La conquête de Plassans
339 pages
Français

La conquête de Plassans

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Description

La Conquête de Plassans est le quatrième de la série Les Rougon-Macquart. L’action se situe à Plassans, le berceau des Rougon-Macquart, petite ville que Zola a imaginée en s'inspirant d'Aix-en-Provence. La ville, acquise à Napoléon III grâce aux intrigues de la famille Rougon (La Fortune des Rougon), est passée aux légitimistes. Un prêtre bonapartiste, l’abbé Faujas, y est envoyé par le pouvoir pour la reconquérir. Extrait : A partir de ce moment, avec la meilleure foi du monde et sans songer à mal, il fit de ses enfants des espions qu'il attacha aux talons de l'abbé. Octave et Serge durent lui répéter tout ce qui se disait dans la ville, ils reçurent aussi l'ordre de suivre le prêtre, quand ils le rencontreraient. Mais cette source de renseignements fut vite tarie. La sourde rumeur occasionnée par la venue d'un vicaire étranger au diocèse s'était apaisée.

Informations

Publié par
Nombre de lectures 42
EAN13 9782824702391
Langue Français

Extrait

ÉMI LE ZOLA
LA CONQU ÊT E DE
P LASSANS
BI BEBO O KÉMI LE ZOLA
LA CONQU ÊT E DE
P LASSANS
1874
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-0239-1
BI BEBO OK
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Le te xte suivant est une œuv r e du domaine public é dité
sous la licence Cr e ativ es Commons BY -SA
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encourag é à le fair e .
V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.CHAP I T RE I
     mains. C’était une enfant de quator ze ans, forte
p our son âg e , et qui avait un rir e de p etite fille de cinq ans.D ― Maman, maman  ! cria-t-elle , v ois ma p oup é e  !
Elle avait pris à sa mèr e un chiffon, dont elle travaillait depuis un quart
d’heur e à fair e une p oup é e , en le r oulant et en l’étranglant p ar un b out, à
l’aide d’un brin de fil. Marthe le va les y eux du bas qu’ elle raccommo dait
av e c des délicatesses de br o derie . Elle sourit à D ésiré e .
―  C’ est un p oup on, ça  ! dit-elle . Tiens, fais une p oup é e . T u sais, il faut
qu’ elle ait une jup e , comme une dame .
Elle lui donna une r ognur e d’indienne qu’ elle tr ouva dans sa table à
ouv rag e  ; puis, elle se r emit à son bas, soigneusement. Elles étaient toutes
deux assises, à un b out de l’étr oite ter rasse , la fille sur un tab our et, aux
pie ds de la mèr e . Le soleil couchant, un soleil de septembr e , chaud
encor e , les baignait d’une lumièr e tranquille  ; tandis que , de vant elles, le
jardin, déjà dans une ombr e grise , s’ endor mait. Pas un br uit, au dehor s,
1La conquête de P lassans Chapitr e I
ne montait de ce coin désert de la ville .
Cep endant, elles travaillèr ent dix grandes minutes en silence . D ésiré e
se donnait une p eine infinie p our fair e une jup e à sa p oup é e . Par moments,
Marthe le vait la tête , r eg ardait l’ enfant av e c une tendr esse un p eu triste .
Comme elle la v o yait très-embar rassé e  :
― Aends, r eprit-elle  ; je vais lui mer e les bras, moi.
Elle pr enait la p oup é e , lor sque deux grands g ar çons de dix-sept et
dixhuit ans descendir ent le p er r on. Ils vinr ent embrasser Marthe .
― Ne nous gr onde p as, maman, dit g aiement O ctav e . C’ est moi qui ai
mené Ser g e à la musique . . . Il y avait un monde , sur le cour s Sauvair e  !
― Je v ous ai cr us r etenus au collèg e , mur mura la mèr e , sans cela,
j’aurais été bien inquiète .
Mais D ésiré e , sans plus song er à la p oup é e , s’était jeté e au cou de
Ser g e , en lui criant  :
― J’ai un oise au qui s’ est env olé , le bleu, celui dont tu m’avais fait
cade au.
Elle avait une gr osse envie de pleur er . Sa mèr e , qui cr o yait ce chagrin
oublié , eut b e au lui montr er la p oup é e . Elle tenait le bras de son frèr e , elle
rép était, en l’ entraînant v er s le jardin  :
―  Viens v oir .
Ser g e , av e c sa douceur complaisante , la suivit, cher chant à la
consoler . Elle le conduisit à une p etite ser r e , de vant laquelle se tr ouvait une
cag e p osé e sur un pie d. Là , elle lui e xpliqua que l’ oise au s’était sauvé au
moment où elle avait ouv ert la p orte p our l’ empê cher de se bar e av e c
un autr e .
― Pardi  ! ce n’ est p as étonnant, cria O ctav e , qui s’était assis sur la
ramp e de la ter rasse  : elle est toujour s à les toucher , elle r eg arde comment
ils sont faits et ce qu’ils ont dans le g osier p our chanter . L’autr e jour , elle
les a pr omenés tout une après-midi dans ses p o ches, afin qu’ils aient bien
chaud.
―  O ctav e  !. . . dit Marthe d’un ton de r epr o che  ; ne la tour mente p as,
la p auv r e enfant. »
D ésiré e n’avait p as entendu. Elle racontait à Ser g e , av e c de longs
détails, de quelle façon l’ oise au s’était env olé .
2La conquête de P lassans Chapitr e I
―  V ois-tu, il a glissé comme ça, il est allé se p oser à côté , sur le grand
p oirier de monsieur Rastoil. D e là , il a sauté sur le pr unier , au fond. Puis,
il a r ep assé sur ma tête , et il est entré dans les grands arbr es de la
souspréfe ctur e , où je ne l’ai plus v u, non, plus du tout.
D es lar mes p ar ur ent au b ord de ses y eux.
― Il r e viendra p eut-êtr e , hasarda Ser g e .
―  T u cr ois  ? . . . J’ai envie de mer e les autr es dans une b oîte et de
laisser la cag e ouv erte toute la nuit.
O ctav e ne put s’ empê cher de rir e  ; mais Marthe rapp ela D ésiré e .
―  Viens donc v oir , viens donc v oir  !
Et elle lui présenta la p oup é e . La p oup é e était sup erb e  ; elle avait une
jup e r oide , une tête for mé e d’un tamp on d’étoffe , des bras faits d’une
lisièr e cousue aux ép aules. Le visag e de D ésiré e s’é claira d’une joie subite .
Elle se rassit sur le tab our et, ne p ensant plus à l’ oise au, baisant la p oup é e ,
la b er çant dans sa main, av e c une puérilité de g amine .
Ser g e était v enu s’accouder près de son frèr e . Marthe avait r epris son
bas.
― Alor s, demanda-t-elle , la musique a joué  ?
― Elle joue tous les jeudis, rép ondit O ctav e . T u as tort, maman, de
ne p as v enir . T oute la ville est là , les demoiselles Rastoil, madame de
Condamin, monsieur Palo que , la femme et la fille du mair e  !. . . Pour quoi
ne viens-tu p as  ?
Marthe ne le va p as les y eux  ; elle mur mura, en ache vant une r eprise  :
―  V ous sav ez bien, mes enfants, que je n’aime p as sortir . Je suis si
tranquille , ici. Puis, il faut que quelqu’un r este av e c D ésiré e .
O ctav e ouv rait les lè v r es, mais il r eg arda sa sœur et se tut. Il demeura
là , sifflant doucement, le vant les y eux sur les arbr es de la préfe ctur e , pleins
du tap ag e des pier r ots qui se couchaient, e x aminant les p oirier s de M.
Rastoil, der rièr e lesquels descendait le soleil. Ser g e avait sorti de sa p o che
un liv r e qu’il lisait aentiv ement. Il y eut un silence r e cueilli, chaud d’une
tendr esse muee , dans la b onne lumièr e jaune qui pâlissait p eu à p eu sur
la ter rasse . Marthe , couvant du r eg ard ses tr ois enfants, au milieu de cee
p aix du soir , tirait de grandes aiguillé es régulièr es.
―  T out le monde est donc en r etard aujourd’hui  ? r eprit-elle au b out
d’un instant. Il est près de six heur es, et v otr e pèr e ne r entr e p as. . . Je cr ois
3La conquête de P lassans Chapitr e I
qu’il est allé du côté des T ulees.
― Ah bien  ! dit O ctav e , ce n’ est p as étonnant, alor s. . . Les p ay sans des
T ulees ne le lâchent plus, quand ils le tiennent. . . Est-ce p our un achat
de vin  ?
― Je l’ignor e , rép ondit Marthe  ; v ous sav ez qu’il n’aime p as à p arler
de ses affair es.
Un silence se fit de nouv e au. D ans la salle à mang er , dont la fenêtr e
était grande ouv erte sur la ter rasse , la vieille Rose , depuis un moment,
meait le couv ert, av e c des br uits ir rités de vaisselle et d’ar g enterie . Elle
p araissait de fort mé chante humeur , b ousculant les meubles, gr ommelant
des p ar oles entr e coup é es. Puis, elle alla se planter à la p orte de la r ue ,
allong e ant le cou, r eg ardant au loin la place de la Sous-Préfe ctur e . Après
quelques minutes d’aente , elle vint sur le p er r on, criant  :
― Alor s, monsieur Mour et ne r entr era p as dîner  ?
― Si, Rose

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