Socialisme et aménagements ruraux en R.P.S. d'Albanie - article ; n°1 ; vol.55, pg 53-68

Annie Fabre

Description

Revue de géographie de Lyon - Année 1980 - Volume 55 - Numéro 1 - Pages 53-68
Les paysages albanais apparaissent comme de construction récente. L' aménagement des plaines est à l'origine d'une organisation systématique de l'espace agricole. Le développement est fondé sur deux principes : exploitation maximale du sol et utilisation optimale d'une main-d'œuvre nombreuse, maintenue en grande partie dans les zones rurales. La centralisation des structures agricoles, rendue nécessaire à la réalisation des projets de développement, a favorisé la hiérarchisation du réseau de ces villages, à l'intérieur de vastes unités d'exploitation qui sont devenues, en quelque sorte, le relais des divisions administratives.
Agrarian development and rural planning in the Socialist Albania's Western Lowlands Every landscape in present Albania should be considered as a newly built system. The agrarian development of the lowlands is the first step towards a comprehensive spatial organization ; its two main principles are to maximize the productivity of agricultural land and to optimize that of the large rural labour that is kept in the country. As the development is bound to a centralization of the agricultural structures, these villages are distributed according to a hierarchical pattern ; these very large collective agricultural units may be considered as basic functional parts of the administrative division of the albanian territory.
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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• Publié par: REVUE_DE_GEOGRAPHIE_DE_LYON
• Publié le: 01 janvier 1980
• Nombre de lectures: 11
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Extrait

Annie Fabre
Socialisme et aménagements ruraux en R.P.S. d'Albanie
In: Revue de géographie de Lyon. Vol. 55 n°1, 1980. pp. 53-68.
Résumé
Les paysages albanais apparaissent comme de construction récente. L' aménagement des plaines est à l'origine d'une
organisation systématique de l'espace agricole. Le développement est fondé sur deux principes : exploitation maximale du sol et
utilisation optimale d'une main-d'œuvre nombreuse, maintenue en grande partie dans les zones rurales. La centralisation des
structures agricoles, rendue nécessaire à la réalisation des projets de développement, a favorisé la hiérarchisation du réseau de
ces villages, à l'intérieur de vastes unités d'exploitation qui sont devenues, en quelque sorte, le relais des divisions
administratives.
Abstract
Agrarian development and rural planning in the Socialist Albania's Western Lowlands Every landscape in present Albania should
be considered as a newly built system. The agrarian development of the lowlands is the first step towards a comprehensive
spatial organization ; its two main principles are to maximize the productivity of agricultural land and to optimize that of the large
rural labour that is kept in the country. As the development is bound to a centralization of the agricultural structures, these villages
are distributed according to a hierarchical pattern ; these very large collective agricultural units may be considered as basic
functional parts of the administrative division of the albanian territory.
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Fabre Annie. Socialisme et aménagements ruraux en R.P.S. d'Albanie. In: Revue de géographie de Lyon. Vol. 55 n°1, 1980. pp.
53-68.
doi : 10.3406/geoca.1980.1265
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geoca_0035-113X_1980_num_55_1_1265Revue de Géographie de Lyon, 1980/1
SOCIALISME ET AMÉNAGEMENTS RURAUX
EN R.P.S. D'ALBANIE
par Annie Fabre *
Les données chiffrées et le matériel cartographique dont on dispose en
Albanie restent, dans l'ensemble, assez pauvres. Cependant, l'étude d'un
certain nombre d'exploitations peut d'ores et déjà faire l'objet d'une synthèse,
qui donne une idée assez précise de l'organisation de l'agriculture et des
mécanismes qui ont engendré les paysages ruraux d'aujourd'hui.
L'Albanie est un Etat montagneux, bordé à l'ouest par des plaines
littorales, où sont situées la majorité des exploitations visitées : les régions
reculées restent encore mal connues.
Le rappel de quelques données structurelles permet de mieux comprendre
la dynamique dans laquelle s'inscrivent les paysages dont nous avons pu
récemment examiner les caractères.
LES STRUCTURES
Une structure démographique originale
La population de l'Albanie conserve aujourd'hui le taux de croissance le
plus fort d'Europe. Cette évolution s'explique par la conjoncture entre la
baisse du taux de mortalité et l'entretien d'un taux de natalité encore très
élevé: plus de 30 %0. La population est ainsi passée de 1 040 000 en 1938 à
2 620 000 hab. en 1978 : elle a un peu plus que doublé en moins de quarante ans.
Cette croissance devrait se poursuivre à un rythme rapide, car si les taux de
natalité commencent à baisser dans les villes, le phénomène ne s'étend pas
encore aux campagnes qui fournissent l'essentiel du croît démographique.
Par ailleurs, la jeunesse de la population devrait, à elle seule, assurer la
croissance des prochaines années. En effet, la population rurale n'a été
ramenée par l'exode rural qu'à 66 % de la population totale : l'Albanie est
Agrégée de géographie, CPR de Toulouse, et Retimo, Université de Toulouse-Le Mirail. 54 A. FABRE
le seul Etat d'Europe où les effectifs urbains demeurent inférieurs à ceux
des campagnes. En outre, le poids de la population rurale se fait partout
sentir avec force : l'exode rural a été plus important dans les régions monta
gneuses, et les districts de la plaine ont vu leur population rurale augmenter
à la fois par accroissement naturel et à cause des migrations interrégionales.
D'une façon générale, dans un Etat où la volonté d'indépendance exige
l'autonomie économique, l'agriculture doit nourrir cette population croissante.
Mais un exode limité permet de conserver à la campagne des effectifs nom
breux qui représentent une force de travail non négligeable. C'est une dialec
tique fondamentale pour l'étude des campagnes albanaises (fig. 1).
Structures administratives
L'étude des rapports entre divisions administratives et structures agri
coles tire ici son importance du fait que, dans les pays socialistes, l'appareil
administratif prend un certain relief du fait de la centralisation et de l'état
isation des activités économiques. Depuis l'après-guerre, plusieurs réformes
administratives se sont succédé, qui reflètent bien les recherches relatives
à l'organisation territoriale de l'Etat qui s'est mis lentement en place-
L'Albanie est aujourd'hui divisée en provinces, elles-mêmes réparties en
districts, qui sont, en fait, la principale division : les statistiques, par
exemple, s'y rapportent toujours. Cette division territoriale est fondée sur la
répartition des villes, ce qui explique qu'elle n'ait pas toujours une grande
signification pour l'étude du milieu rural. Les chiffres donnés pour des
districts couvrant à la fois des zones de collines et de plaines, tels ceux
d Elbasan, de Berat, etc., sont toujours à nuancer.
Pour une étude à grande échelle c'est l'exploitation agricole qui prévaut
comme cadre d'analyse. Car l'exploitation est, de fait, une véritable structure
administrative, surtout en plaine où les exploitations peuvent couvrir plusieurs
milliers d'hectares et où la pression organisatrice de l'Etat est plus sensible
qu'ailleurs. La localisation de certains équipements y est surtout faite en
fonction du village principal, centre de l'exploitation.
La division administrative peut jouer un certain rôle dans l'organisation
de l'espace rural, en particulier par l'intermédiaire des organes principaux
du Parti du travail et des Stations de Machines-Tracteurs (entreprises d'Etat
possédant et gérant du matériel agricole et employant des salariés), qui
sont la plupart du temps situées dans le chef-lieu. Mais l'exploitation agricole
se révèle toujours le cadre le plus approprié à une étude agricole. Peu de
travailleurs, semble-t-il, ont la notion du cadre administratif dont ils relèvent,
alors que leurs relations sont quotidiennes et multiformes avec la direction
de l'exploitation.
Les étapes de la collectivisation
Ainsi une étude détaillée de la structuration des exploitations se révèle-
t-elle nécessaire. Elle est intimement liée à l'histoire de la collectivisation. SOCIALISME ET AMENAGEMENTS RURAUX EN ALBANIE 55
La progression de celle-ci, en effet, ne s'est pas faite partout de la
même façon ni au même rythme : les structures agricoles portent encore la
marque de cette évolution différentielle. Mais, de façon générale, la sociali
sation des biens fonciers fut réalisée tardivement par rapport aux autres
RURAUX/
superficie
totale superficie cultivée
densités de ruraux
80 60 40 20
hab/km2
500 400 300 200
densités de ruraux/superficie cultivée __
Fig. 1. — Densité de la population rurale (1975) 56 A. FABRE
Etats de l'Europe socialiste : la collectivisation a connu des débuts prudents.
La réforme agraire de 1946 réduisit la superficie maximale de la propriété
privée à 20 ha ; elle répondait en cela aux espoirs d'une population paysanne
exaspérée par un système foncier inégal et sclérosé. L'attachement à leur
propriété fut sans doute d'autant plus fort que celle-ci était réduite, la
population rurale étant alors relativement dense par rapport à la superficie
cultivée. Dans les zones reculées, la collectivisation était d'autant plus délicate
à effectuer que les populations montagnardes, dont les systèmes de valeurs
sociales et économiques demeuraient encore empreints de traditionnalisme,
n'étaient pas prêtes à renoncer à leur pouvoir sur ce qu'elles avaient toujours
considéré comme un bien inviolable et inaliénable.
Il fallut a