Les effets sur l emploi de la loi du 11 juin 1996 sur la réduction du temps de travail ; suivi d un commentaire de Henri Rouilleault - article ; n°1 ; vol.357, pg 3-22
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Economie et statistique - Année 2002 - Volume 357 - Numéro 1 - Pages 3-22
Les effets sur l’emploi de la loi du 11 juin 1996 sur la réduction du temps de travail
De nombreux travaux économétriques ont cherché à évaluer l'impact des politiques de réduction du temps de travail ex ante et à expliciter les conditions de réussite de ces politiques. Peu d'éléments sont, en revanche, disponibles sur des évaluations ex post. Cette seconde voie est choisie pour évaluer les effets sur l’emploi de la loi du 11 juin 1996 (dite «loi Robien») sur la réduction du temps de travail, en confrontant des données disponibles sur les établissements ayant décidé d'entrer dans ce processus avec d'autres sources de données (Acemo, Unedic, Diane). Les caractéristiques qui différencient les établissements ayant signé une convention offensive dans le cadre de la loi du 11 juin 1996 des autres, ne sont pas les mêmes selon que l'on compare ces établissements avec des établissements n’ayant pas encore réduit leur durée du travail en septembre 2001 (premier groupe de comparaison) ou des établissements ayant réduit leur durée du travail, mais seulement après janvier 2000 (deuxième groupe de comparaison). Dans le premier cas, les éléments importants sont la taille, l'évolution antérieure des effectifs et le coût du travail alors que dans le second, les différences sont plutôt liées à la santé économique et financière des entreprises. Ces différences mettent en évidence l’existence d'une sélection des établissements ou des entreprises lors de l’entrée dans le dispositif de réduction du temps de travail. Compte tenu des différences fortes entre les établissements ayant réduit leur durée dans le cadre de la loi du 11 juin 1996 et ceux n'ayant pas encore réduit leur temps de travail en septembre 2001, seule est conservée l'estimation de l'effet emploi du dispositif calculée pour le second groupe de comparaison. On montre alors que, sur la période de mise en place du dispositif, la croissance des effectifs des établissements ayant réduit leur durée dans le cadre de la loi du 11 juin 1996 est significativement plus élevée que celle des autres, même après la prise en compte du biais de sélection.
The Employment Effects of the 11 June 1996 Law on the Shorter Working Week
Many econometric studies have endeavoured to evaluate the prospective impact of shorter working week policies and to explain the conditions for the success of these policies. However, little ex-post evaluation information is available. This second path is chosen to evaluate the employment effects of the 11 June 1996 law (the •Robien law”) on the shorter working week. This is done by comparing available data on establishments that have implemented this process with other data sources (ACEMO, UNEDIC and DIANE). The characteristics differentiating establishments that have signed an offensive agreement (in order to hire new workers) under the 11 June 1996 law from the others vary depending on whether these establishments are compared with establishments that had not yet reduced their working week in September 2001 (first group of comparison) or with establishments that only reduced their working week after January 2000 (second group of comparison). In the first case, the important elements are size, previous growth in staff numbers and the cost of labour. In the second case, the differences have more to do with the businesses’ economic and financial health. These differences reveal the existence of selection by the establishments and enterprises when they introduce the shorter working week. Given the significant differences between the establishments that reduced their working week under the 11 June 1996 law and those that had not yet reduced their working week in September 2001, only the estimate of the mechanism’s employment effect calculated for the second group of comparison is retained. We hence show that, during the period of the mechanism’s introduction, growth in staff numbers in establishments having reduced their working week under the 11 June 1996 law is significantly higher than the growth in the other establishments, even after taking the selection bias into account.
Auswirkungen des Gesetzes vom 11. Juni 1996 über die Arbeitszeitverkürzung auf die Beschäftigung
Mit zahlreichen ökometrischen Arbeiten wurde versucht, die Effekte der Politiken der Arbeitszeitverkürzung ex ante zu bewerten und Aufschlüsse über die Voraussetzungen für eine erfolgreiche Umsetzung dieser Politiken zu erhalten. Dagegen verfügt man über nur wenige Elemente für eine Ex-post-Bewertung. Anhand letzterer sollen die Effekte des Gesetzes vom 11. Juni 1996 über die Arbeitszeitverkürzung (des so genannten «Robien-Gesetzes») evaluiert werden, indem die vorliegenden Daten von Betrieben, die mit der Arbeitszeitverkürzung begonnen haben, mit anderen Daten (Erhebungen über die Tätigkeiten und Beschäftigungsbedingungen der Arbeitnehmer ACEMO, Arbeitslosenversicherungskasse UNEDIC, DIANE) verglichen werden. Die Merkmale, durch die sich die Betriebe, die eine offensive Vereinbarung im Rahmen des Gesetzes vom 11. Juni 1996 abgeschlossen haben, von den anderen unterscheiden, sind nicht die gleichen, je nach dem, ob man diese Betriebe mit Betrieben, die ihre Arbeitszeit im September 2001 (erste Vergleichsgruppe) noch nicht verkürzt hatten, oder mit Betrieben, die dies getan hatten, aber erst nach Januar 2000 (zweite Vergleichsgruppe), vergleicht. Wichtige Elemente im ersten Falle sind die Betriebsgröße, die vorausgegangene Entwicklung der Beschäftigtenzahl und die Arbeitskosten, während im zweiten Falle die Unterschiede eher auf die wirtschaftliche und finanzielle Gesundheit der Betriebe zurückzuführen sind. Diese Unterschiede zeigen, dass es bei Beginn des Prozesses der Arbeitszeitverkürzung eine Selektion von Betrieben und Unternehmen gibt. Aufgrund der großen Unterschiede zwischen den Betrieben, die ihre Arbeitszeit im Rahmen des Gesetzes vom 11. Juni 1996 verkürzt hatten, und denjenigen, die dies im September 2001 noch nicht getan hatten, wird lediglich die Schätzung des Beschäftigungseffekts zugrunde gelegt, der für die zweite Vergleichsgruppe errechnet wird. Gezeigt wird dann, dass im Zeitraum der Durchführung der Arbeitszeitverkürzung die Beschäftigtenzahl in den Betrieben, die dies im Rahmen des Gesetzes vom 11. Juni 1996 taten, stärker stieg als in den anderen, auch nach Berücksichtigung der Selektionsverzerrung.
Los efectos sobre el empleo de la ley del 11 de junio de 1996 sobre la reducción del tiempo laboral
Muchos estudios econométricos han tratado de medir el impacto de las políticas de reducción del tiempo laboral
ex ante y de explicitar las condiciones de éxito de esas políticas. Pocos son en cambio los elementos de los que disponemos sobre las evaluaciones ex post. Se elige aquí esa segunda vía para medir los efectos sobre el empleo de la ley del 11 de junio de 1996 (llamada •ley Robien”) sobre la reducción del tiempo laboral, y se comparan los datos sobre aquellos establecimientos que decidieron entrar en ese proceso, con datos procedentes de otras fuentes (Acemo, Unedic, Diane). Las características que diferencian a los establecimientos que firmaron un convenio ofensivo en el ámbito de la ley del 11 de junio de 1996 de los demás, no son las mismas según si se comparan esos establecimientos con unos establecimientos que no habían reducido todavía la duración laboral en septiembre de 2001 (primer grupo de comparación) o con unos establecimientos que han reducido su duración laboral, pero tan sólo después de enero de 2000 (segundo grupo de comparación). En el primer caso, los elementos importantes son el tamaño, la evolución anterior de las plantillas, y el coste laboral, y en el segundo caso, las diferencias se relacionan más bien con el estado económico y financiero de las empresas. Esas diferencias ponen de manifiesto la existencia de una selección de los establecimientos o empresas a la hora de entrar en el dispositivo de reducción del tiempo laboral. Debido a grandes diferencias entre los establecimientos que redujeron su duración laboral en el ámbito de la ley del 11 de junio de 1996 y aquellos que no habían reducido todavía su tiempo laboral en septiembre de 2001, sólo se conserva aquí la estimación del efecto empleo del dispositivo calculada para el segundo grupo de comparación. Se señala entonces que en el periodo de instauración del dispositivo, el crecimiento de las plantillas de los establecimientos que redujeron el tiempo laboral en el ámbito de la ley del 11 de junio de 1996 es bastante superior al de los demás, incluso tras tener en cuenta el sesgo de selección.
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 2002
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Langue Français

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EMPLOI
Les effets sur l’emploi de la loi du 11 juin 1996 sur la réduction du temps de travail
Murielle Fiole et Muriel Roger*
De nombreux travaux économétriques ont cherché à évaluer l'impact des politiques de réduction du temps de travail ex ante  et à expliciter les conditions de réussite de ces politiques. Peu d'éléments sont, en revanche, disponibles sur des évaluations ex post . Cette seconde voie est choisie pour évaluer les effets sur l’emploi de la loi du 11 juin 1996 (dite « loi Robien ») sur la réduction du temps de travail, en confrontant des données disponibles sur les établissements ayant décidé d'entrer dans ce processus avec d'autres sources de données (Acemo, Unedic, Diane). Les caractéristiques qui différencient les établissements ayant signé une convention offensive dans le cadre de la loi du 11 juin 1996 des autres, ne sont pas les mêmes selon que l'on compare ces établissements avec des établissements n’ayant pas encore réduit leur durée du travail en septembre 2001 (premier groupe de comparaison) ou des établissements ayant réduit leur durée du travail, mais seulement après janvier 2000 (deuxième groupe de comparaison). Dans le premier cas, les éléments importants sont la taille, l'évolution antérieure des effectifs et le coût du travail alors que dans le second, les différences sont plutôt liées à la santé économique et financière des entreprises. Ces différences mettent en évidence l’existence d'une sélection des établissements ou des entreprises lors de l’entrée dans le dispositif de réduction du temps de travail. Compte tenu des différences fortes entre les établissements ayant réduit leur durée dans le cadre de la loi du 11 juin 1996 et ceux n'ayant pas encore réduit leur temps de travail en septembre 2001, seule est conservée l'estimation de l'effet emploi du dispositif calculée pour le second groupe de comparaison. On montre alors que, sur la période de mise en place du dispositif, la croissance des effectifs des établissements ayant réduit leur durée dans le cadre de la loi du 11 juin 1996 est significativement plus élevée que celle des autres, même après la prise en compte du biais de sélection.
* Murielle Fiole et Muriel Roger appartenaient à la Dares au moment de la rédaction de cet article. Actuellement, Murielle Fio le appartient au Ses du Ministère de l’Équipement, des transports, du logement, du tourisme et de la mer et Muriel Roger à l’Inra Paris-Jourd an. Les noms et dates entre parenthèses renvoient à la bibliographie en fin d’article.
ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 357-358, 2002
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e mouvement de réduction du temps de tra-L vail récent s’inscrit dans une tendance his-torique. Pour s’en tenir aux quarante dernières années, la durée hebdomadaire du travail des salariés à temps complet est passée, dans les secteurs marchands, de 45 heures par semaine en moyenne en 1960 à 39 heures à partir du milieu des années 1980, après la baisse de la durée légale de 40 à 39 heures en 1982. Du fait des dispositions d'incitations à la réduction du temps de travail prévues par la loi du 11 juin 1996 (1) puis par celle du 13 juin 1998 (2) et de l'abaissement de la durée légale à 35 heures pour les entreprises de plus de 20 salariés au début de l'année 2000 et de moins de 20 salariés au début de l'année 2002, la durée hebdoma-daire moyenne des salariés à temps complet n'était plus que de 36,6 heures fin 2000 (Passe-ron, 2002). La baisse de la durée, longtemps considérée comme un instrument d’amélioration des condi-tions de travail, a aussi participé à une profonde transformation des conditions de vie. Depuis plus d’un siècle, la réduction du temps de travail a accompagné la croissance économique. Pour des auteurs comme Cette et Taddei (1998), ce sont les formidables gains de productivité enre-gistrés durant cette période qui ont permis cette réduction et le dépassement de toutes les con-traintes conjoncturelles de financement. Toute-fois, comme l'illustrent Bourdieu et Reynaud (2002) pour le 19 e siècle, la baisse de la durée est un phénomène complexe. À cette époque, la législation sur la réduction du temps de travail a été mise en place suite à la prise de conscience par les acteurs sociaux des effets externes engendrés par la longueur des journées de tra-vail sur la santé publique. Cette prise de cons-cience a contraint les employeurs à modifier leur horizon temporel et à penser que la réduc-tion de la durée du travail n'était pas nécessaire-ment incompatible avec la compétitivité des entreprises, et qu’à long terme, selon une logi-que d’efficience, disposer d’une main-d’œuvre en meilleure santé pourrait permettre de réaliser des gains de productivité. Les lois actuelles sur la réduction de la durée du temps de travail ont relancé le débat sur l'oppor-tunité d'une intervention publique incitant à une forte réduction de la durée. À la suite de la per-sistance d'un niveau de chômage élevé depuis la fin des années 1970, la réduction du temps de travail n'est plus uniquement considérée comme un instrument d'amélioration des conditions de vie des travailleurs, mais elle constitue surtout un outil de partage du travail. Pour Freyssinet
(1997), une stratégie s'est dessinée durant les années 1980 ayant pour but de coupler une forte réduction de la durée du travail, dont on attend des effets positifs sur l’emploi, et un aménage-ment du temps de travail qui, lié à une réorgani-sation de la production, doit être source de gains de productivité. Dans ce cadre, les incitations financières mises en place au cours des derniè-res années en faveur des établissements ou des entreprises choisissant d'entrer dans un disposi-tif de réduction du temps de travail visent à les faire bénéficier d'une partie des externalités que ces entreprises ou établissements engendrent pour la collectivité. (1) (2) Dans la loi du 11 juin 1996 sur la réduction du temps de travail, les incitations financières à la réduction de la durée ont pris la forme de dégrè-vements d'une partie des cotisations sociales auxquelles sont soumis les employeurs. Compte tenu du coût induit sur la collectivité par ces allégements, l'opportunité et l'efficacité d'une telle politique en termes de création d'emplois ont donné lieu à de nombreux débats. L’objectif de cet article est d’apporter des éléments de réponse à ce débat en utilisant les outils métho-dologiques développés récemment pour l’éva-luation des politiques publiques pour l’emploi (Heckman, Lalonde et Smith, 1999) (3). Comme le souligne Magnac (2000), ces outils ne four-nissent toutefois qu’un jugement quantitatif glo-bal qui ne constitue qu’une partie du travail d’évaluation des politiques publiques. Le lien entre la réduction du temps de travail et le niveau d’emploi est complexe. La réduction de la durée du travail n’accroît l’emploi que si elle s'accompagne du maintien du volume d’heures de travail demandé par les entreprises. Or, dans une optique de long terme, ce volume d’heures dépend de la productivité et du coût du travail qui sont eux-mêmes affectés par la durée. De nombreux travaux ont décrit les effets poten-tiels d’une réduction collective du temps de tra-vail sur l’emploi et ont défini les conditions strictes, au niveau des entreprises, du succès d’une telle politique (CGP, 1993 ; D’Autume et Cahuc, 1997 ; Cette et Taddei, 1998 ; Cette et Gubian, 1998 ; Dares, 1998). 1. Dite « loi Robien ». 2. Dite « loi Aubry I ». 3. Une évaluation de la loi de réduction du temps de travail de 1982, par des méthodes proches, a été réalisée par Crépon et Kramarz (2001). Toutefois, la problématique pour la loi du 11 juin 1996 est quelque peu différente puisque la réduction du temps de travail est non obligatoire et ne découle pas d'une modifica-tion des normes générales de durée du travail comme cela avait été le cas en 1982, mais plutôt d'incitations financières ciblées.
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