La qualité de l emploi en Europe : une approche comparative et dynamique - article ; n°1 ; vol.410, pg 47-69
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Economie et statistique - Année 2007 - Volume 410 - Numéro 1 - Pages 47-69
La qualité de l'emploi en Europe: une approche comparative et dynamique
Depuis la stratégie de Lisbonne, la qualité de l'emploi fait partie des objectifs de la Stratégie européenne pour l'emploi. À ce titre, elle a fait l'objet d'une coordination entre États membres autour de la définition d'indica teurs au sommet de Laeken en 2001. Cependant, ces indicateurs sont rarement utilisés, tant du fait de leurs limites intrinsèques, que du fait de l'affaiblissement de la référence à la qualité de l'emploi dans les politiques européennes. Pourtant, une vision comparative des marchés du tra¬ vail en Europe envisagés sous l'angle de la qualité de l'emploi apporte des résultats intéressants. Sur la base des indicateurs de Laeken, on obtient une typologie des pays européens en trois groupes, pays nordiques (y compris le Royaume-Uni), pays continentaux et pays du Sud. Une analyse plus fine des dimensions de la qualité, sécurité de l'emploi et des revenus, formation, condi¬ tions de travail, genre et conciliation, confirme la posi¬ tion globalement défavorable des pays du Sud, tout en nuançant certaines bonnes performances. Le Royau¬ me-Uni et les pays du Nord connaissent par exemple une forte intensité du travail et la participation forte des femmes au marché du travail peut être corrélée avec un certain degré de ségrégation professionnelle. Du point de vue de la Stratégie européenne pour l'emploi, l'intro¬ duction d'indicateurs complémentaires, notamment sur les revenus, la qualité de la formation et les conditions de travail, conduit ainsi à nuancer l'analyse par rapport aux seuls indicateurs de Laeken. Enfin, sur la période 1995-2004, les indicateurs dis¬ ponibles montrent une tendance à l'amélioration de la qualité de l'emploi, en dépit d'écarts persistants entre groupes de pays.
Employment Quality in Europe: A comparative and dynamic Approach
Since the Lisbon Strategy was outlined, employment quality has been a European Employment Strategy objective, and Member States therefore adopted a coordinated approach to defining indicators at the 2001 Laeken summit. However, these indicators are rarely used, as much as a result of their intrinsic limitations as of the declining reference made to employment quality in European policies. However, a comparative view of Europe's labour mar¬ kets from the perspective of employment quality pro¬ duces valuable results. Using the Laeken indicators, we develop a three-group typology of European countries which distinguishes Nordic countries (including the United Kingdom) from continental countries and south¬ ern countries. A closer analysis of the criteria of employment quality, job and income security, training, working conditions, gender and work-life balance, confirms the generally unfavourable position of the southern countries, while also qualifying some good performances. The UK and the northern countries, for instance, are marked by high work intensity, and the high participation of women in the labour market can be correlated with a certain degree of professional segregation. From the perspective of the European Employment Strategy, the introduction of additional indicators, especially of income, training quality and working conditions, leads us to qualify the analysis with reference to the Laeken indicators only. Finally, in the period from 1995 to 2004, the available indicators reveal a trend towards improving employ¬ ment quality, despite continuing discrepancies between groups of countries.
Qualität der Beschäftigung in Europa: ein komparativer und dynamischer Ansatz
Seit Beschluss der Lissabon-Strategie gehört die Qualität der Beschäftigung zu den Zielen der europäischen Beschäftigungsstrategie. Zu diesem Zweck wird sie zwis¬ chen den Mitgliedstaaten auf der Grundlage der beim EU-Gipfel von Laeken 2001 definierten Indikatoren koor¬ diniert. Diese Indikatoren werden aber nur selten benutzt, sei esaufgrund ihrer intrinsischen Grenzen oder wegen des geringeren Stellenwerts, den die Beschäftigungsqualität in den europäischen Politiken einnimmt. Ein Vergleich der Arbeitsmärkte in Europa bezüglich der Beschäftigungsqualität liefert jedoch interessante Ergebnisse. Auf der Grundlage der Laeken-Indikatoren erhält man eine Typologie der europäischen Ländern nach drei Gruppen: nördliche Länder (einschließlich des Vereinigten Königreichs), kontinentale Länder und südliche Länder. Eine detailliertere Analyse der Dimensionen der Qualität und Sicherheit der Beschäftigung sowie der Einkünfte, der Ausbildung, der Arbeitsbedingungen, des Geschlechts und der Vereinbarkeit bestätigt, dass die Situation in den südlichen Ländern generell weniger günstig ist, wobei nach bestimmten guten Leistungen zu nuancieren ist. Das Vereinigte Königreich und die nördli¬ chen Länder zeichnen sich beispielsweise durch eine hohe Arbeitsintensität aus, und die starke Präsenz der Frauen am Arbeitsmarkt kann zu einem bestimmten Grad zur beruflichen Segregation in Bezug gesetzt werden. Im Hinblick auf die europäische Beschäftigungsstrategie führt die Heranziehung zusätzlicher Indikatoren, ins¬ besondere für die Einkünfte, die Ausbildungsqualität und die Arbeitsbedingungen, zu einer nuancierteren Analyse verglichen mit den Laeken-Indikatoren. Für den Zeitraum 1995-2004 ist den verfüg¬ baren Indikatoren zu entnehmen, dass sich die Beschäftigungsqualität trotz der fortbestehenden Unterschiede zwischen den Ländergruppen tendenziell verbessert hat.
La calidad del empleo en Europa: un enfoque comparativo y dinámico
Desde la estrategia de Lisboa, la calidad del empleo forma parte de los objetivos de la Estrategia europea para el empleo. A este título, ha sido objeto de la coor¬ dinación entre Estados miembros entorno a la defini ción de indicadores en la cumbre de Laeken en 2001. No obstante, estos indicadores se utilizan raramente debido tanto a sus límites intrínsicos, como al debili¬ tamiento de la referencia a la calidad del empleo en las políticas europeas. Sin embargo, una visión comparativa de los mercados del trabajo en Europa considerada bajo el ángulo de la calidad del empleo proporciona resultados interesan¬ tes. En base a los indicadores de Laeken, se obtiene una tipología de países europeos en tres grupos, países nórdicos (incluidos el Reino Unido), países continenta¬ les y países del Sur. Un análisis más minucioso de las dimensiones de la cali dad, seguridad laboral y renta, formación, condiciones laborales, género y conciliación, confirma la posición globalmente desfavorables de los países del Sur, no sin matizar ciertos buenos resultados. El Reino Unido y los países del Norte conocen, por ejemplo, una fuerte intensidad laboral, mas la fuerte participación femeni¬ na en el mercado de trabajo puede correlacionarse con cierto grado de segregación profesional. Desde el pun¬ to de vista de la Estrategia europea para el empleo, la introducción de indicadores adicionales, en particular, en los ingresos, la calidad de la formación y las condi¬ ciones laborales, conduce así a matizar el análisis con respecto a los únicos indicadores de Laeken. Por último, en el período 1995-2004, los indicadores disponibles muestran una tendencia a la mejora de la calidad del empleo a pesar de las diferencias persisten¬ tes entre grupos de países.
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Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2007
Nombre de lectures 54
Langue Français

Extrait

TRAVAIL / EMPLOI
La qualité de l’emploi en Europe : une approche comparative et dynamique Lucie Davoine*et Christine Erhel**
Depuis la stratégie de Lisbonne, la qualité de l’emploi fait partie des objectifs de la Stratégie européenne pour l’emploi. À ce titre, elle a fait l’objet d’une coordination entre États membres autour de la définition d’indicateurs au sommet de Laeken en 2001. Cependant, ces indicateurs sont rarement utilisés, tant du fait de leurs limites intrinsè ques, que du fait de l’affaiblissement de la référence à la qualité de l’emploi dans les politiques européennes.
Pourtant, une vision comparative des marchés du travail en Europe envisagés sous l’an gle de la qualité de l’emploi apporte des résultats intéressants. Sur la base des indicateurs de Laeken, on obtient une typologie des pays européens en trois groupes, pays nordiques (y compris le RoyaumeUni), pays continentaux et pays du Sud.
Une analyse plus fine des dimensions de la qualité, sécurité de l’emploi et des reve nus, formation, conditions de travail, genre et conciliation, confirme la position globa lement défavorable des pays du Sud, tout en nuançant certaines bonnes performances. Le RoyaumeUni et les pays du Nord connaissent par exemple une forte intensité du travail et la participation forte des femmes au marché du travail peut être corrélée avec un certain degré de ségrégation professionnelle. Du point de vue de la Stratégie euro péenne pour l’emploi, l’introduction d’indicateurs complémentaires, notamment sur les revenus, la qualité de la formation et les conditions de travail, conduit ainsi à nuancer l’analyse par rapport aux seuls indicateurs de Laeken.
Enfin, sur la période 19952004, les indicateurs disponibles montrent une tendance à l’amélioration de la qualité de l’emploi, en dépit d’écarts persistants entre groupes de pays.
* Au moment de la rédaction de l’article, Lucie Davoine était chargée de mission au Centre d’études de l’emploi et membre associée de Paris School of Economics, Centre d’économie de la Sorbonne. ** Université Paris I, Paris School of Economics (Centre d’économie de la Sorbonne) et Centre d’études de l’emploi. Les auteures remercient Pierre Courtioux et Corinne Perraudin pour l’aide technique qu’ils leur ont apportée. L’article a également béné ficié des remarques de François Gardes, Bernard Gazier et Monique Le Guen.
ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 410, 2007
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e thème de la qualité de l’emploi fait l’ob L jet d’un intérêt grandissant depuis la fin des années 1990, tant dans le champ académique que dans les débats de politique économique.
Dans les pays anglosaxons et, en particulier, au RoyaumeUni, le dynamisme des créations d’emplois dans le courant des années 1990 et début 2000 a conduit à un déplacement des débats en matière d’emploi de la question du plein emploi envisagée sous l’angle de taux d’emploi élevés à celle de la « qualité de l’em ploi » (1). Dans un contexte d’affaiblissement du pouvoir syndical, le débat académique a souligné en particulier des tendances au déve loppement de formes d’emploi non standard et à l’intensification du travail (Green, 2006), ce qui conduit à évoquer le risque d’un arbitrage entre quantité et qualité de l’emploi. Ce débat se retrouve également aux ÉtatsUnis et au Canada autour de travaux qualitatifs et quantita tifs portant sur les «bad jobs» (Kalleberget al., 2000 ; Appelbaumet al., 2003) et a donné lieu au développement d’indicateurs spécifiques de qualité de l’emploi (Tal, 2006).
Plus largement, l’intérêt porté aux données déclaratives et « subjectives » dans le cadre de l’ « économie du bonheur » (Layard, 2005) s’est accompagné de la reconnaissance de l’impor tance du jugement porté par les travailleurs sur leurs emplois. L’analyse de la qualité de l’emploi a ainsi été renouvelée par la prise en compte de la satisfaction au travail, qui est supposée avoir des effets, audelà du marché du travail, sur le bienêtre mais aussi sur la productivité.
Toutefois, ce sont les institutions internationa les intervenant dans la régulation du marché du travail qui ont le plus clairement affiché cette préoccupation pour la dimension qualitative de l’emploi. Depuis 1999, le Bureau interna tional du travail affiche un objectif de « travail décent » (ILO, 1999). La définition officielle retient initialement quatre composantes (emploi, protection, sociale, droits des travailleurs et dia logue social) (Ghai, 2003), mais des dimensions complémentaires telles que la rémunération ou la durée excessive du travail font l’objet d’une première analyse dans le numéro spécial de laRevue Internationale du travail, dédié à la mesure du travail décent (Ankeret al.;, 2003 Bescondet al., 2003 ; Bonnetet al., 2003). De plus, depuis 2000, à la suite des sommets euro péens de Nice et de Lisbonne, la « qualité de l’emploi » est devenue un objectif explicite de la Stratégie européenne pour l’emploi (SEE), maintenu en 2003 et en 2005 (2), même si la
formulation est modifiée. Dans la lignée de la « méthode ouverte de coordination », qui fait reposer la coordination sur des outils de com paraison entre les États membres, le sommet de Laeken (décembre 2001) a conduit à l’adoption d’une liste d’indicateurs de « qualité de l’em ploi » (Commission Européenne, 2001). Ces indicateurs ont été utilisés dans des chapitres spécifiques de l’Emploi en Europe2001 entre et 2003 et font l’objet d’un suivi par Eurostat et la Direction générale emploi, affaires sociales et égalité des chances, de la Commission euro péenne (3). L’Union Européenne dispose ainsi d’une base conceptuelle et empirique permet tant de situer les pays en matière de qualité de 123 l’emploi.
Cependant, en dépit du maintien de la « qualité de l’emploi » comme objectif commun aux pays européens, cet outil apparaît sousutilisé depuis 2004.L’Emploi en Europe ne consacre plus de chapitre à ce thème et les analyses empiriques utilisant les indicateurs de Laeken sont quasi inexistantes (4). La notion de qualité est de plus en plus tirée du côté de la productivité et de l’at tractivité financière des emplois sans référence au point de vue des travailleurs. Plusieurs raisons peuvent être invoquées pour cet affaiblissement : un effet conjoncturel tout d’abord, la dégradation de la conjoncture dans plusieurs pays européens ayant conduit à rétablir une priorité d’augmenta tion quantitative de l’emploi, mais également la disparition du consensus politique ayant conduit à mettre en avant un objectif de qualité (Barbier et Sylla, 2004), au profit notamment des théma 4 tiques de « flexisécurité ».
Néanmoins, à condition d’adopter une position critique à leur égard, ces indicateurs constituent une base pour comparer les pays européens entre eux. Si les comparaisons européennes en matière de performances du marché du travail sont nom breuses (Cadiouet al., 2000 ; L’Horty et Rugani, 2000 ; Morin, 2002 ; OCDE, 2006), elles n’intè grent pas (ou de manière partielle) une réflexion en termes de qualité. Ces travaux comparatifs
1.L’objectif affiché par le gouvernement étant d’atteindre «a full and fulfilling employment» (Brownet al., 2006). 2.Voir la décision du Conseil du 12 juillet 2005, fixant les trois objectifs de la Stratégie Européenne pour l’Emploi pour la période 20052008, définis comme suit : « plein emploi », « qua lité de l’emploi et productivité », « inclusion sociale et cohésion sociale »(Conseil de l’Union européenne, 2005). 3.Voir Commission européenne (2006), « Indicators for monito ring the Employment Guidelines. 2006 Compendium », disponi ble sur le site de la DG Emploi, affaires sociales et égalité des chances http ://ec.europa.eu/employment_social/employment_ strategy/pdf/indicatorsendnov_en.pdf 4.Le travail de François Brunet (2002), sur le cas français, constitue une exception.
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