La culture ?baku et le renouveau de l art bouddhique au Japon à l époque des Tokugawa - article ; n°1 ; vol.57, pg 114-136
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La culture ?baku et le renouveau de l'art bouddhique au Japon à l'époque des Tokugawa - article ; n°1 ; vol.57, pg 114-136

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Description

Arts asiatiques - Année 2002 - Volume 57 - Numéro 1 - Pages 114-136
La culture Obaku constitue un des chapitres peu connus mais d'autant plus passionnants de l'histoire du Japon à l'époque des Tokugawa. L'implantation de cette communauté monastique, qui devient en même temps un centre des études chinoises, doit être observée dans la perspective des relations entre le continent chinois et l'archipel nippon, afin qu'elle puisse trouver la place qui lui revient parmi les courants du bouddhisme en Chine et au Japon. Le présent travail propose une première approche d'un aspect particulièrement révélateur de l'impact dû à la communauté des moines d'Obaku : les changements significatifs de l'iconographie bouddhique au cours du XVIIe s. Ils consistent en un abandon presque total des compositions cosmogoniques ou des visions du mondes utopiques (les mandala et les Terres pures), désormais supplantées par la représentation des lignées généalogiques (portraits des patriarches) et par les images du monde des animés et des inanimés. A la différence des autres écoles du Zen japonais, dont les réalisations en peinture ou en sculpture continuent de s'inspirer de modèles canoniques qui remontent à l'époque des Song en Chine ou de Kamakura et de Muromachi au Japon, les arts d'Obaku se situent dans le prolongement de la culture Ming, transplantée avec bonheur sur le sol japonais, où elle fleurira pendant près d'un siècle pour y laisser une profonde empreinte.
Obaku culture is one of the less known and most interesting chapters of Japan history in the age of Tokugawa. The establishment of this monastic community, which grows in the same time into a center for Chinese studies, should be examined through the relations between the Chinese continent and the Japanese archipelago, in order to find its right place within the different trends of Buddhism in China and Japan. This essay is a first attempt to present a disclosing aspect of the impact left by the monastic community of Obaku, i.e. the significative changes which occurred in Buddhist iconography during the 18th century, and resulted in a nearly complete discarding of cosmogonie compositions or utopie world visions (mandala and Pure Earth) which were to be superseded by representations of genealogical issues (portraits of patriarchs) or images of the animated and inanimate worlds. Whereas the other schools of Japanese Zen produced paintings and sculptures drawn from canonic models tracing back to the Song age in China, or Kamakura and Muromachi eras in Japan, Obaku arts took place in continuation of the Ming culture which was successfully transplanted in Japan where it flourished for nearly a century and set a deep imprint.
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2002
Nombre de lectures 41
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Extrait

Vra Linhartová
La culture Ōbaku et le renouveau de l'art bouddhique au Japon
à l'époque des Tokugawa
In: Arts asiatiques. Tome 57, 2002. pp. 114-136.
Citer ce document / Cite this document :
Linhartová Vĕra. La culture Ōbaku et le renouveau de l'art bouddhique au Japon à l'époque des Tokugawa. In: Arts asiatiques.
Tome 57, 2002. pp. 114-136.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arasi_0004-3958_2002_num_57_1_1483Résumé
La culture Obaku constitue un des chapitres peu connus mais d'autant plus passionnants de l'histoire
du Japon à l'époque des Tokugawa. L'implantation de cette communauté monastique, qui devient en
même temps un centre des études chinoises, doit être observée dans la perspective des relations entre
le continent chinois et l'archipel nippon, afin qu'elle puisse trouver la place qui lui revient parmi les
courants du bouddhisme en Chine et au Japon. Le présent travail propose une première approche d'un
aspect particulièrement révélateur de l'impact dû à la communauté des moines d'Obaku : les
changements significatifs de l'iconographie bouddhique au cours du XVIIe s. Ils consistent en un
abandon presque total des compositions cosmogoniques ou des visions du mondes utopiques (les
mandala et les Terres pures), désormais supplantées par la représentation des lignées généalogiques
(portraits des patriarches) et par les images du monde des animés et des inanimés. A la différence des
autres écoles du Zen japonais, dont les réalisations en peinture ou en sculpture continuent de s'inspirer
de modèles canoniques qui remontent à l'époque des Song en Chine ou de Kamakura et de Muromachi
au Japon, les arts d'Obaku se situent dans le prolongement de la culture Ming, transplantée avec
bonheur sur le sol japonais, où elle fleurira pendant près d'un siècle pour y laisser une profonde
empreinte.
Abstract
Obaku culture is one of the less known and most interesting chapters of Japan history in the age of
Tokugawa. The establishment of this monastic community, which grows in the same time into a center
for Chinese studies, should be examined through the relations between the Chinese continent and the
Japanese archipelago, in order to find its right place within the different trends of Buddhism in China
and Japan. This essay is a first attempt to present a disclosing aspect of the impact left by the monastic
community of Obaku, i.e. the significative changes which occurred in Buddhist iconography during the
18th century, and resulted in a nearly complete discarding of cosmogonie compositions or utopie world
visions (mandala and Pure Earth) which were to be superseded by representations of genealogical
issues (portraits of patriarchs) or images of the animated and inanimate worlds. Whereas the other
schools of Japanese Zen produced paintings and sculptures drawn from canonic models tracing back to
the Song age in China, or Kamakura and Muromachi eras in Japan, Obaku arts took place in
continuation of the Ming culture which was successfully transplanted in Japan where it flourished for
nearly a century and set a deep imprint.VÉRA LINHARTOVA
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de croyances populaires, présentent un caractère syncrétique 1. Méditation assise et invocation du nom
conforme à la doctrine de l'unité des Trois Enseignements de Buddha {zazen et nenbutsu) (sanjiao). Aussi la cour impériale favorise-t-elle tantôt le
bouddhisme et tantôt les autres courants, selon les préfé
rences personnelles de l'empereur régnant. Tout au long du Selon une opinion largement répandue, le bouddhisme à
xvie et au début du xvnes., un mouvement de renouveau à l'il'époque des Tokugawa a connu une période de stagnation,
ntérieur du Zen est mené par des personnalités comme Yunzhi sinon de déclin. Sans être entièrement fausse, cette idée géné
rale mérite pourtant d'être nuancée. Dans la Chine des Ming Zhuhong (1535-1613), Zibo Zhenke (1543-1604)1 et Hanshan
(1368-1644), le bouddhisme a su se renouveler en intégrant Deqing (1546-1623). Ils concentrent leurs efforts sur le réta
dans son enseignement et dans sa pratique de nouveaux él blissement de la discipline monacale (skt. vinaya), qui a souf
fert d'un relâchement considérable au cours des siècles précééments en accord avec l'attente de la société contemporaine.
De même au Japon, dès le début du xviies., un mouvement de dents, mais aussi sur les questions doctrinales. Souvent on
leur attribue l'élaboration d'un enseignement qui concilie les renouveau prend son essor parmi les moines de plusieurs
pratiques du kôan (formule paradoxale) et du zazen (méditamonastères, mais aussi parmi des laïcs pieux issus de diffé
rents milieux. Ces premiers réformateurs, cherchant à adapt tion assise), propres au Zen, avec la récitation du nianfo (jap.
er l'enseignement bouddhique à la mentalité de leurs con nenbutsu, invocation du nom d'Amitâbha), considérée comme
moyen de salut par les adeptes de l'école de la Terre Pure. temporains, s'inspirent d'abord des traditions propres à
l'archipel et ce n'est que vers le milieu du siècle, grâce à l'ar Le rapprochement de ces diverses pratiques remonte à
rivée d'une importante communauté de moines chinois, qu'un l'époque des Tang et se trouve esquissé, entre autres, dans
l'œuvre de Zong Mi (780-841) qui distingue quatre classes (ou contact direct est établi avec les courants du Chan chinois
(Zen, selon la prononciation japonaise) les plus récents. Aussi degrés) de nianfo. Les trois premières sont invocation, visuali
le renouveau du bouddhisme dans le Japon des Tokugawa se sation et contemplation du buddha, la quatrième, identifica
tion avec lui dans son propre corps. Ce dernier degré peut être nourrit-il principalement de deux sources: d'abord marqué
par le retour vers l'enseignement du Zen sous sa forme intro rapproché de la pratique du Zen qui invite chaque disciple à
duite au cours de l'époque Kamakura (1185-1333), il s'ouvre reconnaître en lui-même la nature originelle du buddha. A
par la suite à des idées nouvelles et adopte, à sa manière, des l'époque des Cinq Dynasties, Yongming Yanshou (904-975)
transformations survenues entre-temps sur le continent. élabore et approfondit l'idée de l'unité essentielle de ces deux
Dans la Chine du début des Ming, les écoles du Zen et de modes de méditation. Sa pensée devait par la suite exercer
une influence considérable. Ainsi trouve-t-on parmi ses la Terre Pure, telles qu'elles s'étaient finalement constituées
à l'époque Song, sont pratiquement les seules à avoir gardé adeptes le célèbre moine Zhongfang Mingben (1262-1323) qui
leur vitalité et préservé leur place dans la vie de la société eut plusieurs disciples japonais, ou encore, plus près de nous,
chinoise. Elles ont survécu aux répressions successives du les artisans du renouveau du Zen à l'époque des Ming que l'on
bouddhisme, puis à l'abandon de la «religion étrangère» au vient d'évoquer. Dans ce courant de pensée, la Terre Pure
profit de nouvelles formes du confucianisme et du taoïsme n'est plus conçue comme une contrée des bienheureux, située
qui ont d'ailleurs absorbé, dans une large mesure, les apports dans un lieu imaginaire, à laquelle on accède grâce à la
de la pensée bouddhique. A la même époque, l'ascendant médiation du buddha Amitâbha. Dans l'optique qui prévaut
chez les grands réformateurs à l'époque des Ming et qui n'est du bouddhisme tibétain, qui a renoué avec la tradition de l'e
en réalité qu'un retour aux sources mêmes du Zen, elle est nseignement ésotérique, se fait fortement sentir. Dans
nsemble, les pratiques religieuses de l'époque, souvent mêlées parfaitement intériorisée en chaque être vivant, présente ici et
114 \l ts m Itlfjlli et nul n'est besoin de la chercher ailleurs qu'en pointes relevées. La lecture et le chant des sûtra et des textes maintenant,
soi-même. Bien que cette conception idéale reste limitée aux sacrés, basés sur le chinois, plus précisément sur le dialecte
milieux monastiques et lettrés, sans affecter les croyances du Fujian, de l'époque des Ming, ont gardé une saveur parti
populaires attachées à la «voie facile», de tels changements culière, unique en son genre.
ne pouvaient pas rester sans conséquences pour l'iconogra
phie bouddhique de cette époque.
La situation au Japon

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