Les tracés divers de la notion de production - article ; n°1 ; vol.158, pg 61-73

André Vanoli

Description

Economie et statistique - Année 1983 - Volume 158 - Numéro 1 - Pages 61-73
Tracer les contours de la production est moins simple qu'il ne peut sembler. On peut se limiter aux activités socialement organisées. On peut à l'inverse chercher à assurer la meilleure comparabilité dans le temps et dans l'espace : le « principe d'invariance » veut alors que la mesure de la production soit indépendante de l'organisation sociale. La « comptabilité du produit matériel », choisie par les pays à planification centrale, se limite à une notion assez restrictive. Les autres pays retiennent en général des notions plus larges, incluant en particulier une production des administrations. C'est le cas de la France, mais seulement depuis 1976. Mais des extensions possibles, aux activités illégales et aux effets externes, ne sont retenues actuellement par aucun pays, pour des raisons plus pratiques que théoriques. D'autres extensions ont été également proposées : inclure toutes les activités pour lesquelles existent la possibilité, même virtuelle, d'un échange; inclure même toutes les activités sans exception, en attribuant aux activités non rémunérées la valeur des activités rémunérées « sacrifiées ».
On the different contours of the notion of production - To track down the different contours of the notion of production is less simple than it would seem. One can limit himself to activities that are socially organised. One can on the other hand seek to ensure the best comparability in time and space : the « principle of invariance », would have it then that the measure of production be independent of social organisation. The accounting system of the material chosen by countries with centrally planned economies is limited to a rather restrictive notion. Other countries use definitions of production that are much larger, including in particular the notion of the administration's production. France uses this latter method, but only since 1976. However, possible extensions of the definition, such as to illegal activities or to external effects are not used by any country today for practical rather than theoretical reasons. Other extensions of the definition have also been proposed : for instance, including all the activities for which there exists a possibility of exchange; another fashion would be to include all activities without exception, attributing to the non-remunerated activities a value of sacrificed remunerated activities.
Los diversos trazados de la noción de producción -Trazar los contornos de la producción no es tan sencillo de lo que parece. Puede uno limitarse a las actividades socialmente organizadas. También se puede, a la inversa, intentar asegurar la mejor equiparación en el tiempo y en el espacio : el « principio de invarianza » implica entonces que la medida de la producción sea independante de la organización social. La « Contabilidad del producto material », escogida por los países de planificación central, se limita a una noción bastante restrictiva. Los demás países adoptan, por lo general, nociones más amplias e incluyen en especial una producción de las administraciones. Tal es el caso de Francia, si bien tan solo desde 1976. Mas extensiones factibles, cuyas actividades son ilegal es y de efectos externos, no se han retenido en la actualidad en ningún país a causa de motivos más prácticos que teóricos. Otras extensiones fueron propuestas también : o sea incluir todas las actividades para las cuales existe la posibilidad, incluso virtual, de un intercambio; incluir, incluso, todas las actividades sin excepción alguna, atribuyendo a las actividades no remuneradas el valor de actividades remuneradas « sacrificadas ».
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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• Publié par: ECONOMIE_ET_STATISTIQUE0
• Publié le: 01 janvier 1983
• Nombre de lectures: 22
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Monsieur André Vanoli
Les tracés divers de la notion de production
In: Economie et statistique, N°158, Septembre 1983. pp. 61-73.
Citer ce document / Cite this document :
Vanoli André. Les tracés divers de la notion de production. In: Economie et statistique, N°158, Septembre 1983. pp. 61-73.
doi : 10.3406/estat.1983.4784
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/estat_0336-1454_1983_num_158_1_4784Résumé
Tracer les contours de la production est moins simple qu'il ne peut sembler. On peut se limiter aux
activités socialement organisées. On peut à l'inverse chercher à assurer la meilleure comparabilité dans
le temps et dans l'espace : le « principe d'invariance » veut alors que la mesure de la production soit
indépendante de l'organisation sociale. La « comptabilité du produit matériel », choisie par les pays à
planification centrale, se limite à une notion assez restrictive. Les autres pays retiennent en général des
notions plus larges, incluant en particulier une production des administrations. C'est le cas de la France,
mais seulement depuis 1976. Mais des extensions possibles, aux activités illégales et aux effets
externes, ne sont retenues actuellement par aucun pays, pour des raisons plus pratiques que
théoriques. D'autres extensions ont été également proposées : inclure toutes les activités pour
lesquelles existent la possibilité, même virtuelle, d'un échange; inclure même les sans
exception, en attribuant aux activités non rémunérées la valeur des activités rémunérées « sacrifiées ».
Abstract
On the different contours of the notion of production - To track down the different contours of the notion
of production is less simple than it would seem. One can limit himself to activities that are socially
organised. One can on the other hand seek to ensure the best comparability in time and space : the «
principle of invariance », would have it then that the measure of production be independent of social
organisation. The " accounting system of the material " chosen by countries with centrally planned
economies is limited to a rather restrictive notion. Other countries use definitions of production that are
much larger, including in particular the notion of the administration's production. France uses this latter
method, but only since 1976. However, possible extensions of the definition, such as to illegal activities
or to external effects are not used by any country today for practical rather than theoretical reasons.
Other extensions of the definition have also been proposed : for instance, including all the activities for
which there exists a possibility of exchange; another fashion would be to include all activities without
exception, attributing to the non-remunerated activities a value of " sacrificed " remunerated activities.
Resumen
Los diversos trazados de la noción de producción -Trazar los contornos de la producción no es tan
sencillo de lo que parece. Puede uno limitarse a las actividades socialmente organizadas. También se
puede, a la inversa, intentar asegurar la mejor equiparación en el tiempo y en el espacio : el « principio
de invarianza » implica entonces que la medida de la producción sea independante de la organización
social. La « Contabilidad del producto material », escogida por los países de planificación central, se
limita a una noción bastante restrictiva. Los demás países adoptan, por lo general, nociones más
amplias e incluyen en especial una producción de las administraciones. Tal es el caso de Francia, si
bien tan solo desde 1976. Mas extensiones factibles, cuyas actividades son ilegal es y de efectos
externos, no se han retenido en la actualidad en ningún país a causa de motivos más prácticos que
teóricos. Otras extensiones fueron propuestas también : o sea incluir todas las actividades para las
cuales existe la posibilidad, incluso virtual, de un intercambio; incluir, incluso, todas las sin
excepción alguna, atribuyendo a las actividades no remuneradas el valor de actividades remuneradas «
sacrificadas ».COMPTES
Les tracés divers
de la notion de production
André Vanoli
Les biens économiques peuvent provenir d'un don pur
et simple de la nature. Il s'agit par exemple des mûres ou Non, L'activité par Oui, l'URSS selon des les le et crèches système systèmes les autres fait-elle de en pays comptabilité vigueur partie à planification dans de nationale la les production pays centrale. choisi occ ? des framboises que le promeneur cueille et mange au passage
dans les bois. Si l'humanité à ses débuts a vécu en grande
identaux. partie de la cueillette, la quasi-totalité des biens économi
ques résultent désormais de la production. Qu'en est-il quand c'est la mère qui garde ses enfants ?
Cette fois la réponse est négative dans les deux cas. Le terme « produire » revêt ici un double sens. D'une part,
il a un sens concret qui vise le processus par lequel, à partir L'élaboration des comptes nationaux est-elle une activité
productrice ? Le système en vigueur en France jusqu'en de certains moyens, en général du travail, des matières,
des instruments, sont élaborés des biens ou rendus des 1975 considérait que non, le système actuel considère
services. C'est le sens habituel de produire : fabriquer des que oui.
moulins à café, réparer des bicyclettes, couper des cheveux. Bien d'autres exemples pourraient illustrer la difficulté
D'autre part, produire a un sens abstrait qui ne se rapporte qu'il y a à délimiter la notion de production. Des choix plus aux caractéristiques des biens ou des services qui les sont nécessaires ; leur influence est loin d'être négligeable, rendent utiles, mais à la valeur de ces biens et de ces services, en particulier sur les comparaisons dans l'espace et dans au fait qu'Us ont des prix. Produire dans ce sens c'est créer le temps. de la valeur.
La délimitation et la mesure de la production ont une
importance fondamentale. En effet, les choix effectués
détermineront le calcul du produit intérieur brut. Celui-ci
est égal à la valeur totale de la production, diminuée de
celle des consommations intermédiaires, c'est-à-dire des La production est la source principale des biens et services
biens et services réutilisés dans le processus productif. Le que les hommes utilisent de diverses manières.
produit intérieur brut est une grandeur synthétique, un Certains biens sont disponibles en quantité illimitée; agrégat, représentatif d'une certaine manière du niveau l'air est l'exemple classique. Aucun prix ne peut leur être économique. Suivi au cours du temps, il peut constituer un imputé. La théorie économique les qualifie de biens libres, indicateur de croissance. Il se prête aussi à des comparaisons ils ne sont pas produits et n'intéressent pas les phénomènes internationales. économiques.
Les biens économiques eux sont définis généralement
comme des objets utiles et rares. Le terme « utile » ne com
porte ici aucune connotation normative. Il signifie seul
ement « utilisable pour un usage quelconque ». En ce sens, * André Vanoli est le chef du département de la Coordination
le gadget le plus inutile ou le produit le plus nocif sont statistique et comptable de l'INSEE.
utiles, du moment qu'il existe pour eux des offreurs et des Les nombres entre crochets, [ ], renvoient à la bibliographie
utilisateurs. en fin d'article.
61 Tableau 1 Quand un gentleman
épouse sa cuisinière Importance du secteur non monétaire
dans les pays en voie de développement
Une première approche met l'accent sur la nécessité d-
retenir un concept de production tel que la mesure de cellee
Part de la valeur ci soit indépendante de l'organisation sociale, au sens large,
ajoutée du secteur et de son évolution. Ce « principe d'invariance » est très
non monétaire Pays largement invoqué. L'exemple classique est celui, donné
dans le produit par l'économiste anglais A.-C. Pigou et maintes fois repris,
intérieur brut du gentleman qui épouse sa cuisinière. Si les activités ménag
ères non salariées ne sont pas incluses dans la production,
celle-ci baissera, alors que du point de vue des biens et
services disponibles rien n'est changé. Au-delà de cet exemp
40 % ou plus Ethiopie, Niger, Rwanda. le anecdotique, on limite souvent la production aux biens
et services qui rentrent dans le circuit économique, et plus 30 à 39% Mali, Haute-Volta, Malawi, Ouganda.
précisément à ceux qui sont vendus par