Les collections de Marie-Antoinette - article ; n°1 ; vol.20, pg 209-220
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Description

Arts asiatiques - Année 1969 - Volume 20 - Numéro 1 - Pages 209-220
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1969
Nombre de lectures 17
Langue Français

Extrait

Marguerite Jallut
Les collections de Marie-Antoinette
In: Arts asiatiques. Tome 20, 1969. pp. 209-220.
Citer ce document / Cite this document :
Jallut Marguerite. Les collections de Marie-Antoinette. In: Arts asiatiques. Tome 20, 1969. pp. 209-220.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arasi_0004-3958_1969_num_20_1_1014LES COLLECTIONS DE MARIE-ANTOINETTE
par Marguerite JALLUT
L'étude des appartements de la Reine à Versailles, entreprise depuis de longues
années, m'a posé de nombreux problèmes. L'absence de documents sur les paiements
faits par la Maison de la Reine, la disparition à la Révolution des registres d'inventaire
de son mobilier et de ses collections, registres saisis chez Bonnefoy du Plan, qui en
avait la charge, et disparus depuis, rien ne facilitait la tâche. Cependant avec de la
patience et de longues recherches beaucoup de choses paraissent assez claires mainte
nant. Cette première étude le montrera je l'espère, dans la mesure du possible sinon
totalement comme nous l'aurions aimé.
Une pièce révolutionnaire, publiée en partie par Ephrussi en 1879 dans la Gazette
des Beaux Arts et avec quelques différences par Tuetey dans les Archives de l'Art
Français (Tome VIII) en 1914, un document publié dans V Intermédiaire des Chercheurs
et Curieux (Tome 57) en 1908, enfin les rapports de pluviôse et ventôse an II (Archives
Nationales F17 1344 2) permirent d'avoir des détails très précis sur une grande partie
des collections de la Reine. Nous disons une grande partie seulement, car nous avons
acquis la conviction que d'autres objets furent confiés à des gens sûrs, qui en gardèrent
le secret. Il y eut de nombreuses dénonciations suivies de perquisitions ordonnées
par les Comités de surveillance ; elles furent sans résultat.
Devant l'émeute et les risques courus pendant les journées des 5 et 6 octobre 1789
à Versailles, Marie-Antoinette avait songé tout de suite — et c'est fort instructif
pour juger de sa clairvoyance et de son sang-froid — à mettre à l'abri les objets
auxquels elle tenait. Elle avait chargé Daguerre, marchand bijoutier, 85 rue Saint-
Honoré à Paris, son fournisseur, de prendre en charge certains objets. Celui-ci, le
10 octobre, quatre jours après le départ de la famille Royale de Versailles pour les
Tuileries, envoyait Lignereux qui allait devenir son associé, retirer les objets des
appartements où ils étaient placés. Il nous a laissé un état très précieux et très précis
de ce qu'il a emporté et de l'emplacement des objets à Versailles.
En 1793, au moment où les dénonciations se multipliaient, devant l'ampleur
que prenaient les événements et les risques qu'il courait, Lignereux se décida à déclarer 210 MARGUERITE JALLUT
officiellement le dépôt royal qu'il conservait et qu'il avait soigneusement emballé.
Deux commissaires, Nitot et Besson, se rendirent alors chez lui rue Saint-Honoré
et firent l'inventaire de ce qu'il avait pris en garde. Le texte précise qu'il s'agit « des
effets curieux qui sont déposés dans la maison des citoyens Daguerre et Lignereux,
marchands bijoutiers rue Saint-Honoré 85 par les ordres de la cidevant Reine le
10 octobre 1789 ». Ce texte indique aussi qu'Etienne Nitot et Alexandre Charles
Besson étaient membres de la commission des Arts. L'inventaire suit l'ordre dans
lequel les objets avaient été placés dans des caisses numérotées ; des lettres furent
mises sur ces caisses pour indiquer la section de la commission qui devait procéder
au nouvel inventaire. Tout fut donc fait avec la plus exacte régularité. Ces soins
cependant ne veulent pas dire que tous les objets allèrent au Museum, ni qu'ils
viendront ensuite jusqu'à nous. Observons déjà que tous les objets ornés de diamants
ou de pierres précieuses, que les pierres dures et les mosaïques et que les objets d'or
ont rarement été sauvés. On peut admettre que les pierreries aient été démontées,
que l'or ait été fondu et que certains bibelots aient été dispersés dans les ventes
et les échanges, mais nous allons voir que la collection contenait des objets d'Extrême-
Orient, ce qui importe ici.
Dans la première caisse inventoriée, il y avait une paire de girandoles à trois
branches avec « trois figures chinoises » groupées, en porcelaine du Japon couleur
café au lait, la monture était dorée d'or mat. Ces girandoles, que nous n'avons plus,
étaient autrefois placées sur la cheminée du cabinet intérieur de la Reine. Nous avons
plus de chance avec la caise n° 3 qui contenait une fontaine de porcelaine du Japon
bleu céleste posée sur un brancard porté par des lions. Avec cette fontaine maintenant
au Musée du Louvre (fig. 1) étaient une cuvette et un plateau de même porcelaine,
le tout monté en bronze doré d'or mat. Ces objets étaient eux aussi dans le cabinet
intérieur ou cabinet doré de la Reine, posés sur la table à droite de la cheminée. Dans
la même caisse avaient été rangés deux perroquets de même porcelaine bleue posés
sur une manière de rocher violet avec monture de bronze doré (Musée du Louvre,
fig. 1). Ils étaient placés sur la même table que la fontaine.
Ce que nous n'avons plus et qui devait être fort beau, c'était un chat couché,
toujours de même porcelaine, reposant sur un coussin de bronze doré porté par un
socle de griotte d'Italie. Près de la fontaine et des deux perroquets se trouvaient deux
vases de porcelaine du Japon bleue aux anses en arabesque de bronze doré qui se
trouvent au Musée du Louvre de nos jours. Ces deux vases n'étaient pas, comme
le dit Ephrussi, au Petit Trianon, mais, on le voit, sur la table à droite de la cheminée
dans le cabinet intérieur de Versailles.
Dans la caisse n° 7 était enfermée une belle boîte de laque à fond aventurine
avec sujet en or de relief, gorge et charnière en or de couleur ; le bouton qui était
à ressort s'ornait d'un diamant. Elle contenait dans des compartiments cinq autres
boîtes, celle du milieu de jaspe rougeâtre, les autres de bois pétrifié. Sans doute en LES COLLECTIONS DE MARIE-ANTOINETTE 211
raison de sa qualité et de sa fragilité l'avait-on rangée dans un caisson de velours
vert recouvert d'un sachet de taffetas de même couleur.
Vient ensuite dans l'inventaire une grande caisse qui contenait deux vases
oblongs en forme d'aiguière. Ces vases étaient en porcelaine du Japon de couleur
violette, ils étaient coupés par des cerceaux de bronze doré et montés sur des consoles
de bronze doré ornées de têtes de béliers et de branches de vigne, riches montures
qu'en cette fin du xvme siècle on choisissait pour présenter les porcelaines du Japon
ou de la Chine. Ce sont les têtes de béliers, les branches de vignes que l'on trouvera
aussi bien sur les bras de lumière que sur les feux de bronze doré. Les montures des
objets de la Reine étaient d'une telle qualité qu'il arrive aux commissaires émerveillés
d'inscrire sur leur papier « le tout très bien exécuté ». La monture de deux jattes
à pans en « porcelaine d'ancien Japon rouge et blanc » était tout aussi délicate.
La caisse contient encore deux mortiers à pans avec leurs soucoupes de porcelaine
du Japon fond blanc orné de fleurs. Dans un coffre de laque fond aventurine avec
médaillon en relief sont rangés quatre flacons en cristal, un gobelet et son plateau
garni en or, puis vient une cantine d'ancien laque fond aventurine avec fruits, fleurs
et papillons en relief.
Il faut lire la description de la caisse n° 6 pour comprendre avec quel soin les
objets précieux avaient été emballés :
« Caisse 6, caisse renfermant quatre caissons, posés les uns sur les autres, garnis
de peau jaune, dans laquelle sont des enfoncements où chaque pièce se trouve assu
jettie, elle ne contient que des ouvrages d'ancien laque, que nous décrirons dans
l'ordre où ils sont rangés, en rapprochant certaines pièces qui doivent se monter
ensemble et se trouvent séparées pour la commodité de l'emballage. »
Un certain nombre de boîtes et d'objets de laque de cette collection se trouvent
maintenant répartis entre les Musées du Louvre, Guimet et Versailles (ce dernier
grâce à un dépôt du Musée Guimet). Sans

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