Economie et statistique - Année 2009 - Volume 424 - Numéro 1 - Pages 103-124The sociology of education often emphasizes the father’s occupation as a determinant of inequality of educational achievement. However, other factors such as household income and parental educational attainment are important as well. Educational attainment is typically interpreted as the “cultural” dimension of parental capital. But there are other criteria for evaluating that dimension, such as cultural participation, familiarity with the education system, and skills. Our article offers, for the first time, a statistical insight into the skill factor through an analysis of the 2004 Information and Daily Life Survey (Information et Vie Quotidienne: IVQ). Parents with the lowest reading and mathematical skills have children who repeat classes more often than others. The correlation persists even after testing for the other available characteristics such as education, income, and occupation. Its form differs according to the gender of the parent examined. It is better to have a father who is good in mathematics and a mother who is good in French than the opposite. This may indicate a division of labour in help with homework: fathers help with mathematics, and mothers help with French. However, skills are not the only characteristics linked to backwardness at school. Parental educational attainment, household income, and cultural participation also generate major differentials. La sociología de la educación destaca a menudo las desigualdades de éxito escolar en función de la profesión del padre. No obstante, otros factores como los ingresos del hogar o las titulaciones de los padres también tienen su importancia. Estas titulaciones se interpretan en general como la dimensión «cultural» del capital de los padres. No obstante esta dimensión puede ser aprehendida de muchas otras formas: prácticas culturales, conocimiento del sistema escolar, competencias... Sobre este último aspecto, el presente artículo arroja por primera vez una luz estadística gracias al análisis de la encuesta Información y vida cotidiana (IVQ). Los padres menos competentes en lectura y en cálculo tienen hijos con mayor posibilidad de repetir curso que los demás. Esta correlación persiste incluso cuando se comprueban las demás características disponibles: titulaciones, ingresos, profesión... Adquiere una forma diferente según el sexo del padre considerado. Es mejor tener a un padre bueno en matemáticas y a una madre buena en francés que al revés. Eso indica quizá la distribución de la ayuda escolar: los padres siguen los deberes de matemáticas y las madres, los de francés. No obstante, las competencias no son las únicas características relacionadas con el retraso escolar. Aparecen desviaciones importantes también según las titulaciones de los padres, los ingresos del hogar y sus prácticas culturales. La sociologie de l’éducation met souvent en avant les inégalités de réussite scolaire en fonction de la profession du père. Cependant, d’autres facteurs, comme le revenu du ménage ou les diplômes des parents, ont aussi leur importance. Ces diplômes sont généralement interprétés comme la dimension «culturelle» du capital parental. Or cette dimension peut être appréhendée de bien d’autres façons: pratiques culturelles, connaissance du système scolaire, compétences… Sur ce dernier aspect, le présent article apporte pour la première fois un éclairage statistique grâce à l’exploitation de l’enquête Information et Vie Quotidienne (IVQ). Les parents les moins compétents en lecture et en calcul ont des enfants qui redoublent plus souvent que les autres. Cette corrélation persiste même quand on contrôle les autres caractéristiques disponibles: diplômes, revenu, profession… Elle prend une forme différente selon le sexe du parent considéré. Il vaut mieux avoir un père bon en mathématiques et une mère bonne en français que l’inverse. Cela indique peut-être un partage de l’aide scolaire: les pères suivant les devoirs de mathématiques et les mères ceux de français. Cependant, les compétences ne sont pas les seules caractéristiques liées au retard scolaire. Des écarts importants apparaissent aussi selon les diplômes des parents, le revenu du ménage et ses pratiques culturelles. In der Erziehungssoziologie wird für die unterschiedlichen Schulleistungen oftmals der Beruf des Vaters verantwortlich gemacht. Wichtig sind aber auch andere Faktoren wie das Haushaltseinkommen oder das Ausbildungsniveau der Eltern. Letzteres wird in der Regel als die „kulturelle“ Dimension des Elternkapitals bezeichnet. Diese Dimension kann aber sehr unterschiedlich ausgelegt werden: kulturelle Tätigkeiten, Kenntnis des Schulsystems, Kompetenzen usw. Für den letzteren Bereich liefert dieser Artikel erstmals statistische Daten, die bei der Auswertung der Erhebung Information und Alltag (IVQ) gewonnen wurden. Die Kinder von Eltern mit den geringsten Lese-und Schreibkompetenzen wiederholen eine Klasse häufiger als andere. Diese Beziehung besteht auch, wenn andere verfügbare Merkmale analysiert werden wie Ausbildungsniveau, Einkommen, Beruf usw. Sie unterscheidet sich je nach Geschlecht des jeweiligen Elternteils. Es ist besser, der Vater ist gut in Mathematik und die Mutter gut in Französisch als umgekehrt. Dies ermöglicht eine Arbeitsteilung bei der Hausaufgabenbetreuung: der Vater überwacht die Hausaufgaben in Mathematik und die Mutter in Französisch. Die Kompetenzen sind aber nicht die einzigen Merkmale, die für eine Lernschwäche ausschlaggebend sind. Auch das Ausbildungsniveau der Eltern, das Haushaltseinkommen und die kulturellen Tätigkeiten sind für wichtige Unterschiede verantwortlich. 22 pages Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.
Le etd scle en fnctn du mleu parental : l’influence des compétences des ents Fbce Mut*
Lasociologiedeléducationmetsouventenavantlesinégalitésderéussitescolaireen fonction de la profession du père. Cependant, dautres facteurs, comme le revenu du ménage ou les diplômes des parents, ont aussi leur importance. Ces diplômes sont généralement interprétés comme la dimension « culturelle » du capital parental. Or cette dimension peut être appréhendée de bien dautres façons : pratiques culturelles, connais-sance du système scolaire, compétences Sur ce dernier aspect, le présent article apporte pour la première fois un éclairage statistique grâce à lexploitation de lenquête Information et Vie Quotidienne ( IVQ ). Les parents les moins compétents en lecture et en calcul ont des enfants qui redoublent plus souvent que les autres. Cette corrélation per-siste même quand on contrôle les autres caractéristiques disponibles : diplômes, revenu, profession Elle prend une forme différente selon le sexe du parent considéré. Il vaut mieuxavoirunpèrebonenmathématiquesetunemèrebonneenfrançaisquelinverse.Celaindiquepeut-êtreunpartagedelaidescolaire:lespèressuivantlesdevoirsdemathématiques et les mères ceux de français. Cependant, les compétences ne sont pas les seules caractéristiques liées au retard scolaire. Des écarts importants apparaissent aussi selon les diplômes des parents, le revenu du ménage et ses pratiques culturelles.
* Au moment de la rédaction de cet article, Fabrice Murat travaillait à la division Emploi de lInsee.
ÉCONOMIEETSTATISTIQUEN°424425,2009
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E n France, pendant longtemps, la sociolo-giedeléducationasurtoutcherchéàétu-dier et à expliquer le poids des déterminismes sociaux, en comparant la scolarité des enfants avec leur milieu social (problématique des inégalités sociales à lécole) ou la profession du fils avec celle de son père (problématique de la mobilité sociale). Au moment où le sys-tème scolaire commençait à se démocratiser, lenquêtenationalesur lentrée en sixième et ladémocratisationdelenseignement , lancée parlIneden1962,amontréàquelpointlesinégalités sociales à lécole étaient fortes (Ined, 1970). Même en contrôlant le niveau de réussite scolaire en primaire, le taux de passage en 6 e variait très sensiblement selon la profession du père (1). Différents modèles sociologiques ont été proposés pour expliquer ces inégalités. Pour Bourdieu et Passeron (1964), lécole serait une institution reproductrice des rapports de domi-nance. En reprenant, de façon implicite, la lan-gueetlesvaleursdesclassessupérieures,lécolefavoriserait la réussite des enfants issus de cel-les-ci et validerait leur maintien dans une posi-tion sociale supérieure. Pour Boudon (1973), les inégalités sociales résulteraient surtout de la diversité des anticipations des familles, cel-les-ci escomptant un gain plus ou moins impor-tantdunescolaritéprolongée.Lescontraintesde revenu pesant sur les familles pour financer lascolaritéseraientalorslélémentdéterminantde la poursuite détudes. À côté de la vision globale du milieu social syn-thétisée par la profession du père, la dimension dite « culturelle » des inégalités a aussi été mise en avant, généralement mesurée par les diplô-mes des parents. Les recherches de Berstein (1975) suggéraient des différences linguistiques entre classes sociales, pouvant expliquer les dif-férences de réussite scolaire. Cependant, comme le rappelle Duru-Bellat (2002), les sociologues français sont assez réticents à retenir un modèle fondé exclusivement sur la notion de déficit culturel et à prendre en compte des inégalités spécifiquement cognitives. Selon Bourdieu et Passeron (1964), il sagirait surtout dun pro -blème de distance à lécole, portant plus sur la nature du capital culturel que sur sa quan-tité. Les enfants de milieu populaire nauraient pas moins de capital culturel, mais un capital culturel différent de celui qui est valorisé par lécole. Ces dernières années, plusieurs travaux ont aussi étudié l’influence des conditions matérielles sur la scolarité des enfants. Goux et Maurin (2000) ont évalué limpact du revenu sur la scolarité
des enfants. Le rapport du Cerc (2004) sur les enfants pauvres a consacré un chapitre aux iné-galités scolaires selon le revenu, montrant que les enfants pauvres sont nettement plus en retard ensixième:ainsi,prèsdelamoitiédentreeuxsont en retard en sixième alors que cest le cas dunquartdesautresenfantsetdeseulement12 % des enfants issus des 20 % des ménages les plus riches. Par ailleurs, le surpeuplement du logement semble aussi un facteur défavorable à la réussite scolaire (Goux et Maurin, 2003), autre façon peut-être de présenter la corrélation négative assez nette, constatée depuis long-temps, entre la taille de la famille et la réussite scolaire (Merllié et Monso, 2007). 1 Sans négliger les composantes sociales et maté-riellesdesinégalitésderéussiteàlécole,cetarticle va surtout étudier l’influence du « capi -tal culturel » des parents. Dans les études sur ladémocratisationdelenseignement(Goux,Maurin 1997 et Thélot, Vallet 2000), la prise en compte du capital culturel se fait le plus souvent en tenant compte de la scolarité des parents. Les écarts selon les diplômes des parents (en particulier celui de la mère) tendent à être plus importants que les écarts selon la profession dupère,cequimetenavantlimportancedu« capital culturel ». Cependant, celui-ci peut être appréhendé dautres façons : - les parents ont des savoirs scolaires (et non scolaires) inégaux et peuvent ainsi plus ou moins facilement suivre et aider leurs enfants durant leur scolarité ; - ce capital culturel peut aussi prendre la forme de différences matérielles. La présence de livres oudunordinateurparexemplepeutfavoriserlacquisition de savoirs et de compétences ; - certaines pratiques culturelles, comme les visi-tes au musée ou les sorties au cinéma, peuvent aussi indiquer la transmission de valeurs plus ou moins proches de lécole. Le style éducatif des familles a probablement aussi une influence ; -enfin, il existe une dimension « stratégique » du capital culturel. La familiarité avec un sys-tème scolaire assez complexe permet de mieux guiderlenfantlorsduchoixdunétablissement,dune option, dune orientation. Cetarticlesintéresseessentiellementàlapre-mière composante, c’est-à-dire l’influence des 1.Àlépoque,environlamoitiédesélèvesseulemententraienten 6 e .