Paysage et exotisme à Batavia : La villa du gouverneur général Valkenier (1737-1741) - article ; n°1 ; vol.28, pg 103-117
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Paysage et exotisme à Batavia : La villa du gouverneur général Valkenier (1737-1741) - article ; n°1 ; vol.28, pg 103-117

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Description

Arts asiatiques - Année 1973 - Volume 28 - Numéro 1 - Pages 103-117
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1973
Nombre de lectures 16
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Claudine Lombard-Salmon
Denys Lombard-Salmon
Paysage et exotisme à Batavia : La villa du gouverneur général
Valkenier (1737-1741)
In: Arts asiatiques. Tome 28, 1973. pp. 103-117.
Citer ce document / Cite this document :
Lombard-Salmon Claudine, Lombard-Salmon Denys. Paysage et exotisme à Batavia : La villa du gouverneur général Valkenier
(1737-1741). In: Arts asiatiques. Tome 28, 1973. pp. 103-117.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arasi_0004-3958_1973_num_28_1_1073PAYSAGE ET EXOTISME A BATAVIA :
IA VILLA DU GOUVERNEUR GÉNÉRAI
VALKEMER (1737-1741)
par Cl. et D. LOMBARD-SALMON
Depuis quelques mois, les habitants de Djakarta ont repris le chemin du bord
de mer et ont à nouveau accès à la plage qui s'étend à l'Est de la vieille ville de Kota,
approximativement à mi-chemin entre cette dernière et le port de Tandjung Priok
(aménagé au début de ce siècle). Le lieu-dit Binaria (« qui réjouit »), déjà repéré
par Sukarno qui pensait y faire construire une grande tour (menara Bung Karno),
offre à présent de multiples petits restaurants (réputés pour les coquillages), un
casino et même un cinéma en plein air (« drive-in »)... Tout ce vaste espace partiell
ement occupé jusqu'alors par des empang, sortes de lagunes artificielles remplies
d'eau saumâtre où on élève les fameux poissons bandeng (1), est actuellement en
cours de réaménagement (comblement des empang, établissement d'un réseau de
voies carrossables, construction de maisons de style Toradja). On y accède à présent
en quittant sur la gauche la Djalan Martadinata qui relie, d'Ouest en Est, Djakarta
à Tandjung Priok, laquelle est bordée d'un côté par une ligne de chemin de fer, de
l'autre par un canal.
Cet espace, désigné dans les textes, dès le xvne s., sous le nom d'Antjol (du
nom de la rivière Antjol qui vient s'y jeter dans la mer) (2), laissé quelque peu à
l'abandon tout au long du xixe s. et au début du xxe s., fut au xviue s., un des lieux
de villégiature privilégié pour les grands de la Compagnie. A partir du transfert
(1809), sous le Gouverneur «jacobin» AV. Daendels, du centre administratif à
(1) Le poisson bandeng a une chair très fine, mais une grande quantité d'arrêtés ; d'ordinaire, on retire
la chair de la peau et on la pile ; on apprête la pâte ainsi obtenue avec des épices et on la réintroduit dans la
peau ; c'est ce qu'on appelle le saie Banten.
(2) Le toponyme est attesté au moins depuis 1626 ; l'étymologie n'est pas claire. 104 CL. ET D. LOMBARD-SALMON
Weltevrcden, l'extension de la nouvelle ville de Batavia se fit principalement en
direction du Sud : développement des faubourgs de Tanah abang, Mecster Cornells
(à présent Djati Negara), Menteng, Senen, et plus au Sud encore Kebajoran baru
(après la première guerre mondiale), et des lieux de villégiature plus lointains et plus mé
ridionaux encore de Buitenzorg (Bogor) et du col du Puntjak (1). Mais au cours du
xvine s., l'extension se faisait aussi en bordure de mer, à l'Ouest dans le faubourg
de l'Angke (2), à l'Est dans le Faubourg de l'Antjol, où menait le « chemin de l'Antjol »
(act. Djalan Martadinata), et plus au sud, le Jacatra Weg (act. Djalan Pangeran
Djakarta).
De cette belle époque aucun vestige ne subsiste aujourd'hui si ce n'est le temple
chinois de l'Antjol dont l'existence est attestée dès le début du xvme s. (3) et qu'on
peut voir aujourd'hui encore limité par les grillages dont l'entoure le projet d'aména
gement du Parc d'attraction de Binaria. Heureusement nous avons quelques textes
sur l'atmosphère de cette banlieue résidentielle. Valentijn qui avait quitté Batavia
en 1694, signale déjà la surprise qu'il eut en voyant à son retour, en 1705, le nombre
des Landhuizen qui avaient été construites dans l'intervalle, le long du chemin de
Jacatra (4). En 1745, Pierre Poivre, de passage à Batavia, écrit dans ses mémoires (5) :
« Du haut des chemins publics, qui sont des allées d'arbres, la vue domine sur tous
les jardins ornés par une multitude incroyable de canaux qui entretiennent dans le
pays une fraîcheur agréable, on voit les jardins remplis de toutes sortes de légumes
de l'Asie et de l'Europe, des plantes curieuses et des fleurs de toutes espèces dont
l'odeur suave se répand au loin et contribue au plaisir de la promenade. Ces jardins
divisés en potagers, parterres, bosquets et labyrinthes sont ornés de jets d'eau, de
statues, de bassins, et de tout ce que l'art européen a pu inventer pour rendre un
endroit délicieux. Parmi les arbres dont les Hollandais se sont servi pour orner leurs
maisons de campagne et les chemins publics, ils ont préféré le tamarinier, le singali,
ou laurier de Perse et le Champac. Ces deux dernières espèces d'arbres surtout sont
admirables pour la décoration. » Bougainville qui fait escale à Batavia en f 768,
s'extasie sur les beautés des environs de la ville, sans nous donner, il est vrai, de
grandes précisions (6) : « Nous ne nous lassions point de nous promener dans les
(1) Sur quelques demeures anciennes de Batavia et de ses environs voir : V. I. Van de Wall, Oude
hollandsche Buitenplaalsen van Batavia, rééd., La Haye, 1943.
(2) Le toponyme est d'origine chinoise et signifie « rivière qui déborde ».
(3) Cf. Cl. Lombard-Salmon, Un Chinois à Java, 1729-1736, in B.E.F.E.O., vol. LIX, 1972, p. 295-296.
(4) Cité d'après De Haan, Oud Batavia, Batavia, Kolff, 1919, t. I, p. 441.
(5) Cf. L. Mallcret, Un .Manuscrit inédit de Pierre Poivre: les mémoires d'un voyageur, in Publications
de l'E.F.E.O. vol. LXV, Paris, Maisonneuve, 1968, p. 47.
(6) Cf. Bougainville, Voyage autour du monde par la Frégate du Loi la Boudeuse et la Flûte l'Étoile en
1766, 1767, 1768 et 1769, deuxième édition augmentée, Paris, 1772, t. II, pp. 347-348; voir aussi pp. 341,
344, où il est fait mention de deux maisons de plaisance du Gouverneur Général Van der Parra. PAYSAGE ET EXOTISME À BATAVIA 105
environs de Batavia. Tout Européen, accoutumé même aux plus grandes capitales,
serait étonné de la magnificence de ses dehors. Ils sont enrichis de maisons et de
jardins superbes, entretenus avec ce goût et cette propreté qui frappe, dans tous les
pays Hollandais. Je ne craindrai pas de dire qu'ils surpassent en beauté et en richesses
ceux de nos plus grandes villes de France et qu'ils approchent de la magnificence
des environs de Paris. »
Quelques années plus tard, vers 1770, le marin hollandais Stavorinus est plus
précis (1) : « Le chemin qui conduit de Batavia à Antjol, et de-là à la mer, est bordé
par une petite rivière qui coule lentement et offre l'image des canaux de Hollande.
Des deux côtés sont des jardins qui commencent à se trouver en fort mauvais état,
excepté seulement un ou deux qui appartiennent au Directeur-général de la Compagnie.
Au bout de ce chemin, à peu de distance de la grève est un banc d'huîtres près duquel
on a bâti une maison où les Européens vont s'amuser souvent à manger des testacées.
Le second chemin, appelé Mangga-doa, à cause qu'il étoit ci-devant garni de deux
rangs de manguiers, court un peu plus au sud que le premier et s'avance davantage
dans les terres. Ce chemin est de même bordé de plusieurs jardins, mais qui ne sont
pas, à beaucoup près, aussi beaux que ceux qu'on rencontre le long du chemin de
Jacatra ; car ici on voit tout ce qu'on peut imaginer de plus magnifique en bâtiments.
La plupart de ces maisons de plaisance sont placées sur le chemin, lequel a dix à
douze toises de large et qui est bien garni d'arbres. Par-derrière la vue domine sur
la rivière de Jacatra. Je ne me rappelle pas d'avoir jamais vu de route plus agréable :
tous ceux qui arrivent pour la première fois à Batavia sont surpris de trouver un
aspect aussi admirable... »
Citons encore ce que dit le Suédois Thunberg, qui passa à Batavia en 1775, en
se rendant au Japon (2) : « Le faubourg situé du côté de la campagne est grand, beau
et peuplé d'Européens, de Chinois et d'Indiens. A peu de distance de ce faubourg,
sont dispersés de nombreuses maisons de campagne et de très beaux jardins, où les
principaux personnages de la ville et les gens riches viennent se délasser de leurs
travaux. L'air y est moins malsain

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