Les sept premières années de vie active des jeunes non diplômés : la place des mesures publiques pour l emploi - article ; n°1 ; vol.400, pg 17-43
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Les sept premières années de vie active des jeunes non diplômés : la place des mesures publiques pour l'emploi - article ; n°1 ; vol.400, pg 17-43

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Economie et statistique - Année 2006 - Volume 400 - Numéro 1 - Pages 17-43
En 1998, 116 000 jeunes ont quitté le système éducatif sans diplôme. Dans un contexte d'accroissement général des niveaux de formation, ces jeunes ont plus de difficulté que les autres à trouver un emploi. Un sur trois s'insère néanmoins rapidement et durablement dans un emploi. Pour les autres, le processus d'insertion s'avère plus long : il dépasse très largement les trois premières années sur le marché du travail. Souffrant d'un manque de qualification, confrontés à la concurrence des plus diplômés ou aux réticences des employeurs, ces jeunes ont alors souvent recours aux mesures de la politique de l'emploi qui leur sont destinées. Plus de quatre jeunes non diplômés sur dix ont ainsi bénéficié d'une formation, d'un contrat en alternance, d'un contrat emploi solidarité ou d'un emploi jeune durant leurs sept premières années de vie active et pour 16 % des non diplômés cette expérience est même fortement structurante de ces premières années sur le marché du travail. Plus que par le passé ces passages par les dispositifs publics peuvent intervenir plusieurs années après la sortie du système éducatif. Ils s'inscrivent dans des trajectoires extrêmement variées : en particulier, ils ne sont pas forcément associés à la précarité puisque plus d'un jeune non diplômé sur quatre qui en a bénéficié connaît un parcours professionnel relativement stable. Néanmoins quatre fois sur dix les mesures se combinent avec des contrats à durée déterminée ou du chômage et une fois sur dix elles apparaissent dans des trajectoires marquées par l'inactivité.
In 1998, 116,000 young people left education without qualifi cations. In the context of a general rise in the level of education, these young people have more diffi culty fi nding a job than their qualifi ed counterparts. Although one in three quickly fi nds long-term employment, the others spend their fi rst three years and beyond in the labour market looking for employment. These young people, lacking qualifi cations and faced with the competition of highly-qualifi ed people or the reluctance of employers to employ them, often turn to the Government employment measures designed to help them. More than four in ten young people without qualifi cations have benefi ted from training, a contrat en alternance (paid apprenticeship contract), a contrat emploi solidarité (solidarity employment contract) or an emploi jeune (youth insertion job) during the fi rst seven years of their working life, and for 16% of young people without qualifi cations these measures greatly structure their fi rst few years in the labour market. Young people are today turning to these Government employment measures several years after they have left education more often than before. These measures are not necessarily associated with precarious employment, since more than one in four young people without qualifi cations who have benefi ted from them have been in relatively stable employment. Nevertheless, four times out of ten the young people who benefi t from these measures are on fi xed-term contracts or are unemployed, and one time out of ten the young person is economically inactive. The First Seven Years of Working Life of Young People without Qualifi cations: State Employment Measures
Im Jahre 1998 verließen 116 000 Jugendliche die Ausbildungsstätten ohne Abschluss. Aufgrund des generellen Anstiegs des Ausbildungsniveaus haben diese Jugendlichen mehr Schwierigkeiten als die anderen, eine Beschäftigung zu fi nden. Jedem dritten Jugendlichen gelingt es dennoch, sich rasch und dauerhaft ins Erwerbsleben zu integrieren. Bei den anderen dauert die Eingliederung länger: weit über die ersten drei Jahre ab Eintritt in den Arbeitsmarkt hinaus. Diese Jugendlichen, die ein Ausbildungsdefi zit haben und mit der Konkurrenz ihrer besser ausgebildeten Altersgenossen oder den Vorbehalten der Arbeitgeber konfrontiert sind, nehmen dann oftmals die für sie bestimmten beschäftigungspolitischen Maßnahmen in Anspruch. Mehr als vier Jugendliche ohne Abschluss von zehn profi tierten so in den ersten sieben Jahren ihres Erwerbslebens von einer Ausbildung oder einer ABM-Maßnahme; und für 16% der Jugendlichen ohne Abschluss war diese Erfahrung der ersten Jahre am Arbeitsmarkt sogar sehr strukturierend. Mehr als in der Vergangenheit werden solche öffentlichen Maßnahmen mehrere Jahre lang nach Verlassen der Ausbildungsstätten in Anspruch genommen. Sie decken äußerst unterschiedliche Situationen ab. Insbesondere sind sie nicht unbedingt im Zusammenhang mit einem Prekariat zu sehen, da mehr als jeder vierte Jugendliche, der solche Maßnahmen nutzte, eine relativ stabile Berufslaufbahn kennt. Allerdings gehen solche Maßnahmen in vier von zehn Fällen mit befristeten Arbeitsverträgen oder Arbeitslosigkeit einher; in jedem zehnten Fall betreffen sie die Erwerbslosigkeit. Die ersten sieben Berufsjahre der Jugendlichen ohne Abschluss: Bedeutung der öffentlichen Beschäftigungsmaßnahmen
En 1998, 116.000 jóvenes han salido del sistema educativo sin diploma. En un contexto de crecimiento general de los niveles de formación, estos jóvenes tienen más difi cultades que los demás para encontrar trabajo. No obstante, uno de cada tres se integra rápida y establemente en un empleo. Para los demás, el proceso de inserción resulta más largo: supera en mucho los tres primeros años el mercado del trabajo. Estos jóvenes, que carecen de califi cación, se ven confrontados a la competencia de los más diplomados o a las reticencias de los empresarios. Entonces, a menudo, recurren a las medidas de la política del empleo que pueden incumbirles. Así, en Francia, más de cuatro jóvenes no diplomados de cada diez se han benefi ciado de una formación, un contrato en alternancia, un contrato «emploi solidarité» o «emploi jeune» (subvencionados por el Gobierno) durante sus siete primeros años de vida activa. Para el 16 % de los no diplomados, esta experiencia es aun muy estructuradora de estos primeros años en el mercado laboral. Más que antaño, estos pasos por los dispositivos públicos pueden intervenir varios años después de la salida del sistema educativo. Se inscriben en trayectorias sumamente diversas: en particular, no signifi can obligatoriamente precariedad ya que más de un joven de cada cuatro, no diplomado y benefi ciario de este tipo de programa, conoce un recorrido profesional relativamente estable. No obstante, cuatro veces de cada diez, se combinan estas medidas en contratos de duración defi nida o desempleo, y una vez de cada diez aparecen en trayectorias marcadas por la inactivadad. Los siete primeros años de la vida activa de los jóvenes sin diploma: la importancia de las medidas públicas para el empleo
27 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 2006
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Langue Français

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EMPLOI
Les sept premières années de vie active des jeunes non diplômés : laplacedesmesurespubliquespour l’emploi  ValérieCéline Gasquet et * Roux
système éducatif sans diplôme. Dans un contexteEn 1998, 116 000 jeunes ont quitté le d’accroissement général des niveaux de formation, ces jeunes ont plus de diffi culté que les autres à trouver un emploi. Un sur trois s’insère néanmoins rapidement et durable-ment dans un emploi. Pour les autres, le processus d’insertion s’avère plus long : il dépasse très largement les trois premières années sur le marché du travail. Souffrant d’un manque de qualifi confrontés à la concurrence des plus diplômés cation, ou aux réticences des employeurs, ces jeunes ont alors souvent recours aux mesures de la politique de l’emploi qui leur sont destinées. Plus de quatre jeunes non diplômés sur dix ont ainsi bénéficié d’une formation, d’un contrat en alternance, d’un contrat emploi solidarité ou d’un emploi jeune durant leurs sept premières années de vie active et pour 16 % des non diplômés cette expérience est même fortement structurante de ces premiè-res années sur le marché du travail. Plus que par le passé ces passages par les dispositifs publics peuvent intervenir plusieurs années après la sortie du système éducatif. Ils s’inscrivent dans des trajectoires extrê-mement variées : en particulier, ils ne sont pas forcément associés à la précarité puisque plus d’un jeune non diplômé sur quatre qui en a bénéfi cié connaît un parcours profes-sionnel relativement stable. Néanmoins quatre fois sur dix les mesures se combinent avec des contrats à durée déterminée ou du chômage et une fois sur dix elles apparaissent dans des trajectoires marquées par l’inactivité.
* Céline Gasquet et Valérie Roux appartenaient au Céreq au moment de la rédaction de cet article. Sautory et deux rapporteurs anonymes de la revue pour leurs remarquesLes auteurs remercient Alberto Lopez, Olivier et leurs conseils.
ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 400, 2006
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contexte de chômage structurel Disatnsnuseqiuaurrnvainsenmportant,lesje diplôme sur le marché du travail sont large-ment affectés par le chômage, la précarisation des contrats de travail et les retournements conjoncturels (Céreq, 2005). Si une insertion professionnelle rapide était envisageable pour nombre d’entre eux dans les années 1960 et 1970, elle est aujourd’hui plus diffi cile. Pas ou peu employables, en tout cas perçus comme tels par les entreprises, les jeunes non diplômés ont beaucoup de mal à trouver un emploi et,a for-tiori, un emploi qualifié. De fait, les disparités entre diplômés et non diplômés sont importan-tes (Gasquet, 2003) et se sont même accrues ces dernières années (Givord, 2005). « Les destins des jeunes qui poursuivent des études, même courtes, mais sanctionnées par un diplôme ou un titre professionnel, et ceux qui abandonnent leur scolarité le plus tôt n’ont rien en commun et sont de plus en plus divergents » (Galland, 2000, p. 223). constituent alors l’une des cibles pri-Ces jeunes vilégiées des pouvoirs publics qui développent, depuis la fin des années 1970, des dispositifs conçus pour eux. En combinant allègement du coût du travail et formation, ces dispositifs sont censés faciliter leur accès au marché du travail en luttant contre la sélectivité qui y existe. Dans le cadre de la théorie du capital humain (Becker, 1964), les individus ont en effet des producti-vités différentes liées aux investissements en capital humain qu’ils ont effectués tout au long de leur vie. Les personnes ayant les plus faibles productivités apparentes risquent alors de ne pouvoir être embauchées si le salaire minimum imposé sur le marché est supérieur à cette pro-ductivité. Une faible productivité peut provenir d’une faible formation et / ou d’une faible expé-rience professionnelle. Les jeunes non diplômés cumulent les deux : ils ont donc une producti-vité « supposée » très faible. Elle peut égale-ment être « perçue » comme très faible par les employeurs, du seul fait des signaux qu’ils émet-tent, de l’image qu’ils diffusent : dans le cadre de la théorie du signal et du modèle de Spence en particulier (Spence, 1973), la formation n’a qu’une pure fonction de tri et de signalement et ne modifie pas la productivité potentielle des individus. Dans ces approches, le chômage des jeunes non diplômés est directement lié à un problème de coût du travail. Les politiques publiques d’emploi sont alors justifi ées et cher-chent à égaliser la productivité des individus et leur salaire, en augmentant leur formation et / ou en diminuant leur coût d’embauche par les entreprises (1).
publique de l’emploi en faveur desLa politique jeunes non diplômés en France s’est donc princi-palement attachée à développer de telles mesures (Gasquet, 2001) mais également à maintenir les jeunes dans un milieu de travail, afi n de réduire au mieux les risques d’une baisse de leur employa-bilité ou d’un retrait du marché du travail. Sont ainsi créés, entre autres, les contrats de qualifi -cation, le crédit formation individualisé – CFI jeune, les contrats emploi solidarité – CES, etc. À la fin des années 1990, les pouvoirs publics ont également orienté leur intervention vers une action directe sur la demande de travail avec l’instauration du programme « Nouveaux emplois – nouveaux services ».1 Initialement destinés à faciliter la transition de l’école à l’emploi, ces dispositifs publics ont eu tendance à s’échelonner sur une période de plus en plus longue. Dans le même temps, la part des jeunes de 16 à 25 ans qui en bénéfi -cient s’est accrue, passant de 5 % au milieu des années 1970 à 40 % depuis le milieu des années 1990. La politique de l’emploi est ainsi devenue une véritable composante structurelle du pro-cessus d’insertion tentant aussi bien d’atténuer les obstacles à l’entrée dans la vie active que d’éviter l’exclusion durable de l’emploi stable. Cette évolution invite à analyser la place prise par ces dispositifs publics dans les trajectoires professionnelles des jeunes. Structurées par le comportement des employeurs, ces trajectoires le seraient donc aussi par l’intervention publi-que et les dispositifs mis en place.2 Des travaux ont déjà été conduits dans ce sens, uti-lisant les trois panels téléphoniques du Céreq (2)(Werquin, 1997 ; Giret et Lopez, 2005). Ils ont fourni des informations sur le poids de ces mesures pour l’emploi chez les jeunes sortis du secondaire, sur le profil des bénéficiaires, la tem-1.de ces politiques peut être misePourtant, la pertinence même en doute. Les politiques de diminution du coût du travail sont remises en cause dans le cadre des derniers développements des analyses du fonctionnement du marché du travail (Perrot, 1992). Les théories des contrats implicites ou du salaire d’effi -cience par exemple mettent en avant l’existence de rigidités fonctionnelles du salaire inhérentes à la relation de travail. De même les actions de formations sont remises en cause par les théories de la segmentation du marché du travail. En particulier, en mettant en évidence la nature endogène de l’éclatement du marché du travail primaire (Hanchane, 1998), ces théories mon-trent que même si les mesures de formation permettent d’ac-croître le capital humain des individus, l’existence de barrières à l’entrée du secteur primaire les empêchent d’accéder à des emplois stables et bien rémunérés. 2.De 1986 à 2000 le Céreq a procédé à trois enquêtes télépho-niques par observations répétées des mêmes personnes dans le champ des jeunes qui n’ont pas le baccalauréat général. Il s’agit d’y prendre un échantillon représentatif des jeunes issus de formation initiale pour fournir des données de cadrage quant au recours aux mesures pour les jeunes. Une première cohorte, sortie de formation initiale en 1986 a été suivie jusqu’en 1989 ; une deuxième a été interrogée entre 1989 et 1995 et la dernière a concerné les jeunes sortis en 1994 et suivis jusqu’en 2000.
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