Transformation de l économie rurale dans les plateaux Limousins du sud-est - article ; n°299 ; vol.55, pg 164-177
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Description

Annales de Géographie - Année 1946 - Volume 55 - Numéro 299 - Pages 164-177
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1946
Nombre de lectures 26
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Gabriel Beis
Transformation de l'économie rurale dans les plateaux
Limousins du sud-est
In: Annales de Géographie. 1946, t. 55, n°299. pp. 164-177.
Citer ce document / Cite this document :
Beis Gabriel. Transformation de l'économie rurale dans les plateaux Limousins du sud-est. In: Annales de Géographie. 1946, t.
55, n°299. pp. 164-177.
doi : 10.3406/geo.1946.12582
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geo_0003-4010_1946_num_55_299_12582164
TRANSFORMATION DE L'ÉCONOMIE RURALE
DANS LES PLATEAUX LIMOUSINS DU SUD-EST
Dans l'Est du Limousin, aux confins de l'Auvergne dont la sépare le sillon
de la Dordogne, limitée à l'Ouest par l'abrupt oriental de la « Montagne » limou
sine, s'étend une région dont, sur la carte, le caractère le plus frappant est
l'allure de ses rivières (fig. 1). Toutes tributaires de la Dordogne, Doustre,
Luzège,Triouzonne et Diège, quittant la Montagne par des gorges, encombrées
de rapides, s'encaissent en des vallées profondes et étroites se dirigeant vers le
Sud-Est, puis vers le Sud. Si l'Auvergne est proche, le paysage aussi bien que
le patois et les habitudes paysannes sont limousins.
Ce n'est plus la Montagne, mais c'est un pays encore élevé (entre 500 et
600 m.), d'où l'on accède à Tulle ou à la plaine d'Argentat par une longue
descente en lacets qui marque nettement le début du « Bas Pays». C'est au
Nord que la limite est le plus difficile à définir. Par son altitude, son relief
et même son paysage, la région d'Ussel appartient aux plateaux limousins
du Sud-Est. Mais l'influence de la Montagne, dont la limite est moins nette,
est beaucoup plus sensible, et c'est une zone de passage, alors que l'un des
traits permanents du reste du plateau est son isolement.
Aussi, sans prétendre identifier une région naturelle, limiterons-nous le
domaine de cette étude aux cantons de Neuvic, Lapleau, Égletons, à l'Est
du canton de Meymac et à la majeure partie de celui de La Roche-Canillac.
Sans doute ce découpage administratif a-t-il quelque chose d'arbitraire : il
délimite pourtant une région dont les éléments d'unité sont sensibles, dès le
premier abord, dans le relief et le paysage.
I. — Les sites de terroirs
L'un des spectacles les plus surprenants est celui de chemins serpentant
longtemps dans la bruyère, pour arriver subitement à une véritable clairière
de prés et de champs, au milieu de laquelle se dresse un groupe d'habitations.
Rien ne permet de prévoir ce brusque changement : impression de variété,
certes, mais aussi de contrastes violents. On no se sent plus dans un pays de
bocage, mais, derrière ce groupement irrégulier et tranché des différents
paysages, on aperçoit une disposition qui répond à des conditions naturelles.
Ce n'est pas le fait du hasard si, du rebord d'une vallée, on aperçoit sur
l'autre rive une rangée de lieux habités, tandis que, plongeant vers le fond
ou regardant derrière soi, l'œil ne distingue ni habitation, ni trace de travail
humain. Rien de plus caractéristique à ce sujet que l'atlas publié en 1875
par les services du cadastre : une carte par canton résume la répartition
des différentes catégories de terrains (terres, prés, etc.) ; les taches rouges
des terres et vertes des prés soulignent étrangement les accidents de relief.
En travaillant en 1946 sur cette base, on obtiendrait dans les grandes lignes
le même résultat.
Le relief, en effet, offre trois ensembles de formes. L'allure générale évoque L'ÉCONOMIE RURALE DES PLATEAUX LIMOUSINS 165
une surface d'érosion s'abaissant régulièrement vers le SE et dont l'altitude
serait comprise entre 640 et 540 m. Elle a été soumise au Quaternaire à une
érosion régressive violente partant de la Dordogne, dont le lit s'est brutale
ment enfoncé entre les deux glaciations de l'Artense et de la Rhue. Le plateau
MAURIAC
10 15 Km.
Fig. 1. — Les plateaux limousins du Sud-Est. — Échelle, 1 : 500 000.
Équidistance des courbes, 200 m.
a été découpé par les. tributaires de cette rivière en lanières de plus en plus
étroites à mesure que l'on s'approche de leur confluent. Encore soudées à
l'amont en un ensemble monotone de relief mou, ces lanières, comme les
vallées qui les séparent, donnent à l'aval l'impression d'un relief en pleine
jeunesse : gorges profondes, étroites, à parois abruptes, s'opposant aux
vallées en berceaux de l'amont. Séparant ces deux paysages, une rupture de
pente que l'on décèle sans peine.
Trois éléments s'offrent ainsi à l'occupation humaine.
Les vallées, profondes de 200 à 250 m., larges au fond d'une cinquantaine
de mètres, dont les pentes tantôt sont recouvertes de taillis ou de bruyère,
tantôt laissent apparaître par places la roche nue, sont hostiles à la vie rurale.
Les hautes terres, plateaux de relief indifférencié, sont, comme la Mont
agne, un vrai château d'eau. Mal drainées, les vallées en berceaux, très larges,
1 2 166 ANNALES DE GÉOGRAPHIE
n'offrent que des tourbières au sol profond et aride. Les eminences (puys),
avec leurs arènes sableuses, souvent grossières, ne portent que des bruyères.
Aucun écran pour s'opposer aux vents violents qui, l'hiver, accumulent dans
les moindres dépressions 50 cm. à 1 m. d'une neige qui peut durer des
semaines. Quelques sites, à la tête des vallées les plus importantes, ra
ssemblent, à cause de l'exposition et de leur sol mieux drainé, des quartiers
de terres cultivables. Restent les longues croupes. La forme même du relief
y crée des éléments, sinon plats, du moins faiblement bombés et de dimens
ions suffisantes pour que le travail agricole y soit possible. Les sinuosités
des vallées, les découpures des affluents secondaires y font varier les exposi
tions : chaque échine offre un versant exposé, soit au Sud, soit à l'Est, et, par
le fait même, protégé des vents d'Ouest ou du Nord. Ainsi favorisées, ces
échines constituent les sites privilégiés des terroirs de la région (fig. 2).
Ceci est encore plus vrai si on fait intervenir les conditions de sol. Le sol
dérive ici uniquement de la décomposition de la roche sous-jacente : granulite
à ГО, granite au S, micaschiste au N et à ГЕ. N'importe quelle tranchée nous
montre la même coupe : quelques centimètres d'humus, fortement mêlé de
cailloux, reposant sur une couche plus ou moins épaisse de sable grossier, jau
nâtre, en contact direct avec la « roche pourrie », généralement d'une
quinzaine de mètres. Inexistant ou presque au flanc des vallées en gorge, ce
sol ne se trouve en épaisseur suffisante qu'au sommet et sur les flancs des
dos de terrain. Le drainage n'est pas assez violent pour empêcher la forma
tion de toute terre arable, mais il reste suffisant pour que le sol y soit bien
égoutté, tout en évitant le lessivage complet qui, sur le plateau, ne laisse
généralement que des arènes de sable et de graviers. La valeur de ces sols
dépend essentiellement de leur teneur en argile, en sels et en éléments fins.
Au pied, dans les vallées, l'eau les accumule en un sol profond de 30 à
40 cm., dont la valeur dépend du drainage. La différence faite par le paysan
entre terres, champs froids et prés traduit essentiellement les résultats d'un
lessivage plus ou moins poussé et de l'accumulation des éléments fertilisants
enlevés.
La nature a donc fixé elle-même les limites de l'installation rurale. Il
faut un terrain où l'on puisse vivre, c'est-à-dire capable de produire des
céréales et de nourrir un cheptel. Ces deux éléments fondamentaux d'un
terroir rural ne se trouvent que par places, généralement soudés l'un à l'autre
(trop distants, ils n'auraient aucune valeur). En aucune autre région que ces
pays de relief coupé, la notion de site de terroir ne prend une valeur plus géo
graphique : nulle part l'emplacement et les limites de l'occupation humaine
ne sont plus nettement marqués. Le terroir se signale comme une clairière,
une tache isolée, s'opposant vivement au reste du pays.
C'est autour de ces sites que s'est organisée la vie rurale, utilisant au
mieux les conditions d

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