La partie occidentale du pays de Caux (la région du Havre) - article ; n°348 ; vol.65, pg 98-122
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Description

Annales de Géographie - Année 1956 - Volume 65 - Numéro 348 - Pages 98-122
25 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1956
Nombre de lectures 31
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Armand Frémont
La partie occidentale du pays de Caux (la région du Havre)
In: Annales de Géographie. 1956, t. 65, n°348. pp. 98-122.
Citer ce document / Cite this document :
Frémont Armand. La partie occidentale du pays de Caux (la région du Havre). In: Annales de Géographie. 1956, t. 65, n°348.
pp. 98-122.
doi : 10.3406/geo.1956.14321
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geo_0003-4010_1956_num_65_348_1432198
LA PARTIE OCCIDENTALE DU PAYS DE CAUX
(LA RÉGION DU HAVRE)
ÉVOLUTION RÉGENTE
Le Pays de Caux à la fin du xixe siècle est celui que décrit J. Sion dans
son étude sur Les Paysans de la Normandie Orientale. C'est un ensemble bien
individualisé dont l'homogénéité n'est pas douteuse. On y parle un patois
particulier, le patelin. C'est aussi le pays où s'exerçait avant 1789 la « coutume
de Caux », bien différente de la « coutume de Normandie », notamment en
ce que « les fils aines possèdent presque tout le bien de chaque famille ».
Aujourd'hui encore la coutume et le patois ont leur influence, mais ils le
cèdent en importance à des traits fondamentaux de structure agraire, d'éco
nomie rurale et de démographie qui font la véritable individualité du Pays
de Caux.
A la fin du xixe siècle, le Caux est un pays de très forte densité de populat
ion. En 1886, sur les 110 communes rurales de l'arrondissement du Havre,
une seule, Fongueusemare, a une densité inférieure à 50 hab. au km2, 35 ont
une densité comprise entre 50 et 75, et 31 (soit presque le tiers) une densité
supérieure à 100.
Or, toutes ces communes n'ont d'autre activité non agricole qu'un art
isanat familial. Et c'est la présence de cet artisanat qui explique les très fortes
densités de population. En 1891, 53 p. 100 de la population de Saint-Maclou,
26 p. 100 de celle de Saint-Gilles-de-la-Neuville sont composés d'artisans.
Parmi ceux-ci on peut trouver des corbeillers, des sabotiers, des « marneux »,
des nourrices et surtout (en écrasante majorité) des tisserands. Au milieu
du xixe siècle, le nombre de tisserands était d'ailleurs bien plus considérable
encore, puisque les artisans représentaient alors 63 et 61 p. 100 de la popula
tion des communes de Saint-Maclou et de Saint-Gilles. Entre les deux dates,
l'artisanat textile commençait à subir la concurrence des usines, qui devait
amener sa disparition. Déjà toute une partie de la population artisanale
avait émigré ou s'était transformée en journaliers.
Néanmoins, représenté soit par des tisserands, soit par des journaliers
(les uns fils des autres), ce surplus de population sans rapport véritable
avec l'agriculture était un des traits fondamentaux du Pays de Caux.
La structure agraire, dès la fin du xixe siècle, variait beaucoup de village
à village. Au sein du même village (Saint-Laurent-de-Brévedent, par exemple)
on pouvait trouver — et l'on trouve encore — de grandes différences entre
les sections, les unes montrant une grande dispersion des terres cultivées en
une multitude de petites parcelles, les autres au contraire groupant bien les
champs autour de quelques grosses fermes. Mais partout, c'était le même
régime de la propriété : à plus de 90 p. 100 (à 97 p. 100, pense Sion, pour la
région de Montivilliers, Goderville, Fécamp, c'est-à-dire la région du Havre)
le Pays de Caux était un pays de fermage. La terre n'appartenait jamais à LA PARTIE OCCIDENTALE DU PAYS DE CAUX 99
celui qui la cultivait, mais à des bourgeois du Havre, de Paris ou de Rouen
et à des nobles qui les groupaient autour de leurs « châteaux » où ils résidaient
encore.
L'économie rurale était une économie de « bon pays », qui s'opposait nett
ement à l'économie des « pays de l'autre côté de l'eau », c'est-à-dire de l'Eure
et du Calvados, alors pauvres. Le Caux était une grande terre à blé. Cette
plante se présentait comme la culture la plus immuable de l'économie. Sous
ce rapport, le Caux se rattachait bien à l'ensemble du Bassin Parisien. Mais
à cette tradition céréalière il fallait ajouter d'autres activités : dès la fin du
xvine siècle, les agriculteurs cauchois adoptèrent dans leur assolement
triennal des « cultures facultatives », lin et colza surtout qui atteignirent des
surfaces considérables dans le courant du xixe siècle (26 000 ha de colza en
Seine-Inférieure en 1860). Ainsi le Caux n'était pas un pays seulement céréal
ier, mais un pays de polyculture. Enfin, c'était aussi un grand pays d'élevage :
l'élevage des bovins était déjà très développé, sans que l'orientation laitière
fût encore bien affirmée. Longtemps les éleveurs hésitèrent entre l'embouche,
le veau gras et l'élevage de vaches laitières. On peut même lire dans la Notice
sur VÉtat de V Agriculture de la Seine-Inférieure, de 1878 : « Dans l'arrondiss
ement du Havre, l'engraissement des bœufs est plus développé que la spécula
tion laitière ». Mais l'élevage n'est pas uniquement bovin en cette fin du
xixe siècle. L'élevage des ovins est encore plus développé. En 1850 on compte
en Seine-Inférieure 40 000 bovins et 400 000 ovins (les chiffres devraient
être maintenant exactement inversés). L'importance de cet élevage ovin et
la façon dont il est pratiqué sont d'ailleurs des traits communs à toutes les
grandes plaines céréalières du Bassin Parisien. Beaucoup plus particulier
était l'élevage de formation du cheval de labour, tout aussi développé. Le
Caux ne faisait pas « naître » les chevaux ; il les achetait dans les foires du
Boulonnais et ne faisait qu'« élever » les bêtes qui passaient souvent dans
plusieurs fermes avant d'être « formées » et revendues à des pays de terre
plus lourde ou à travail plus intense. Ainsi l'économie du Caux devait-elle
sa prospérité à une très grande activité s'exerçant dans des domaines nom
breux et variés.
Enfin le Pays de Caux se caractérisait par un type ď habitat particulier ;
entre le Vexin et les pays de l'autre rive de la Seine, entre la plaine et le
bocage, le Caux s'individualisait par une répartition de l'habitat intermédiaire
entre la dispersion et la concentration. Jamais les fermes ne sont isolées,
mais jamais non plus on ne trouve de groupements supérieurs à une dizaine
d'exploitations (cas rare en vérité). C'est surtout la cour cauchoise qui est
le trait le plus particulier. Elle est vaste (généralement 1/10 de la surface
totale de l'exploitation, ce qui donne fréquemment des cours de plusieurs
hectares), bien herbue, plantée de pommiers; elle est entourée de « fossés »,
petites levées de terre surmontées d'arbres de haut jet; à l'intérieur de cette
cour se dispersent les bâtiments de la ferme et la maison d'habitation, tou
jours éloignés les uns des autres (pour diminuer les risques d'incendie),
mais toujours rigoureusement parallèles aux fossés. Enfin les maisons d'ha- ANNALES DE GÉOGRAPHIE 100
bitation sont toujours du type « maisons-blocs à terre » et utilisent les mêmes
matériaux : colombage pour les murs, chaume pour le toit.
Cependant, dans l'ensemble homogène du Gaux, la partie la plus occident
ale s'est toujours assez bien individualisée comme une région où le dynamisme
des habitants est plus grand et les -caractères précédents plus accentués.
C'est dans la région du Havre que la densité de la population était la plus
forte, le régime du fermage le plus développé, l'économie la plus prospère et
le type d'habitat le plus pur. Mais à la fin du xixe siècle, période pendant
laquelle nous avons fixé les traits caractéristiques du Caux, cette individual
ité ne devait rien à la proximité du Havre, qui, traditionnellement (à la
différence de Rouen), « tournait le dos à sa région ».
Un demi-siècle d'évolution va modifier considérablement ces différents
rapports. Le fonds traditionnel de la région va résister avec plus ou moins
de bonheur, et comme la structure agraire et l'économie les conditions démo
gra

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