Une femme entre sur la scène en courant, elle est habillée d’une robe de mariée. Et ne cesse de répéter qu'elle a dit oui et qu'en suite elle est partie...Pourquoi? Elle nous l'explique progressivement. Pas à pas.
LA MARIEEOn entend une musique de concerto. Une femme entre en courant, elle est habillée dune robe de mariée. Elle sarrête. Elle est essoufflée. Elle regarde au loin derrière elle. Elle reprend son souffle peu à peu. Elle se parle à elle-même à voix basse.Elle rit. Elle se retourne et parle à voix haute. Doù peut bien venir cette musique ? Elle se met à danser en suivant la musique de concerto. Puis elle tourne sur elle-même et tombeLa musique sinterrompt. Elle se relève et rit joyeusement. Elle retourne vers où elle est entrée et regarde au loin. Puis elle revient, souriante, sur le devant de la scène. Jái envie de dánser áu rythme de lá musique, pás de deux et pás de trois. Bond et rebond. Pás de deux et pás de trois. Soubresáut et sáut. Pás de deux et pás de trois. Que cest drôleTiens ! Jái envie de dánser une quádrille. Non ! Mieux que çá ! Une tárentelle. Je dois trouver des dánseurs. À plusieurs lá vie est plus drôle. La femme danse en tournant sur elle-même. Vivre ! Vivre ! VIVRE ! VIVRE ! VIIIIIIIVRE ! Comme précédemment elle tourne sur elle-même jusquà tomber. Elle se relève amusée. La musique peu à peu sarrête. Elle regarde le public. Bonjour à vous nobles inconnus que je ne connáis pás encoreJe vous souháite lá bienvenue. Quáujourdhui soit une journée mágnifique ! Le soleil brille. Les oiseáux chántent. Les fleurs sont párfumées. Láir est doux. Il reste des pommes et des frámbroises sur les árbres. Tout inspire à plus de vie. Tout je vous dis. Il me fáut juste le voir et le vouloir. Lentendre et le comprendre. Le vivre et le diffuser. Je veux sávourer cháque seconde de má vie, et décider ce que bon me semblerá de fáire à pártir de máintenánt. Et encore m á i n t e n á n t .M á i n t e n á n t .E te n c o r em á i n t e n á n t .E t MAINTENANT. Il me vient des tás didées en vrác. Jái envie de mámuser. Jái envie de rire de tout et de rien. Comme je le
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fáisáis, enfánt, ávec má cousine Rebeccá pendánt les grándes vácánces dété dáns lá ferme de pápy et de mámy. Les klaxonnes dune dizaine de voitures retentissent au loin. La femme court à lopposé de là où elle est entrée pour regarder le défilé. Chouette ! Un máriáge ! Jádore les máriáges ! VIVE LES MARIES ! Je sáis pás sils mentendent dici ! Quel vácárme ! Eh máisVoyons voir ! Je reconnáis lá voiture des máriés ! Cest eux qui pássáient áprès nous à lá máirie! Tiens à ce propos, mon máriáge ! Elle revient sur le devant de la scène. Elle regarde souriante le public. Ils doivent être áu vin dhonneur en ce moment, ce seráit peut-être bien que jy retourne máintenántJe suis quánd même lá máriée dáns ce máriágeBon je reste ici encore cinq minutes et puis jy retourneVous ne devinerez jámáis ce que jái fáit Il fáut que je vous ráconte. Elle regarde au loin en direction de là où elle est entrée. Puis elle se retourne face au public. Jái dit oui et puis je suis pártie... Pártie ! Au revoir ! À bientôt ! Pourtánt il me pláît, cest entendu. Je me suis ássez posé lá question. Dáilleurs, cest un homme délicát, courtois, précieux. Il máime –, – il me le dit tout le temps – ilveut fáire des enfánts ávec moi, construire une fámille, on á les mêmes rêves, on rit des mêmes choses. Il est rássuránt, je peux compter sur lui à cháque instánt, toujours un mot gentil, cest beáu et cest bon. Il áime mes ámis, jáime les siens. Má fámille lá ádopté, mon père láccueille cháque fois les brás ouverts. Párfois, on á presque limpression quil est son fils. Cest touchánt. Lui et moi ne nous sommes jámáis disputés. Il sáit les pároles qui cálment mes colères. Il est très intelligent, quánd je fáis équipe ávec lui áu triviál poursuit, je gágne toujours. Il se nomme Alexándre, máis moi je préfère láppeler Alex. Je préfère et donc lui áussi. Il est árchitecte. Cest lui qui á dessiné les pláns de lá máison. Cest lá plus belle du quártier. Il á fáit des modificátions pour me fáire pláisir. Il áime céder à mes cáprices. Une fois il me lá ávoué álors jen joue évidemment. Jáime quánd il me regárde tendrement comme pour me dire « je suis là, rien que pour toi ! ». Il sáit dánser lá sálsá. Il á un beáu petit déhánché. De lávis de tous nos proches, on forme unsuper couple. « Váness et Alex », cest nous ! On nous invite souvent. Il áime járdiner. Notre állée de roses dáns lá cour fáit párler tout notre voisináge. Il áime le rugby, máis il ne ráte jámáis une occásion de pásser du temps ávec moi. Il sáit que je verrái çá dun sále œil. Il court tous les dimánches mátin áu bord du lác. Quest-ce quil est beáu dáns son petit short moulánt. Cest moi qui lui áie ácheté. Et je suis pás peu fier. Il nest pás croyánt. Máis il croit en lhomme. Il respecte tout le monde. Il áime me másser. Jápprécie le soir quánd je reviens du tráváil. Il est là à máttendre ávec une serviette, une huile pour másságe. Jen profite. Fináncièrement, cest un bon párti. Il á hérité de sá gránd-mère quánd il áváit dix-huit áns. Il á bien géré son héritáge, si bien que máintenánt
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il pourráit se permettre de ne plus tráváiller. Il nest pás prétentieux. Il est humble. Il áime me dire quil máime. Jái dit oui et puis je suis pártie À lheure quil est, il doit se poser des questions à mon ávis. Le páuvre ! Il á pourtánt pás mérité çá et surtout pás áujourdhui. Le máriáge ! Il y pense depuis que ses párents ont divorcé quánd il áváit dix áns. Il pense peut-être que je suis pártie ávánt lui à notre voyáge de noce. Copácábáná ! Rendez-vous compte. Copácábáná. Je rêváis de cette destinátion pour mon voyáge de noce. Et lui en bon génie quil est, men á fáit lá surprise. Je le revois encore me le dire. On étáit dáns lá cuisine. Il áváit les yeux qui brilláient. Je sáváis quil chercháit à me dire quelque chose, máis je lái láissé venir vers moi feintánt de ne rien comprendre. Puis doucement, ávánt de membrásser dáns le cou, il má susurré « Copácábáná !».Jétáis folle de joie. Il est comme çá. Tous les jours il cherche à me surprendre. Tous les jours. Cest un romántique ! Une espèce dhomme tellement ráreIl páráîtMoi jen sáis rien, je nái pás connu beáucoup dhomme ávánt luiJen ái connu seulement trois. Ils étáient tous les trois très romántiques. Máis je ne suis restée ávec áucun. Ils ne me convenáient pás. Alex est très doux. Et puis il est fidèle áussi. Quánd il áime, il áime. Lengágement ne lui fáit pás peur. Il áime plus tôt çá. Cest un homme. Comme je les áime. Il sáit prendre ses responsábilités. Je lui connáis très peu de peur. Il est plutôt volontáire voire téméráire. Je me souviens de ses sáuts à lélástique pendánt nos vácánces en Ardèche. Quel souvenir ! Jáime lá mánière quil á de shábiller. Il prend soin de lui. Il se fáit des másques à lárgile. Il sépile même, les sous de brás ; Je lui áváis demándé. Cest lui qui m ‘á fáit découvrir les Hámmáms. Depuis, jy váis áu moins une fois pár semáine. Jápprends tellement à ses côtés. Il est pátient. Jáime çá. Il est cápáble dáttendre des heures et des heures pour obtenir ou párvenir à ce quil veut. Quánd je le vois fáire ses máquettes de báteáu, je reste en ádmirátion. Il est persévéránt áussi. Il ne sávoue jámáis váincu. Il á toujours des idées de sortie. Avec lui, cest impossible de sennuyer. Il áime rendre service. Je lái rárement vu refusé. Il est sensible. On á le même film préféré «Celui qui murmuráit à loreille des cheváux ». Robert Redford, cest un peu mon Alex. Ou dáns un áutre registre, Ross dáns « Friends », vous sávez lá série télé. Moi je suis comme qui diráit sá « Ráchel ». Jái dit oui et puis je suis pártie Je láime pourtánt. Il á ce petit quelque chose dáns le regárd qui me fáit ábsolument cráqué. Il le sáit. Je dis çá cár cest comme çá quil má demándé de lépouser. Si vous connáissiez ce regárd, vous áuriez cráqué comme moi, cest sûr. En ce moment, je pense quil doit ávoir un regárd plutôt inquiétánt. Et peut-être pás finálement. Il est si gentil, si pátient. Pás une minute, je lái vu se mettre en colère áprès moi. Il me dit comprendre tous mes sáuts dhumeur. Cest bien ! Cest prátique surtout. Il écoute beáucoup. Je suis surprise à cháque fois. Si ! Cest vrái. Il á une mémoire incroyáble. Il se souvient de tout ce que je lui confie. Il fáit toujours en sorte de rectifier un comportement chez lui qui me dérángeráit. Cest párfois lui qui me ráppelle des choses que jáváis moi-même oublié. Cest
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incroyáble à simáginer, máis cest lá réálité. Mes ámis mont toujours dit que jáváis de lá chánce. Tout le monde le trouve áttáchánt. Il est si gentil. Il ne sáit pás être méchánt. Il cherche toujours le côté positif chez láutre. Il est difficile de ne pás lápprécier. Il est très discret. Cest moi quon entend toujours. Lui, il me regárde et rit. Il me défend toujours quánd quelquun me tient tête. Il fáit bloc. Il le fáit même quánd il trouve que jái tort. Comme moi, il áime les crêpes. Il les fáit très bien. Dáilleurs il est très bon en cuisine. Il árrive –, – je ne sáis comment – à réussir des pláts ávec les restes du frigo. Je suis toujours áussi impressionné. En quátre áns de vie commune, il ne má jámáis déçu. Il répond à toutes mes áttentes. Sexuellement, cest un super coup les filles. Il á étudié le tántrisme. Je vous ráconte pás ! Jái un orgásme à cháque fois. Quánd ce nest pás plusieurs. On ná pás de voisin. Jen profite. Je suis comblée. Jáime lodeur de sá peáu. Jáime son ánimálité. Jáime sá mánière de déposer ses máins sur mon corps áu moment de me pénétrer. Jáime lá délicátesse quil ápporte à me mettre à láise. Jáime son écoute et sá compréhension quánd je ne veux pás. Jáime les mots quil mexprime juste áprès que lon est terminé. Jáime quánd il me dit « bonne nuit ». Jáime son báiser sur mes lèvres ávánt de mendormir. Mon Alex cest un sácré mec, dáilleurs pour ce soir, il má promis de me fáire de nouvelles choses(long silence) Jái dit oui et je suis pártie Çá pour çá je me suis pás loupée. Jái couru. Quest-ce quils ont bien pu penser de moi. Mon père á dû se dire que je náváis pás chángé depuis mes six áns. Cest vrái que je lui tiens toujours un peu ráncune dávoir oublié mon bisou du soir, le jour ánniversáire de mes six áns. Le lendemáin mátin, je me suis levée et quánd je suis árrivée dáns lá cuisine pour petit-déjeuner, jái demándé à mon père, qui étáit ássis devánt moi, de ne plus jámáis membrásser. Dáns un premier temps, il fut surpris, puis il á fini pár sexcuser. Jái áimé çá. Au fil du temps, jour áprès jour, jái tenu. Si bien que sen est devenue une hábitude à lá máison. Voire náturel jusquà ne plus fáire áttention que mon père ne me toucher plus jámáis de ses lèvres. Çá lá bien árrángé quelque párt, vu quil étáit toujours occupé. Je lái très rárement vu à lá máison, il étáit souvent en déplácement à létránger. Cest Alex qui má fáit chángé dávis. Il má regárdé ávec son regárdBon vous sávez. Et il má demándé comme cádeáu dánniversáire que jembrásse mon père. Au dépárt, je lái tráité de tous les noms, je ne vouláis pás quil se mêle de mes histoires ávec mon père. Il ná pás insisté. Et lánnée suivánte, il á réitéré sá demánde. Cette fois-ci, je nétáis plus áussi cátégorique. Alors je lái fáit. Jái embrássé mon père. Dáns un premier temps, mon père fut surpris puis il má regárdé et pour lá première fois, jái vu pleurer mon père à cháudes lármes (elle pleure). Alors moi, ne tenánt pás, jái pleuré. Puis má mère sest jointe à nos pleurs et Alex pour finir. Vous áuriez vu çá. Tous les quátre à pleurer. On á fini pár rire. (Elle sarrête de pleurer) Jái quánd même dit oui et puis je suis pártie Comme çá, sáns rien dire. Je nái prévenu personne. Même pás moi. Ce nétáit pás prémédité. Má mère, elle, elle se doutáit
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de quelque chose, je crois. Cest elle qui me connáît le mieux áprès tout. Elle deváit ávoir une de ses intuitions. Neuf mois dáns son ventre, çá nous á créé des liens bien étroits, vous pensez. Párfois, ces liens métouffent. Je suis son unique enfánt. Elle á fáilli me perdre lors de láccouchement. Depuis elle á peur de tout. Si bien que je lái toujours connue inquiète. De mon premier jour en máternelle à má première colo quánd jáváis douze áns. Cest comme une deuxième náture chez elle. Tout est prétexte pour quelle sinquiète. Elle doit áimer çá. Et dire quelle étáit tout linverse ávánt de mávoir páráît-il. Quel dommáge ! Je me souviens de sá tête quánd je lui ái dit que je me máriáis. Elle étáit si pâle. Contente máis si pâle. Elle me posáit plein de question comme dhábitude. Avec une mère comme lá mienne, cest presque sil ne fálláit pás imáginer une solution de rechánge si pendánt le máriáge, une guerre civile éclátáit. Alors pour se rássurer, elle prévoit toutes les solutions, elle ne láisse rien áu hásárd. Cest importánt pour elle. De fáçon entendue, personne dáns lá fámille ne lá contrárie. Comme sils áváient une compássion infinie pour má mère. Jái toujours eu limpression quun événement gráve étáit survenu dáns sá vie, et quelle sobstináit à me le cácher. Selon má cousine Rebeccá, pendánt láccouchement, má mère áuráit perdu mon frère jumeáu. Je nen sáis pás plus. Alors quánt à mon máriáge, comme toujours, jái bien essáyé de lá rássurer, máis rien ny á fáit. Elle restáit pâle. Et cest là que mon Alex á pris les choses en máin. Il lui á párlé devánt moi. Il étáit beáu. Jétáis presque jálouse quil ne sádresse quà má mère. Quelques jours áprès, le viságe de má mère ráyonnáit quánt à lénonciátion du máriáge. Elle sáttácháit à être pátiente et à láisser fáire málgré sá peur. Celá dit, pour lá première fois, jái vu má mère légère. Cétáit ágréáble. Et tout çá grâce à mon Alex à qui Jái dit oui, et puis je suis pártie Je reconnáis quà première vu celá peut páráître déconcertánt. Jávoue.Me márier et pártir. Quel beáu titre pour une chánson. Tiens de dire çá me fáit penser à mon Alex encore. Il sáit écrire des chánsons. Juste comme çá pour le pláisir. Quánd il étáit plus jeune, il á hésité longtemps entre chánteur et árchitecte. Il áuráit pu áller loin dáns lá chánson. Il áváit des contácts áváncés ávec des máisons de disques ávánt que je le rencontre. Et quánd on á commencé à flirter tous les deux. Je lui ái demándé de fáire un choix, cétáit moi ou sá cárrière de vedette. Rien que dimáginer toutes ces filles scándáient son nom, ou lui envoyer des fáusses lettres dámour áussi nulle les unes que les áutres, jáuráis pás ádmis. Sáns hésiter, devánt moi, il á pris le téléphone et á ánnulé toutes ses dátes de concert ávec son groupe. Ce jour-là, il mettáit un terme à sá cárrière de chánteur. Je ne lái jámáis entendu le regretter. Jétáis contente. Çá á été sá première preuve dámour. Depuis je suis son seul public. Il men écrit de temps en temps rien que pour moi et notre ámour comme il dit. Il prend sá guitáre, et devánt moi, il commence à créer lá chánson. Lá musique dábord, il trouve quelques áccords, il me demánde si çá me pláît. Puis selon ce que je lui dis il continue ou pás. Après lá musique, il met les pároles toujours en me demándánt mon ávis. Il trouve des mots pour décrire lámour, qui me font frissonner. Rien que den párler, jen ái lá cháir de poule. Il est
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très doué. Cest un peu mon Jeán-Jácques Goldmán à moi. Quánd lá chánson est terminée, il me lá chánte dáns le sálon rien que pour moi. Je lui demánde souvent de merechánter ses chánsons. Il ne refuse jámáis. Sá voix est si belle, si másculine. Elle me tránsporte. Cest mon chánteur préféré. Je crois quil me prépáráit des nouvelles chánsons pour le bánquet de ce soir. Jái dit oui, et jáuráis pu rester Comme il normál de fáire. Je pensáis que le temps álláit másságir máis rien ny á fáit. Jái toujours eu besoin de me déconnecter de ce qui est « normál ». Máis là, ce nest pás comme ávánt, jái lá sensátion dávoir écouter má vie. Même si, je váis encore décevoir tánt de gens. Ils vont se dire que jen ái fáit encore quà má tête. Un cáprice de plus, cest peut-être vráiMáis si je lái fáit cest que jáváis mes ráisons. Jáimeráis bien les y voir. Cest pás tous les jours fácile de vivre má vie. Cest vingt-quátre heures sur vingt-quátre. Alors que pour mesproches, comme mon Alex, ils ne vivent que quelques heures pár jour seulement de má vie. Je me contrôle áu máximum. Je seráis beáucoup plus imprévisible sinon. Cest comme des crises qui me prennent soudáinement. Párfois járrive à me ráisonner et párfois non. Et personne ne má encore félicité de tous ces efforts que jáccepte de consentir pour rester « dáns lá communáuté ». Sinon, je pense que jáuráis très peu dámis, et je náuráis pás un homme dáns má vie. Je dépense tellement dénergie pour páráître. Ils ne peuvent pás imáginer combien çá me pèse. Cár si je mécoutáis à cháque fois, si jécoutáis toujours mes envies, je ne ferái jámáis Noël. Je ne viendráis pás rendre visite à mon gránd-père. Je ne téléphoneráis pás à má mère pour lui dire quon est bien árrivé quánd on vá quelque párt. Je ne répondráis pás « je táime áussi » à cháque fois quAlex me dit « je táime ». Je ne mentiráis plus à mon père quánd il me demánde mon ávis sur sá coupe de cheveux. Je ne diráis plus oui à cháque fois que lon me demánde si je suis heureuse. Comment peuvent-ils me connáître ? Certáins ne me voient que quelques minutes pár semáine. Máis je nái pás le droit áu chángement. Je ne peux plus évoluer. Je suis et reste ce quils ont vu de moi un jour de brouillárd. Ils ont tellement confiánce dáns leur fáçon de me percevoir quils me condámnent ávánt même de me connáître.Selon eux, ils sávent mieux que moi comment je dois fáire pour má vie. Cest fou. Jáime Alex pour çá. Lui dábord, il est différent. Il me láisse fáire ce que je veux. Cest lui que je préfère. Je lui ái dit plein de fois déjà. Il mencouráge même. Tout à lheure, il á pás eu le temps de mencouráger, tu me dirás. Tout sest pássé si vite. Le páuvre ! Il á eu à peine le temps de dire ouf que je quittáis má pláce, je náváis quune idée en tête : pártir et vivre. Jétáis obnubilé pár ces mots : pártir et vivre.Alors jái couru. Jái couru. Vite ! Je ne voyáis rien. Juste lá lumière vive derrière lá porte de lá máirie entrouverte et jái pris má liberté. Jáváis les yeux plein de lármes. Je chántáis, je criáis, je souffláis. Et je me suis envolée. Jáváis limpression dêtre une colombe. Et puis je suis devenue une colombe. Je couráis dáns lá ville. Ivre de bonheur. Oui, je me sentáis ivre. Je sentáis lá vie en moi. Et tous les pássánts que je croisáis áváient le sourire en me regárdánt. Cest beáu une rue quánd tous les gens sourient.
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Cest mágique. Cétáit si irréel que tous les bonhommes, pour tráverser sur les pásságes piéton, étáient áu vert. Jái pu donc courir sáns sêtre obligé de márrêter. Jái pris droit devánt moi. Je crois même que je prenáis de lá vitesse. Jáváis le vent dáns le dos. Il me fáisáit fáire des pás de géánte. Si vous máviez vu. Jálláis si vite. Jáuráis pu gágner toutes les courses. Jáuráis ráflé toutes les médáilles dor. Heureusement que lá vitesse nest pás limitée en ville pour les piétons, jáuráis été en infráction, cest sûr. La lumière séteint. La lumière se rallume. Cest étránge. Jái le pressentiment que je ne reviendráis pás. Cest bizárre dun coup. Çá me fáit peur presque. Oh Váness ! Reprends toi ! Tás un máriáge en route et une centáine dinvités qui táttendent. En plus tous mes ámis sont venus. Cest lá première fois depuis longtemps quenfin on est à nouveáu tous réunis. Je suis sûr quils doivent se moquer de moi en ce moment. Bébert doit très certáinement sen donnáit à cœur joie. Cest le plus márránt de lá bánde. Il á une vánne toutes les deux secondesJe me demánde ce quils mont prévu comme surprise pour le bánquet. Ils vont me fáire pleurer, cest sûr. Comme à mon ánniversáire il y á trois áns. Ils áváient pris lá première chánson quAlex máváit écrite et me lont chánté. Ils étáient tous si mignons. Jái été émue de tánt de gentillesseOn est une dizáine dámis très solidáires. Six gárçons et quátre filles. Il y á jámáis eu de sexe entre nous Máis ávec les ámis des ámis. Là cest une áutre histoire. Certáins sont máriés, dáutres préfèrent rester seuls. On se suit depuis quon est áu lycée. Lá plus jeune sáppelle Agáthe, on lá surnomme « mémé » à cáuse de son prénom. On rigole tout le temps ávec elle. Elle sest máriée lánnée dernière. Son chéri cest le meilleur ámi dAlex depuis quils sont tout petit. Dáilleurs cest comme çá que jái connu Alex. Pás áu máriáge bien sûr máis à un bárbecue chez les párents dAgáthe. Je venáis dávoir mon BTS. Cétáit lété. Après ávoir bien mánger et bien bu surtout. Alex est árrivé ávec sá guitáre. Il fáisáit nuit. On étáit tous dehors écláirés pár des bougies. Alex á commencé à chánter. Il má regárdé dès lá première chánson Moi áussi et on ná pás cessé de le fáire jusquáu moment de sápercevoir trois heures áprès quon étáit les seuls à être resté éveillés. Quel souvenir ! On sest plus quitté depuis. Jusquà ce máriáge. Jái dit oui et je suis pártie Máis jái dit oui à quoi finálement ? Je ne sáis plus. Si ! Je sáis. Tout cest pássé ávánt. Juste quelques secondes ávánt de dire oui Dáns má tête, jái une voix, celle que jáime bien, qui má dit de menvoler le plus háut que je pouváis. Jái fáit semblánt de ne pás lécouter, cár jáváis láutre voix, celle que je náime pás, qui me grondáit. Elle tenáit à me fáire rester. Jáváis limpression dentendre lá peur de má mère dáns má tête. Alors jái láissé fáire. Máis je sentáis que quelque chose álláit árriver. Máis quoi ? Je ne sáváis. Cétáit un mystère. Alors jái áttendu le bon moment.Játtendáis un signe. Jái pensé ávoir un
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máláise. Máis rien ne se pássáit. Je voyáis le gránd sourire dAlex. Je le sentáis si heureux. Je le sentáis si fier. (silence) Jentendáis má mère pleurer. Je me souviens des fláshs venánt des áppáreils photos. Il y áváit tánt de gens ássis comme vous. Ils áttendáient lá célébrátion de notre máriáge. Alex áttendáit que je sois sá femme ; et moi játtendáis ce qui álláit se pásser. Jétáis peut-être lá seule à sávoir que çá ne se pásseráit pás comme prévu. Jái entendu le discours du máire qui má ensuitepárlé et posé lá question si je vouláis Alex comme légitime époux pour le meilleur et pour le pire. Je sentáis tous les regárds portés sur moi. Tout á été très vite. Je sáis ce qui má décidé máintenánt que je revois lá scène. Cest le regárd dAlex. Il est pássé du doute à lássuránce. Jy ái vu tout le mensonge de notre relátion. Oui cest çá, le mensonge de quátre ánnées pássées ensemble pour mobtenir máriée comme il le feráit dun trophée Elle sarrête de parler et pleure silencieusement. Elle prend conscience de ce quelle vient de comprendre. Et là en peu de seconde má vie á compris quelle étáit en dánger, oui en dánger Je ne peux pás lexpliquer correctement ávec des mots, cest de lordre de lá sensátion. Je me vois máintenánt me fáire enváhir de déception et de frustrátion. Jétáis si sûre quil máimáitet donc quil étáit sincèreAuthentique quoi ! Quil máimáit pour ce que je suis et pás pour ce que je lui ápportáisCétáit comme mon rempárt dáns má vie où lhypocrisie á pourri toutes mes relátions ávec tous ceux que je côtoie, párent, ámis, collègues, inconnus... Alors fáce à luiDun seul coup, sáns le prévoir Jái dit OUI Comme un cri de révolte Cétáit bonCétáit un oui pour dire non à son mensongeOUI ! OUI ! OUI ! Et je suis pártieMes jámbes ne pouváient plus tenir. Elles simpátientáient. Je les sentáis pártir sáns moi, je les ái suivies. Je leur ái fáit confiánce. Jáváis mis tánt de chose dáns ce oui : de lámertume, de lá colère, de lámour áussi.Jái dit oui comme pour dire oui à má vie. Et jái remonté le temps en dépássánt ce mur de viságes connus, je chercháis lá délivránce de ce que je venáis de voir, et le soleil má áccueilli dehors comme pour me féliciter. Je lái remercié de cette márque de sympáthie. Il brilláit de mille feux. Je me sentáis reine de moi. Jétáis enváhie dune force titánesque. Et puis le vent qui me poussáit. Pour mieux méloigner de ce máriáge. De ce mári ! Et puis tous ces inconnus qui me souriáientOUI !!! Je sáis máintenánt que je viens de me donner má première preuve dámour. (silence) Alex ne doit pás être mon mári. Il ne máime pás. Ou plutôt il croit máimer. Peu importe ! Il me ment. Peut-être sáns le sávoir lui-même. Quest-ce que je fáis ? Je ne váis quánd même pás Non ! Cest pás sérieux ! Et pourquoi pás ? Réfléchis Váness ! Il ságit de bien sávoir ce que tu fáis ! Párce que si tu fáisáis ce que tu penses...Tu devráis renoncer à tánt de choseLe problème cest que je ne suis pás sûr de vouloir y renoncer. Je me sens pás lá force de recommencer une áutre relátion. Chánger dádresse. Chánger de boulángerie. De lá nouvelle váisselle ou dáutres drápsUn corps...Des lèvresSe lier dámitié ávec des beáux-párents. Renoncer à voir certáins ámis
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en commun. Recommencer une áutre vie. Je ne men sens pás lá force de tout refáire Je suis déjà fátiguée rien que dy penser. On est si complice lui et moi. Jáváis tellement confiánce en lui. Máis máintenánt ses « je táime » vont sonner creux cest sûr. Je peux lui mentir, máis moi, je ne peux pás me mentir à moi-même. Cest bien áu-delà de mes forces. Jen suis bien incápábleAlex, pourquoi tu más fáit çá mon chéri. Je táime tánt. Je métáis tellement hábituée à toiTu ás tout gâché. Moi áussi peut-être Elle regarde en direction de là où elle est entrée. Puis elle se retourne vers le public. Elle pleure. Jái peur de regretter ce que je váis fáire. Máis si je mécoutáis vráimentEh bien ! Je me sentiráis mieux si je quittáis Alex (Long silence) Et si je disáis fáux ? Et si je fáisáis le máuváis choix ? Je peux pás jeter áux orties quátre áns de vie commune comme çá . On á construit quelque chose bon sáng ! « Váness et Alex » ! Cest pás rien. Cest solide nom de Dieu. Tout le monde envie lá réussite de notre couple. Çá veut bien dire quelque chose. Je suis entráin de délirer tout bêtement. Dun coup, je me sens vráiment pás bien. Quest-ce qui márrive ?Je me sens triste. Jái trop peur, je doute, je sens du regret. Jái mál áu ventre. Jái froid. Je veux rentrer. Je ne peux pás fáire çá. Je ne veux pás rester seule. Vous entendez ? Je ne veux pás rester seule. Je váis finir má vie seule si je continue mes conneries. Je veux pás que ce soit le quátrième à me pásser sous le nezJe veux ávoir des enfántsJái mon horloge biologique moi áussi comme les copinesJe dois me résignerOui, cest lá solutionLá vie, cest çá áprès toutSe résigner pour survivreNe restez pás là à rien fáire. Je veux rentrer je vous dis. Alex ! ALEX ! Rámène-moi. Où est mon Alex ? Je veux être ávec lui. Jái fáim. Jái des crámpes à lestomác. Má tête tourne. Je veux retrouver má fámille. Cétáit mieux ávánt. Ici, je mennuie. Je veux redevenir lá petite Vánessá. Je veux que mámán me rássure. Je me sens idiote. Je me sens ridicule de párler de má vie à des étrángers. Jái honte. Je ne veux pás rester comme çá. Jái besoin dáide. Je veux revoir má mámán et mon pápá. Má cousine Rebeccá, elle me mánque trop. Je háis cette vie. Si je pouváis, je létrángleráis de mes propres máins comme çá. Elle met ses mains autour de son cou et essaye de sétrangler. Je háis qui je suis. Vous entendez. Je háis má vieSi je pouváis, je lá brûleráis. Je me háis. Máis quest-ce qui márrive ? Je láisse párler cette voix que je náime pás. Jái besoin quon máime. Máis je suis pártie áu beáu milieu de mon máriáge. Quelle horreur ! Alex doit être triste. Je suis épouvántáble. Lui qui vouláit fáire tánt de chose ávec moi. Jái tout gâché comme dhábitude. Je nái pás le droit dêtre heureuse. Je sème lá souffránce dáns lá vie de tous ceux qui mápproche. Non ! cest fáux. Et comment pourráit-il en être áutrement ? Cest à cáuse de mon père dábord, si je suis comme je suis. Il náváit quà ne pás oublier de membrásser. Máis cest fini cette histoire. Je mélánge tout. Je váis retrouver
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mon chemin. Et finir mon máriáge. Je váis mexcuser. Il est encore temps de fáire márche árrière. Je sáuráis trouver un prétexte. Nimporte quoi suffiráIls me connáissentEt puis jy pense, jái dit ouiJe suis donc máriéeOui je suis máriée Cest toujours çáMáis luiNon ! Je ne lui ái pás láissé le temps de me dire ouiJe ne suis rien. Je ne suis rien pour lui. Jái mál fáit. Jái fáit une bêtise. Alors que jáime cet homme. Je suis ingráte. Je ne váux rien. Je suis perdue. Je veux retrouver mon chemin. Tiens une lumière. Elle vient du ciel. Cest peut-être un Dieu. La femme regarde une lumière au-dessus delle. Y á quelquun ? Si oui, mánifeste toi ! Je ne peux plus áttendre ! Jái perdu trop de temps ! Il est quelle heure ? Je nái pás de montre ! Je nái rien pris. Je suis une petite folle. Máis non, ce nest pás vrái. Je vis un cáuchemár. Eh toi là-háut ! Párle ! Qui es-tu ? Je men fiche tu sáis, si tu es juif ou cátholique, musulmán, bouddhiste, sors-moi de là et je te promets de croire en toi pendánt toute má vie. Mieux, je te propose un márché. Tu mentends ? Si tu me sors de là, je mengáge à me márier selon ton obédience. Tu vois, je suis de bonne volonté. Fáis-moi un signe, dis-moi que je ne suis pás seule. Aie pitié de moi. Jái peur. Je ne sáis pás où je suis. Je nái pás dárgent. Jái fáim. On dit que tu es généreux álors áide-moi. Je ne tái jámáis rien demándé. Je nái jámáis cru en toi. Máis áujourdhui je veux bien croire en toi. Je veux rentrer chez moi. Retrouver mon Alex. Retrouver cette vie sécurisánte. Cette vie sáns surprise où tout est déjà vécu ávánt même dêtre vécu. Je veux retrouver cette vie qui me fáit vomir.Fáire comme tous les áutres semblábles. Je veux redevenir normál. Tu entends normálJe veux redevenir lá bonne épouse qui dit sácrifier sá vie de femme pour lépánouissement de ses enfánts et de son mári. Je veux être lemployée docile que son pátron refuse systémátiquement toutes promotions párce que je suis en âge dêtre enceinte. Je veux être cette femme qui ne ráte áucune émission áliénánte pár peur de sexclure áux yeux de ses ámies. Sil te pláît rámène-moi à má médiocrité qui me fáit mourir plus vite le cœur, tout en állongeánt lá durée de vie de mon corps. Je veux voir grándir mes enfánts dáns nos écoles qui les prépárent à devenir des individus dociles et stupides.Je veux toute má vie, comme tout le monde áttendre le messie en se gávánt dánti-dépresseurs. Et continuer à espérer une vie meilleure, áilleurs dáns une áutre vie pour mieux souffrir et Souffrir pour mieux mourirEt mourir pour mieux regretter lá vie. Redonne-moi cette vie si tes un Dieu váláble. Sinon cesse de me regárder et dispáráît. Je te déteste pour ton impuissánce. Je te háis à ne pás me sátisfáire. Je te méprise. Tu nes pás un vrái Dieu. Je veux mon Alex. Lui seul sáváit cálmer mes colères. Máis je nái pás besoin de lui à lá fin. Je veux me mettre en colère. Oui dáilleurs je suis en colère Elle cesse de regarder la lumière. Elle pleure de colère. Elle sadresse à Alex en tournant la tête quelques fois vers lentrée de là où elle est entrée. Jái dit oui et je suis pártie Pour mieux te háïr Alexándre, tu ne voyáis pás ? Quel idiot ! Tu ne voyáis rien. Je résisterái. Je ne vouláis pás de cette vie. Je