Le climat solaire et l évolution actuelle des parois ensoleillées de la haute montagne alpine - article ; n°380 ; vol.70, pg 363-377
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Le climat solaire et l'évolution actuelle des parois ensoleillées de la haute montagne alpine - article ; n°380 ; vol.70, pg 363-377

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Description

Annales de Géographie - Année 1961 - Volume 70 - Numéro 380 - Pages 363-377
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1961
Nombre de lectures 14
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

G. Galibert
Le climat solaire et l'évolution actuelle des parois ensoleillées de
la haute montagne alpine
In: Annales de Géographie. 1961, t. 70, n°380. pp. 363-377.
Citer ce document / Cite this document :
Galibert G. Le climat solaire et l'évolution actuelle des parois ensoleillées de la haute montagne alpine. In: Annales de
Géographie. 1961, t. 70, n°380. pp. 363-377.
doi : 10.3406/geo.1961.16052
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geo_0003-4010_1961_num_70_380_16052CLIMAT SOLAIRE ET L'ÉVOLUTION ACTUELLE LE
DES PAROIS ENSOLEILLÉES
DE LA HAUTE MONTAGNE ALPINE
(Pl. VIII.)
La plupart des parois ensoleillées de la haute montagne alpine1 pré
sentent un air de famille indéniable, comme si un type unique se retrouvait
du mont Blanc aux Dolomites orientales : une muraille rocheuse, tôt débarr
assée au printemps des neiges hivernales, grâce à l'irradiation solaire ;
burinée de nombreux et profonds couloirs où sont conservés les restes du
manteau nivoglaciaire. Le contraste est donc complet avec les faces N :
les faces ensoleillées sont soumises à une intense désagrégation mécanique.
Gelées durant la nuit, réchauffées durant le jour par l'action du soleil, elles
sont balayées à toute altitude par de fréquentes chutes de pierres et par des
éboulements. Elles paraissent ainsi évoluer plus rapidement que les faces N,
à demi figées aux mêmes altitudes. N'ont-elles pas acquis plus vite, également,
une morphologie postglaciaire originale ? Le cachet du paysage est tellement
constant, de 2 500 m à 4 000 m et plus, que l'on peut se demander si les
éléments du climat engendrant le système d'érosion de la haute montagne
varient considérablement en fonction de l'altitude aux expositions ensol
eillées. La notion d'étages de formes ne serait-elle valable, dans ces condit
ions, que pour les faces N ?
Les types de parois ensoleillées
de la haute montagne alpine
Les exemples les plus communs de parois ensoleillées ressemblent aux
faces N très déglacées dont la ciselure de détail serait poussée à l'extrême,
l'importance plus ou moins grande des restes de carapace glacée conservés
à la partie supérieure, la plus ou moins profonde incision des couloirs appor
tant quelque variété.
1. La face Б de la Nordend (4609 m), type de la paroi alpine ensoleillée. —
De même que les faces N du versant italien du mont Rose2 sont de bons
1. L'expression «haute montagne » employée ici désigne un paysage de hautes crêtes dent
elées dominant des cirques creusés par les glaciers quaternaires dont les restes peuvent subsister
au pied des parois. Ces murailles, soumises à l'action du froid et de la neige, évoluent sous l'ac
tion de processus spécifiques du désert froid d'altitude. La haute montagne correspond donc à
un domaine morphoclimatique. En sont exclues les formes escarpées que l'on rencontre parfois
jusqu'au niveau de la mer et dues à d'autres processus d'érosion.
Voir : G. Galibert, L'évolution actuelle des «faces Nord» de la haute montagne alpine dans
le massif de Zermatt (Revue Géographique des Pyrénées et du Sud-Ouest, XXXI, 1960, fasc. 2,
p. 133-163).
2. « Mont Rose » n'est pas le nom d'un sommet déterminé mais de tout un massif culminant
à la Dufourspitze (4 634 m) située en territoire suisse. Le sommet italien le plus élevé du massif
est la Nordend (4 609 m) située au N, qui domine les abîmes du glacier du Belvédère s'écoulant
2 500 m plus bas. Les cotes citées sont celles de la Carte topographique Suisse au 1 : 50 000 en
courbes de niveau ( Landes kartě der Schweiz-1 : 50 000). 364 ANNALES DE GÉOGRAPHIE
exemples du type de la grande muraille alpine en exposition N, les faces
ensoleillées de ce versant ne sont pas moins représentatives : faces E de la
Nordend, de la Cima di Jazzi, versant S de la Cresta Santa Gatarina...
a) Une muraille rocheuse peu englacée. — La face E de la Nordend, taillée
dans des granites1 et des gneiss dont le pseudo-pendage varie de 30 à 50°
vers le SW, se ramène au type morphostructural du pseudo-crêt. Cette paroi
est remarquable par deux traits rarement conjugués : son ampleur et la haute
altitude de son sommet (4 609 m à la Nordend, 2 090 m au pied du mur de
base tombant sur le glacier du Belvédère) d'une part, et la faible importance
relative de son englacement d'autre part. En août 1956, 12 p. 100 seulement
de la surface réelle de la muraille étaient recouverts par des placages nivogla-
ciaires, entre les couloirs dévalant du Grenzgipfel et du Jâgerjoch qui peuvent
servir de limites (la surface des couloirs étant comprise dans le calcul). La
paroi elle-même est rocheuse : un vaste éperon de gneiss délités, large de
200 à 400 m, incliné de 45° environ, sépare les deux couloirs neigeux et
nivoglaciaire, Canalone Marinelli et Canalone del Ghiacciai délia Nordend,
qui la traversent de haut en bas, à côté, respectivement, des couloirs du
Grenzgipfel et du Jàgerjoch. Le premier, large de 15 à 20 m vers 4 000 m,
s'épanouit jusqu'à atteindre 200 m de large au pied de la paroi. Le deuxième,
né à 3 850 m, s'élargit brusquement à 250 m, puis se rétrécit des deux tiers,
formant une sorte de cirque presque fermé, s'épanouit encore à 3 200 m, se
rétrécit à 3 000 m et enfin débouche sur le glacier du Belvédère. La partie
supérieure de la muraille, au-dessus de 4 400 m, porte une minuscule cara
pace de neige glacée, analogue par la forme, mais non par les dimensions,
à celles qui recouvrent les versants N de la haute montagne englacée dans
le même massif.
b) Des couloirs aux cirques. — Bien qu'une telle paroi, essentiellement
rocheuse, rappelle les faces N mixtes de la haute montagne alpine, nous
devons relever deux différences fondamentales. L'aspect de la muraille,
tout d'abord : les nombreux couloirs sont ciselés profondément, en suivant
le tracé des diaclases et des zones de broyage, de sorte que le versant présente
un aspect tourmenté bien différent de celui des glacis rocheux, d'origine gla
ciaire, observés le long des faces N récemment déglacées. L'altitude atteinte
par quelques-unes des formes caractéristiques est également remarquable :
en exposition N, les couloirs sont surtout creusés aux confins inférieurs du
domaine de la haute montagne, là où les alternances de dégel-gel de la tem
pérature de l'air sont suffisamment nombreuses pour entretenir des phéno
mènes de désagrégation mécanique sur les bords des accumulations nivales.
Le tracé des couloirs n'a d'ailleurs, dans ce cas, rien de géométrique. Autant
que le dessin des diaclases, il suit les inflexions de la paroi propices à l'acc
umulation de la neige, comme si les phénomènes d'érosion de détail évoluaient
à un rythme plus lent. Aux expositions ensoleillées, au contraire, la formation
1. On peut consulter la feuille 535 Zermatt du Goelogischer Atlas der Schweiz au 1 : 25 000,
qui couvre aussi bien le versant suisse que le versant italien. SOLAIRE DE LA HAUTE MONTAGNE ALPINE 365 CLIMAT
des couloirs se poursuit jusqu'à plus de 4 000 m et constitue le phénomène
morphologique essentiel. Des couloirs rectilignes et isolés, comme la Ganalone
Marinelli, jusqu'aux cirques en entonnoirs de la Cima di Jazzi, en passant
par les couloirs anastomosés constituant la partie supérieure du Ghiacciaio
délia Nordend, nous pouvons observer toutes les formes assurant la transi
tion entre la simple diaclase élargie par la désagrégation mécanique et les
cirques.
c) L'élargissement des diaclases et Vérosion différentielle de détail. — Les
neiges tombées en toute saison fondent rapidement sur les plaques de roches
lisses grâce à l'action du soleil : 6 à 10 journées de beau temps en hiver, 3 à
4 en été suffisent pour faire disparaître 15 cm de neige fraîche sur une pente de
45°. Seule se conserve plus longtemps la neige accumulée dans les diaclases, à
l'abri des rayons du soleil durant une grande partie de la journée. Durant
les heures d'irradiation, quand l'incidence et l'orientation des rayons du
soleil sont telles qu'ils frappent l'intérieur de la diaclase, il se produit une
lente percolation d'eau de fusion. Le gel nocturne déclenche au contraire

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