La foresterie au Canada : une efficacité qui passe d abord par le langage  - article ; n°598 ; vol.106, pg 612-630
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La foresterie au Canada : une efficacité qui passe d'abord par le langage - article ; n°598 ; vol.106, pg 612-630

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Description

Annales de Géographie - Année 1997 - Volume 106 - Numéro 598 - Pages 612-630
The efficiency of forestry and its underlying rationality is based first on discourse. The objective of engineers (as well as politicians) and their institutionalized practices would thus be to legitimize the discourse they have created. Preservation, conservation, reforestation, normal forest, multiple use, sustained yield, biosphere, biodiversity, forest ecosystems, environment, integrated management, environmental indicator, sustainable development, etc.; all these words form a coherent discourse used to justify the exploitation of Canadian forests. This article seeks to demonstrate this hypothesis by insisting on the concepts of sustainable development and sustained yield, which constitute the core of Canadian forestry discourse. These two concepts allow one to highlight the perpetuity of the technician's discourse applied to the field of forestry in Canada. Indeed, the rhetoric concerning the management of Canadian forests suggests that, in the final analysis, the only element which appears «sustainable» in forest exploitation is the discourse.
C'est d'abord comme langage que la foresterie et la rationalité qui la sous-tend trouvent leur efficacité. Partant, l'objectif des « ingénieurs » (autant que des politiciens) et de leurs pratiques institutionnalisées serait de rendre crédible le langage qu'ils créent. Préservation, conservation, reboisement, forêt normale, forêt équienne, usage multiple, rendement soutenu, biosphère, biodiversité, écosystèmes forestiers, environnement, aménagement intégré, indicateurs environnementaux, développement durable, etc. ; autant de mots qui forment un langage cohérent afin de justifier l'exploitation des espaces forestiers canadiens. C'est ce que vise à montrer cet article en insistant surtout sur les concepts de développement durable et de rendement soutenu qui constituent le noyau dur du discours forestier canadien. Ces deux concepts nous permettent ainsi de mettre en lumière la pérennité du discours technicien appliqué au domaine de la foresterie au Canada. En effet, la rhétorique entourant la gestion des forêts canadiennes nous suggère en dernière analyse que tout ce qui semble « durable » dans l'exploitation forestière, c'est le discours.
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1997
Nombre de lectures 28
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

René Blais
La foresterie au Canada : une efficacité qui passe d'abord par le
langage
In: Annales de Géographie. 1997, t. 106, n°598. pp. 612-630.
Abstract
The efficiency of forestry and its underlying rationality is based first on discourse. The objective of engineers (as well as
politicians) and their institutionalized practices would thus be to legitimize the discourse they have created. Preservation,
conservation, reforestation, normal forest, multiple use, sustained yield, biosphere, biodiversity, forest ecosystems, environment,
integrated management, environmental indicator, sustainable development, etc.; all these words form a coherent discourse used
to justify the exploitation of Canadian forests. This article seeks to demonstrate this hypothesis by insisting on the concepts of
sustainable development and sustained yield, which constitute the core of Canadian forestry discourse. These two concepts
allow one to highlight the perpetuity of the technician's discourse applied to the field of in Canada. Indeed, the rhetoric
concerning the management of Canadian forests suggests that, in the final analysis, the only element which appears
«sustainable» in forest exploitation is the discourse.
Résumé
C'est d'abord comme langage que la foresterie et la rationalité qui la sous-tend trouvent leur efficacité. Partant, l'objectif des «
ingénieurs » (autant que des politiciens) et de leurs pratiques institutionnalisées serait de rendre crédible le langage qu'ils créent.
Préservation, conservation, reboisement, forêt normale, forêt équienne, usage multiple, rendement soutenu, biosphère,
biodiversité, écosystèmes forestiers, environnement, aménagement intégré, indicateurs environnementaux, développement
durable, etc. ; autant de mots qui forment un langage cohérent afin de justifier l'exploitation des espaces forestiers canadiens.
C'est ce que vise à montrer cet article en insistant surtout sur les concepts de développement durable et de rendement soutenu
qui constituent le noyau dur du discours forestier canadien. Ces deux concepts nous permettent ainsi de mettre en lumière la
pérennité du discours technicien appliqué au domaine de la foresterie au Canada. En effet, la rhétorique entourant la gestion des
forêts canadiennes nous suggère en dernière analyse que tout ce qui semble « durable » dans l'exploitation forestière, c'est le
discours.
Citer ce document / Cite this document :
Blais René. La foresterie au Canada : une efficacité qui passe d'abord par le langage . In: Annales de Géographie. 1997, t. 106,
n°598. pp. 612-630.
doi : 10.3406/geo.1997.20822
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geo_0003-4010_1997_num_106_598_20822La foresterie au Canada
une efficacité qui passe abord
par le langage
Professeur de géographie Université René de Moncton BL IS
Résumé est abord comme langage que la foresterie et la rationalité
qui la sous-tend trouvent leur efficacité Partant objectif des ingénieurs
autant que des politiciens et de leurs pratiques institutionnalisées serait de
rendre crédible le langage ils créent Préservation conservation reboise
ment forêt normale forêt équienne usage multiple rendement soutenu
biosphère biodiversité écosystèmes forestiers environnement aménagement
intégré indicateurs environnementaux développement durable etc autant
de mots qui forment un langage cohérent afin de justifier exploitation des
espaces forestiers canadiens est ce que vise montrer cet article en
insistant surtout sur les concepts de développement durable et de rendement
soutenu qui constituent le noyau dur du discours forestier canadien Ces
deux concepts nous permettent ainsi de mettre en lumière la pérennité du
discours technicien appliqué au domaine de la foresterie au Canada En
effet la rhétorique entourant la gestion des forêts canadiennes nous suggère
en dernière analyse que tout ce qui semble durable dans exploitation
forestière est le discours
Abstract The efficiency of forestry and its underlying rationality is based
first on discourse The objective of engineers as well as politicians and
their institutionalized practices would thus be to legitimise the discourse they
have created Preservation conservation reforestation normal forest multiple
use sustained yield biosphere biodiversity forest ecosystems environment
integrated management environmental indicator sustainable development
etc. all these words form coherent discourse used to justify the exploitation
of Canadian forests This article seeks to demonstrate this hypothesis by
insisting on the concepts of sustainable development and sustained yield
which constitute the core of Canadian forestry discourse These two concepts
allow one to highlight the perpetuity of the discourse applied to
Ann Gèo. 598 1997 pages 612-630 Armand Colin LA FORESTERIE AU CANADA 613
the field of forestry in Canada Indeed the rhetoric concerning the manage
ment of Canadian forests suggests that in the final analysis the only element
which appears sustainable in forest exploitation is the discourse
Mots clés Développement durable rendement soutenu foresterie discours
Key words Sustainable development sustained yield forestry discourse
Introduction
Le discours sur le développement fait de plus en plus appel la
notion de durabilité Des mots comme développement durable
rendement soutenu pérennité des ressources font de plus en plus partie
du langage courant et du discours officiel Ils constituent le vocabulaire
de toute une génération de leaders opinion autant que de profes
sionnels et il semble ils soient appelés se développer aussi bien
échelle internationale régionale que locale dans un futur prévisible
introduction de concepts comme ceux de rendement soutenu1 et
par la suite du développement durable2 dans les milieux scientifique
et politique canadiens ne peut se comprendre sans référence un
certain contexte En effet la rhétorique forestière canadienne intègre
des idées qui épanouissent au cours du xixe siècle notamment celle
de la liberté de homme face la nature liberté qui est le fruit de
initiative humaine Une autre idée qui lentement fait son chemin la
fin du siècle dernier est celle de homme comme agent géographique
comme modificateur de la nature Les premiers cris alarme sont
lancés pour souligner exploitation destructrice que homme peut faire
des ressources On accoutume alors être plus sensible aux interdé
pendances des phénomènes sociaux et naturels Berdoulay 1985)
Dans cet article nous nous intéresserons ainsi aux politiques relatives
au rendement soutenu et au développement durable qui forment selon
nous le noyau dur du discours forestier canadien Notre approche est
historique et attarde sur quelques grands moments de la gestion
Le concept de rendement soutenu certainement évolué au cours du dernier siècle
Nous ne retiendrons toutefois que sa définition générale est-à-dire celle où la production
de matière ligneuse repose sur équilibre entre la coupe forestière et accroissement annuel
de la forêt exploitée
Nous retiendrons comme définition du développement durable celle de la Commis
sion Brundtland est-à-dire un développement qui répond aux besoins du présent sans
compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs 614 ANNALES DE OGRAPHIE
forestière au Canada Bien entendu cette histoire forestière canadienne
est indissociable de celle des tats-Unis et nous ferons référence
abondamment dans le texte
Nous procéderons analyse un discours ou plutôt de discours
sur la forêt Quels discours quels aspects de ces discours traduisent le
mieux exploitation forestière au Canada Notre objectif est de décou
vrir les bases du discours technicien des dirigeants et scientinques dans
leur gestion des forêts canadiennes afin de mieux saisir la fa on dont
les Canadiens se rapportent leur espace forestier
II Quelques grands moments de la gestion forestière
nationale et internationale
Période des licences et des droits de coupe 1800-1870
Avec le xixe siècle débute exploitation commerciale des forêts
canadiennes essentiellement du bois équarrissage qui va
étendre de 1800 aux années 1860 Les autorités adoptent une
attitude de laisser-faire en matière de gestion forestière les seuls
efforts de contrôle se résument se réserver les plus beaux arbres
attribution de licences et de droits de coupe objectif est principa
lement de tirer certains revenus de cette exploitation Les entrepreneurs
pour leur part font leur guise sur le terrain Les premières législations

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