Le voyage des motifs. II. La Lune, le Soleil et le Feu - article ; n°1 ; vol.46, pg 111-121
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Description

Arts asiatiques - Année 1991 - Volume 46 - Numéro 1 - Pages 111-121
In Japanese Buddhist sculpture and painting of 7th and 8th centuries, several bodhisattva have their tiara or diadem decorated with a disk cradled by a crescent. This pattern is also seen in Korea and mainly in China where it appeared about the 5th century. Some scholars had shown this disk-and-crescent motif, which is rather frequent in Buddhist paintings of Afghanistan, took its origin from Sasanian kings crowns. But in fact, it is more ancient: we can see it on the rock grave of King Darius (522-486 B.C.) and even on a cylinder-seal from Susa dating from the 3rd millenary. This motif is probably an abbreviated repesentation of the Sumerian astral trinity, that is to say Moon, Sun and Star (planet Venus). On the other hand, the disk-and-crescent pattern is seen too in Egyptian art. For example, the Sun cradled by horns of god-bull Apis and goddess-cow Hathor, or covering the head of Sun-god Amon-Rê's sacred ram. By the way, the theme of solar ram had existed in Northern Africa since the Neolithic period, and is also known to-day in Western Black Africa.
Another pattern in Japanese Buddhist sculpture of the 7th century is flames springing from bodhisattva shoulders. Unknown in Korea, very rare in China, this motif appeared in certain of Gandharan statues. But its origin is older: such flames are spurting out of shoulders of Babylonian Sun-god Shamash, as it is represented on the famous stele of Hammurabi's Code (18th c. B.C.) and also on Mesopotamian cylinders from the 3rd millenary. The fact that this Fire motif had been transmitted to Buddhist statues let suppose relations between Buddha and Light or Sun gods in Middle and Near East, especially Persia. And the golden colour of Buddha's body has perhaps some connection with beliefs of ancient Egypt.
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1991
Nombre de lectures 17
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

François Berthier
Le voyage des motifs. II. La Lune, le Soleil et le Feu
In: Arts asiatiques. Tome 46, 1991. pp. 111-121.
Abstract
In Japanese Buddhist sculpture and painting of 7th and 8th centuries, several bodhisattva have their tiara or diadem decorated
with a disk cradled by a crescent. This pattern is also seen in Korea and mainly in China where it appeared about the 5th century.
Some scholars had shown this disk-and-crescent motif, which is rather frequent in Buddhist paintings of Afghanistan, took its
origin from Sasanian kings crowns. But in fact, it is more ancient: we can see it on the rock grave of King Darius (522-486 B.C.)
and even on a cylinder-seal from Susa dating from the 3rd millenary. This motif is probably an abbreviated repesentation of the
Sumerian astral trinity, that is to say Moon, Sun and Star (planet Venus). On the other hand, the disk-and-crescent pattern is
seen too in Egyptian art. For example, the Sun cradled by horns of god-bull Apis and goddess-cow Hathor, or covering the head
of Sun-god Amon-Rê's sacred ram. By the way, the theme of solar ram had existed in Northern Africa since the Neolithic period,
and is also known to-day in Western Black Africa.
Another pattern in Japanese Buddhist sculpture of the 7th century is flames springing from bodhisattva shoulders. Unknown in
Korea, very rare in China, this motif appeared in certain of Gandharan statues. But its origin is older: such flames are spurting out
of shoulders of Babylonian Sun-god Shamash, as it is represented on the famous stele of Hammurabi's Code (18th c. B.C.) and
also on Mesopotamian cylinders from the 3rd millenary. The fact that this Fire motif had been transmitted to Buddhist statues let
suppose relations between Buddha and Light or Sun gods in Middle and Near East, especially Persia. And the golden colour of
Buddha's body has perhaps some connection with beliefs of ancient Egypt.
Citer ce document / Cite this document :
Berthier François. Le voyage des motifs. II. La Lune, le Soleil et le Feu. In: Arts asiatiques. Tome 46, 1991. pp. 111-121.
doi : 10.3406/arasi.1991.1305
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arasi_0004-3958_1991_num_46_1_1305Francois Berthier
Le voyage des motifs
II. La Lune, le Soleil et le Feu
L'une des plus anciennes productions de l'art sculptural boud
Fig. 1. Parèdre dextre de la triade de Shaka. Bronze doré fait dhique du Japon est la grande triade en bronze révérée au par Tori en 623. Monastère Hôryùji, département de Nara. monastère Hôryùji W (dép. de Nara), qui figure Sâkyamuni flan
qué de deux bodhisattva. Réalisée en l'an 623 par le maître
Tori (2), cette œuvre présente un style apparemment homogène,
mais dont une analyse minutieuse révèle la complexité : pour
édifier ce monument statuaire, son auteur puisa à toutes les
sources dont il disposait, en Chine, tout au long du vie siècle, au
Nord comme au Sud, et en Corée, à une époque plus proche de
la sienne puisque ce pays est voisin de l'archipel nippon. Mais
le décor des couronnes et des parures que portent les parèdres
est encore plus complexe, car il comporte des éléments dont
l'origine se situe bien loin du Japon et très avant dans le temps.
Notamment, au sommet des coiffures, un croissant au creux
duquel est enchâssé le Joyau bouddhique (mani) forme un
motif qui fit un fort long voyage avant d'arriver au Hôryùji
(fig- I)-
Ce motif connut une certaine fortune dans l'art sacré japo
nais aux viie et vme siècles. Outre l'exemple précité, on le voit
sur les couronnes de deux statuettes exécutées dans l'atelier de
Tori l, de la grande statue en bois représentant Kannon (Avalo-
kitesvara) qui est au Pavillon des Songes (Yumedono)P) du
Hôryùji (lre moitié du vne siècle), des Quatre Rois Célestes (Shi-
tennô)ïA) qui se trouvent dans le sanctuaire de ce monastère
(milieu du vue siècle) et d'une petite image de Kannon datée de
651 2. A cette liste s'ajoutent les parèdres de la triade n° 143 du
Trésor du Hôryùji, ainsi que les bodhisattva méditant des
monastères Kônoderat5) (dép. de Nara) et Kanshô.int6) (dép. de
Nagano). Mais ces œuvres, que l'on peut situer à la fin du
vie siècle ou au début du vne, sont considérées comme
coréennes.
Après une éclipse de quelques décennies, le motif du dis
coïde encastré dans un croissant réapparaît dans les peintures
murales qui décorent le sanctuaire du Hôryùji, notamment dans
le tableau n° 10 (fin du vne siècle) (fig. 2), puis se revoit sur les
couronnes des quatre bodhisattva peints sur les vantaux de Fig. 2. Bodhisattva figurant dans le tableau n° 10 du sanctuaire
du Hôryûji. Fin du vif siècle. l'iconothèque de la Dame Tachibana (Tachibana-fujin no
111 Illustration non autorisée à la diffusion
3. Bodhisattva peint sur chanvre. Vers 752. Shosoin, Nara. Fig.
Fig. 4. Bodhisattva méditant. Bronze doré. Corée.
Fin du vf siècle. Musée Guimet, Pans (photo R.M.N.).
zushi) (7) exposée au Horyûji (vers 733). On le retrouve dans une
peinture sur chanvre conservée au Shôsô.in(8) (Nara) et datant
vraisemblablement des environs de 752 (fig. 3), ainsi que sur
certains bodhisattva gravés sur les pétales du socle du Grand
Buddha du monastère TôdaijiP) (Nara) (757). Enfin, le petit
bodhisattva en bronze appartenant au monastère Okaderat10)
(dép. de Nara), qui fut fait dans le courant du vme siècle, arbore
cet antique motif dont la trace se perd à partir du ixe siècle.
On a vu que trois œuvres, qui se trouvent au Japon depuis
les premiers temps du bouddhisme insulaire, provenaient pro
bablement de Corée. Une quatrième statuette, exposée au musée
Guimet, qui semble elle aussi avoir été sculptée dans la pénin
sule 3, tend à prouver à son tour que le motif dont nous traitons
présentement fut introduit dans l'archipel par son voisin imméd
iat (fig. 4). Mais celui-ci, bien sûr, l'avait reçu de la Chine.
Le motif du cercle serti dans un croissant fait son apparition
dans la statuaire chinoise à Yungang, mais il y est très rare : le Fig. 5. Bodhisattva dans la grotte 8 de Yungang.
2e moitié du Ve siècle. bodhisattva occupant la niche Ouest du quatrième étage de la
112 paroi Sud de la grotte 8 en est le presque unique exemple
(fig. 5). Ce motif devient tout à fait exceptionnel dans la pre
mière moitié du vie siècle : on ne l'observe guère que sur le
parèdre dextre du Buddha siégeant dans la grotte Binyang-
dong(n) à Longmen. Ce n'est qu'à l'époque Qi du Nord (550-
577) que l'on enregistre sa résurgence, encore que timide. On
voit le croissant garni d'un disque sur la couronne d'un dvara
pâla de Tianlongshan, qu'abrite aujourd'hui le musée Fujii
Yùrinkan à Kyoto. On le retrouve, à l'époque Sui (581-618), sur
deux des quatre bodhisattva et sur les deux dvarapâla meublant
le socle en calcaire conservé à la Freer Gallery of Art (Washingt
on) ; puis, à l'époque Tang, il orne les couronnes de plusieurs
bodhisattva gravés sur l'un des linteaux de la Grande Tour
des Oies Sauvages (Dayanta)W du monastère Daciensit13) de
Changan — monument achevé en l'an 21 de l'ère SishengC14)
(704) — ou ciselés en bas relief au flanc de la stèle de Dazhi-
chanshi (15) (fig. 6), qui est datée de l'an 24 de l'ère Kaiyuan t16)
(736).
Dans le domaine de l'art pictural, c'est à Dunhuang que
subsistent quelques exemples de notre motif : il s'y ébauche à
l'époque Wei du Nord (435-534), dans la grotte 254 entre
Fig. 7. Bodhisattva autres. Le croissant est alors dépourvu de discoïde, comme cela
dans la grotte 45 est assez courant à Yungang. Puis le motif fleurit peu après de Dunhuang. vu? siècle. l'an 600 (grotte 244) et s'épanouit au cours du vne siècle
(grottes 57 et 334) et du vme siècle (grotte 45) (fig. 7).
Si, de Dunhuang, on parcourt la Route de la Soie vers
l'Ouest, on rencontre le motif du ménisque allié au disque à
Chortchouq, à Balawaste — dans la région de Khotan — et,
enfin, à Bâmiyân, où se trouve l'une de ses sources. C'est pro
bablement J. Hackin qui, le premier, remarqua la présence de
«coiffures classiquement sassanides, surmontées de croissants
et de globes», dans plusieurs peintures bouddhiques du ve ou
du vie siècle. Par exemple, en haut de la paroi Est de l'enfonce
ment dans lequel se dresse le Grand Buddha (celui de l'Ouest,
haut de 55 m), siège un bud

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