Un amour ordinaire
37 pages
Français

Un amour ordinaire

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Description

UN AMOUR ORDINAIRE Une pièce de Frédéric Dubost. « Pour tous les couples qui oublient de se parler… » Un couple, le dernier enfant vient de partir de la maison. Dans l’intimité du salon, le dialogue s’engage entre un homme et une femme qui sont devenus des inconnus au fil des années. Laurent : 50 ans Rachel : 50 ans Le décor. Un salon de gens à l’aise. Pas de luxe ostentatoire. Simplement des gens de 50 ans sans soucis d’argent. Un canapé, un ou deux fauteuils et une belle bibliothèque. Pièce en un acte. 1 Laurent : Et voilà, ils sont partis Rachel : Et oui…. Ils sont partis…. (Long silence) Laurent : Tu sais, ce n’est pas la première fois qu’elle a un petit ami, Mais là, j’ai l’impression qu’elle part pour de bon. Rachel : A 26 ans, il était tout de même temps qu’elle quitte le nid. Laurent : Oui, mais quand Alexandre est parti, je n’ai pas ressenti la même chose. Rachel : Tu ne risques pas de l’oublier ton cher petit… Laurent : Pourquoi cette remarque ? Rachel : 20 minutes tous les matins au téléphone à commenter les résultats de foot, la vie politique ou les cours de bourse… On ne peut pas dire que vous avez coupé le cordon tous les deux ! Laurent : Franchement t’es gonflée…C’est vraiment l’hôpital qui se fout de la charité ! Rachel : Et je peux savoir ce que tu entends par là… Laurent : Par là…Je n’entends rien… A part la chienne des voisins qui aboie. Rachel : Très drôle ! Tu deviens impayable mon vieux ! 2 Laurent : Merci pour le « mon vieux »….

Informations

Publié par
Publié le 30 juin 2014
Nombre de lectures 20
Langue Français

Extrait

UN AMOUR ORDINAIRE
Une pièce de Frédéric Dubost.
« Pour tous les couples qui oublient de se parler… »
Un couple, le dernier enfant vient de partir de la maison. Dans l’intimité du salon, le dialogue s’engage entre un homme et une femme qui sont devenus des inconnus au fil des années.
Laurent : 50 ans Rachel : 50 ans
Le décor. Un salon de gens à l’aise. Pas de luxe ostentatoire. Simplement des gens de 50 ans sans soucis d’argent. Un canapé, un ou deux fauteuils et une belle bibliothèque.
Pièce en un acte.
1
Laurent : Et voilà, ils sont partis
Rachel : Et oui…. Ils sont partis….
(Long silence)
Laurent : Tu sais, ce n’est pas la première fois qu’elle a un petit ami, Mais là, j’ai l’impression qu’elle part pour de bon.
Rachel :A 26 ans, il était tout de mêmetemps qu’elle quitte le nid.
Laurent : Oui, mais quand Alexandre est parti, je n’ai pas ressenti la même chose.
Rachel : Tu ne risques pas de l’oublier ton cher petit…
Laurent : Pourquoi cette remarque ?
Rachel : 20 minutes tous les matins au téléphone à commenter les résultats de foot, la vie politique ou les cours de bourse… On ne peut pas dire que vous avez coupé le cordon tous les deux !
Laurent : Franchement t’es gonflée…C’est vraiment l’hôpital qui se fout de la charité !
Rachel : Et je peux savoir ce que tu entends par là…
Laurent : Par là…Je n’entends rien… Apart la chienne des voisins qui aboie.
Rachel : Très drôle ! Tu deviens impayable mon vieux !
2
Laurent : Merci pour le « mon vieux »….
Rachel : De rien…
Laurent : La petite est à peine sortie du parking que j’ai déjà le droit à une place à la maison de retraite.
Rachel : Ne détourne pas la conversation, tu voulais dire quoi exactement tout à l’heure.
Laurent : Que je ne me trouve pas si vieux que ça !
Rachel : Ça suffit ! Tu sais très bien ce que je veux dire ! L’hôpital qui se fout de la charité…C’est pour Laura et moi ?
Laurent : Mais oui ! Mais bon on ne va pas en faire un fromage…
Rachel : Mais tu sais, les enfants ne sont plus là pour écouter aux portes, on peut se parler en allant au fond des choses…
Laurent : Bon…Tu veux te faire un ciné ce soir, un petit restau, tu veux sortir ?
Rachel : Non ! Je veux qu’on se parle !
Laurent : On parlera au restau !
Rachel : Non…Juste toi et moi !
Laurent (pour lui-même) ; Charmante soirée !
Rachel : Qu’est-ce que tu dis ?
Laurent : Rien…
Rachel (presque violente) : Merde…merde…et remerde…
3
Laurent : Je croyais que tu détestais la grossièreté ! 3 fois merde en 3 secondes ! Tu fais très fort.
Rachel : Oui mais comme cela tu m’écoutes !
Laurent : Eh bien je t’écoute… (Il tripote ses livres…)
Rachel : Alors maintenant, cesse de regarder tes putains de bouquins et viens t’asseoir !
Laurent : (prenant une revue et s’asseyant) : Bon quel est le sujet du soir !
Rachel : (arrachant la revue) : Le sujet… Mais il est évident le sujet…
Laurent : Pas pour moi…
Rachel : Mais c’est nous ! Nous deux ! Rien que nous deux !
Laurent : O.K… Je suis toute ouïe…
Rachel : Ah non…Ce serait trop facile, tu vas devoir participer !
Laurent : Et c’est bien connu…L’essentiel c’est de participer !
Rachel : Laurent ! Arrête !
Laurent : Arrête quoi ?
Rachel : Ne fais pas semblant de ne pas comprendre…
Laurent : Je t’assure…
Rachel : Tu sais très bien que ce soir ou plus tard il faudra qu’on se parle…
Laurent : Alors pourquoi ce soir ?
4
Rachel : Pourquoi plus tard ?
Long silence…
Rachel : Tu m’aimes encore ?
Laurent (mécanique) : Mais oui…bien sûr !
Rachel : Quelle conviction ! C’est le même ton que quand je te demande si tu as fermé le gaz !
Laurent : (Pour lui) Nous sommes tout électrique…
Rachel : Au lieu de regarder dans le vide, pourrais-tu me dire dans le fond des yeux… Je t’aime et je veux finir ma vie avec toi !
Laurent : (ailleurs) Mais oui…
Rachel : Et bien… Fais-le !
Laurent : Quoi ?
Rachel (se levant): Lève-toi ! Et viens me dire les yeux dans les yeux…Je t’aime, Je veux finir ma vie à tes côtés.
Laurent : (toujours assis) : Tu ne crois pas qu’on a passé l’âge de ces enfantillages…
Rachel : Des enfantillages…
Laurent : Tu veux que je te rappelle que nous allons avoir bientôt…30 ans de mariage !
Rachel : Et alors… Tu ne veux pas le faire ?
Laurent : Mais qu’as-tu ce soir… C’est la ménopause ou quoi ?
Rachel : Non… Mais je veux savoir !
5
Laurent : Savoir quoi ?
Rachel : Comment et avec qui je vais vivre pendant les 30 prochaines années !
Laurent : Va savoir… Rachel : C’est un peu court … Tu ne te poses jamais la question toi ? (Silence) Rachel : Pourquoi ce silence ? Tu es si sûr de toi ? Aucune inquiétude ? Tu es certain de me connaître ? Laurent : Moi… Ça fait 30 ans que je suis ton spectateur…
Rachel : Je ne comprends pas ! Explique-toi !
Laurent : Ça fait 30 ans que tu occupes la scène…
Rachel : Pardon !
Laurent : Depuis le fond de la scène, j’ai appris à te connaître…
Rachel : C’est trop facile ! Nous sommes sur le même bateau depuis des années.
Laurent : Peut-être !
Rachel : Peut-être…Je ne vais tout de même pas t’arracher chaque mot…
Laurent : As-tu déjà vu un premier rôle s’occuper d’un figurant !
Rachel : Je vais bientôt croire que tu vis avec une mégère !
Laurent : Ce n’est pas ce que j’ai dit…
6
Rachel : Ça t’arrangeait bien parfois de rester planqué ! C’est trop facile aujourd’hui de venir te plaindre.
Laurent : Je ne suis pas en train de me plaindre !
Rachel : Il me semble pourtant…
Laurent : C’est toi qui mets tout cela sur le tapis…
Rachel : Mais…
Laurent : Rachel, arrêtons tout cela ! J’ai un très bon livre à terminer ! (il se lève vers la bibliothèque)
Rachel : Pas si vite chéri ! Moi j’ai besoin de savoir.
(Laurent commence à lire…) (Un silence.)
Rachel : Que ferais-tu si je te disais que je pars ce soir ?
(Un silence.)
Rachel : Réponds moi Laurent !
Laurent : Si tu insistes… Et bien je te dirais de faire attention…Ils annoncent de brouillard dans la soirée.
Rachel : Et tu te crois drôle ? Si je te dis je pars, si tu me vois avec une valise, si je passe la porte… Tu vas rester là, dans ton fauteuil à lire.
Laurent : Et que voudrais-tu que je fasse ?
Rachel : Mais tu es un monstre… Je vis avec un monstre !
7
Laurent : Et tu veux quoi ? Que je me roule à tes pieds, que je bloque la porte avec mon corps, que je sanglote, que je menace de me pendre au lustre… Tu vas trop au cinéma…ma vieille !
Rachel : Je ne t’en demande pas autant…
Laurent : Tu vois !
Rachel : Mais si je partais avec un homme…Si je te trompais !
Laurent : Quelle importance !
Rachel : Quelle importance ! Tu ne trouves que cela à me dire !
Laurent : Tu me prends un peu de court…
Rachel : Mais si une femme venait te chercher, je voudrais comprendre, je voudrais me battre ! Je me sentirais bafouée !
Laurent : En es-tu certaine ?
Rachel : Que veux-tu dire ?
Laurent : Tout simplement que si c’était moi qui partais… Ce serait sans doute plus simple…
Rachel : Mais tu es fou !
Laurent : Tu vois ! Quand je commence à être sérieux, tu me prends pour un fou…
Rachel : Ce n’est pas ce que je voulais dire… C’est ta façon de ne rien dire qui me rend dingue !
Laurent : Après tout… Ça fait 26 ans que tu me trompes !
Rachel : Mais tu es dingue ! Tu es le seul homme dans ma vie depuis notre mariage.
8
Laurent : Au sens classique tu es fidèle. Mais je me comprends !
Rachel : Moi aussi je voudrais comprendre ! Tu es allé trop loin ! Explique-toi !
Laurent : D’accord ! Allons-y ! Ouvrons nos tiroirs ! Déversons nos rancœurs… Maisattention Rachel, nous allons nous faire souffrir et demain…
Rachel : Et demain… Quoi demain…
Laurent : Tu auras des mots qui te tourneront dans la tête…Nos mots deviendront un poison lent. Qu’aurons-nous gagné à tout déballer ?
Rachel : Toi, tu préférerais faire comme si…
Laurent : Peut-être…
Rachel : Refuser de s’interroger ! Continuer à vivre sans se regarder, sans s’écouter !
Laurent : Tu veux vraiment savoir ce que j’en pense ?
Rachel : Oui…
Laurent : Eh bien voilà, je crois que nous sommes devant une porte. Derrière cette porte, il y a 30 ans de notre vie avec de belles pages, des petites vacheries, des petites et des grosses blessures…
Rachel : Continue…
Laurent : De l’amour…de l’indifférence…et qui sait…des parcelles de haine !
Rachel : Tu me fais peur d’un seul coup…
9
Laurent : Avant d’ouvrir… Soyons sûr de savoir gérer tout cela ! Il y a une grosse pression derrière cette porte… Si on l’ouvre ! Tout va se déverser, et qui sait si on saura arrêter le flot !
Rachel : Et toi ? Tu pourrais vivre sans l’ouvrir ?
Laurent : Attention Rachel ! Notre vie n’est pas parfaite aujourd’hui ! Mais…l’un dans l’autre, nous vivons sans nous faire trop de mal. Si on ouvre cette porte…
Rachel : Oui…
Laurent : Tout va couler. Et là… Deux solutions, soit on résiste et on repart sur autre chose… soit…
Rachel : Soit ?
Laurent : Soit… Dans quelques heures, notre couple sera emporté avec le reste ! Quitte ou double ?
Rachel : Ce n’est pas un jeu !
Laurent : En es-tu certaine ? C’est au contraire un jeu très spécial où il n’y a que des vainqueurs ou que des vaincus.
Rachel : Tu es doué pour me faire hésiter…
Laurent : Voilà pourquoi…je préfère revenir à mon livre. Tu devrais te regarder un bon film !
(Laurent se replonge dans son livre) (Long silence)
Rachel : Laurent.
Rachel : Quoi encore !
Rachel : Je veux savoir. J’ai peur ! Mais j’ai envie de tout savoir.
10
Laurent : Prenons quelques jours pour y penser, il est tard.
Rachel : Non !
Laurent : Quoi ! Non !
Rachel : Laurent, nous sommes seuls, nous avons la nuit devant nous, pas de témoins.
Laurent : L’heure du crime…
Rachel : C’est le moment de savoir.
Laurent : Tu le veux vraiment ?
Rachel : Ouvrons la porte…. Noir Rideau.
11
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