Pierre Grassou
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Description

La Comédie humaine - Études de moeurs. Troisième livre, Scènes de la vie parisienne - Tome XI (sic, erreur pour le tome III). Onzième volume de l'édition Furne 1842. Extrait : Il fit son début en 1819. Le premier tableau qu’il présenta au Jury pour l’Exposition du Louvre représentait une noce de village, assez péniblement copiée d’après le tableau de Greuze. On refusa la toile. Quand Fougères apprit la fatale décision, il ne tomba point dans ces fureurs ou dans ces accès d’amour-propre épileptique auxquels s’adonnent les esprits superbes, et qui se terminent quelquefois par des cartels envoyés au directeur ou au secrétaire du Musée, par des menaces d’assassinat. Fougères reprit tranquillement sa toile, l’enveloppa de son mouchoir, la rapporta dans son atelier en se jurant à lui-même de devenir un grand peintre. Il plaça sa toile sur son chevalet, et alla chez son ancien Maître, un homme d’un immense talent, chez Schinner, artiste doux et patient comme il était, et dont le succès avait été complet au dernier Salon : il le pria de venir critiquer l’œuvre rejetée.

Informations

Publié par
Nombre de lectures 720
EAN13 9782824710341
Langue Français

Extrait

HONORÉ DE BALZA C
P I ERRE GRASSOU
BI BEBO O KHONORÉ DE BALZA C
P I ERRE GRASSOU
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1034-1
BI BEBO OK
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Le te xte suivant est une œuv r e du domaine public é dité
sous la licence Cr e ativ es Commons BY -SA
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encourag é à le fair e .
V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.P I ERRE GRASSOU
A U LI EU T ENAN T -COLON EL D’ ART I LLERI E
P ERIOLLAS, Comme un témoignag e de l’affe ctueuse estime de
l’auteur ,
DE BALZA C.
   que v ous êtes sérieusement allé v oir l’Exp osition
des ouv rag es de sculptur e et de p eintur e , comme elle a lieu de-T puis la Ré v olution de 1830, n’av ez-v ous p as été pris d’un
sentiment d’inquiétude , d’ ennui, de tristesse , à l’asp e ct des longues g aleries
encombré es  ? D epuis 1830, le Salon n’ e xiste plus. Une se conde fois, le
Louv r e a été pris d’assaut p ar le p euple des artistes qui s’y est
maintenu. En offrant autr efois l’élite des œuv r es d’art, le Salon emp ortait les
plus grands honneur s p our les cré ations qui y étaient e xp osé es. Par mi les
deux cents table aux choisis, le public choisissait encor e  : une cour onne
était dé cer né e au chef-d’ œuv r e p ar des mains inconnues. Il s’éle vait des
discussions p assionné es à pr op os d ’une toile . Les injur es pr o digué es à D
elacr oix, à Ingr es, n’ ont p as moins ser vi leur r enommé e que les élog es et
le fanatisme de leur s adhér ents. A ujourd’hui, ni la foule ni la Critique ne
se p assionner ont plus p our les pr o duits de ce bazar . Oblig é es de fair e le
1Pier r e Grassou Chapitr e
choix dont se char g e ait autr efois le Jur y d’ e x amen, leur aention se lasse
à ce travail  ; et, quand il est ache vé , l’Exp osition se fer me . A vant 1817,
les table aux admis ne dép assaient jamais les deux pr emièr es colonnes de
la longue g alerie où sont les œuv r es des vieux maîtr es, et cee anné e ils
r emplir ent tout cet esp ace , au grand étonnement du public. Le Genr e
historique , le Genr e pr opr ement dit, les table aux de che valet, le Pay sag e , les
F leur s, les Animaux, et l’ A quar elle , ces huit sp é cialités ne sauraient offrir
plus de vingt table aux dignes des r eg ards du public, qui ne p eut accorder
son aention à une plus grande quantité d’ œuv r es. P lus le nombr e des
artistes allait cr oissant, plus le Jur y d’admission de vait se montr er
difficile . T out fut p erdu dès que le Salon se continua dans la Galerie . Le Salon
de vait r ester un lieu déter miné , r estr eint, de pr op ortions infle xibles, où
chaque Genr e e xp osait ses chefs-d’ œuv r e . U ne e xp érience de dix ans a
pr ouvé la b onté de l’ancienne institution. A u lieu d’un tour noi, v ous av ez
une émeute  ; au lieu d’une Exp osition glorieuse , v ous av ez un tumultueux
bazar  ; au lieu du choix, v ous av ez la totalité . ’ar riv e-t-il  ? Le grand
artiste y p erd. Le Café Turc, les Enfants à la fontaine, le Supplice des crochets,
et le Joseph de D e camps eussent plus pr ofité à sa gloir e , tous quatr e dans
le grand Salon, e xp osés av e c les cent b ons table aux de cee anné e , que
ses vingt toiles p erdues p ar mi tr ois mille œuv r es, confondues dans six
g aleries. Par une étrang e bizar r erie , depuis que la p orte s’ ouv r e à tout
le monde , on p arle des g énies mé connus. and douze anné es aup
aravant, la Courtisane de Ingr es et celles de Sig alon, la Méduse de Géricault, le
Massacre de Scio de D elacr oix, le Baptême d’Henri IV p ar Eugène D e v
eria, admis p ar des célébrités tax é es de jalousie , appr enaient au monde ,
malgré les dénég ations de la Critique , l’ e xistence de p alees jeunes et
ardentes, il ne s’éle vait aucune plainte . Maintenant que le moindr e gâcheur
de toile p eut env o y er son œuv r e , il n’ est question que de g ens incompris.
Là où il n’y a plus jug ement, il n’y a plus de chose jug é e . oi que fassent
les artistes, ils r e viendr ont à l’ e x amen qui r e commande leur s œuv r es aux
admirations de la foule p our laquelle ils travaillent  : sans le choix de l’ A -
cadémie , il n’y aura plus de Salon, et sans Salon l’ Art p eut p érir .
D epuis que le liv r et est de v enu un gr os liv r e , il s’y pr o duit bien des
noms qui r estent dans leur obscurité , malgré la liste de dix ou douze
table aux qui les accomp agne . Par mi ces noms, le plus inconnu p eut-êtr e
2Pier r e Grassou Chapitr e
est celui d’un artiste nommé Pier r e Grassou, v enu de Fougèr es, app elé
plus simplement Fougèr es dans le monde artiste , qui tient aujourd’hui
b e aucoup de place au soleil, et qui suggèr e les amèr es réfle xions p ar
lesquelles commence l’ esquisse de sa vie , applicable à quelques autr es
individus de la T ribu des Artistes. En 1832, Fougèr es demeurait r ue de
Navarin, au quatrième étag e d’une de ces maisons étr oites et hautes qui r
essemblent à l’ obélisque de Lux or , qui ont une allé e , un p etit escalier
obscur à tour nants dang er eux, qui ne comp ortent p as plus de tr ois fenêtr es à
chaque étag e , et à l’intérieur desquelles se tr ouv e une cour , ou, p our p
arler plus e x actement, un puits car ré . A u-dessus des tr ois ou quatr e piè ces
de l’app artement o ccup é p ar Grassou de Fougèr es s’étendait son atelier ,
qui avait v ue sur Montmartr e . L’atelier p eint en fond de briques, le
carr e au soigneusement mis en couleur br une et fr oé , chaque chaise munie
d’un p etit tapis b ordé , le canap é , simple d’ailleur s, mais pr opr e comme
celui de la chambr e à coucher d’une épicièr e , là , tout dénotait la vie
méticuleuse des p etits esprits et le soin d’un homme p auv r e . Il y avait une
commo de p our ser r er les effets d’atelier , une table à déjeuner , un buffet,
un se crétair e , enfin les ustensiles né cessair es aux p eintr es, tous rang és
et pr opr es. Le p oêle p articip ait à ce sy stème de soin hollandais, d’autant
plus visible que la lumièr e pur e et p eu chang e ante du nord inondait de son
jour net et fr oid cee immense piè ce . Fougèr es, simple p eintr e de Genr e ,
n’a p as b esoin des machines énor mes qui r uinent les p eintr es d’Histoir e ,
il ne s’ est jamais r e connu de facultés assez complètes p our ab order la
haute p eintur e , il s’ en tenait encor e au Che valet. A u commencement du
mois de dé cembr e de cee anné e , ép o que à laquelle les b our g e ois de Paris
conçoiv ent p ério diquement l’idé e burlesque de p er p étuer leur figur e , déjà
bien encombrante p ar elle-même , Pier r e Grassou, le vé de b onne heur e ,
prép arait sa p alee , allumait son p oêle , mang e ait une flûte tr emp é e dans
du lait, et aendait, p our travailler , que le dég el de ses car r e aux laissât
p asser le jour . Il faisait se c et b e au. En ce moment, l’artiste qui mang e ait
av e c cet air p atient et résigné qui dit tant de choses, r e connut le p as d’un
homme qui avait eu sur sa vie l’influence que ces sortes de g ens ont sur
celle de pr esque tous les artistes, d’Élias Magus, un mar chand de table aux,
l’usurier des toiles. En effet Élias Magus sur prit le p eintr e au moment où,
dans cet atelier si pr opr e , il allait se mer e à l’ ouv rag e .
3Pier r e Grassou Chapitr e
―  Comment v ous va, vieux co quin  ? lui dit le p eintr e .
Fougèr es avait eu la cr oix, Élias lui achetait ses table aux deux ou tr ois

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