Les échanges agroalimentaires de 1992 à 2002 - article ; n°1 ; vol.390, pg 25-46
22 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Les échanges agroalimentaires de 1992 à 2002 - article ; n°1 ; vol.390, pg 25-46

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
22 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Economie et statistique - Année 2005 - Volume 390 - Numéro 1 - Pages 25-46
La longue phase d'expansion des exportations agroalimentaires qui a débuté au milieu des années 1960 avec la mise en place de la PAC s'interrompt pendant la décennie 1990. La rupture est double, affectant la position de la France aussi bien sur les pays tiers que sur l'UE. Concomitante des réformes de la PAC et de la libéralisation progressive des échanges mondiaux, elle n'en est pas pour autant la simple conséquence. L'érosion des parts de marché de la France résulte d'une concurrence renforcée, provenant d'autres États membres (Allemagne, Espagne) comme de pays extra-communautaires, exportateurs traditionnels (Australie, Brésil) ou nouveaux (Russie, Ukraine, Thaïlande). Jusqu'en 2000, la stagnation des positions françaises a pu être masquée par l'essor des ventes de vins (notamment au Japon) et surtout leur très forte valorisation. Depuis cette date, le repli des exportations de vins tranquilles d'appellation, notamment sur le marché britannique, a mis en lumière la fragilisation de l'excédent extérieur agroalimentaire. Après avoir culminé en 1997 à plus de 10 milliards d'euros, la balance commerciale agroalimentaire enregistre un recul régulier, confirmé en 2003 et 2004. Hors boissons, l'excédent a été divisé par plus de deux entre le début des années 1990 et le milieu des années 2000. Les perspectives de la France sur les marchés mondiaux apparaissent fragilisées en raison de son positionnement sur des produits pour lesquels le prix reste ou devient le critère de compétitivité, qu'il s'agisse de produits peu transformés tels que les céréales, le sucre, les viandes de volailles ou de produits plus élaborés tels que les vins. À l'inverse, la progression des produits agroalimentaires de seconde transformation (hors boissons alcoolisées), notamment les gains depuis 1992 sur le marché communautaire, consolide les positions de la France.
Agri-food trade between 1992 and 2002
The long phase of increasing agri-food exports, which began during the mid-1960s with the introduction of the CAP, came to an end during the 1990s, affecting France’s position on both Third World markets and the EU market. However, France’s weakened position was not just the simple consequence of the CAP reforms and the gradual liberalisation of world trade. France’s decreasing market shares resulted from increased competition from other Member States (Germany, Spain), and also from traditional exporters (Australia, Brazil) or new exporters (Russia, Ukraine, Thailand) from outside the EU. France’s stagnation on these markets was concealed until 2000 by the boom in wine sales (particularly in Japan), and especially the high appreciation of wines. From then on, the downturn in exports of appellation still wines, particularly on the British market, revealed the weakened agri-food trading surplus. After reaching more than •10 billion in 1997, the agri-food balance of trade regularly registered a decline, confi rmed in 2003 and 2004. Excluding drinks, the surplus had more than halved between the start of the 1990s and the middle of the 2000s. France’s prospects on the world markets seem to have been weakened because of its concentration on products where the price remains or becomes the competitive criterion, whether they are less processed products such as cereals, sugar, poultry meat, or more processed products, such as wine. Conversely, the improved performance of second transformation agri-food products (excluding alcoholic beverages), particularly the gains made on the EU market during 1992, are strengthening France’s positions.
Der Handel mit Agrarlebensmitteln zwischen 1992 und 2002
Die lange Expansionsphase beim Export von Agrarlebensmitteln, die Mitte der 1960er Jahre mit der Schaffung der GAP eingesetzt hatte, fand in den 1990er Jahren ein Ende. Die Position Frankreichs wurde dadurch in zweierlei Hinsicht geschwächt: auf dem Markt der Drittländer wie auch der EU. Einher ging dies mit den GAP-Reformen und der schrittweisen Liberalisierung des Welthandels, was aber nicht die einzige Ursache ist. Denn Frankreich verlor Marktanteile aufgrund der stärkeren Konkurrenz anderer Mitgliedstaaten (Deutschland, Spanien) wie auch von Nicht-EUStaaten •traditionellen Exporteuren (Australien, Brasilien) oder neuen Exporteuren (Russland, Ukraine, Thailand). Bis zum Jahre 2000 konnte die Stagnation der französischen Lebensmittelexporte durch die Zunahme des Absatzes von Wein (insbesondere in Japan) und vor allem durch dessen hohe Wertsteigerung ausgeglichen werden. Seitdem hat der rückläufi ge Export von Stillwein mit Herkunftsbezeichnung, insbesondere nach Großbritannien verdeutlicht, dass der französische Überschuss im Agraraußenhandel fragil ist. Nach einem Höchststand von über 10 Milliarden Euro im Jahre 1997 ging der Überschuss der Handelsbilanz bei Lebensmitteln kontinuierlich zurück •ein Trend, der auch 2003 und 2004 anhielt. Die Getränke nicht mitgerechnet, ging der Überschuss zwischen Anfang der 1990er Jahre und 2005 um mehr als die Hälfte zurück. Die Position Frankreichs an den Weltmärkten bleibt geschwächt, da es hauptsächlich Produkte exportiert, bei denen der Preis das wichtigste Wettbewerbskriterium ist, sei es bei wenig verarbeiteten Erzeugnissen wie Getreide, Zucker, Gefl ügelfl eisch oder Erzeugnissen mit höherer Verarbeitung wie Wein. Dagegen wird die Position Frankreichs durch die Zunahme des Exports von Lebensmitteln der Zweitverarbeitung (ohne alkoholische Getränke), insbesondere durch die seit 1992 auf dem EU-Markt erzielten Gewinne, gefestigt.
La larga fase de expansión de las exportaciones agroalimentarias que comenzó a mediados de los años sesenta con la implementación de la PAC se interrumpe durante la década de los noventa. La ruptura es doble, afectando la posición de Francia tanto en los países terceros como en la UE. Si bien se trata de un resultado de las reformas de la PAC y la liberalización progresiva de los intercambios mundiales, no es, sin embargo, la simple consecuencia. La erosión de las cuotas de mercado de Francia es el resultado de una fuerte competencia, la cual procede tanto de otros estados miembros (Alemania, España), como de países extra-comunitarios, ya sean exportadores tradicionales (Australia, Brasil) o nuevos exportadores (Rusia, Ucrania, Tailandia). Hasta el año 2000, el estancamiento de las posiciones francesas pudo disimularse gracias al auge de las ventas de vinos (en especial a Japón) y, sobre todo, a su muy alta valorización. Tras dicha fecha, el repliegue de las exportaciones de vinos con apelación de origen controlado, principalmente en el mercado Británico, ha desvelado la fragilidad del excedente exportador agroalimentario. Tras un cierre a más de 10 mil millones de euros en 1997, la balanza comercial del sector agroalimentario registra un retroceso regular, confi rmado en 2003 y 2004. Dejando fuera las bebidas, el excedente se ha visto dividido en más de dos entre el inicio de los noventa y mediados de la primera década del presente siglo. Las perspectivas de Francia en los mercados mundiales se presentan debilitadas debido a su posicionamiento con respecto a productos para los cuales el precio sigue siendo o se convierte en el criterio de competitividad, ya se trate de productos poco transformados, como los cereales, el azúcar y la carne de ave, o de productos más elaborados como el vino. En cambio, la progresión de los productos agroalimentarios de segunda transformación (sin incluir las bebidas alcohólicas), y en particular, las ganancias generadas a partir de 1992 en el mercado comunitario, consolidan la posición de Francia. Los intercambios agroalimentarios de 1992 a 2002
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2005
Nombre de lectures 14
Langue Français

Extrait

Les échanges agroalimentaires de 1992 à 2002 Gérard Thomas*
AGRICULTURE
La longue phase d’expansion des exportations agroalimentaires qui a débuté au milieu des années 1960 avec la mise en place de la PAC s’interrompt pendant la décennie 1990. La rupture est double, affectant la position de la France aussi bien sur les pays tiers que sur l’UE. Concomitante des réformes de la PAC et de la libéralisation progressive des échanges mondiaux, elle n’en est pas pour autant la simple conséquence. L’érosion des parts de marché de la France résulte d’une concurrence renforcée, provenant d’autres États membres (Allemagne, Espagne) comme de pays extra-communautaires, expor-tateurs traditionnels (Australie, Brésil) ou nouveaux (Russie, Ukraine, Thaïlande). Jusqu’en 2000, la stagnation des positions françaises a pu être masquée par l’essor des ventes de vins (notamment au Japon) et surtout leur très forte valorisation. Depuis cette date, le repli des exportations de vins tranquilles d’appellation, notamment sur le marché britannique, a mis en lumière la fragilisation de l’excédent extérieur agroalimentaire. Après avoir culminé en 1997 à plus de 10 milliards d’euros, la balance commerciale agroalimentaire enregistre un recul régulier, confi rmé en 2003 et 2004. Hors boissons, l’excédent a été divisé par plus de deux entre le début des années 1990 et le milieu des années 2000. Les perspectives de la France sur les marchés mondiaux apparaissent fragilisées en rai-son de son positionnement sur des produits pour lesquels le prix reste ou devient le cri-tère de compétitivité, qu’il s’agisse de produits peu transformés tels que les céréales, le sucre, les viandes de volailles ou de produits plus élaborés tels que les vins. À l’inverse, la progression des produits agroalimentaires de seconde transformation (hors boissons alcoolisées), notamment les gains depuis 1992 sur le marché communautaire, consolide les positions de la France.
* Gérard Thomas appartient à la division Agriculture de l’Insee. Courriel : gerard.thomas@insee.fr. Je remercie les trois rapporteurs anonymes pour leurs remarques sur une précédente version de cette étude.
ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 390, 2005
25
26
an D Pasysd-ifBfaésr,entCsapnaaydsad,évEeslpoapgpnées,(ÉtAautss-trUalniies),le secteur agricole et agroalimentaire demeure stratégique, notamment au regard de sa contri-bution aux équilibres macroéconomiques (Pib, emploi, balance des paiements). En France, l’excédent agro-alimentaire est, depuis trente ans, un élément important de stabilisation de la balance globale. Cette fonction, longtemps résumée sous le vocable de pétrole vert , réappa-raît aujourd’hui de manière plus nette alors que la balance commerciale renoue avec les défi cits. Dans plusieurs filières agro-alimentaires majeu-res (céréales, viandes, produits laitiers, vins) la demande extérieure est également une compo-sante décisive des équilibres sectoriels et donc du revenu des agriculteurs. Après avoir atteint 10 milliards d’euros en 1997, le solde agro-alimentaire de la France connaît depuis une tendance au recul, confi r-mée en 2004 (8 milliards d’euros). Au-delà des aspects conjoncturels, ce recul pose la question de la pérennité de la dynamique agro-exporta-trice engagée il y a plus de 30 ans. Cette inter-rogation se trouve renforcée aussi bien par les réformes successives de la PAC depuis 1992 que par la mise en œuvre de l’accord agricole de l’Uruguay Round (AAUR) signé en 1994. En effet l’un des objectifs des réformes de la PAC est l’amélioration de la compétitivité des produits agroalimentaires européens sur le mar-ché de l’UE comme sur les marchés mondiaux (Bureau D. et Bureau J.-C, 1999). De leur côté, les accords de Marrakech, en amorçant un début de libéralisation des échanges internationaux, modifient sensiblement les conditions de la compétitivité des produits français sur ces diffé-rents marchés (Jacquet et al. , 1999). Cet article se propose donc de dresser un bilan du commerce extérieur agro-alimentaire (cf. en-cadré 1) de la France depuis 1990, d’en dégager les tendances et ruptures sous-jacentes, et de les analyser dans le cadre des transformations de la PAC et de la libéralisation des échanges interna-tionaux (cf. encadré 2). Pour cela, nous reviendrons dans une première partie sur les ressorts de la phase d’expansion agro-exportatrice qui a culminé au début de la décennie 1990. Identifier ces caractéristiques est en effet un préalable indispensable pour appré-hender les évolutions ultérieures. Nous souligne-rons combien la PAC a orienté la spécialisation agro-alimentaire de la France, en consolidant ses avantages comparatifs sur un nombre réduit de produits bruts et peu transformés.
Puis, la mise en évidence de l’affaiblissement progressif des performances des échanges exté-rieurs agro-alimentaires au cours de la période 1990 - 2002 sera suivie de son analyse à par-tir d’une étude de parts de marché. Dans cette approche, nous nous emploierons à séparer ce qui relève de la position initiale de la France (est-ce que ses points forts coïncidaient avec les secteurs en expansion ou bien se situaient plutôt sur des produits en déclin ?), de ce qui relève de sa capa-cité de compétition (est-ce qu’elle a amélioré sa compétitivité en gagnant des parts de marché et comment ont évolué ses parts de marché sur chaque produit ?) et de sa capacité d’adaptation (a-t-elle gagné en compétitivité sur les marchés porteurs ?). Cette approche sera menée en distin-guant les pays tiers non communautaires et les pays de l’UE à partir d’un modèle de décompo-sition de la part de marché globale (Holcblat et Tavernier, 1989 ; Benaroya, 1997). Les échanges agroalimentaires de la France au début des années 1990 : des avantages comparatifs centrés sur les produits bruts et peu transformés À l aalimnendteasiraensndéeelsa1F9r8a0n,cleerséévcèhleanntguesneasgrpoé--cialisation très marquée. Les avantages compa-ratifs (Monceau, 1995) se concentrent en effet sur deux groupes de produits (cf. tableau 1). Le premier, formé de produits de masse, peu dif-férenciés et à faible valeur ajoutée, représente 55 % des exportations : produits végétaux bruts (céréales grains, oléagineux), produits peu trans-formés (farines, malts, sucre, viandes, produits laitiers industriels), animaux vivants. Le second groupe, 25 % du total, est constitué par des pro-duits transformés à plus forte valeur ajoutée : vins tranquilles de qualité, champagnes, alcools (cognacs), eaux minérales et fromages d’appel-lation. L’avantage comparatif de ces produits repose essentiellement sur une différenciation fondée sur l’identification et la reconnaissance du terroir (Appellation d’Origine Contrôlée, Indication Géographique Protégée). Cette spé-cialisation se traduit par une forte concentration des exportations puisque sur les 200 produits que comporte le secteur agro-alimentaire (1), huit (2) suffisent à assurer la moitié des expor-1. Au niveau de la nomenclature douanière à 4 positions. 2. Blé, maïs, sucre, bovins vivants, viandes bovines, fromages, vins, alcools.
ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 390, 2005
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents