Microsimulation et modèles d’agents : une approche alternative pour l’évaluation des politiques d’emploi - article ; n°1 ; vol.429, pg 51-76
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Economie et statistique - Année 2009 - Volume 429 - Numéro 1 - Pages 51-76
Analysts routinely use many tools to forecast and measure the effect of employment policies, including macroeconometric models, general-equilibrium models, and
ex post assessments on time series or microeconomic data. This article explores an additional approach, midway between microsimulation methods and agentbased computational economics (ACE) models. The basic principle consists in describing the behaviour of individual agents, taking into account how they interact with and respond to the changes in the general economic environment. We apply the principle to the dynamic simulation of job creation and destruction, the matching of individuals and jobs, and wage-bargaining behaviour. These processes occur under a profitability constraint and under a potential constraint relating to total demand by type of goods or skills. We calibrate the model to reproduce the main characteristics of unemployment and private-sector paid employment in France, then apply it to the simulation of selected shocks: demographic shock, minimum-wage shock, and social-contribution relief. While still at the prototype stage, the model yields the orders of magnitude obtained with existing approaches, and it offers greater potential for detailed analysis of the effects of the employment policies mentioned. A more elaborate version could therefore be a useful addition to the range of instruments currently available for analyzing the labour market.
De nombreux outils sont régulièrement mobilisés pour prévoir ou analyser l’effet des politiques d’emploi: modèles macroéconométriques, maquettes d’équilibre général, évaluations ex post sur séries temporelles ou sur données microéconomiques. Cet article explore une approche additionnelle, à mi-chemin des méthodes de microsimulation et des modèles dits ACE (agent-based computational economics). Le principe est de décrire le comportement des agents au niveau individuel, en prenant en compte la façon dont ils interagissent et répondent aux modifications de l’environnement économique général. On applique ce principe à la simulation dynamique des créations et destructions d’emploi, à l’appariement entre individus et postes, ainsi qu’aux comportements de négociation salariale. Ces processus se déroulent sous contrainte de profitabilité et sous une éventuelle contrainte de demande globale par type de biens/ qualifications. Le modèle est calibré pour reproduire les principales caractéristiques du chômage et de l’emploi salarié privé en France, puis il est appliqué à la simulation de quelques exemples de chocs: choc démographique, choc sur le salaire minimum, politiques d’allègement de charges. Ce modèle est encore à l’état de prototype, mais il permet de retrouver les ordres de grandeur obtenus par les approches existantes et il présente un plus grand potentiel pour l’analyse détaillée des effets de ces politiques d’emploi. Une version plus élaborée pourrait donc utilement compléter la panoplie d’instruments actuellement disponibles pour l’analyse du marché du travail.
Zahlreiche Instrumente werden regelmäßig herangezogen, um die Effekte der Beschäftigungspolitik zu prognostizieren oder zu analysieren: makroökonometrische Modelle, Modell des allgemeinen Gleichgewichts, Ex-post-Evaluierungen anhand von Zeitreihen oder auch mikroökonomische Modelle. In diesem Artikel wird ein zusätzlicher Ansatz untersucht, der eine Zwischenstellung zwischen den Methoden der Mikrosimulation und den sogenannten ACE-Modellen (agent-based computational economics) einnimmt. Hierbei wird das individuelle Verhalten der Agenten beschrieben, wobei die Art ihrer Wechselwirkung und ihrer Reaktionen auf Veränderungen des allgemeinen wirtschaftlichen Umfelds berücksichtigt wird. Angewandt wird dieser Grundsatz auf die dynamische Simulation der Schaffung und des Abbaus von Arbeitsplätzen, die Datenverknüpfung zwischen Individuen und Arbeitsplätzen sowie die Verhaltensweisen bei den Tarifverhandlungen. Diese Prozesse finden unter dem Zwang der Rentabilität und gegebenenfalls einer globalen Nachfrage pro Art der Güter/ Qualifikationen statt. Das Modell ist so konzipiert, dass es die wichtigsten Merkmale der Arbeitslosigkeit und der lohnabhängigen Erwerbstätigkeit des Privatsektors in Frankreich widerspiegelt. Anschließend wird es auf die Simulation einiger Schockbeispiele angewandt: demografischer Schock, Schock auf den gesetzlichen Mindestlohn, Politik der Senkung der Sozialabgaben. Bei diesem Modell handelt es sich noch um einen Prototyp; es ermöglicht aber, die gleichen Größenordnungen wie mit bestehenden Ansätzen zu erhalten, und bietet ein größeres Potenzial für eine detaillierte Analyse der Effekte dieser Beschäftigungspolitiken. So könnte eine ausgereiftere Fassung das Spektrum der Instrumente ergänzen, die derzeit für die Analyse des Arbeitsmarkts zur Verfügung stehen.
Con regularidad se recurre a numerosas herramientas para prever o analizar el efecto de las políticas de empleo: modelos macroeconométricos, modelos de equilibrio general, evaluaciones ex post sobre series temporales o datos microeconómicos. Este artículo explora una aproximación adicional, a medio camino entre los modelos de microsimulación y los modelos denominados ACE (agent-based computational economics).
El principio es describir el comportamiento de los agentes a nivel individual, considerando la forma en la que interactúan y responden a las modificaciones del entorno económico general. Este principio se aplica a la simulación dinámica de las creaciones y destrucciones de empleo, al emparejamiento entre individuos y puestos de trabajo, así como a los comportamientos de negociación salarial. Estos procesos se desarrollan bajo la limitación de la rentabilidad y una posible limitación de la demanda global por tipo de bienes/ cualificaciones. El modelo se calibra para reproducir las principales características del desempleo y el empleo asalariado privado en Francia, y después se aplica a la simulación de algunos ejemplos de impactos: impacto demográfico, impacto sobre el salario mínimo, políticas de reducción de cargas. Este modelo se encuentra todavía en la fase de prototipo, pero permite encontrar órdenes de magnitud obtenidas por aproximaciones existentes y presenta un mayor potencial para el análisis detallado de los efectos de dichas políticas de empleo. Una versión más elaborada podría por tanto completar útilmente el conjunto de instrumentos disponibles actualmente para el análisis del mercado de trabajo.
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 2009
Nombre de lectures 23
Langue Français

Extrait

TRAVAIL - EMPLOI
MIcRosImulatIon et modèles d’agents : une appRocHe alteRnatIve pouR l’évaluatIon des polItIques d’emploI
MuRIel BaRlet, DIdIeR BlancHet et THomas Le BaRbancHon*
De nombreux outils sont régulièrement mobilisés pour prévoir ou analyser l’effet des politiques d’emploi : modèles macroéconométriques, maquettes d’équilibre général, évaluationsex postsur séries temporelles ou sur données microéconomiques. Cet arti-cle explore une approche additionnelle, à mi-chemin des méthodes de microsimulation et des modèles ditsACE (agent-based computational economics). Le principe est de décrire le comportement des agents au niveau individuel, en prenant en compte la façon dont ils interagissent et répondent aux modiîcations de l’environnement économique général. On applique ce principe à la simulation dynamique des créations et destruc-tions d’emploi, à l’appariement entre individus et postes, ainsi qu’aux comportements de négociation salariale. Ces processus se déroulent sous contrainte de proîtabilité et sous une éventuelle contrainte de demande globale par type de biens/qualiîcations. Le modèle est calibré pour reproduire les principales caractéristiques du chômage et de l’emploi salarié privé en France, puis il est appliqué à la simulation de quelques exem-ples de chocs : choc démographique, choc sur le salaire minimum, politiques d’allège-ment de charges.
Ce modèle est encore à l’état de prototype, mais il permet de retrouver les ordres de grandeur obtenus par les approches existantes et il présente un plus grand potentiel pour l’analyse détaillée des effets de ces politiques d’emploi. Une version plus élaborée pour-rait donc utilement compléter la panoplie d’instruments actuellement disponibles pour l’analyse du marché du travail.
* Didier Blanchet appartient au département des Études Économiques d’Ensemble (D3E) de l’Insee, Muriel Barlet et Thomas Le Barbanchon, appartenaient, lors de la rédaction de cet article, à la division Croissance et Politiques Macroéconomiques du même département. Ce travail a bénéîcié de présentations au séminaire interne du D3E, au séminaire Emploi et Travail du Centre d’tudes de l’Emploi et de re la Dares, au séminaire Fourgeaud, ainsi qu’à la 1 Conférence de l’International Microsimulation Association(Vienne, 2007). Les auteurs remercient les participants à ces différentes rencontres et tout particulièrement François Legendre, Benoit Ourliac et Valérie Albouy. Ils remercient également les deux relecteurs de la revue pour leurs remarques très utiles. Ils restent seuls responsables des erreurs ou omissions.
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’évaluation des politiques d’emploi peut L actuellement s’appuyer sur une assez grande variété d’instruments. Une méthode qui a connu des développements importants au cours des dernières années est l’évaluation ex post sur données microéconomiques. Elle consiste à comparer les trajectoires d’emploi du groupe-test des agents bénéîciaires et du groupe témoin des non-bénéîciaires. Une application typique est l’analyse des dispositifs d’aide à la réinser-tion des demandeurs d’emploi, mais elle a été aussi appliquée à l’analyse des effets des allège-ments de charges sur la demande de travail des entreprises (Crépon et Desplatz, 2001).
L’apport de cette démarche est indéniable, mais on sait qu’elle présente divers risques de biais. En toute rigueur, elle n’est valide que dans des situations quasi-expérimentales où l’affectation des individus ou des entreprises entre le groupe test et le groupe témoin est parfaitement exo-gène ou contrôlable. Elle suppose également que la politique soit totalement dénuée d’effets sur le groupe témoin, or ceci ne sera pas le cas en présence d’effets d’éviction. Par exemple, l’accompagnement d’une certaine catégorie de chômeurs peut freiner l’accès à l’emploi des autres catégories, ou des aides ciblées sur certai-nes entreprises peuvent favoriser ces dernières au détriment des entreprises non aidées. Dans ces deux cas, la comparaison groupe à groupe donnera une image incorrecte des effets globaux de la politique suivie. L’observation microéco-nomique esta fortioride capter les incapable effets des politiques passant par des canaux plus macroéconomiques. On utilise le terme d’effets de bouclage pour caractériser tous ces phénomènes et ils sont l’un des arguments les plus souvent avancés pour relativiser la portée de cette méthode d’évaluation (voir Sterdyniak, 2002 et une réponse dans Crépon et Desplatz, 2002).
Une autre méthode d’évaluationex post s’ap-puie sur les données macroéconomiques. Elle consiste à introduire un indicateur de la politi-que analysée dans une équation macroécono-métrique d’emploi. Elle permet en principe de prendre en compte les effets d’éviction et de bouclage, puisqu’elle s’intéresse à l’évolution de l’emploi global et non pas au différentiel d’évolution entre individus traités et non trai-tés. Mais cette méthode ne mesure correctement les effets de la politique considérée que si l’on est sûr de bien prendre en compte l’ensemble des autres facteurs qui affectent la trajectoire de l’emploi. L’estimation de l’effet d’une politique peut aussi être biaisée par le caractère endo-
gène de cette politique : si sa mise en place est décidée en réaction à une dégradation de l’em-ploi, le constat empirique sera celui d’un lien négatif entre cette politique et le niveau d’em-ploi, à l’opposé de la liaison qu’on est supposé estimer.
L’observation empiriqueex postdonc apparaît insufîsante, qu’elle soit micro ou macroécono-mique. Il faut la compléter par des approchesex ante à base de modèles. Au lieu de demander aux données de révéler l’impact réel de la politi-que considérée, ces approches s’appuient sur un modèle de fonctionnement de l’économie pour en prévoir ou en reconstituer l’impact probable. L’intérêt est de s’appuyer sur un cadre qui décrit explicitement les enchaînements par lesquels la politique produit ses effets. La limite est que la pertinence du résultat dépend directement de la pertinence du modèle utilisé.
On peut par exemple s’appuyer sur des modèles macroéconométriques. Leur avantage est d’être fortement ancrés sur l’observation des évolu-tions économiques passées, mais ceci ne les rend pas forcément aptes à bien décrire les effets de politiques nouvelles (critique de Lucas). Par ailleurs, leur caractère agrégé est mal adapté à la simulation de politiques différenciées par caté-gorie de main-d’œuvre. Il est certes possible de les enrichir d’une distinction entre travailleurs qualiîés et non qualiîés, mais d’une manière qui reste en généralad hocet partielle (Beffy et Langevin, 2005).
Les maquettes d’équilibre général calculable répondent en partie à ces critiques. Leurs fon-dements théoriques sont plus précis que ceux des modèles macroéconométriques, et il est cette fois assez fréquent d’y différencier la main-d’œuvre par qualiîcation. Un exemple de maquette purement statique est par exemple la maquette de Salanié (2000). D’autres exem-ples de modèles semi-dynamiques incluant le processus d’appariement entre travailleurs et emplois sont les maquettes proposées par Doisy, Duchêne et Gianella (2004) ou encore Belan, Carré et Grégoir (2007), mais cette désa-grégation reste beaucoup moins îne que ce que nécessiterait la description précise des poli-tiques effectivement mises en place. Pour ne donner qu’un exemple, un aspect important du débat sur la politique d’allègement de charges concerne leur dégressivité : comment se com-parent les effets d’une politique où la plage de dégressivité s’étend jusqu’à 1,6 Smic, comme c’est le cas aujourd’hui, comparée à une politi-que où cette plage s’arrête à 1,3 Smic, comme
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