Récentes recherches archéologiques en Thailande. Rapport préliminaire de mission (25 juillet-28 novembre 1964) - article ; n°1 ; vol.12, pg 125-174

Jean Boisselier

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Arts asiatiques - Année 1965 - Volume 12 - Numéro 1 - Pages 125-174
50 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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• Publié par: Arts-asiatiques
• Publié le: 01 janvier 1965
• Nombre de lectures: 10
• Langue: Français
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Jean Boisselier
Récentes recherches archéologiques en Thailande. Rapport
préliminaire de mission (25 juillet-28 novembre 1964)
In: Arts asiatiques. Tome 12, 1965. pp. 125-174.
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Boisselier Jean. Récentes recherches archéologiques en Thailande. Rapport préliminaire de mission (25 juillet-28 novembre
1964) . In: Arts asiatiques. Tome 12, 1965. pp. 125-174.
doi : 10.3406/arasi.1965.941
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arasi_0004-3958_1965_num_12_1_941RÉCENTES RECHERCHES ARCHÉOLOGIQUES
EN THAÏLANDE
RAPPORT PRÉLIMINAIRE DE MISSION (25 JIIILIET-28 NOVEMBRE 1964)
pnr Jean BOISSELIER
Invité par le Département des Beaux-Arts de Thaïlande à effectuer une mission
de quatre mois en Thaïlande pour étudier les problèmes posés par les récentes décou
vertes archéologiques et poursuivre diverses recherches personnelles en cours, ayant
obtenu, avec son accord, une aide du Centre National de la Recherche Scientifique, je
m'étais proposé d'étudier, en premier lieu :
— L'architecture, la sculpture et l'iconographie des anciens royaumes de Sukho-
daya, d'Ayudhyâ et de Lan Nà (Ch'ieng Mai).
— Les monuments khmers des provinces septentrionales, occidentales et méri
dionales ; les des provinces orientales, les plus nombreux et les plus
importants, ayant été étudiés au cours de ma mission de 1955.
— L'art dit de « Dvâravatï », dans le but d'en préciser l'iconographie, d'en déter
miner le rayonnement et de tenter d'en établir la chronologie,
et secondairement :
— L'école de Sî T'ep, en cherchant à établir sa chronologie et ses rapports avec
les écoles de sculpture des contrées voisines.
— Le sanctuaire de That P'anom (date, iconographie, influences extérieures sur
son architecture et sa sculpture).
Les recherches concernant Dvâravatï paraissaient, dès l'abord, devoir être les
plus importantes en raison de l'abondance des découvertes effectuées au cours des
cinq dernières années grâce à la campagne systématique de dégagements entreprise
par le Département des Beaux-Arts de Thaïlande dans des sites jusqu'alors ignorés,
tels que Ku Bua (sud de Ratburî) et Kok Mai Den (Ban Bon, sud-est de Nak'on Savan),
ou simplement repérés, tels que Û-thông (sud-ouest de Sup'anburî), découvertes dont 126 JEAN BOISSELIEli
quelques publications (1) et le choix des pièces présentées à la récente exposition
« Trésors d'Art de Thaïlande » (2) permettaient de pressentir l'intérêt.
Ma mission, outre un séjour à Bangkok qui devait être consacré à l'étude des
collections du Musée National et des principales Pagodes ainsi que d'importantes privées (H. R. H. Pce. Bhanubandhu, H. R. H. Pcesse. Chumbhot,
Gal Mantrî Hanvijay), a comporté la visite et l'étude des sites suivants :
Ayudhyâ (site et Musée), Lop'burî, Sraburî, P'ra P'utthabat, Nak'on Savan (Ban
Bon, Kok Mai Den), P'itsanulok, Sukhodaya (site et Musée), Savank'alok, Gh'alieng,
Si Sacch'analai, Kampeng P'et, Tak (et Tak Khao), Muang Trai Trung, Lamp'un (site
et Musée), Ch'ieng Mai (et région) ;
Prachinburî, Dong Nak'on, Dong Si Mahâ P'ot (Ban Kok Pip, Ban Kok Kvang),
K'orût (région et musée), Muang Simâ, Nak'on P'anom, That P'anom, Sak'on Nak'on ;
Nak'on Pathom (région et Musée), Kampèng Sèn, O-thông (région et Musée),
Sup'anburî, Kancanaburî, Ban Khao, Muang Klong Do, Muang Sing, Ratburî, Ku
Bua, P'etburî.
La fréquence exceptionnelle des typhons ayant rendu impraticables les voies de
communication vers le nord-est et vers le nord durant plusieurs semaines, la partie du
programme concernant les recherches sur l'ancien royaume de Lan Nà s'est trouvée
sensiblement réduite. Pour les mêmes raisons, il m'a été impossible de me rendre à Sî
T'ep et d'effectuer les reconnaissances primitivement envisagées par Ch'ayaphum,
Mahâsarak'am, Kâlasin et Roi Et et j'ai dû me contenter d'étudier les pièces réunies
au Musée National et les documents mis à ma disposition par le Dépt. des Beaux-Arts
Les recherches concernant Dvàravati ont, par contre, connu des développements
imprévus en raison de l'intérêt et de la richesse du site de O-thông.
Pour plus de clarté, les résultats de la mission seront présentés en fonction du
programme exposé en introduction plutôt qu'en fonction de l'emploi du temps. Les
collections et la plupart des sites soulevant, en fait plusieurs problèmes différents, la
seconde méthode conduirait à de continuelles redites.
I. - ARCHÉOLOGIE DU ROYAUME DE SUKHODAYA
Sites visités : Sukhodaya, Si Sacch'analai, Gh'alieng, Kampeng P'et, Tak, Tak
Khao, Muang Trai Trung, P'itsanulok.
Musées: Musées et collections de Bangkok, Musées de Sukhodaya et d'Ayudhyâ,
collections de Wat Mahâthat de Sukhodaya, de Wat P'ra Sî Mahâthatde P'itsanulok,
de Thani, collections particulières de P'itsanulok, Savank'alok...
(1) Guide to Antiquities found at Koo Bua, Ratburi... (Publ. Fine-Arts Dept., Bangkok, 1961).
(2) G. Cœdès, J. Boisselier, Catalogue de l'Exposition « Trésors d'art de Thaïlande », Musée Cernuschi,
mai-juillet 196 t. RÉCENTES RECHERCHES ARCHÉOLOGIQUES EN THAÏLANDE 127
Problèmes étudiés : a) — Les témoins de l'art de Dvâravatï : deux statues
du style de Dvâravatï ont été trouvées à Sukhodaya, l'une (Musée National) est de
provenance non précisée, l'autre (Musée de Sukhodaya) a été trouvée «à Wat Sap'an
Hin (le monastère des Arafifiik mentionné dans l'inscription de Râma Khamhêng).
Mais ces images relèvent de deux écoles de sculpture entièrement distinctes (matières
différentes, opposition dans le traitement des drapés, frontalité et hiératisme de la
première, souplesse et hanchement de la seconde). Ne pouvant, de surcroît, être mises
en relation avec aucun vestige témoignant de l'existence des traditions architecturales
de Dvâravatï (cf. infra) dans la région de Sukhodaya, il semble qu'on devrait les
considérer plutôt comme des palladia apportés dans la capitale, suivant un usage bien
attesté par ailleurs, de principautés vassales au temps de la puissance du royaume de
Sukhodaya, que comme des productions locales.
Des vestiges possibles de l'architecture de Dvâravatï n'ont été relevés qu'à Tak
(Wat Si Ban P'ot, dans la ville moderne) semblant jalonner une ancienne voie de
pénétration vers Lamp'un. Le vieux Tak, sur la rive orientale du Mè Ping, n'a, par
contre, montré aucun vestige pouvant être rapporté à la même période. A Muang Trai
Trung, ancienne cité avec enceinte au tracé elliptique caractéristique, des indices
probables d'occupation à haute époque semblent fournis par l'abondance de tessons
apparentés à la poterie Dvâravatï ou pré-Dvâravatï (un échantillonnage a été prélevé
en vue d'études comparatives) mais aucun vestige de construction antérieure à la
période de Sukhodaya n'a été reconnu au cours d'une visite d'ailleurs trop brève du
site.
b) — Les traces de l'occupation khmère : beaucoup plus nettes, nous avons
pu les rattacher aux deux styles d'Angkor Vat (règne de Sûryavarman II) et du
Bàyon (règne de Jayavarman VII). Représentées à la fois par des statues et des monum
ents, elles seront évoquées infra (Paragraphe IV). Nous indiquerons seulement ici
que les modifications apportées dans la période de Sukhodaya aux sanctuaires primit
ifs sont d'importance variable : à Wat P'ra P'ai Luang, l'adaptation à la destination
theravâdin n'a pas modifié l'aspect des prasal ; à Wat Si Savai, qui semble être demeuré
de destination brahmanique, les remaniements, beaucoup plus importants, ont
entraîné la reprise des toitures des trois prasal et un nouveau nivellement.
c). — Les monuments de l'école de Sukhodaya : les recherches portaient
sur les procédés de construction et la mise en reuvre des matériaux, les formes archi
tec