitié de Геаи,
sont perchées de grosses tortues, et sur les bords des crocodiles
somnolent, souillés de vase, horribles. Le fleuve reste large, pro
fond, paisible jusqu'à Blue Creek, où il se divise en Rio Bravo et
Rio Azul et n'est désormais navigable qu'en cayuco à cause de
• nombreux bas-fonds et rapides. A quelques mètres de là, en territoire
mexicain et se déversant dans le Rio Hondo, est un tout petit lac
d'un bleu limpide, au pied d'une immense falaise blanche, large
bloc de roche calcaire contenant des cristaux très clairs et trans
parents. Au milieu de la falaise se trouve une grotte dans laquelle
la légende place un crocodile d'or. Mais l'accès en est presque
impossible, le seul moyen d'y arriver étant d'y aller à la force des
poignets, accroché à un mince rebord à 12 mètres au-dessus du lac.
A quelques kilomètres en aval est situé Yoo-Creek ou Espe- YUCATAN INCONNU 61)
ranza, le point le plus proche ďYcaiché et où habite Don Teocîoro
Alvarado, le secrétaire du général Tun, chef de ce village. Nous
partons à cheval par un chemin coupé dans la forêt vierge à tra
vers les palmiers, et le soir après un trajet de 18 lieues, nous arri
vons à Santa Clara d'Ycaiché.
Carl Sapper est le seul, en 1894, qui se soit aventuré dans ces
régions, et encore n'y est-il resté que quelques jours, continuant
de suite son voyage vers Ixhanha. Sans doute le renom de férocité
de ces Indiens en a-t-il écarté les explorateurs!
C'est là, en effet, que sont réfugiés les débris des terribles Mayas
qui ont mis à feu et à sang toute cette péninsule du Yucatan et dont
un grand nombre concentrés au Nord luttent encore contre les
troupes mexicaines. L'histoire nous apprend que la conquête du
Yucatan par les Espagnols fut particulièrement difficile et que les
Indiens Mayas secouèrent de temps à autre leur joug par de san
glantes insurrections, spécialement en 1761 et en 1847. Cette der
nière surtout fut terrible et eut une influence considérable sur le
développement politique de la péninsule.
Réunis aux Indiens de l'Est commandés par Jacinto Pat, les
Mayas du Sud, sous José Maria Tzuc, mirent le siège devant Baca-
lar, mais au bout de deux ans (1851), à l'arrivée du général Don
Romulo Diaz dé la Véga, ils firent leur soumission. Les Indiens de
l'Est furieux de cet acte se tournèrent contre eux, attaquèrent leur
ville principale, Chichanha, et la détruisirent complètement. En
1853, leurs chefs : José Maria Tzuc, Andrès Tzinia et Juan José Cal
conclurent un traité avec les agents du gouvernement mexicain : le
Dr Canton et le colonel Lopez. Ils reconnaissaient la suzeraineté
du Mexique, mais conservaient l'indépendance pour leurs affaires,4
c'est-à-dire pour l'administration civile et judiciaire, etc.
Ces tribus du Sud sont partagées sur deux états dont l'un, au
centre, a pour chef-lieu Ixhanha et l'autre, au Sud, Ycaiché. Chez
ces Indiens d'Ycaiché qui durent se retirer là après la destruction
de Chichanha, l'esprit guerrier ne s'apaisa pas de suite et il se manif
esta par de nombreuses incursions sur le territoire du Honduras
Britannique. Depuis 1872, après la mort de leur chef, Marcos
Canul, ils n'ont plus tenté aucune expédition.
La phtisie, l'alcool, les fièvres paludéennes et, en 1872, une ter
rible épidémie de petite vérole, ont décimé rapidement ces pauvres SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES DE PARIS 70
Indiens qui ne sont maintenant plus que cinq cents à peine, dont
cent utiles. En effet, Ycaiché, comme son nom l'indique, est entouré
d'akalchés, bas fonds où Peau croupit et produit des miasmes délé
tères ; de plus, la différence considérable de température entre la
nuit et le jour y est très dangereuse.
Les Indiens d'Ycaiché sont maintenant pacifiques, mais ils se
tiennent toujours sur la défensive contre les Indiens révoltés

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents